Les
évènements miraculeux ne sont pas des matériaux historiques. Et pourtant
il arrive que certains façonnent directement l'histoire. Il en
est ainsi du mythe d'une "terre promise" à
certains hommes par leur divinité privée.
Le
mythe est un théâtre. Il ne vit pas dans l'histoire.
Il est l'histoire. Il est hors du temps ordinaire car il est
le temps universel et la vérité qu'il dévoile est une
vérité universelle.
Peut-on
voler le feu du soleil? Non, répond la raison, et pourtant le
sens spirituel du récit nous atteint comme une évidence.
Nous admettons sans difficulté que Prométhée n'est pas le voleur
d'un feu véritable, qu'Icare n'avait pas de vraies ailes de cire
qui auraient fondu parce qu'il s'est imprudemment approché du soleil,
que Sisyphe n'a pas passé sa vie à tenter de hisser un vrai rocher au
sommet d'une montagne et qu'une femme nommée Sara, vieille épouse d'un
très vieil homme appelé "Père de la multitude" n'a pas
enfanté à l'âge de cent ans.
C'est
pourquoi le mythe ne recherche pas la vraisemblance et le récit qui
en est le support matériel de circonstance est une allégorie
destinée à véhiculer une vérité hors du temps quotidien.
Il
existe une hiérarchie des mythes parce qu'il existe une hiérarchie
des esprits qui les ont conçus.
Que dire lorsqu'un petit groupe d'alchimistes grossiers fait main basse
sur la transcendance et transforme en plomb l'or de la métaphore?
A ce compte, Prométhée aurait allumé le feu du
soleil avec un briquet, Sisyphe s'aiderait d'une brouette pour hisser
sa pierre, un Adam allégé d'une côte aurait batifolé
dans un vrai verger et, tel un notaire de village, un "dieu"
aurait signé un acte foncier au bénéfice exclusif
d'un petit groupe d'humains et y aurait même joint le codicille
selon lequel les bénéficiaires de ses largesses jouiront
éternellement de l'autorisation de piller et d'assassiner les
véritables propriétaires du terrain qu'ils se sont appropriés.
A ce niveau de rusticité religieuse et de dénaturation
du spirituel, le mythe devient la forme la plus perverse du mensonge.
C'est pourquoi il a tellement besoin de la violence pour imposer sa
"vérité" au reste de la planète
et pour tenter de galoper dans l'histoire.
Comme
l'écrivait
Goethe, "la vérité doit être martelée avec constance, parce que le
faux continue d'être prêché, non seulement par quelques-uns, mais par
une foule de gens. Dans la presse et dans les dictionnaires, dans les
écoles et dans les Universités, partout le faux est au pouvoir, parfaitement
à l'aise et heureux de savoir qu'il a la majorité pour lui."
1 - C'est là
que tout a commencé
2 - Petite bibliographie personnelle
3 - Les Khazars débarquent
dans l'histoire
4 - Comment faire entrer le rêve
dans la politique?
5 - Les Hercule du rêve biblique
6 - Vrais Juifs, faux Juifs
7 - Le "sang pur" des Ashkénazes
8 - La quête du Graal d'un "sang
juif" spécifique
9 - L'obsession de la "pureté
génétique"
10 - Où se situe Askhenaz ?
11 - Retour à la réalité historique
12
- Le Yiddish:
comment naît une langue
1
- C'est là que tout a commencé

"Mille
ans avant la naissance de l'actuel État d'Israël, un Royaume juif existait
sur les marches orientales de l'Europe, à cheval sur les plaines baignées
par le Don et la Volga ..." Ainsi commence le célèbre
ouvrage de l'auteur juif américain Kevin Alan Brook :
The Jews of Khazaria.
L'histoire semi fictive
des Khazars a fait d'autant plus phantasmer de nombreux auteurs que
les documents historiques réels concernant cette nation indo-turquo-slave
sont si minces que durant des siècles l'immense royaume sis entre les
bassins de la Volga, du Don, du Dniepr jusqu'à la mer d'Aral, la mer
Caspienne et au Caucase avait quasiment disparu de la mémoire des hommes.
