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Acte
I : Deux célèbres acteurs du théâtre
sioniste en tournée mondiale
- Acte
II : Où l'on découvre qu'un miracle est à l'origine du théâtre
sioniste
- Acte III - Où l'on
s'aperçoit que l'idéologie sioniste plonge ses racines
dans le Talmud
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Acte
IV : Où l'on découvre que le hasard s'est invité
dans le scénario : " C'était un jour imprégné de l'odeur de
l'histoire et de l'éternité " (Abdelwahab Elmessiri)
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Acte
V : Dans les coulisses du théâtre sioniste
- Acte
VI : Plongée dans les souterrains du théâtre sioniste
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Acte
VII : Epilogue: Israël, une ethno-théocratie héliogabalesque
Acte I : Deux célèbres acteurs du théâtre
sioniste en tournée mondiale

Lors de sa rencontre
du 2 février 2011 avec la Chancelière d'Allemagne, M. Shimon Peres,
l'actuel Président de la République d'Israël, jouant les pères
nobles, a finement déclaré à la Chancelière d'Allemagne, Mme Angela
Merkel, qu'un régime démocratique ne se réduit pas à des élections.
M. Peres sous-entendait par là que les sous-hommes arabes n'avaient
pas atteint le niveau de développement intellectuel qui permettrait
à leurs sociétés de comprendre les subtilités du fonctionnement d'une
démocratie. Heureusement qu'Israël est là pour représenter la pointe
avancée de l'Occident au milieu d'un océan de barbares, semblait-il
jubiler en sous-conversation.
Shimon
Peres à Angela Merkel : "Cadeau de la démocratie
..."
Le célèbre chantre
de la démocratie sioniste a pris le relais devant son public favori.
Œil froid de poisson des grandes profondeurs, le torse bombé, le verbe
haut et la lippe dédaigneuse, il s'est planté devant les spectateurs
et a entonné avec assurance le grand air de la démocratie sioniste incarnée
en sa personne. Le 24 mai 2011, devant un Congrès américain dont l'enthousiasme
frisait l'hystérie, l'actuel chef de gouvernement israélien, M. Benjamin
Netanyahou a confirmé la haute idée d'eux-mêmes que se font les Israéliens.
A cette occasion, il s'est longuement auto-congratulé de ce que son
pays "représente ce qui est juste au Moyen Orient"…
Benjamin
Netanyahou dans son meilleur rôle
Il a rappelé avec
la modestie qu'on lui connaît, combien l'écrivain anglais George Eliot
avait vu juste lorsqu'il avait prophétisé, il y a un siècle, qu'une
fois établi, "l'État Juif brillera comme une étoile brillante de
la liberté au milieu des despotismes de l'Orient". Tel le Dorian
Gray du roman d'Oscar Wilde contemplant, pétrifié d'admiration, la splendeur
de sa propre personne sur la toile que venait d'achever le peintre Basil
Hallward, le rayonnement de la beauté d'Israël irradiait l'orateur et
les honorables congressistes américains en furent illuminés comme d'une
révélation. Ils ne purent se retenir d'applaudir debout et à cinquante
cinq reprises, un discours dont ils saisissaient, dans une clarté fulgurante,
la beauté radieuse et la vérité. Quelle belle journée ce fut pour le
sionisme international!
Le spectacle avait
commencé dans les coulisses, avant la montée sur le podium de l'amphithéâtre
qui réunissait les membres de la chambre des représentants et ceux du
sénat. Lors de sa progression en direction de la scène, nombreux furent
ceux qui firent cercle autour du prophète israélien. Saisis d'une émulation
d'obséquiosité, ils se pressaient, se bousculaient, chacun cherchait
à le toucher, à humer l'enivrant parfum démocratique qu'exhalait sa
personne. S'ils ne s'étaient pas retenus, ils l'auraient plaqué au sol
et, comme dans le génial roman de Patrick Suskind, Le Parfum,
auraient fini, par amour et "pleins d'une volupté goulue", par
planter leurs dents dans sa chair afin de s'approprier "une petite
plume, une petite aile" de l'ange de la démocratie sioniste.
Il faut savoir que
les dirigeants israéliens bénéficient d'alliés solidement pourvus en
arguments sonnants et trébuchants et les honorables parlementaires américains
portent tous à la ceinture un sac, toujours grand ouvert, destiné à
recueillir une manne miraculeuse de billets verts capable d'effacer
des consciences les taches ou même les ombres que les crimes du
héros fêté en ce 24 mai de l'an de grâce 2011 auraient pu y imprimer.
Cet "effet téflon" est universellement connu
et permet aux heureux bénéficiaires de la rosée
financière d'oublier que tous les grands assassins, de Staline
à Hitler en passant par Mao-Dzedong et tant d'autres, ont suscité
un enthousiasme débordant des foules, avant de terminer leur carrière
dans les "poubelles de l'histoire" sans que leurs anciens admirateurs
éprouvent le plus petit sentiment de honte ou même le moindre trouble
de mauvaise conscience de leur tourner le dos du jour au lendemain.
Tout juste certains ont-ils l'estomac un peu lourd d'avoir avalé si
longtemps une nourriture avariée.
Tout à son triomphe,
M. Benjamin Netanyahou ne voit pas que les lourds nuages qui annoncent
l'entrée en scène de Némesis s'amoncellent déjà
à l'horizon . "Netanyahu nie l'existence d'une crise, mais les Américains
sont toujours furieux" titrait le Ha'aretz du 23 mai
2011. Pire que cela, une confidence d'un officiel israélien aurait révélé
au journaliste israélien Barak Ravid, que les sentiments de la secrétaire
d'État, Hillary Clinton, à l'égard de Netanyahu "allaient de la répugnance
à la haine".
On sent que le drame
est en train de se nouer, mais comme dans toute grande tragédie classique,
les héros, aveuglés par leur propre hubris, ne voient rien venir. Assuré
d'avoir envoyé au tapis d'un petit coup de pied vicieux sous la ceinture,
un Président Obama, qui s'est réfugié auprès de la reine d'Angleterre,
pendant que lui-même et ses acolytes de l'AIPAC se rendaient maîtres
de la politique étrangère américaine, notre héros ne touche plus terre.
L'auto-satisfaction lui donnant des ailes, il oublie que l'histoire
galope plus vite qu'un éventuel Zorro américain sauveur, en attente
d'un second mandat libérateur, et qui risque fort d'arriver trop tard.
[1]
Acte
II : Où l'on découvre qu'un miracle est à l'origine du théâtre sioniste
Comme il est touchant,
en effet, le portrait idéal de "la seule démocratie du Moyen Orient"
que les Israéliens tentent, depuis un demi-siècle, d'imposer au reste
du monde: une "villa dans la jungle", un îlot de civilisés entouré
d'une horde de sauvages! Non seulement
cet Etat se vit comme un modèle de démocratie, mais il se glorifie d'être
un phénomène unique dans l'histoire de l'humanité, un miracle politique.
