Le culte du Veau
d'Or et la Mondialisation
"
Il y a deux
histoires: l'histoire officielle, menteuse et l'histoire secrète, où
sont les véritables causes des évènements."
Honoré de Balzac
*
La religion du
Veau d'Or - que l'on appelle aujourd'hui Globalisation ou Mondialisation
- est vieille comme le monde, même si les formes de son pouvoir et ses
manifestations ont varié au cours des siècles avec les
conditions politiques et surtout avec les moyens techniques de son exercice.
*
Préhistoire
du culte du Veau d'Or
1 - " Fais-nous un
dieu qui marche devant nous …
2 - Le Bouddha de Bangkok
3 - Le temple du roi Salomon
4 - L'Eglise romaine
Le Veau d'Or des temps modernes
5 - D'un dieu à l'autre...
6 - La guerre des
dieux
7 - Petit résumé
des trois épreuves surmontées par le nouveau dieu
8
- Le stade politico-militaire de l'expansion du Dieu-dollar
9 - Le stade monétaire
10 - La mort des frontières
11 - Les ruses sémantiques du Veau d'Or
12
- Main-mise sur la planète
13 - La
cavalerie financière internationale
14
- Dans les coulisses de l'empire
15 - Le
poulailler de la Mondialisation
16
- Le rêve d' un gouvernement mondial
(à suivre) Mort et tentative de résurrection du veau
d'or: le DTS
*
1
- Préhistoire du culte du Veau d'Or 
1
- " Fais-nous un dieu qui marche devant nous …"
Lorsque
, dixit le mythe biblique, Moïse revint parmi les siens après
avoir passé quarante jours et quarante nuits suspendu à un rocher, sans
boire ni manger, à écouter son dieu dicter, puis inscrire sur des morceaux
de rocher, les commandements destinés à régir le plus harmonieusement
possible la vie de la tribu dont il était le guide, il eut la désagréable
surprise de débarquer au milieu d'une fête.

Moïse
brisant les tables de la loi
On
célébrait dans la plaine le nouveau dieu que des nomades fuyant le royaume
de Pharaon et lassés d'attendre le retour de leur chef, avaient fabriqué
de leurs mains. Ils avaient en effet sacrifié leurs bijoux, et notamment
leurs anneaux d'or, symboles de l'écoute du divin, que tous, hommes,
femmes et enfants portaient aux oreilles et ils les avaient fait fondre.
Dans
les mythes, comme dans les contes de fée, la parole crée
la réalité et nul ne se soucie des conditions concrètes
de la mise en oeuvre.

Danse autour
de la statue
Ainsi
donc Aaron, leur chef en second, avait pris les choses en main en l'absence
de Moïse et avait réussi le tour de force, particulièrement remarquable
au vu des conditions matérielles dans lesquelles se déroulait
l'opération, de conduire le projet à son terme. La statue
du nouveau dieu a surgi, telle Athéna du cerveau de Zeus et étincelait
des mille feux de sa perfection symbolique.
"Aaron leur dit: Otez les anneaux d'or qui sont aux oreilles de vos
femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les-moi. Et tous ôtèrent
les anneaux d'or qui étaient à leurs oreilles, et ils les apportèrent
à Aaron. Il les reçut de leurs mains, jeta l'or dans un moule, et fit
un veau en métal fondu. " (Exode 32)
La solitude est lourde à tous les hommes et plus encore à un groupe
de fuyards perdus dans un désert et orphelins de leur guide. Apeurés,
ils en appellent à un protecteur bien visible. "Fais-nous un dieu
qui marche devant nous…" auraient dit les fugitifs à leur nouveau
guide!
La
petite troupe s'était spontanément tournée vers le dieu qu'elle
venait de quitter, le dieu solaire égyptien, le grand taureau fécondateur
Apis, symbole de la richesse, coiffé du disque d'or qui rayonne entre
ses cornes.

Le boeuf Apis
coiffé du disque d'or
Mais
lorsque les lévites
hébreux rédigèrent à Babylone les textes fondateurs de
leur nouvelle religion en y incluant des évènements censés
s'être déroulés un millénaire et demi auparavant,
leur intention n'était évidemment ni de magnifier un dieu rival, ni
de s'interroger sur les états d'âme d'un groupe de fuyards hors de l'empire
des Pharaons. L'hénothéisme
hébreu naissant s'est établi en dévalorisant les symboles des dieux
étrangers - notamment des dieux égyptiens - et cela d'autant plus férocement
qu'il voulait faire oublier à quel point il s'en était inspiré.
La
nouvelle religion n'avait rien d'universel, puisqu'elle ne s'adressait
qu'au petit groupe ethnique des Hébreux, le fameux "peuple élu
". Apis, réincarnation d'Osiris et d'Isis, symbole du soleil, de la
lune et de la terre nourricière, donc de la vie rayonnante, de la lumière
et de la fécondité, devint sous leur stylet vengeur un dérisoire et
méprisable "veau ".
Avec
le temps, son sens lumineux et universel s'effaça et il se métamorphosa
en signe de l'idolâtrie et de la barbarie cupide dans laquelle serait
retombé le groupuscule qu'un dieu, appelé Jahvé, était censé
s'être choisi. C'est ainsi que, par extension "l'adoration du veau
d'or" devint la manifestation de la stupidité de bédouins crédules,
idolâtres et avides de biens matériels.