Composé de plus de vingt groupes ethniques ou "nations", la puissance
de l'empire Khazar couvrait une surface immense. Elle a rayonné pendant
un demi millénaire - entre le VIe et le XIe siècle - sur les régions
qui correspondent aujourd'hui à l'Europe de l'Est et aux marches
de l'Asie.
a
L'empire
Khazar, viualisation en couleurs de son expansion du VIIe au XIe siècle
L'histoire des Khazars
est demeurée à peu près inconnue jusqu'au début
du VIIe siècle. On sait seulement que qu'ils faisaient partie
de l'empire turc et qu'ils conquirent leur indépendance après
que des guerres intestines eurent provoqué l'éclatement
de cet empire. A partir de sources arabes, hébraïques ,
arméniennes, byzantines, slaves, ainsi que de divers objets archéologiques
découverts depuis peu - bijoux, objets funéraires, outils
destinés à la vie quotidienne, à la pêche
ou à l'agriculture, etc. - les historiens ont établi que,
de la moitié du VIIe siècle et jusqu'au début du
XIe siècle, l'empire Khazar était un Etat prospère
et une puissance internationale . Alan Brook insiste sur le fait qu'il
entretenait des relations diplomatiques et commerciales avec tout l'empire
romain d'Orient, avec ce qui demeurait de l'empire turc, ainsi qu'avec
les puissantes tribus environnantes des Alains, des Magyars et des Slaves.
Ainsi la ville de
Kiev, dont le nom est turc - KUI, la rive et EV, l'emplacement -
fut, dit-on, créée par les Khazars.
Bien que païens
et pratiquant un mélange de chamanisme et de culte idolâtre
et phallique qui donnaient lieu à des scènes d'orgie sexuelle,
ainsi qu'à des sacrifices humains, les célèbres
et redoutés guerriers Khazars, furent à plusieurs reprises
des alliés de Byzance lorsque les Perses Sassanides tentèrent
de s'approprier les richesses de la capitale de l'empire romain d'Orient;
ils furent de nouveau les alliés de Byzance après la mort
du prophète Mohammad, lorsque l'islam guerrier voulut imposer
son message au monde entier. C'est ainsi que les Khazars bloquèrent
son expansion en direction du Caucase et jouèrent à l'Est
le rôle de Charles Martel à l'Ouest.
L'alliance entre les
Khazars et Byzance fut d'ailleurs scellée par le mariage de l'empereur
Constantin V (741-775) avec une princesse khazare. Leur héritier
devint l'empereur de Byzance sous le nom de Léon IV le Khazar.

Guerriers
khazars
Or, le débarquement
des Khazars dans l'histoire contemporaine a pour origine lointaine la
conversion de ce royaume au judaïsme vers l'an 740. Le récit
des circonstances de cette conversion décidée par le roi
khazar de l'époque, Bulan, est décrit avec précision
par Arthur Koestler. Il rappelle la légende qui entoure cette
conversion telle qu'elle ressort d'une correspondance entre un roi khazar
appelé Joseph et Hasdai Ibn Shaprut, un ministre juif du khalife
de Bagdad. Mais ce document historique est fragile, car les lettres
ayant été rédigées entre 954 et 961 - soit plus de
deux cents ans après la conversion des Khazars - il est quasiment
impossible de séparer la réalité historique de
celle recréée par la fable. De plus, des passages
entiers sont manquants, notamment le début et la fin du document.
La réforme
religieuse du roi Bulan semble avoir été effectuée
en plusieurs étapes et fut, comme il se doit dans ce genre d'action
politico-théologique, enveloppée d'évènements
miraculeux destinés à en sceller l'authenticité.
Ainsi, après qu'il eut décidé de renoncer à
l'idolâtrie, de chasser les sorciers, d'interdire les orgies sexuelles
et les meurtres rituels, c'est l'apparition d'un ange qui aurait révélé
le "vrai Dieu" - c'est-à-dire un Dieu universel
- au roi réformateur. Or, ce souverain était probablement
un fin politique et il ne s'est pas lancé dans un bouleversement
politico-religieux aussi fondamental sans en avoir pesé les avantages.
Il avait probablement compris que l'unité mentale d'une nation
est un facteur capital qui lui permettait de renforcer stabilité
l'unité politiques d'un vaste royaume composé de tribus
nombreuses.
Mais comment choisir
la meilleure manière d'honorer ce "Dieu" universels,
alors que deux grands empires monothéistes étaient installés
à ses frontières, à savoir, Byzance et Bagdad et
que des communautés très actives et se réclamant
d'un troisième monothéisme se trouvaient à l'intérieur
ou aux marches du royaume khazar? C'est là qu'est censée
avoir eu lieu la fameuse joute entre les représentants des trois
monothéismes - un représentant du christianisme de Byzance,
un représentant de l'islam et un représentant du judaïsme
talmudique. La cérémonie se serait terminée par
le choix du "Dieu de la Thora", le rabbin ayant remporté
la victoire sur ses deux compétiteurs au nom de l'ancienneté
de son Dieu.