Or, Israël est bien
le fruit d'un miracle, le miracle du déferlement dans l'histoire contemporaine
d'un imaginaire religieux demeuré intact depuis la préhistoire, et aussi
puissamment clos sur lui-même qu'une casemate en béton armé de la Wehrmacht
surgie au milieu des frêles châteaux de sable des idéologies démocratiques
contemporaines. Avec l'idéologie sioniste, une fiction qui s'est
successivement métamorphosée en théologie, puis en histoire
et enfin en politique a brutalement envahi l'espace mental de
la réalité mondiale et tel un dinosaure sauropode, écrasant de ses grosses
pattes écailleuses toutes les lois internationales, il a débarqué au
milieu d'un troupeau de moutons, provoquant la stupeur et la panique
au sein d'une masse d'ovins bêlant la délicate mélodie des principes
démocratiques, mais bien décidés à ne pas bouger
une patte pour les faire respecter sur ce petit morceau de terre.
Un des exemples les
plus récents de l'efficacité remarquable du sauropode sioniste
est fournie par la manière dont il est capable de réduire en
bouillie les vertueuses proclamations morales de la "communauté internationale"
représentée par son Vatican sis à New-York. Il suffit, pour cela, d'écouter
la dernière déclaration de son pape actuel, un asiatique dénommé Ban
Ki-Moon. Il faut savoir que celui-ci lorgnait
la prolongation de sa présence à la direction d'une institution
qui offre à son chef le généreux pot de miel de trois cent mille dollars
par an. Pour jouir de cette savoureuse gelée royale, il suffit à
notre butineur de faire semblant de défendre le droit et la liberté
dans le monde. Notre papal Coréen, qui vient d'être réélu
à son poste pour un nouveau mandat de cinq ans, avait compris
quelles sont les forces à ne pas mécontenter afin de continuer
de jouir des trésors de la caverne d'Ali Baba onusienne.
M.
Ban Ki-Moon: "Je condamne la flottille ou je la soutiens that is
the question!"
Fort de cette connaissance
essentielle pour le confort de son propre avenir, et comme tout pape
qui se respecte, Ban Ki-Moon 1er a donc proclamé sa liste personnelle
d'interdits .
Primo, il déclare
illégale la seconde flottille humanitaire conduite par les volontaires
désarmés en provenance du monde entier et qui devait prendre la mer
à la fin du mois de juin en direction des assiégés et des affamés
de Gaza et afin de rompre un blocus militaire illégal d'une province
et d'une population d'un million sept cent mille personnes prises en
otage par un état colonisateur. Or, un Etat ne peut imposer un blocus
à un autre Etat que s'il existe une déclaration de guerre
formelle entre eux ou s'il bénéficie de l'aval de l'ONU.
Le blocus de Gaza est d'autant plus illégal en droit international
que les territoires palestiniens ne sont pas des Etats, mais sont considérés
comme des "territoires occupés". C'est donc
en violation de la charte des Nations-Unies dont M. Ban Ki-Moon est
, en principe, le gardien, que l'Etat colonisateur a établi un
sévère blocus punitif terrestre, naval et aérien
contre une population civile.
Secundo, un
M. Ban à la mémoire courte et à la morale sélective demande donc aux
pays d'où sont originaires les héroïques citoyens contraints de suppléer
sa propre défaillance, de les empêcher de prendre la mer.
Tertio: Explicitant
sans complexe sa position, notre papal Coréen affirme sans sourciller
que les humanitaires désarmés porteurs de nourriture, de matériel médical
et de matériaux de construction afin de permettre aux prisonniers du
goulag de Gaza de réparer les maisons volontairement détruites par les
saints missiles du "peuple élu", sont en réalité une armée
agressive menant "une action militaire contre Israël".
En conséquence, le
représentant officiel du droit international vient non moins officiellement
d'autoriser un Etat baignant en toute quiétude dans l'illégalité depuis
sa création et qui traite la centaine de résolutions condamnant sa politique
coloniale de chiffons de papier, de poursuivre un blocus criminel. En
vertu du bon plaisir du pape de service chargé de veiller à l'application
des idéaux de la démocratie, l'Etat sioniste se verrait autorisé à empêcher
la flottille d'arriver à Gaza, serait justifié d'arraisonner les bateaux,
y compris par la force et même dans les eaux internationales.
De plus, il serait excusé s'il assassinait les volontaires désarmés
qui aurait pris place sur ces navires, le tout en vertu de l'application
d'un "droit de la guerre" qui autorise un Etat "militairement
attaqué" à se défendre.
Qu'aurait pensé la
vertueuse "communauté internationale" si, lors
du blocus de la ville Berlin par l'Union soviétique le pont aérien américain
qui avait permis à la ville de continuer de vivre avait été déclaré
illégal? Mais ce n'est pas la même chose, me dira-t-on, Berlin
et les Berlinois étaient précieux. impossible de les laisser
mourir de faim. Aucun dirigeant occidental ne se risquera à proclamer
haut et fort que le destin des Palestiniens est aussi important que
celui des Berlinois. Et surtout pas une Allemagne confite dans les remords
de son passé nazi et qui n'arrête pas d'expier ses crimes
sur le dos des Palestiniens. L'Allemagne nazie a été responsable
du martyre des juifs, l'Allemagne démocratique, le plus fidèle
soutien du régime sioniste, est complice du martyre des Palestiniens.
Mais l'affaire se
situe probablement à un étage beaucoup plus secret que
celui de humanitaire. M. Ban Ki-Moon n'ignore pas qu'Israël s'active
frénétiquement dans les eaux territoriales de Gaza et
du Liban afin de mettre la main, avec la complicité des sociétés
pétrolières anglo-saxonnes, sur la totalité des
immenses gisements d'hydrocarbures et surtout de gaz naturel, dont le
plus important appartient en propre au territoire palestinien occupé.
Il est vital pour l'occupant d'interdire à tout navire, palestinien
ou étranger, de venir rôder autour des forages-pirates
auxquels il est en train de procéder et de constater le pillage
à grande échelle qui se prépare au détriment
des prisonniers de Gaza. En vertu du mécanisme bien connu des
poupées russes, les vilenies de l'occupant s'emboîtent
les unes dans les autres. Chaque boîte en renferme une nouvelle
et la pire se cache dans la dernière boîte. Ce sont ces
spoliations en chaîne que les flottilles humanitaires risquent
de démasquer et on comprend mieux pourquoi le diplomate coréen
qui préside aux destinées des Nations Unies a parlé
d' "action militaire contre Israël". On
sort, en effet, de l'action strictement humanitaire pour pénétrer
sur un terrain familier aux amis de M. Ban Ki-Moon: la guerre secrète
que mène l'Etat sioniste afin de s'approprier la totalité
des ressources en gaz naturel découvertes au large de la bande
de Gaza .