L'Adoration
du Veau d'or, par Nicolas Poussin
Sur
le plan symbolique, le Veau d'or est donc associé pour l'éternité à
la soif de pouvoir, à la jouissance immédiate de biens matériels, à
l'opulence et à la puissance de l'argent. Il est la manifestation de
la vénération pour l'or, c'est-à-dire pour une richesse qui pervertit
les âmes et les cœurs. Il symbolise également la tentation toujours
présente et toujours renouvelée d'élever l'or et l'argent au rang de
divinité - mais de divinité maléfique.
C'est dans cet esprit que, dans son opéra Faust, Gounod
fait chanter à son Méphistophélès :
MEPHISTOPHÉLÈS:
"Le veau d'or est toujours debout;
On encense Sa puissance
D'un bout du monde à l'autre bout!
Pour fêter l'infâme idole,
Rois et peuples confondus,
Au bruit sombre des écus
Dansent une ronde folle autour de son piédestal!
Et Satan conduit le bal!
TOUS: Et Satan conduit le bal!
MEPHISTOPHÉLÈS:
Le veau d'or est vainqueur des dieux;
Dans sa gloire dérisoire
Le monstre abjecte insulte aux cieux!
Il contemple, ô rage étrange!
A ses pieds le genre humain
Se ruant, le fer en main,
Dans le sang et dans la fange
Où brille l'ardent métal!
Et Satan conduit le bal!
TOUS: Et Satan conduit le bal! "
2
- Le Bouddha de Bangkok 
Mais
il n'en a pas toujours été ainsi. Dans de nombreuses civilisations,
des Incas aux Egyptiens en passant par l'Orient et les cinq tonnes d'or
massif de la grande statue de plus de trois mètres de haut du
grand Bouddha de Bangkok, l'or a uniquement symbolisé la gloire et la
puissance des dieux.

Le grand Bouddha
d'or
3
- Le temple du roi Salomon 
Un
des rois mythiques de la bible hébraïque, Salomon, est également
censé avoir utilisé l'or dans cet esprit-là.
Il est supposé
avoir fait venir l'or du lointain royaume d'Ophir appartenant à la reine
de Saba - l'Ethiopie actuelle - et il en aurait usé abondamment
dans la décoration d'un temple qu'il aurait érigé en l'honneur
de son dieu et conformément aux instructions qui auraient été
communiquées surnaturellement et quasiment de bouche à oreille,
par le dieu lui-même à ses prêtres.

Le
supposé temple de Salomon
Jahvé
n'étant pas insensible à la beauté et à l'éclat de ce métal, le Salomon
légendaire n'aurait pas lésiné sur les fastueuses décorations
en or de la maison de son dieu, dont les murs, écrivait le lévite
rédacteur du texte, étaient presque entièrement recouvert
de feuilles d'or.
"Le
Saint des Saints fut revêtu d'or fin. Il [Salomon] fit un autel
de cèdre et le revêtit d'or. (…) Tout le temple il le revêtit d'or,
absolument tout le temple. Dans le Débir il fit deux chérubins en bois
d'éléagne (...). Il revêtit d'or les chérubins. (…) . Il couvrit d'or
le plancher du temple à l'intérieur et à l'extérieur. " (Rois
1, chap.6)

L'arche
du suppôsé temple de Salomon
Mais
ce roi mythique, dont les écrits bibliques louent autant la sagesse
que la richesse et l'abondance de son harem, aurait rompu avec la tradition
qui consistait à n'utiliser l'or que pour le service des dieux. Il est
présenté comme un grand jouisseur et un adorateur des
richesses ostentatoires. Le Midrach explique que son trône ruisselait
d'or et de pierreries et qu'il rivalisait de sompuosité avec le Temple.
Dans
la description mythologique qui en est faite, l'or est partout et les
joyaux les plus précieux font de ce trône une sorte d'autel à la gloire
d'un potentat oriental, sorte de Gatsby le magnifique des temps bibliques,
qui aurait été en même temps prêtre de son
dieu et prêtre du veau d'or, le second confortant le premier.
Le faste et les richesses visibles exercent d'ailleurs un pouvoir fascinatoire
sur la grande majorité des esprits :
" Le roi Salomon fit deux cents grands boucliers d`or battu, pour chacun
desquels il employa six cents sicles d`or battu, et trois cents autres
boucliers d`or battu, pour chacun desquels il employa trois cents sicles
d`or; et le roi les mit dans la maison de la forêt du Liban. Le roi
fit un grand trône d`ivoire, et le couvrit d`or pur. Ce trône avait
six degrés, et un marchepied d`or attenant au trône; il y avait des
bras de chaque côté du siège; deux lions étaient près des bras, et douze
lions sur les six degrés de part et d`autre. Il ne s`est rien fait de
pareil pour aucun royaume. Toutes les coupes du roi Salomon étaient
d`or, et toute la vaisselle de la maison de la forêt du Liban était
d`or pur. Rien n`était d`argent: on n`en faisait aucun cas du temps
de Salomon. "
Les
fictions religieuses sont construites à partir d'affabulations
pures et simples, de grossissements volontaires d'un évènement réel,
souvent microscopique et enfin, à partir de mythes universels
pour les parties les plus intéressantes, le tout à des fins politiques
et d'édification morale du groupe concerné.
Car
le mythe n'est pas dans l'histoire. Il est l'histoire,
car il crée l'histoire, mais une histoire qui transcende le temporel.
Il est hors du temps ordinaire car il est le temps universel et il dévoile
donc une vérité universelle. Le récit n'est qu'un support matériel de
circonstance, destiné à véhiculer cette vérité. C'est pourquoi le mythe
ne recherche pas la vraisemblance. Peut-on voler le feu du soleil? Prométhée
n'est pas un vrai voleur d'un vrai feu, Icare n'avait pas de vraies
ailes de cire qui auraient fondu parce qu'il s'est imprudemment approché
du soleil, Sisyphe n'a pas passé sa vie à soulever un vrai rocher, une
femme nommée Sara, vieille épouse d'un vieillard appelé "Père de
la multitude" - Abraham - n'a pas enfanté à l'âge canonique de cent
ans, aucun être humain n'est ressuscité et le royaume de
Salomon n'a existé que dans l'imagination des scripteurs du texte
biblique durant leur séjour forcé à Babylone, comme
l'ont si justement révélé les archéologues
Israël Finkelstein et Neil Asher Silbermann. [3 et 4]
Voir
: La bible
et l'invention de l'histoire d'Israël
Les
évènements miraculeux ne sont pas des matériaux historiques.