Dans son ouvrage capital
Deux siècles ensemble (1795-1995), Juifs et Russes avant
la Révolution, Alexandre Soljenitsyne propose une explication
politique plus triviale, mais certainement plus vraisemblable. C'est
le principe de neutralité politique qui aurait en secret déterminé
le choix d'un souverain habile politique: "Les chefs ethniques
desTurco-khazars idolâtres de cette époque ne voulaient
ni de l'islam pour n'avoir pas à se soumettre au khalife de Bagdad,
ni du christianisme pour éviter la tutelle de Byzance. Ainsi,
près de sept cent vingt deux tribus adoptèrent la religion
juive."
Soljenitsyne explique
l'influence du judaïsme sur les Khazars à partir des échanges
qui avaient lieu entre les deux populations depuis des décennies.
Bien avant la fameuse conversion, des colonies dites juives - en fait
judéennes, car ni le mot, ni la notion que ce terme recouvre
n'existaient à l'époque (voir)
- ces colonies majoritairement originaires de la province de Judée
s'étaient implantées dans les plaines du Don et de la
Volga à partir de la Crimée. En effet, c'est dans cette
petite péninsule que l'empereur romain Hadrien avait fait déporter
les prisonniers juifs en 137, après avoir réduit la révolte
de Bar-Kokhba.
Mais tout en restant
en relations avec le centre religieux de la Judée, de nombreux
Judéens à la recherche d'un avenir plus prospère,
avaient essaimé dans tout le bassin de la Méditerranée
depuis des décennies, et cela bien avant la destruction du Temple.
C'est ainsi qu'une communauté des adorateurs du Dieu Jahvé
était implantée depuis la plus haute antiquité
sur les bords de la Mer Noire et dans le Caucase, où ils avaient
précédé les déportés d'Hadrien. Ces
Judéens-là auraient été , dit-on, des descendants
des très anciennes captivités assyrienne et babylonienne
des VIIIe et VIe siècles avant notre ère. De plus,
les persécutions dont les Jahvistes étaient sporadiquement
victimes de la part de l'empire romain d'Orient tardif ainsi que des
khalifes de Bagdad augmentaient constamment leur nombre.
La conversion des
Khazars au culte du Dieu Jahvé n'est donc pas un phénomène
miraculeux ou lié à un évènement unique
et parfaitement anecdotique. Elle est la résultante politico-religieuse
d'un long processus dans lequel l'action les échanges commerciaux
et un prosélytisme quotidien exercé par les responsables
religieux ont joué un rôle déterminant. Avec le
temps, les mélanges de populations se firent donc tout naturellement.
Il est néanmoins
vraisemblable que les conversions, même si elles ne se limitèrent
pas à l'immédiat entourage du roi et de sa cour, ne concernèrent
pas la totalité de la population de ce vaste royaume composite.
De nombreuses tribus , notamment celles qui occupaient les territoires
les plus éloignés du centre du pouvoir, conservèrent
leurs cultes anciens. Le royaume Khazar était tolérant.
On sait que certains groupes s'étaient également convertis
au christianisme et d'autres à l'islam. Il est donc abusif de
clamer aujourd'hui que tous les Khazars étaient judaïsants.
Après deux
siècles de prospérité le royaume khazar officiellement
juif - au sens que ce mot a aujourd'hui - finit par dépérir
à la suite de multiples affrontements avec des tribus vikings,
celles des arabes, des Varègues qui se déplaçaient
le long des grands fleuves et de nombreuses autres tribus guerrières
de la steppe. La prise de la forteresse
de Sarkel par les princes Igor, puis Sviatoslav lui porta un coup fatal.
Il subsista encore quelques décennies entre 933 et 969, mais
il est établi que l'empire des plaines n'existait plus au début
du XIe siècle
Les redoutables pillards
Rhuss se convertiront au christianisme byzantin, dit orthodoxe, par
opposition au christianisme romain. Ils donneront naissance à
une nouvelle nation - la Rhuss de Kiev - soutenue par l'empire
romain d'Orient et berceau de la Russie moderne.
Quant aux juifs anciens
ou plus récents qui vivaient dans l'empire khazar - et qui étaient
donc ethniquement et génétiquement composés de
peuples d'origines très diverses - ils disparurent certes en
tant que nation, mais une population de centaines de milliers d'individu
existait toujours. Elle finit par se répandre par familles, par
groupes, par tribus dans l'ensemble des Etats de la région ou
par se fondre dans la nouvelle entité politique née de
la victoire des princes Russ sur la Khazarie.
2
- Petite bibliographie personnelle 
L'ouvrage de Kevin
Alan Brook : The Jews of Khazaria, publié en
1999 - une seconde édition remaniée et complétée
a paru en 2006 - est une somme qui constitue avec celui de Douglas
M. Dunlop, The History of the Jewish Khazars (1954) l'ensemble
le plus fiable et le plus objectif de la multitude de travaux, dans
toutes les langues de la terre, que le mystérieux royaume khazar
a inspiré depuis un siècle à une armée d'universitaires.