J'écrivais
déjà le 13 janvier 2009, au moment même où
Israël illuminait le ciel de Gaza avec ses bombes au phosphore
blanc que "la vérité est le pire ennemi des tyrans. Le monde
découvrira enfin que sous les innombrables pelures de mensonges assénés
par la propagande sioniste et répercutés tels quels par une presse docile,
la guerre israélienne soutenue par les compagnies gazières européennes
et par leurs gouvernements est la soeur jumelle de la guerre d'Irak
menée par l'empire américain: il s'agit de dépouiller les Palestiniens
d'une ressource naturelle très importante: le gaz."
Voir
: 14 - L'axe de l'apocalypse se rue
à l'assaut du camp de concentration de Gaza...
Et après cela qui
osera encore prétendre qu'Israël n'est pas un "miracle politique",
alors que tout le monde peut voir comment une poignée de quelques centaines
de milliers d'individus est capable de piétiner la conscience et le
sens moral de milliards d'hommes et de femmes indignés dans le monde
entier, de ridiculiser le représentant officiel du droit international,
de prouver urbi et orbi que ce groupe humain jouit du pouvoir
de retourner à son profit toute personnalité officielle comme
une vieille chaussette, de la mettre à son service et de lui faire déclarer
le contraire de ce pour quoi elle est mandatée?
C'est un peu comme
si, un dimanche matin, du haut de son balcon, le pape Benoît XVI proclamait
que dorénavant, il est interdit aux honnêtes chrétiens d'empêcher les
voleurs et les assassins de commettre leurs forfaits, car ce serait
entreprendre une "action militaire" contre les malfaiteurs.
Naturellement, le
pape chrétien ne proclamera rien de tel. En fait, il ne proclamera
pas non plus son soutien aux héroïques volontaires qui embarqueront
sur les coquilles de noix de la flottille et feront face, poitrine nue,
aux commandos de marine sionistes armés jusqu'aux dents et qu'on
a vus à l'oeuvre lors de la tentative de la première flottille
de briser le blocus de Gaza. Le christianisme est vieux, très
vieux, trop vieux. Il n'a plus la sève qui donne la force de
l'insurrection morale portée par une rude et franche parole officielle
qui mettrait les corps en mouvement. Il n'est plus capable que de sussurer
des platitudes bien-pensantes sous la forme d'homélies gémissantes
et chevrotantes qui frôlent les oreilles des auditeurs sans toucher
leurs âmes. Néanmoins trois courageux évêques
catholiques et l'ancien président de la Fédération protestante
de France se sont prononcés en faveur de la flottille. [2]
Saluons-les.
Mais ni les héroïques
bénévoles décidés à braver la violence et les menaces de l'Etat sioniste,
ni les jeunes Palestiniens caressés par les grands vents qui soufflent
"sur toutes faces des vivants" ne prêtent plus la moindre attention
aux radotages des représentants momifiés d'une "communauté
internationale" dépourvue de conscience. "Malgré la prétendue
communauté internationale, et contre la colonie sioniste, nous retournerons
en Palestine" crient-ils aux frontières de leur patrie. Et c'est
avec leur sang, le sang des victimes de la violente répression de la
soldatesque sioniste, qu'ils scellent leur serment. [3]
Comme l'écrivait magnifiquement
le poète tunisien Abou el Kacem Chebbi (1909- 1934),
Lorsque le
peuple un jour veut la vie
Force est au destin de répondre
Aux ténèbres de se dissiper
Aux chaînes de se briser...
Acte
III - Où l'on s'aperçoit que l'idéologie sioniste
plonge profondément ses racines dans le Talmud
La théologie - donc
l'idéologie - de l'Etat sioniste interprétée dans le sens le plus matériel
et le plus grossièrement réaliste demeure donc son ADM, son increvable
Arme de Destruction Massive de la Raison. Inentamable et indestructible,
ce bouclier, miroir du fonctionnement du cerveau des tenants de cette
fiction, est devenu l'alibi religieux d'une politique agressivement
coloniale dont la brutalité se nourrit de son impunité depuis un demi
siècle. Efficacement étayé par la puissance financière de membres de
cette communauté qui occupent des postes-clés dans les instances financières
et internationales, le récit fictif auto-justificatif permet au sionisme
de donner libre cours à sa volonté de puissance, de se lancer à la conquête
du Moyen Orient et de faire fi, avec un mépris non dissimulé, des timides
admonestations des Etats dits démocratiques.
Mais la Thora
n'est pas la seule source de l'idéologie sioniste. En effet,
c'est le Talmud qui est l’objet principal des études dans
les nombreuses écoles rabbiniques. C'est lui qui, depuis des
siècles, modèle en profondeur la psychologie du groupe
et ce d'autant plus efficacement que de nombreux rabbins le considèrent
comme un code spirituel supérieur même à la Thora.
C'est dans le Talmud commenté par des rabbins fanatiques
que les étudiants des nombreuses yeshiva, notamment
dans les colonies juives de Cisjordanie, apprennent que seul " le
peuple élu est digne de la vie éternelle et que les autres peuples sont
semblables aux ânes" ( Comm. du Hos. IV, Fol. 230, col. 4.) ou que
"les maisons des goïm sont des maisons d'animaux " ( Sepher Leb
Tob, Fol. 46a.).
Les cahiers du Talmud
dit de Jérusalem furent édités en un volume
vers l'an 230, alors que celui, dit de Babylone fut rédigé
par des rabbins restés en Mésopotamie après la
déportation des notables judéens par Nabuchodonosor. Il
compte quatorze in-folios et ne fut achevé que vers l'an 500.
C'est le plus important des deux.
Le
Talmud
A partir du Talmud
il est enseigné qu' "il est permis de tromper un goy
et de pratiquer l'usure à son égard, mais si vous vendez quelque chose
à votre prochain (c'est-à-dire à un juif) ou si vous achetez quelque
chose de lui, il ne vous est pas permis de le tromper". ( Tract.
Baba Mez., Fol. 61a. v. Tosaphoth a. l., et Tract. Bechoroth, Fol. 13b).
Et il est expressément précisé qu' "il
est permis à un israélite, de faire du tort à un goy" (Tract.
Sanhedrin, Fol. 57a.), de le voler ou de faire des faux témoignages.
Il est même interdit de "rendre au goy ce qu'il a perdu
", car "celui qui rend au goy ce que celui-ci a perdu, ne
trouvera pas grâce auprès de Dieu". (Tract. Sanhedrin, Fol 76b,
et Tract. Baba Qamma, Fol. 113b.)