Salomon, peint
par Pedro Berruguete (vers 1500)
4
- L'Eglise romaine
L'Eglise
catholique officiellement "épouse" mystique d'un
Christ prêchant la pauvreté et l'humilité, mais en réalité héritière
et continuatrice des Césars romains, se livra, elle aussi, tantôt ouvertement,
tantôt en tapinois au fameux culte du Veau d'Or. Durant de nombreux
siècles, la croix et les pièces d'or, le pouvoir spirituel
et le pouvoir temporel, Jésus et le Veau d'or firent bon ménage
dans tout l'Occident chrétien.
Lorsqu'en
1260, Thomas d'Aquin rendit visite au pape Innocent IV, celui-ci voulut
l'éblouir et lui présenta toutes les richesses de la papauté. Après
avoir admiré ces trésors, Innocent déclara:
" Voyez-vous, mon brave Thomas, je ne peux pas dire comme le premier
pape [l'apôtre Pierre] : "Je n'ai ni argent, ni or."
Thomas d'Aquin acquiesça et ajouta:
- Et vous ne pouvez pas dire non plus: "Au nom de Jésus-Christ, lève-toi
et marche!"
La
condamnation des fabuleuses richesses d'une papauté dévergondée, jouisseuse
et avide de plaisirs, d'évêques et de cardinaux ignorants et arrogants,
vivant dans une pompe ostentatoire, figure en bonne place parmi les
griefs des Réformateurs allemands. Luther et tous les protestants allemands
s'élevaient d'abord contre le luxe des dignitaires de l'Eglise et dénonçaient
violemment le commerce des indulgences, véritable pompe à finances du
Vatican.
Or,
la pratique des indulgences, abandonnée depuis le concile Vatican II
(1962-1965) a été remise sporadiquement à l'honneur par le pape Jean-Paul
II, notamment lors du jubilé de l'an 2000. Son successeur, le pape Benoît
XVI, semblait manifester plus d'appétit encore pour cette pratique,
qui allie si heureusement les dévotions et les rentrées
d'argent. Il y recourut par trois fois durant son pontificat. Il s'est
notamment porté garant de la "certitude du pardon de Dieu"
pour leurs péchés accordé à tous les pèlerins qui se rendraient à Lourdes
entre le 8 décembre 2007 et le 8 décembre 2008 à minuit et qui effectueraient
"avec dévotion" la visite des lieux du sanctuaire marial, dans
l'ordre prescrit par les autorités religieuses, l'Eglise n'osant plus
monnayer directement "l'indulgence plénière".
La
procédure par laquelle Benoît XVI a obtenu l'accord et les garanties
du "pardon de Dieu" est demeurée secrète. Ainsi
donc, à partir du 9 décembre 2008 à 0 heure, les péchés
seront devenus ineffaçables et les pécheurs seront justiciables
de l'enfer ou, au mieux, du Purgatoire. Amen.
Je
m'arrête à ces quelques exemples. La liste est longue des
sociétés qui ont voué un culte à l'or, des
Aztèques aux Incas, des Tatars de Crimée aux Vikings,
etc.
*
II - Le veau d'or des temps modernes
5
- D'un dieu à l'autre... 
""La
politique, c'est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les
regarde",
disait Paul Valéry.
Le
dieu visible de l'ancienne religion du Veau d'Or, celui "qui marche
devant nous " au grand soleil, symbole d'un pouvoir hiérarchique
pyramidal, est mort. Mais, c'est bien connu, un dieu ne disparaît
jamais tout à fait. A côté de l'évolutionnisme biologique, un
darwinisme théologique régit la succession des théologies
dans les
cerveaux. C'est pourquoi un dieu moribond
se réincarne ou glisse doucement en tout ou en partie dans le corps
de son successeur.
... Et, à la fin de la chaîne, l'empire américain vint,
qui prit le globe terrestre dans ses serres…

Contrairement
au faste imaginaire de Salomon ou à celui réel des souverains
de Babylone, les nouveaux prêtres de la religion du Veau d'or n'affichent
ni leurs richesses, ni leurs personnes sur le devant de la scène. Leur
coquetterie principale est précisément d'être invisibles.
Derrière de hautes palissades d'abstractions, de chiffres et de graphiques,
les seigneurs du grand capital se protègent des hommes en chair et en
os. Leurs sujets ignorent souvent jusqu'au nom des maîtres qui tiennent
leurs destinées entre leurs mains. "Le monde est gouverné par de
tout autres personnages que ne se l'imaginent ceux dont l'œil ne plonge
pas dans les coulisses" disait déjà Disraëli (1804-1881), dans Coningsby.
La
prise du pouvoir par les financiers internationaux, c'est-à-dire,
en majorité, par les grands banquiers anglo-saxons, s'est opérée
en tapinois depuis la création de la banque d'Angleterre en juillet
1694. Elle a pris corps avec l'expansion de l'empire colonial britannique
qui, à son apogée, a commandé un quart de la planète. A l'aube du XXè
siècle, les colonies anglaises d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et d'Amérique
composaient encore "l'empire sur lequel le soleil ne se couche
jamais". Je reviendrai ultérieurement sur le rôle des banquiers
anglais dans la mise sur orbite du nouveau dieu au XIX è siècle. Mais
la domination financière anglo-saxonne a réellement pris
son élan avec la main-mise des banquiers de la City sur l'Amérique
avec la création de la FED le 23 décembre 1913 dans des
conditions quasiment maffieuses.
Voir
: Aux
sources de l'escroquerie de la Réserve Fédérale
, Le
machiavélisme des hécatonchires* de la finance internationale
........... Du
Système de la Réserve fédérale au camp de
concentration de Gaza, Le
rôle d'une éminence grise: le Colonel House
6
- La guerre des dieux 
Mais
le Veau d'or financier naissant eut fort à faire pendant les quelque
cinquante ans durant lesquels il fut en butte à la concurrence d'un
puissant dieu rival, infiniment plus séducteur que lui, puisqu'il promettait
rien moins que le paradis sur la terre. Le marxisme représentait un
contre-pouvoir idéologique puissant à la poussée du libéralisme.
Durant un demi siècle, il a coupé l'appétit aux représentants du capital,
freiné leurs ardeurs et limé les dents des loups cerviers dont parlait
déjà Balzac dans La Comédie humaine.