Comment s'étonner
que des esprits formés à un apprentissage du mépris
et de la haine à l'encontre tout ce qui n'est pas juif, se transforment
en prédateurs sans foi ni loi et qu'une soldatesque de plus en
plus sensible aux discours des rabbins les plus fanatiques s'amuse à
tout détruire dès qu'elle pose un pied dans une maison
palestinienne et maltraite même les enfants. Bien souvent, elle
y ajoute des souillures nauséabondes. Les pires exactions semblent
toutes naturelles aux colons fanatiques, encouragés par leurs
rabbins, puisque le Talmud a prévu qu' "envers
un animal on ne pratique pas la charité du prochain".(11
- V. Tract. Ab. Zar., Fol. 26b.)
Lorsqu'on lit que
"le Messie rendra aux juifs le sceptre royal du monde, que tous
les peuples le serviront et que tous les royaumes lui seront soumis"
(Tract. Sanhedrin, Fol. 88b et 99a.), ou que "le Messie recevra
les dons de tous les peuples et qu'il ne refusera que ceux des chrétiens.
Les juifs seront alors immensément riches" (Tract. Pesachim,
Fol. 118b.), on se dit qu'un Etat sioniste qui laisse enseigner ce genre
de prescription ne pourra jamais vivre en paix avec des voisins. Un
autre passage précise que "tous les trésors des peuples
passeront dans leurs mains" et que "leur trésorerie
sera si grande, qu'on aura besoin de trois cents ânesses pour porter
les clefs des portes et des serrures." (Tract. Pesachim, Fol.
119, et Tract. Sanhedrin, Fol. 110b) En conséquence, "tous
les peuples se convertiront à la religion judaïque".
Des textes comme
ceux du Talmud constituent une véritable spectrographie
de l'inconscient d'une société. Tout ce qui est habituellement
refoulé dans les groupes humains policés se déverse
dans ces commentaires en un noir flot tumultueux, grouillant de fantasmes
érotiques, de désirs de mort, de haine, de rêves
de puissance, de mesquineries à l'égard d'autres groupes
humains. Dans ce magma surnagent parfois quelques pépites qui
empêchent de désespérer des hommes.
On ne peut pas comprendre
l'attitude de M. Netanyahou lors de son discours au congrès ou
son mépris visible pour le Président Obama si l'on ne
voit pas qu'ils sont un reflet de préceptes talmudiques. Même
les Israéliens qui sont pas des lecteurs assidus des textes religieux
baignent dès l'enfance dans une atmosphère qui prédétermine
une attitude méprisante à l'égard des Palestiniens
en l'occurrence, mais également à l'égard de tous
les non-juifs, stigmatisés sous le nom générique
de goims. C'est pourquoi seule l'étude de l'arrière-monde
religieux d'une société ou d'une civilisation permet de
saisir à quel point les mythes religieux sont une projection
du mode de fonctionnement des cerveaux qui les ont conçus, et
comment, en retour, dans une sorte de trajectoire du boomerang, ou de
mouvement circulaire, ils influencent les mentalités, donc les
comportements sociaux et politiques du groupe humain concerné
et en prédéterminent les décisions ou les comportements.[4]
voir
Les analyses de " Théopolitique
" du philosophe Manuel de Diéguez
On comprend pourquoi,
dès les premiers jours qui ont suivi la déclaration d'indépendance
du 14 mai 1948, David Grün-Ben-Gourion a déployé une farouche et inlassable
énergie afin que la Bible devînt la source unique de l'histoire d'Israël
et que la fiction fût définitivement métamorphosée en vérité historique.
Les généalogies imaginaires, les récits d'accrochages entre tribus devenant
d'homériques batailles de géants, les cajoleries, les admonestations
et les "cadeaux" territoriaux de la divinité privée de cette ethnie
étaient censés se substituer aux réalités historiques, aux règles internationales,
au droit public et privé ainsi qu'à tous les principes moraux universels
sur lesquels se sont édifiées les sociétés policées depuis deux millénaires.
Le Talmud
et la Thora qui logent dans les méandres les plus
secrets des cervelles sont les véritables moteurs de la politique
sioniste.
Voir
David Grün, alias Ben Gourion, et la naissance de l'"Etat juif"
Acte
IV : Où l'on découvre que le hasard s'est invité
dans le scénario : " C'était un jour imprégné de l'odeur de l'histoire
et de l'éternité " (Abdelwahab Elmessiri)
L'arrogance et le
mépris à l'égard des peuples voisins, conséquence logique de la croyance
à une "élection divine" particulière, confortée par les
commentaires du Talmud, caractérisent si profondément
la mentalité israélienne que l'explosion du "printemps arabe"a
pétrifié de stupeur tout ce qui détient un milligramme de pouvoir dans
un Etat dont la politique étrangère officielle n'est que la partie émergée
d'un iceberg composé, sous la ligne de flottaison, d'un empilement de
services secrets connus pour espionner la planète entière, pour disposer
dans tous les pays du monde de milliers de relais dans la presse et
les médias, mobilisés dans la minute en faveur de la patrie de leur
cœur, ainsi que d'équipes de tueurs prêts à opérer impunément partout
dans le monde. Mme Tzippi Livni, ancienne ministre des affaires étrangères
et actuelle responsable d'un parti d'opposition, a commencé sa carrière
dans une équipe de ce genre.
De plus, les escadrons
de la mort israéliens ont été expressément autorisés à opérer dans des
pays "amis" afin d'y assassiner les "ennemis de l'Etat
d'Israël". Les lamentations d'Israël sur le "terrorisme palestinien"
doivent donc être interprétées comme la forme suprême de la chutzpah
ou de l'humour noir. On sait que durant toute la première moitié du
XXe siècle, un terrorisme juif d'une efficacité remarquable fut utilisé
comme seule stratégie militaire contre les autorités britanniques d'abord
qui, à partir de la signature du traité de Sèvres en 1920 et jusqu'en
1947 prirent la place de l'empire ottoman vaincu. Ce n'est pas le lieu
de rappeler la liste des crimes terroristes commis par les nombreux
groupes terroristes sionistes puissamment armés et entraînés ont semé
la terreur dans les villes et les villages palestiniens.
Voir Israël
du mythe à l'histoire
Aux dernières nouvelles,
la cour suprême israélienne vient d'autoriser officiellement les attentats
de Tsahal ou du Mossad - des "assassinats ciblés" - contre les
Palestiniens ou les étrangers catalogués "ennemis d'Israël ".
[5]
Provoquer la panique
et pousser les habitants légitimes à s'enfuir afin d'échapper à la mort
était le but recherché, le vide étant immédiatement comblé par les cohortes
d'immigrants appâtés par des avantages financiers offerts par les généreux
donateurs sis dans les pays anglo-saxons. Pour parfaire le nettoyage
ethnique, des villages entiers ont été totalement rasés.