Le
péril rouge
Voraces
et patients, les financiers attendaient leur heure. Après quelques
dizaines d'années, le messianisme du prolétariat mondial s'est
flétri feuille par feuille et a fini par s'enfoncer dans le marécage
d'un marasme économique et social. Il acheva de pourrir définitivement
dans les camps de concentration, ces dépotoirs du paradis marxiste dans
lesquels furent envoyés les hérétiques de la nouvelle religion. L'effondrement
définitif de ce messianisme en 1989 fut si spectaculaire et si sonore
qu'il provoqua une onde de choc dont la sismicité pulvérisa le mur qui
le symbolisait.
Mais
l'espérance est un chiendent tenace et elle n'a pas été
étouffée sous les gravats d'un mur.
Ainsi,
depuis une vingtaine d'années, enfin
décomplexé et libre de toute
entrave éthique, le nouveau dieu de l'adoration du Veau d'Or
économico-financier, débarrassé du rival qui lui donnait mauvaise conscience,
a pu se déployer sans complexes dans toute sa puissance.
7
- Petit résumé des trois épreuves surmontées
par le nouveau dieu 
Mais
le nouveau dieu a dû successivement triompher de trois épreuves initiatiques
avant d'accéder au statut d'unique divinité mondiale qui est le sien
aujourd'hui.
Il s'agissait tout d'abord d'imposer la puissance de ses muscles et
donc de montrer sa force militaire. Après une première
mise en jambes à la fin de la première guerre mondiale
- puisque les USA n'entrèrent dans la mêlée qu'en
1917, soit trois ans après le début des hostilités
- la seconde guerre mondiale offrit à l'arsenal militaire américain
un champ de démonstration si déterminant qu'il fit à
l'empire en expansion le cadeau d'une victoire par KO sur toutes les
autres puissances militaires de la planète.

Ensuite,
il a fallu à la nouvelle divinité consolider son prestige en étalant
bijoux et trésors sous la forme d'un gigantesque tapis de billets de
banque. Un flot ininterrompu d'argent sorti de rien a alors émerveillé,
puis fasciné toutes les nations de la terre. L'envoûtement fut tel que
le reste du monde lui accorda, les yeux fermés, le statut enviable de
Dieu unique, c'est-à-dire de seul référent universel.
Le
monothéisme capitalistico-libéral anglo-saxon flottant sur un mer de
dollars s'est alors lancé à la conquête de la planète et, dans
un troisième mouvement, tel un tsunami irrésistible, il
renversé les frontières qui s'opposaient à son
expansion. La mondialisation était née. Comme le
fait dire l'apôtre Jean au crucifié : "Tout est
accompli " et le règne sans entraves de l'argent-roi
a pu débouler sur la planète entière.

8
- Le stade politico-militaire de l'expansion du nouveau dieu 
La
première épreuve passée avec succès par le dieu naissant fut donc politique.
C'est
la victoire sur les armées du IIIe Reich et ses alliés
de l'Axe qui donna aux USA le rang prestigieux de superpuissance que
la planète entière lui a reconnu pendant toute la seconde moitié du
XXe siècle. "Depuis Rome, il n'y a jamais eu une nation qui ait autant
éclipsé les autres " proclamait urbi et orbi dans un grand
cri de victoire Joseph S. Nye Jr., recteur de la Kennedy School of
Government à l'université Harvard et secrétaire d'Etat à la défense
sous M. William Clinton. Il exprimait, par ce cri du coeur, l'auto-jubilation
dans laquelle barbotait la classe politique de l'empire, auto-fascinée
par sa propre idéologie et les miracles bien visibles qu'elle produisait
chez ses grands prêtres. Dans la patrie du capitalisme florissant, c'est
Noël tous les jours pour les protégés du Dieu, puisque
1% des plus riches gagnent plus que le total des revenus des 40% les
plus pauvres.
9
- Le stade monétaire 
La
seconde épreuve à laquelle le Veau d'Or fut confronté afin de passer
du stade de nourrisson confiné dans les frontières du nouvel Etat en
gestation au plein épanouissement de sa puissance, fut monétaire. La
multiplication des dollars est un miracle qui soutient la comparaison
avec le miracle de la multiplication des pains rapporté par l'apôtre
Jean dans les Evangiles.
Avant
1913, date de la naissance officielle de la machine à cracher
des dollars, les financiers qui s'étaient enrichis par des spéculations
douteuses durant la guerre de Sécession - et qu'on appelle depuis lors
les "barons voleurs" - étaient à plusieurs reprises sortis des
coulisses où ils rongeaient leur frein. On les vit opérer de fructueux
rezzous sur les marchés boursiers . Ainsi, au début du siècle, ils purent
piller allègrement les imprudents qui avaient cru rivaliser avec eux
et accumuler en toute impunité un considérable magot.
Ils orchestrèrent, en effet, quelques paniques spectaculaires à la bourse
de New-York en déclenchant, comme ce fut le cas en 1907, une ruée sur
les actions de quelques grosses sociétés. Ils procédèrent
ensuite à une vente massive de manière à créer
la panique, puis rachetèrent ces mêmes actions à la baisse en
se présentant en sages sauveurs du bien public.
Du
Système de la Réserve fédérale au camp de
concentration de Gaza, Le
rôle d'une éminence grise: le Colonel House

1907:
Le banquier John Pierpont Morgan "sauve" la bourse
Mais
l' invention la plus géniale des nouveaux loups-cerviers est indiscutablement
la poule aux œufs d'or que fut la création de la FED (le Système
fédéral de réserve) durant la nuit du 23 décembre
1913. Depuis lors, les financiers anglo-saxons chantent Alléluia du
matin au soir.
Un
autre de leurs exploits particulièrement célèbre
se situe en 1929 lorsqu'ils accompagnèrent et surent gérer en catimini
à leur avantage la panique boursière et le joli crash auxquels il prêtèrent
la main, en ruinant sans vergogne et
une fois de plus les petits porteurs.

Le
crash de 1929...
De
nouveau, le même petit gang de "barons voleurs" racheta en masse
les titres dévalués et amoncela de colossales fortunes en faisant remonter
les cours pendant que les malheureux ruinés se suicidaient en grand
nombre.

...et ses
conséquences
Forts
de la puissance militaire et économique de l'Etat qui les hébergeait,
les banquiers anglo-saxons consolidèrent leur empire financier durant
l'entre-deux guerres.
La deuxième guerre mondiale qui les vit prêter à un taux usuraire
les sommes qui permirent aux belligérants des
deux camps de mettre sur pied leur arsenal militaire,
puis de s'entre-tuer pendant de longs mois, fut pour eux une période
exceptionnellement faste. Prudents , ils exigeaient d'être payés en
or. C'est ce pactole juteux qui leur permit,
lors des accords de Bretton Woods en
juillet 1944, d'imposer comme
unique monnaie de réserve la monnaie-dette
privée qu'ils avaient inventée en 1913 .
Voir
: Voyage
circummonétaire à la recherche du Roi Dollar et découverte de la caverne
d'Ali-Baba……4ème
escale
C'était
déjà là un bel exploit; mais la machine infernale à produire
des dollars atteignit une perfection inespérée le 15 aout
1971. Ce jour-là les banquiers touchèrent en effet le jack-pot
et dépassèrent les rêves les plus fous des alchimistes
lorsqu'ils réussirent à exploiter à leur avantage une
catastrope militaire au Vietnam, qui avait outrageusement déséquilibré
la balance commerciale des Etats-Unis: ils réussirent à transformer
en or un papier imprimé non gagé et à créer à partir de rien une monnaie
dite "flottante", c'est-à-dire dont la valeur oscillait
au gré des aléas de leur propre politique.
Voir
: Voyage
circummonétaire à la recherche du Roi Dollar et découverte de la caverne
d'Ali-Baba… 5ème
escale
Ces
décisions monétaires eurent pour les financiers anglo-saxons propriétaires
de la FED, des conséquences en chaîne plus heureuses les unes que les
autres durant trois décennies. Elles furent même momentanément
hautement profitables à l'expansion impériale états-unienne,
puisque le tour de passe-passe monétaire qui transformait une monnaie
privée et nationale en monnaie de réserve internationale équivalente
à l'or permettait à l'Etat émetteur, en quelque sorte en compte à demi
avec les nouveaux "barons voleurs" qu'étaient les actionnaires
et propriétaires de la FED, de faire financer par l'étranger
son commerce, ses déficits budgétaires sans fond et surtout les guerres
qu'il menait en vue de s'approprier les hydrocarbures dont il était
assoiffé. De plus, il aurait été impossible à cet Etat de payer la construction
et l'entretien de ses 737 bases militaires à l'étranger sans la complaisance
intéressée de ses banquiers faux-monnayeurs.
La religion du Veau d'Or a été de tous temps adossée
au triomphe des armes, que ce soit au temps de l'empire perse ou à
celui de la puissance temporelle de la papauté triomphante, qui
a culminé avec les vagues successives des croisades. L'alibi
théologique des uns et les motivations mercantiles des autres
avaient alors abouti à des guerres de pillage et à une
occupation de la "Terre Sainte" durant un siècle. Il
en fut de même de la domination de l'actuel Veau
d'Or mondialisé adossé à la monnaie-dette fictive
après la campagne victorieuse contre les armées de l'Axe.
L'escroquerie avait été si astucieusement montée
qu'elle a duré pratiquement sans accrocs de 1913 à 2008.
Voir
: Voyage
circummonétaire à la recherche du Roi Dollar et découverte de la caverne
d'Ali-Baba… 7ème
escale
10
- La mort des frontières 
La
troisième épreuve a laquelle le nouveau Veau d'Or impérial avait été
confronté fut celle de renverser d'un coup d'épaule décidé les barrières
douanières des Etats-nations. La fameuse main invisible du
marché a d'abord mis à mal, puis abattu purement et simplement les
frontières afin de permettre au système économique né outre-Atlantique
de se répandre sur la planète entière avec l'avantage inestimable de
disposer à gogo d'un flux ininterrompu de capitaux .
Voir Premiers
pas sur les traces du Roi-Dollar
L'empire
américain et le Veau d'Or financier mondialisé sont les deux faces d'une
même médaille, l'empire étant le bras armé des financiers.
Afin
de se répandre hors de leurs frontières, ils utilisèrent d'abord les
points d'ancrage que leur offrait la fameuse Alliance de l'Organisation
de l'Atlantique Nord (OTAN) mise sur pied par le vainqueur après la
victoire sur le Reich en 1945 pour fédérer ses vassaux directs, avant
de faire quasiment main basse sur la planète entière après la chute
du mur de Berlin en 1989. Mais, tout en clamant le contraire et en se
faisant les chantres d'un libéralisme débridé,
l'empire et ses financiers conservaient soigneusement leurs propres
privilèges et leurs protections douanières. Ils étaient
même parvenus à soumettre tous les autres Etats de la planète
à leur législation commerciale interne.
Grâce à l'espionnage généralisé et
à la surveillance de toutes les opérations financières
de la planète, ils réussissaient à escroquer des
sommes fabuleuses - appelées "sanctions" - aux Etats
ou aux entreprises qui contrevenaient à leurs ordres. Les presque
neuf milliards de dollars volés à la plus grande banque
française en sont un bel exemple. De
plus, les Etats-Unis se donnaient le pouvoir d'interdire la vente de
tel ou tel matériel dès lors qu'un seul élément,
ne fût-ce qu'un boulon, entrait dans sa composition. Qualifié
souverainement par leurs soins de "matériel sensible"
son exportation était bloquée sous peine de rackett financier,
qualifié "amende".
C'est
ainsi qu'ils purent affaiblir l'industrie des armements des Européens
qui avaient imprudemment inclus dans leurs armements quelques éléments
et boulons qui se sont trouvés, a posteriori, relever
de cette législation. L'Espagne n'a pas pu vendre ses avions
au Venezuela pestiféré de Chavez, tandis que la France
et l'Allemagne n'ont pas réussi à lever l'embargo des
ventes d'armes que l'empire avait imposé à la Chine. Ayant
décidé que l'Iran était un Etat-voyou, les Etats-Unis
ont eu les moyens financiers terrorisants de provoquer un quasi blocus
économique mondial de ce pays.
Depuis
lors, la domestication de l'Europe a atteint un stade qui transforme
ce continent en colonie soumise à l'empire. Les dirigeants des
nations européennes sont désormais des Quisling directement
pilotés par Washington.
11
- Les ruses sémantiques du Veau d'Or 
Habile
passe-muraille, le Veau d'or impérial s'est discrètement lové dans des
vocables anodins et neutres. Le capitalisme international vilainement
vilipendé par son rival messianique sentait le soufre et avait besoin
de retrouver une virginité. De nos jours, aussi confortablement installé
dans le paysage économique et politique que dans les esprits de la quasi
totalité des habitants de la planète, de la Chine à la Papouasie, de
Mayotte à Los Angeles et de la Perse au Pérou, il a revêtu la tunique
de lin blanc d'un alléchant Libéralisme, d'une innocente Globalisation
et d'une benoîte Mondialisation. Devenu l'horizon idéologique
indépassable de l'univers, il libère peu à peu ses poisons et se révèle
une redoutable tunique de Nessus.
Mais
un esprit aussi lucide que celui du Général de Gaulle n'a jamais été
dupe du puissant système financier et politique qui s'était discrètement
abrité dans les vocables bénins destinés à
endormir la méfiance des ignorants. Il a flairé et démonté le piège.
Puis il a crié que le roi est nu et révélé urbi et orbi que ce
grand meccano était simplement un avatar de l'expansion de l'empire
américain. Il avait parfaitement compris le mécanisme de ce pillage
et ses fondements politiques :
" Le marché n'est pas au-dessus de la nation et de l'Etat. C'est
la nation, c'est l'Etat qui doivent surplomber le marché. Si le marché
régnait en maître, ce sont les Américains qui régneraient en maîtres
sur lui ; ce sont les multinationales, qui ne sont pas plus multinationales
que l'OTAN. Tout ça n'est qu'un simple camouflage de l'hégémonie américaine.
Si nous suivions le marché les yeux fermés, nous nous ferions coloniser
par les Américains. Nous n'existerions plus, nous Européens ."
L'Europe
a "suivi le marché les yeux fermés".
Le fameux
"Traité transatlantique" en gestation est le
dernier camouflage en date de l'hégémonie américaine
et de sa tentative d'étrangler définitivement d'éventuels
concurrents industriels.