Il fallait effacer jusqu'au souvenir de leur existence.
L'exemple du village
d'Emmaüs touchera particulièrement le coeur des chrétiens.
Selon l'Evangile de Luc (24, 13-35), "le troisième
jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un
village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils
parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils parlaient
et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas."
Aucun pélerin
ne fera plus jamais route vers un village appelé Emmaüs.

Le village d'Emmaüs que les pélerins
dont parle l'évangéliste auraient pu reconnaître
('Imwas -General view of our beautiful
village in 1958 - before destruction
|

Emmaüs: Intervention
sioniste contre la mémoire du christianisme - 1958
( Photo,
Pierre Medebielle )
|

General View Of Imwas (Emmaüs) Eleven
Years After Destruction in 1978. Note The Old Road On The Left
& Abu Ubaydah's Shrine
|

General View Of Imwas (Emmaüs) Twenty
One Years After Destruction in 1988. , Picture Taken By Pierre
Medebielle.
|
Ces photos
figurent dans l'important et excellent site Palestine Remembered.com
La politique de terreur
et de violence s'est poursuivie sans interruption durant des décennies
et se poursuit de plus belle jour après jour. La puanteur nauséabonde
des gaz lacrymogènes, des bombes au phosphore et autres jouets mortifères
dont ses multiples polices et une soldatesque sur-équipée usent généreusement
contre des résistants palestiniens désarmés, a rendu les dirigeants
israéliens anosmiques au parfum du monde tel qu'il s'est répandu discrètement
en dehors de leur bulle. Ils n'ont donc pas senti la fraîche odeur de
jasmin que portaient les "très grands vents en liesse par le monde"
qui ont balayé la rive sud de la Méditerranée. Même le puissant et redouté
Mossad n'avait rien humé. Et pourtant, comme l'écrivait d'une manière
prophétique le grand historien égyptien Abdelwahab Elmessiri
dans la dédicace de sa monumentale Encyclopédie sur le judaïsme
et le sionisme: "C'était un jour imprégné de l'odeur de
l'histoire et de l'éternité". [6]
Malgré les
zig-zag des reprises en main ici et là, les grands vents de la
liberté se sont levés en Méditerranée et,
à terme, rien ne les arrêtera.
Acte
V : Dans les coulisses du théâtre sioniste
Bien que la Déclaration
d'indépendance du 14 mai 1948 eût prévu qu'une Constitution allait
être adoptée avant le 1er octobre 1948, aucun texte constitutionnel
n'a jamais vu le jour, et cela pour deux raisons. Selon la première,
avancée par M. Ben Gourion lui-même et acceptée par les juristes sionistes
malgré son incongruité, il fallait attendre le "retour" sur la
"terre promise" de tous les juifs éparpillés dans le monde
entier.
Une condition de
ce genre, aussi absurde qu'impossible à remplir signifiait évidemment
qu'il n'y aurait pas de Constitution, puisque jamais tous les
juifs ne quitteraient la patrie d'adoption dans laquelle un grand nombre
d'entre eux vivaient en toute quiétude et prospérité. De plus, tous
les juifs n'adhèrent pas à l'idéologie sioniste et n'éprouvent pas le
moindre désir de vivre dans un Etat colonisateur et spoliateur dont
ils réprouvent la politique. Personne ne considère donc que ce leurre
pouvait constituer un argument valable.
Le véritable motif,
jamais officiellement invoqué, pour lequel cet Etat n'a pas de constitution
se cache sous l'argument fictif officiellement invoqué. En effet, les
rabbins, maîtres du récit biblique fondateur et des commentaires talmudiques,
refusaient catégoriquement qu'une autorité laïque fût supérieure aux
textes religieux dont ils sont les gardiens. Or, le sionisme ne peut
pas exister sans ses fondations religieuses. Sans la caution des textes
religieux et l'appui des rabbins, il n'y aurait pas de sionisme politique.
Voir:
Le messianisme biblique se rue à l'assaut de la Palestine
L'Etat d'Israël est
donc régi par une série de lois fondamentales modifiables à la
majorité simple par le parlement, ce qui signifie que chaque nouvelle
majorité peut les adapter à son public. Ainsi la "loi fondamentale"
concernant le fonctionnement du gouvernement, votée en 1968 - soit vingt
ans après l'indépendance - a été modifiée en 1992, puis en 2001. Il
ne s'agit donc en rien d'une Constitution, mais de textes législatifs
non contraignants et modifiables à volonté.
Le 13 décembre 1980,
la Knesset - le parlement israélien - a adopté une "loi fondamentale"
appelée Loi de Jérusalem, qui proclame cette ville "une et
indivisible" et la désigne comme la capitale de l'Etat d'Israël.
On demeure donc confondu
devant la sidérale candeur des "négociateurs" palestiniens qui,
depuis trente ans, "négocient" dans le vide en se berçant de
l'illusion qu'un Etat qui a fait voter une "loi fondamentale"
spécifique afin de proclamer "une et indivisible" la ville dont
il a fait sa capitale, accepterait gentiment d'en offrir une partie,
en raison de son bon cœur, à un interlocuteur qu'il a vaincu et à l'encontre
duquel il use des ruses les plus perverses depuis un demi-siècle
afin de l'éliminer totalement et définitivement.
Le 5 iyar 5708 signe
donc, non pas la naissance d'un Etat démocratique, mais celle d'un
Etat Juif, fondé sur une appartenance ethnico-religieuse. "L'Etat
d'Israël sera ouvert à l'immigration juive" est-il d'ailleurs proclamé
dès la première ligne de la Déclaration d'indépendance.
Un éminent pilier
de cet Etat, M. Aharon Barak, né en Lituanie en 1935, professeur
de droit à l'université hébraïque de Jérusalem, président de la Cour
Suprême d'Israël de 1995 à 2006 et négociateur des Accords de Camp
David en 1978 a tracé dans tous ses détails les contours d'un Etat
juif :
"L'État juif
est un État dont l'histoire est imbriquée dans celle du peuple juif.
C'est un État dont la langue est l'hébreu et dont les fêtes reflètent
la renaissance nationale. [...] L'État juif est celui qui développe
la culture juive, l'éducation juive et l'amour du peuple juif. [...]
L'État juif est celui qui puise ses valeurs dans celles de la tradition
religieuse, dont la Bible est le livre le plus fondamental et les Prophètes
la base de sa morale: l'État juif est cet État dans lequel le droithébraïque
joue un rôle important et où ce qui relève des mariages et des divorces
des juifs est réglé par le droit de la Thora."
[7]
On
retrouve dans cette définition liminaire la totalité du message - et
donc du "programme politique" - des deux dirigeants de l'antiquité
judéenne, Néhémie et Esdras. Ces deux hommes ont façonné de manière
indélébile la mentalité des Judéens de l'antiquité, fossilisé leur société
et tracé le sillon dans lequel le judaïsme politique - le sionisme -
s'est définitivement embourbé.
Le 19 juin 201, Benjamin
Netanyahou a confirmé que "l'important est que l'Etat
soit pour les Juifs seulement" , autrement dit, que les
Palestiniens devraient légitimer les purifications ethniques
passées, présentes et futures. Le Talmud
ne précise-t-il pas, comme il est dit plus haut, qu' "envers
un animal [palestinien] on ne pratique pas la charité
du prochain"? Dans ce scénario, il ne resterait plus
aux Palestiniens qu'à offrir spontanément maisons et propriétés
aux protégés du dieu Jahvé... et à vider
les lieux, puisque ce sont eux qui seraient devenus des intrus!
Acte
VI : Plongée dans les souterrains du théâtre sioniste
Au retour de l'exil
des notables imposé par Nabuchodonosor, Néhémie et Esdras entreprirent
de "purifier" la Judée de la pollution que constituait la présence
sur le territoire d'étrangers et même de juifs samaritains et galiléens
qui, bien que pratiquant depuis toujours une forme de judaïsme, étaient
méprisés et considérés comme insuffisamment juifs aux yeux des prêtres
sacrificateurs qui officiaient dans le temple de Jérusalem. Toute une
population d'immigrés issus des régions périphériques de la Judée et
qui avaient occupé la place laissée vacante par les exilés, fut fermement
priée de déguerpir. Les récalcitrants furent expulsés manu militari
et les mariages d'hommes juifs avec des femmes non juives ou d'un
judaïsme douteux furent impitoyablement rompus. Femmes et enfants furent
expulsés sans pitié même lorsque les épouses s'étaient converties au
judaïsme, car l'appartenance à la communauté passait par la pureté du
lignage.
Voir
: La théocratie ethnique dans
le chaudron de l'histoire
C'est ainsi que, dès
l'origine, une relation unique dans l'histoire mondiale s'est instaurée
entre la pratique d'une religion et la biologie de ses adeptes. Depuis
la réforme d'Esdras et de Néhémie, seuls furent considérés comme automatiquement
juifs les enfants issus de mères dont la judéité était
officiellement attestée. Cette condition a traversé les siècles
et demeure toujours en vigueur. Elle a même donné naissance à une catégorie
d'individus qui constitue une curiosité ethnique, celle des "juifs
athées" qui refusent, disent-ils, l'adhésion à la religion judaïque,
tout en continuant à se proclamer "juifs". A quel signe, critère, symptôme,
manifestation physique ou psychique se reconnaît ce groupe dont la dénomination
constitue un oxymoron? Voilà un des ces mystères auquel ni eux, ni personne
ne semble vouloir de donner une réponse logique acceptable - ou être
capable de le faire - et qui nourrit les pires fantasmes.
La pureté biologique
et l'homogénéité psychologique d'un petit groupe ont représenté, durant
la période qui a précédé et suivi l'exil en Babylonie, un atout politique
éminemment positif. En effet, ces conditions génétiques draconiennes
soudaient d'une manière puissante les membres d'une tribu peu nombreuse,
mais qui, avec beaucoup de ténacité, avait réussi, une première fois
à s'approprier un lopin de terre déjà occupé et
en avait chassé les habitants originels au nom d'une légitimité divine
créée pour la circonstance, comme on en lit les traces dans les récits
du Deutéronome et des Rois.
"Et lorsque le Seigneur votre Dieu vous
aura fait entrer dans la terre qu'Il a promise avec serment à vos
pères, Abraham, Isaac et Jacob, et qu'Il vous aura donné de grandes
et de très bonnes villes que vous n'aurez point fait bâtir,
des maisons pleines de toutes sortes de biens, que vous n'aurez
point construites, des citernes que vous n'aurez point creusées,
des vignes et des plants d'oliviers que vous n'aurez pas plantés…
" (Dt, 6,10-11)
Derrière l'intention
théologique du lévite qui a voulu montrer toute
l'étendue de la générosité du dieu de la
tribu, le récit du Deutéronome révèle
la strate historique réelle sur laquelle est construit le texte
théologique. Elle traduit, involontairement,
le souvenir de la conquête d'un territoire habité par une population
plus évoluée et plus riche, ainsi que le vol de ses biens,
personne n'étant assez naïf pour attribuer à Jahvé "en personne",
si je puis dire, la construction des "maisons pleines de toutes sortes
de biens", des précieuses citernes ou la plantation des vignes
et des oliviers. L'actuelle conquête de la Palestine est donc une répétition
d'un événement fondateur. Les récits pseudo-historiques du Pentateuque
sont des rationalisations théologiques auto-légitimantes
d'une prédation originelle: il s'agissait d'attribuer à
un cadeau de sa divinité le territoire conquis à la pointe
de l'épée, de se laver du péché originel
d'avoir volé la terre d'un autre peuple et de l'avoir expulsé.
On pourrait qualifier ce comportement auquel l'Etat sioniste vient de
procéder pour la seconde fois dans l'histoire en pointillé
de cette communauté, de "syndrome du coucou".
Etablie sur quelques
arpents plutôt ingrats, coincés entre les deux grands ensembles prospères
du bassin du Nil et de la Mésopotamie, les tribus judéennes ont
pu, grâce à des conditions génético-religieuses sévères, éviter de se
dissoudre dans les puissants empires qui l'environnaient et qui ont
envahi et conquis leur territoire à tour de rôle en raison de l'intérêt
stratégique qu'il présentait sur la route qui menait de
l'Asie du sud à l'Egypte. On a pu voir avec l'affaire du soldat
Shalit à quel point la psychologie tribale persiste et a donné naissance
à une forme de solidarité quasi animale. Alors que tuer des Palestiniens
est devenu une activité aussi banale que d'égorger un poulet, la vie
de cet unique individu est tellement précieuse que la galaxie tout entière
retentit des gémissements et des lamentations de ses co-religionnaires
depuis sa capture au cours d'une opération militaire qui a fait de lui
un prisonnier de guerre et une précieuse monnaie d'échange de prisonniers
avec le camp adverse et nullement un otage - sauf à considérer que les
dix mille résistants palestiniens enfermés dans les geôles israéliennes
- et depuis plusieurs décennies pour certains d'entre eux - représentent
dix mille otages.