D'ailleurs
l'empire ne cache plus sa volonté hégémonique. Il la proclame même à
haute et intelligible voix. Mais la vassalisation sécrète un virus mortel
pour la vérité et les libertés publiques.
"Seuls les plus petits secrets ont besoin d'être protégés. Les plus
gros sont gardés par l'incrédulité publique " écrivait Marshall
McLuhan, auteur et chercheur canadien (1911-1980).
La vénération craintive est l'un des symptômes les plus prégnants de
cette pathologie. Elle entraîne une surdité et une mutité universelles
dans les organes de presse, si bien que le Reste du Monde et
notamment les Européens continuent de parler de Globalisation
là où il a vassalisation et de Mondialisation là
où il y a domination :
"Ni la Pax Britannica, ni la France napoléonienne, ni l'Espagne de
Felipe II, ni l'empire de Charlemagne, ni l'empire romain ne peuvent
se comparer à l'actuelle domination américaine. Jamais il n'a existé
une telle disparité de pouvoir dans le système mondial. " écrit
en toutes lettres l'historien Paul Kennedy
12
- Main-mise sur la planète 
Le
Veau d'or appelé Mondialisation est donc l'expression de la main
mise de l'empire américain, de l'armée de ses financiers et de
ses multinationales sur la planète.
Après
avoir abattu les frontières des Etats-nations, le Veau d'Or a entrepris,
avec une persévérance digne d'admiration et en usant de toutes les formes
de pressions, de chantage et de menaces sur ses vassaux, ses clients
ou ses débiteurs, d'affaiblir, de dissoudre et même de détruire totalement
les principes sur lesquels se sont construites les nations. Il s'emploie
à saper les fondements de toutes les institutions économiques, sociales
et morales, qui se voient qualifiées avec condescendance quand
ce n'est pas avec mépris, de rétrogrades. Ses serviteurs
appellent rupture et adaptation la destruction des protections
syndicales et du code du travail. Les institutions policières et militaires
nationales n'échappent pas au grand bond en arrière
et sont remplacées par des structures de gestion supra nationales
et mondiales directement dirigées depuis Washington.
Voir:
: Il
était une fois la mondialisation ... Vue d'ensemble sur la nouvelle
religion planétaire
La
rapidité foudroyante de l'expansion du nouveau Veau d'or a été favorisée
par les progrès des communications terrestres ou aériennes; mais elle
a surtout profité de l'essor des télécommunications et du miracle des
communications instantanées rendues possibles grâce à internet. La Mondialisation,
ce sont, en effet, des transactions transfrontières de biens et de services,
des flux croisés de marchandises et la diffusion accélérée et généralisée
des nouvelles technologies. Mais c'est également une spéculation monétaire
échevelée qui a métamorphosé le capitalisme économique en financiarisme
anonyme sans foi ni loi.