Mais à partir du
moment où une émigration volontaire de Judéens qui avaient goûté aux
plaisirs et aux possibilités d'enrichissement personnel qu'offraient
des civilisations plus avancées, s'est répandue dans tous les pays méditerranéens
et même au-delà, la condition absolue de pureté ethnique sur laquelle
repose la pratique religieuse de ce groupe est devenue un obstacle insurmontable
à l'intégration de ces immigrés dans les pays dans lesquels les Judéens
- devenus plus tard les juifs - se sont établis en vue de pratiquer
leur talent ou leur commerce dans des conditions plus lucratives que
sur leur petit arpent originel.
Un comportement qui
avait constitué une force au moment où la tribu conquérait son espace
vital, devenait une source permanente de conflits avec les populations
autochtones sur des terres étrangères qualifiées d'"impures",
mais qui nourrissaient et enrichissaient les immigrants. Un groupe auquel
sa religion interdit l'assimilation dans les pays-hôtes chez lesquels
il séjourne, même durant des générations nombreuses, suscite fatalement
la méfiance, quand ce n'est pas l'hostilité. Personne ne peut exiger
d'autrui une vertu qu'il ne s'applique pas à soi-même.
Car durant les temps
de la dispersion, ni la mentalité, ni les principes internes qui permettaient
aux groupes d'exilés volontaires de conserver une identité homogène
n'ont évolué d'un seul iota. Durant deux millénaires, les sociétés juives
sont demeurées imperméables au mode de vie et aux mentalités des populations
au milieu desquelles elles s'étaient installées. Leur vie était totalement
et volontairement séparée de celle des habitants autochtones. Ces groupes
allogènes à leur environnement bénéficiaient d'une structure économique
spécifique, s'exprimaient dans une langue différente, possédaient une
organisation communautaire propre, notamment religieuse et judicaire,
tous ces facteurs réglaient le fonctionnement interne d'une vie juive
particulière.
Ces sociétés closes,
souvent issues de Shetl d' Europe de l'est, principales sources du judaïsme
- c'est-à-dire de petites villes et de bourgades exclusivement composées
de juifs - se sont transportées telles quelles en Palestine lors des
grands mouvements migratoires du XXe siècle. C'est donc porteurs de
cet arrière-monde-là que les immigrés sionistes ont débarqué par petits
paquets en Palestine ottomane à partir de la fin du XIXe siècle. L'immigration
s'est intensifiée à partir de 1920, lorsque la province a été placée
sous tutelle britannique. Un flot ininterrompu a suivi la déclaration
d'indépendance de 1948 . C'est pourquoi l'adhésion à une citoyenneté
à fondement universaliste prônée par les communautés
juives de la dispersion et claironnée dans la Déclaration d'indépendance
de 1948 a été, dans le nouvel Etat, remisée au fond d'un tiroir
et n'en est jamais sortie.
En effet, l'actuel
Etat juif qui a pour mission de d'attirer les juifs du monde entier,
de promouvoir l'hébreu et le judaïsme, n'est pas au service des "citoyens"
de cet Etat - cette notion n'existe pas - ni même à celui des juifs
d'Israël. L'Etat d'Israël est l'Etat de tous les juifs de la planète.
Comme l'écrit cocassement Shlomo Sand dans une interview: "Israël
appartient à Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy plus qu'à mon
collègue de l'université qui est originaire de Nazareth. "
Et il ajoute, non
sans malice : "Mais BHL et Finkielkraut ne veulent pas vivre sous
la souveraineté juive."
Ciel! quel vide leur
départ laisserait dans les médias hexagonaux et dans la politique élyséenne!
Mais BHL et Finkielkraut
ne sont plus seuls à ne pas vouloir vivre sous la souveraineté juive.
Comme pratiquement tous les habitants de cet Etat ont conservé la nationalité
de leur pays d'origine, une ruée spectaculaire sur un deuxième passeport
traduit désormais leur désir de prendre la fuite et un sondage indique
que la moitié des Israéliens envisagent de partir et que 22% des colons
venus de Russie sont déjà retournés "chez eux". [8]
Acte
VII : Epilogue: Israël, une ethno-théocratie héliogabalesque
L'ethno-théocratie
d'Israël évoque irrésistiblement le festin qu'offrait à ses convives
l'empereur romain dépravé, Héliogabale. "Il lui arrivait d'offrir
à ses invités des banquets dont les mets étaient constitués de verre
; il plaçait parfois sur la table des convives des serviettes ouvragées
représentant les plats qu'on lui apportait et aussi nombreuses que les
services que comportait habituellement son repas, si bien qu'ils n'étaient
nourris que de figures brodées ou tissées. C'était même quelquefois
des tableaux peints qu'on leur présentait. Ils avaient ainsi sous les
yeux l'ensemble du dîner dont lui-même dînait réellement, mais n'en
mouraient pas moins de faim. " (Histoire Auguste, Antonin
Heliogabale, XXVII,4)
Citant les agapes
de cet empereur fou, Rabelais parle de "viandes en cire, en marbre,
en poteries, en peintures et nappes figurées". En effet, Israël
possède certains attributs apparents de la démocratie, mais ce sont
"figures brodées et tissées" puisque les lois y sont sélectives
et hiérarchisées en fonction des ethnies et des appartenances religieuses.
"C'est faux, dans
cet Etat exemplaire règne une démocratie idéale, clament ses thuriféraires.
Toutes vos critiques sont le fruit de l'antisémitisme: "La nation israélienne
est le seul peuple global du monde. (…) On y trouve toutes les races,
des Juifs noirs aux Juifs aux yeux bridés, en passant par les Juifs
au teint mat de l'Inde ou du Yémen. On y parle toutes les langues du
monde. " [9]
Outre que ce tableau
idéal ne correspond nullement à la réalité et qu'une discrimination
sévère s'exerce entre juifs eux-mêmes. Le groupe dominant des Askhenazes,
originaires d'Europe de l'Est méprise ouvertement les Sépharades originaires
d'Afrique du nord et des pays du Moyen Orient. Quant aux Fallachas noirs
d'Ethiopie, ils sont méprisés par tous les autres juifs et à peine mieux
traités que les non-juifs, chrétiens ou musulmans, victimes d'une féroce
ségrégation . Et je ne parle pas d'autres sous-groupes, ainsi que des
convertis, objets de toutes les méfiances.