13
- La cavalerie financière internationale 
Comme
le disait le sapeur Camenbert : "Quand les bornes sont dépassées,
il n'y a plus de limites ." Des facilités monétaires
aussi exceptionnelles que celles permises par le système monétaire
actuel ne pouvaient que déchaîner les appétits,
si bien que, très logiquement, un laxisme budgétaire catastrophique
en chaîne s'ensuivit.
Le
mécanisme était pourtant tellement rustique qu'il était
impossible de ne pas voir qu'il portait inscrite sa propre perte dans
ses gènes.
D'où les banquiers tirent-ils l'argent qu'ils prêtent?
De nulle part. Ils se contentent d'imprimer une ligne dans un bilan.
C'est bien là qu'est le véritable miracle: l'argent est
créé à partir de rien et il produit un bénéfice.
[1]
Une
fois le robinet ouvert et le flux amorcé, les bénéfices
s'écoulent quasi automatiquement dans l'escarcelle des financiers.
L'Etat emprunteur se trouve donc dans l'obligation d'emprunter à nouveau
afin de rembourser les intérêts du premier emprunt et ainsi
de suite. On voit que ce mécanisme génère automatiquement
des dettes à l'infini et que l'ensemble est une gigantesque pyramide
de Ponzi et ressemble au jeu bien connu de la patate chaude, l'essentiel
étant de ne pas se trouver au bout de la chaîne.
Voir
: Voyage
circummonétaire à la recherche du Roi Dollar et découverte de la caverne
d'Ali-Baba…… 8ème
escale
Comme ce système fonctionne également au niveau du Fonds monétaire international
censé aider les pays émergents, alors qu'il amorce un mécanisme de vis
sans fin de l'endettement, il transforme les pays pauvres en vaches
à lait des banquiers internationaux.
Tous
les Etats liés au système monétaire actuel se sont
donc empressés d'imiter les Etats-Unis et les facilités
budgétaires qu'offre le laxisme budgétaire tant et si
bien qu'ils sont devenus à la fois les bénéficiaires
et victimes du Veau d'or monétaire que manipule une poignée de
loups cerviers internationaux. Les Etats ont cru
pouvoir sortir de la spirale de l'argent-dette en inventant le mécanisme
pervers appelé "monétarisation de la dette". Il s'agissait
de rien de moins que de vendre
les dettes des Etats - et notamment celles
colossales de l'empire - sous la forme de "bons du trésor" assortis
d'un intérêt attractif, afin de les métamorphoser en actifs dans
les bilans des Etats acheteurs.
Car
une fois amorcée, la roue de la cavalerie monétaire internationale décrite
par Balzac dans sa pièce Le faiseur, s'est mise
à tourner à une vitesse de plus en plus folle, si bien que de nos jours
elle s'est tellement emballée que le montant des dettes pudiquement
dénommées "avoirs négatifs " et impossibles à rembourser
est si colossal qu'il met en péril le principal Etat émetteur et tous
les intermédiaires gloutons et alléchés par les taux rédigés
dans la seule monnaie de réserve qui brillait de mille feux -
le roi-dollar. La dette de l'empire et celle de tous les Etats imprudents
qui avaient fait confiance à la solidité financière de "la plus grande
puissance de la planète", comme elle se dénommait elle-même en se
tapant du poing sur la poitrine, tel un gorille courant autour des frontières
du lopin qu'il a conquis à la force de ses biceps, cette dette, dis-je,
menace le système monétaire tout entier et emportera dans
un maelström imminent la quasi totalité des économies occidentales.
voir
: Evolution
foudroyante du système bancaire mondial - Du gangstérisme à la truanderie
C'était
uniquement la confiance dans les divers intervenants de ce grand
meccano qui servait de ciment et de garantie du fonctionnement harmonieux
de l'ensemble du système. Or, à partir du moment où
la méfiance est devenue la norme des relations entre les
banques, le système monétaire international est en voie
d'implosion et le Veau d'Or mondialisé sous sa forme actuelle
est en passe de finir dans les poubelles de l'histoire. C'est pourquoi
des Etats lucides comme la Chine et la Russie se débarrassent
subrepticement de leurs bons du trésor pourris ainsi que d'une
partie de leurs dollars et accumulent des lingots.
14
- Dans les coulisses de l'empire 
Derrière
la façade de la puissance politique et militaire de l'empire, le Veau
d'or Mondialisation exprime, en effet, les intérêts politiques
et financiers d'un très petit nombre de groupes très puissants
et très concentrés et d'organisations qui aujourd'hui conduisent et
pilotent l'économie de la planète dans la direction qui leur rapporte
les profits les plus faramineux. Comme l'écrivait déjà Walter Rathenau
(1867-1922), dans le journal autrichien Wiener Freie Presse du
, 24 décembre 1912, "Trois cents hommes, dont chacun connaît tous
les autres, gouvernent les destinées du continent européen et choisissent
leurs successeurs dans leur entourage."
En
changeant les mots " continent européen " par " empire américain
", la citation s'applique à la lettre à l'actuelle situation de la planète.
C'est aux pieds de ce nouveau Veau d'Or que les fidèles, appelés tantôt
travailleurs, tantôt consommateurs, sont priés de déposer leurs anneaux
d'or et leurs bijoux, c'est-à-dire leur force de travail; c'est en son
honneur qu'ils obéissent aux nouveaux commandements de leur idole: "travaillez,
prenez de la peine...", ou "travaillez plus pour gagner
plus...", et aujourd'hui, "travaillez plus pour gagner
moins...", afin de résister à la concurrence
mondiale et aux délocalisations dans des contrées exotiques
où l'exploitation de la misère s'étale sans complexes.
La fameuse réhabilitation de la "valeur travail",
comme le clamait un célèbre politicien de l'hexagone,
prend, dans ce contexte, un sens dérisoire et cynique .

La
pyramide sociale
15
- Le poulailler de la Mondialisation 
Car le
libéralisme mondialisé n'est que la variante d'une fable qui aurait
pour titre: La liberté du renard dans le poulailler. Il
y près d'un siècle, Jaurès avait déjà décrit le sort des poules
dans le poulailler du libéralisme :
"
D'abord, et à la racine même [de la lutte des classes], il
y a une constatation de fait, c'est que le système capitaliste, le système
de la propriété privée des moyens de production, divise les hommes en
deux catégories, divise les intérêts en deux vastes groupes, nécessairement
et violemment opposés. Il y a, d'un côté ceux qui détiennent les moyens
de production et qui peuvent ainsi faire la loi aux autres, mais il
y a de l'autre côté ceux qui, n'ayant, ne possédant que leur force de
travail et ne pouvant l'utiliser que par les moyens de production détenus
précisément par la classe capitaliste, sont à la discrétion de cette
classe capitaliste. "
Le
Veau d'Or contemporain est, en effet, une idole gourmande. Les salaires
vertigineux des dirigeants des grandes entreprises côtoient une misère
de plus en plus visible, y compris dans les sociétés industrialisées.
Le Veau d'or réclame des rendements de plus en plus élevés. En conséquence,
la survie des entreprises appelle des "plans sociaux"
et des "restructurations", camouflages pudiques de
la novlangue actuelle pour signifier licenciements, donc chômage
et délocalisations dans les pays émergents, là où des salaires
de misère et une protection sociale inexistante rendent le coût du travail
momentanément plus faible - en attendant que ces peuples se réveillent.
"Vouloir
conserver le pouvoir exige le sacrifice du plus grand nombre pour le
bénéfice de quelques-uns", écrivait Mao Tsé-toung, qui en
connaissait un rayon en matière de "sacrifiés".
Quel que soit le régime, le sacrifice des pauvres est toujours
le moteur des sociétés .
Les
poules ne sont pas les seules victimes des renards. Car, en sous-main,
la guerre fait rage entre les renards eux-mêmes. En effet, le
Veau d'or mondialisé est un Janus .
Amasser
de l'argent est l'un des objectifs et l'une des faces de l'idole.
La seconde face est la lutte pour le pouvoir. Les renards ne se satisfont
pas de la chair des poules. Une guerre permanente et sans merci règne
entre eux. Les plus puissants éliminent ou avalent les plus faibles
comme l'a montré, par exemple, la " guerre de l'acier " entre
Arcelor et Mittal. Les tournois ne se déroulent plus sur
le pré, mais dans le secret des institutions bancaires et à coups d'OPA
amicales ou prédatrices. Dans un système construit sur l'appât du gain,
le pouvoir s'achète et se vend au plus offrant. Une OPA dite "amicale"
est celle dans laquelle les mangeoires des actionnaires sont le plus
abondamment garnies de sorte que ceux-ci se rangent spontanément
dans le camp du plus offrant.
Les
Etats-nations à la fois complices et victimes de leur laxisme
se contentent d'enterrer les morts qui résultent de la perte
de leur souveraineté industrielle. Ainsi les Français
pleurent la perte d'Alstom, de ses précieuses turbines
à gaz et de ses réseaux électriques, celle de Thomson
et de son imagerie médicale - que M. Juppé voulait déjà
brader pour un euro du temps où il était premier ministre
- celle de Péchiney et de son aluminium, celle d'Usinor-Sacilor
et de son acier, celle de Lafarge et de son ciment, celle d'Alcatel
et de ses équipements de télécommunication pour
ne citer que les plus connues, car la liste n'est pas close
16
- Le rêve d' un gouvernement mondial 
Les
multinationales et les institutions internationales qui pilotent la
mondialisation aux côtés des responsables politiques aux Etats-Unis,
en Israël ou en Grande Bretagne, rêvent d'un nouvel ordre mondial. Le
mélange entre des intérêts privés des hommes politiques, des groupes
de pression et des institutions officielles aboutit à une forme de gouvernement
inédit dans l'histoire humaine, une manière de privatisation du pouvoir
à l'échelle mondiale. Ce groupe en arrive même à imaginer qu'il pourrait
parvenir à imposer un gouvernement mondial unifié comme le proclame
sans complexe un des plus riches et des plus puissants hommes d'influence
de la planète :
" Certains croient que nous (la famille Rockefeller) faisons
partie d'une cabale secrète travaillant contre les intérêts des États-Unis.
Ils nous traitent d'internationalistes, nous accusent de conspirer avec
d'autres de par le monde pour construire une structure politique et
économique mondiale intégrée - un gouvernement mondial, si vous préférez.
Si c'est là l'accusation, je plaide coupable, et avec fierté ! "
- David Rockefeller, Mémoires, 2002

Si
M. Rockefeller prend ses désirs pour des réalités et tient pour acquise
la bienveillance ou la soumission de l'Europe et du Japon, il semble
ignorer qu'il existe des contre-pouvoirs, que la Chine, la Russie, l'Inde
et, un jour prochain, une coalition d'Etats en
Amérique du Sud résistera efficacement
à l'idéologie du Veau d'or financiarisé. Cet "autre monde"
voit
que le Veau d'Or contemporain, tapissé de billets verts ou de
toute autre forme de supercherie financière est si mité
de l'intérieur qu'il ne tient plus debout que par habitude et
adossé à des missiles. Ce n'est pas un hasard si la Russie
- un des pays les moins endettés de la planète - et la
Chine achètent de l'or. Même un capitaliste aussi rusé
que Soros est devenu acheteur de la "devise barbare"
"Il
aurait été impossible de développer notre projet pour le monde, si nous
avions été victimes des éclairages crus de la publicité au cours de
ces années. Mais notre oeuvre est maintenant à un stade beaucoup plus
sophistiqué et nous sommes prêts à entamer la marche vers un gouvernement
mondial. La souveraineté supranationale d'une élite intellectuelle et
des banquiers mondiaux est certainement préférable à l'autodétermination
nationale pratiquée lors des siècles passés. " -(David Rockefeller,
au cours d'une réunion du Groupe Bilderberg, à Baden en Allemagne Rapport
Hilaire DuBerrier, 1991)
Notre
super financier démontre, s'il en était besoin, combien la "liberté
de la presse" et l'existence d'un "quatrième pouvoir"
aux côtés des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, sont une
pure chimère. Celui qui paie commande. Le seul espace de liberté
et d'honnêteté n'existe aujourd'hui que sur internet.
Une
fois de plus, il est prouvé que tout s'achète, que tout se vend et qu'il
suffit d'y mettre le prix en sauvant les apparences. Dans le système
politique adossé au Veau d'Or mondialisé, les principes éthiques deviennent
à leur tour des marchandises. Ainsi, M. David Rockefeller peut
ouvertement remercier les journalistes de la presse officielle pour
leur collaboration.
*
Et
pendant tout ce temps... un petit groupe de banquiers, de gestionnaires
de fonds spéculatifs, de responsables de portefeuilles bien garnis et
de gros investisseurs ont engrangé des sommes phénoménales qu'ils ont
su convertir en actifs réels ou en lingots de la "devise
barbare" qu'ils ont feint de mépriser durant des années
tout en accumulant en douce ses lingots.
C'est
pourquoi le petit sourire en coin de l'un des principaux pontifes aux
commandes de la machinerie du Veau d'Or permet d'imaginer que les grands
maîtres de la Mondialisation sauront, comme ils l'ont toujours
fait jusqu'alors, tirer un bénéfice supplémentaire
de l'effondrement de leur monnaie, pendant que le reste du monde pansera
ses blessures et comptera ses morts.
(à
suivre) Mort et tentative de résurrection du veau d'or: le DTS
*
[1]
Voir l'excellente et très complète analyse de Rudo de
Ruijter sur le fonctionnement des banques, Secrets
d'argent, intérêts et inflation 
[2]
Voir Frédéric Lordon : Quand
la finance prend le monde en otage (http://w41k.com/11508
)
[3]
Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible dévoilée.
Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,trad. Ed.
Bayard 2002
[4]
Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Les
rois sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006