Le grand violoniste
et chef d'orchestre, juif lui-même, Yehudi Menuhin, confirmait
ce qu'il est impossible d'occulter, en dépit de l'action frénétique
des innombrables sayanim qui peuplent les médias de tous les Etats du
monde: "Ceux qui vivent par le glaive périront par le glaive, et
terreur et peur provoquent terreur et peur. La haine et le mépris sont
fatalement contagieux.... Un fait est sûrement abondamment clair, à
savoir que cette façon dévastatrice de gouverner par la peur, par le
mépris de la dignité fondamentale de la vie, cette asphyxie continue
d'un peuple dépendant devraient être les dernières méthodes adoptées
par ceux qui, eux-mêmes, connaissent trop bien l'horrible signification,
la souffrance inoubliable d'une telle existence... "
Quant aux formes
légales de discrimination dont sont victimes les habitants autochtones
de cette terre depuis des millénaires, elles sont si innombrables que
leur liste dépasse les dimensions de ce texte. [10]
Pendant que l'Héliogabale
sioniste banquette gloutonnement et se remplit la panse de terres palestiniennes
à la table de sa "démocratie théocratique", les habitants de
seconde zone, humiliés et harcelés, de plus en plus comprimés dans un
espace qui rétrécit comme une peau de chagrin, sont condamnés à se nourrir
de figures de cire, de verre , voire de plomb durci.
Peut-on appeler "démocratie"
un Etat sans constitution et fondé sur le judaïsme le plus fanatique,
un Etat en expansion territoriale continue et qui poursuit son rêve
biblique, un Etat qui opprime et prive de droits deux millions et demi
de Palestiniens? Comme l'écrit le Père Elias Chacour, originaire
de Biram, un des villages détruits par l'Etat sionisme: "Nous sommes
des citoyens de seconde zone, oui, il y a des zones. Je crois en fait
qu'il n'y a qu'une zone en Israël, la zone de citoyenneté juive. Il
y a ensuite la non-zone, la marge, ou les non-juifs sont tolérés, mais
ne sont pas acceptés, car ils ne trouvent pas la solution pour s'en
débarrasser."
Voir
Israël et son cadavre
En effet dans ce "canada
dry" de démocratie l'état civil est soumis au droit religieux. Impossible
de se marier civilement ou de divorcer. Les rabbins sont les maîtres
de la vie quotidienne. Un gouvernement, au service d'une seule catégorie
de la population, pratique une colonisation féroce et grignote sans
discontinuer les terres palestiniennes. Les politiques de citoyenneté,
la politique foncière, la confiscation des biens des non-juifs, la destruction
de leurs villages qu'ils soient chrétiens ou musulmans arabes, une répression
aveugle et des arrestations arbitraires accompagnées de coups, de tortures,
d'emprisonnements, la destruction de maisons, l'interdiction des mariages
entre juifs et non-juifs, la discrimination dans les écoles et même
dans les crèches et la liste des brimades s'allonge à l'infini. Voilà
le pain quotidien des habitants de seconde zone, sans compter le système
kafkaïen des "zones" A, B ou C qui découpent la Cisjordanie en rondelles
ou en confettis quadrillés de routes réservées à l'ethnie dominante,
bloquées par des checkpoints fixes ou volants, chaque parcelle étant
soumise à une législation différente et délibérément tordue, variable
et imprévisible.
La seconde loi adoptée
le 24 mars 2011 à 2 H du matin, et votée par trente cinq députés contre
vingt, introduit la possibilité pour des villes et des quartiers de
créer des "comités d'admission" qui décideront si une ou des
personnes venant s'installer dans la localité sont jugées "convenables".
Pire que l'apartheid
officiel qui avait régi la société sud-africaine, l'apartheid élastique,
aux modalités changeantes, imprévisibles et délibérément sadique imposé
par le sionisme, vise à déstabiliser psychologiquement les Palestiniens,
à créer un état d'angoisse et d'insécurité permanents afin de pousser
la population à l'exil.
Seule une chutzpah
en plomb durci permet à ses chantres de proclamer qu'Israël est une
démocratie, [11]
une "lumière des nations", dans laquelle cependant,
un tribunal rabbinique ultra-orthodoxe de Jérusalem peut se permettre
de condamner à mort par lapidation un pauvre chien errant, qu'un rabbin
illuminé a accusé d'être la réincarnation d'un avocat laïque
qui aurait "insulté" les juges religieux vingt ans
auparavant, et cela sans que personne ne s'avise de décider officiellement
que la place adéquate de ces rabbins est l'hôpital psychiatrique.
[12]
Notes
[1] Michel Warschawski
, Israël/États-Unis : alliance stratégique mais tensions réelles
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=10706
[2] Monseigneur Marc Stenger,
évêque de Troyes et président de Pax Christi France, Monseigneur Yves
Patenôtre, archevêque de Sens-Auxerre, prélat de la Mission de France,
Monseigneur Housset, évêque de La Rochelle et Saintes, Jacques
Stewart, pasteur, ancien président de la Fédération protestante
de France. 
[3] Fadwa Nassar, Malgré
les massacres, nous retournerons en Palestine, 
http://www.ism-france.org/analyses/Malgre-les-massacres-nous-retournerons-en-Palestine-article-15673
[4] voir les analyses de " Théopolitique
" du philosophe Manuel de Diéguez 
http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/tstmagic/1024/tstmagic/sommaire_religion.htm
[5]
Yasser Al Banna, Un demi-siècle d'assassinats israéliens
http://www.ism-france.org/analyses/Un-demi-siecle-d-assassinats-israeliens-article-3663
Meurtre de Dubaï :
l'ambassadeur d'Israël à Londres convoqué au Foreign office, Le 20 janvier,
Mahmoud al-Mabhouh, un responsable militaire du Hamas, est assassiné
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/02/17/meurtre-de-dubai-l-ambassadeur-d-israel-a-londres-convoque-au-foreign-office_1307566_3218.html
[6] Voir Professeur Chahid
Slimani, La Palestine: "C'était pour qu'on n'oublie pas la
terre et le pays… Pour que personne n'oublie la patrie"…
http://chahidslimani.over-blog.com/article-la-palestine-c-etait-pour-qu-on-n-oublie-pas-la-terre-et-le-pays-pour-que-personne-n-oublie-la-73859637.htm
[7] Cité in La
démocratie d'Israël, Claude Klein, 1997 
[8] Franklin Lamb, Les
Israéliens se ruent sur les seconds passeports 
http://www.ism-france.org/analyses/Les-Israeliens-se-ruent-sur-les-seconds-passeports-article-15672
http://www.counterpunch.org/lamb06032011.html
[9] http://jssnews.com/2011/02/06/vous-avez-dit-apartheid
Shmuel Trigano, Radio J 
[10]
voir, les excellentes analyses de Sami Aldeeb : Israël
: Discriminations contre les non-juifs tant chrétiens que musulmans
(parties 1à 4), 8 avril 2002 
http://oumma.com/Israel-Discriminations-contre-les,370
[11]
Voir George Stanechy, Gaza, le triomphe de Caïn 
http://stanechy.over-blog.com/article-27403840.html
[12] Akiva
Novick , Dog sentenced to death
by stoning Rabbinical court rules spirit of secular lawyer who insulted
judges 20 years ago transferred into wandering dog's body 
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4082843,00.html