Brooks fournit également une bibliographie exhaustive des innombrables
études parues sur ce sujet, ce qui fait de son livre une manière
d'encyclopédie indépassable.
Les ouvrages de Kevin
Alan Brook et de Douglas Dunlop ne sont malheureusement pas traduits
en français. Le plus connu dans notre langue est le roman historique
passionnant, qui repose néanmoins sur des données scientifiques
très solides et reconnues comme telles, La treizième
tribu (1976) d'Arthur Koestler. Il
est accessible dans une collection de poche.
On peut y ajouter
la traduction de l'ancien The Kuzari: In Defense of the Despised
Faith (1140) par Yehuda Halevi et une recherche plus
récente L'Empire khazar VIIe-XIe siècle (2005)
par le duo Jacques Piatigorsky et Jacques Sapir.
Impossible d'ignorer
l'analyse quelque peu polémique, mais d'un bon sens réjouissant,
de Benjamin H. Freedman Facts
are facts, The Truth about Khazars en libre accès
sur internet.
Je signale pour mémoire
l'ouvrage romancé et teinté par l'idéologie dominante
de Marek Halter, Le Vent des Khazars: "Pourquoi
à l'époque où les religions dominantes, la chrétienté et l'islam, contrôlent
les grandes puissances, telles Byzance, l'Empire carolingien et le califat
de Bagdad, ce peuple d'origine aryenne choisit-il la religion la
plus persécutée de par le monde?", écrit-il, alors
qu'à l'époque, le prosélytisme juif était
particulièrement agressif et actif. Il se développait
avec succès partout où les Judéens s'étaient
installés.
La réponse
à la question de Marek Halter est donnée par Soljenitsyne
dans la citation ci-dessus. D'ailleurs l'exemple de la plate servilité
des dirigeants de l'Europe actuelle montre suffisamment clairement les
conséquences funestes pour les peuples et pour les économies
de leurs nations qui résultent du choix de leurs gouvernants
de la subordination à un empire dominant. Le roi Bulan était
visiblement un dirigeant plus intelligent et plus lucide que les médiocres
politiciens produits par les "démocraties" contemporaines.
Doté d'un excellent cerveau politique, il a habilement
et progressivement su mettre en scène et théâtraliser
une décision capitale qui engageait le destin de l'ensemble de
son empire.
Pour la période
qui correspond à la défaite, puis à la disparition
de l'empire khazar, ainsi qu'à la formation de la mentalité
talmudique qui conduira au sionisme, le tome I de l'ouvrage de Soljenitsyne
cité ci-dessus Deux siècles ensemble (1795-1995),
Juifs et Russes avant la Révolution est absolument indispensable
pour qui veut honnêtement comprendre la naissance et l'évolution
de "l'esprit de ghetto".
En revanche, j'ai
été une peu déçue par la discrétion
sur ce sujet de l'éminent historien Bernard Lazare, auteur
de L'Antisémitisme, son histoire et ses
causes(1894). Je me suis référée à
plusieurs reprises à cet ouvrage passionnant et d'une érudition
panoramique. Bien qu'abondamment documenté sur cette période
et notamment sur les méfaits psychologiques et sociaux du talmudisme
qui s'est épanoui à cette époque en Europe centrale
et orientale, ainsi que sur les ravages politiques qui en sont résultés,
l'ouvrage ne fait qu'une assez courte allusion à la stupeur des
groupes de juifs fuyant en direction de l'est les persécutions
des chrétiens au moment des Croisades. Ils découvrent
dans les nouveaux territoires de l'est européens qui les accueillent,
l'existence d'une immense population juive dont personne n'avait jamais
entendu parler. Pour Bernard Lazare, le véritable ennemi à
dénoncer était le talmudisme étroit et stérilisateur
de l'esprit juif. A la fin du XIXè siècle, la "question
khazare" n'était donc pas encore d'actualité.
3
- Les Khazars débarquent dans l'histoire
Le mystérieux royaume
khazar a influencé notre monde moderne d'une manière dont nous n'avons
pas toujours conscience.
Les Khazars n'avaient
longtemps intéressé que des spécialistes de l'histoire de l'Asie centrale,
comme le révèle la bibliographie
d'Alan Brook évoquée ci-dessus. Les innombrables "chercheurs"
qui pullulent aujourd'hui dans les universités américaines ont trouvé-là
une mine d'autant plus inépuisable qu'il s'agit d'une matière
à controverses, souvent violentes, toujours passionnées:
pour les uns, l'ensemble des Khazars a été converti au
judaïsme et représente la quasi totalité des juifs
dits "Ashkenazes" contemporains, pour les autres, seule une
toute petite partie de l'aristocratie de l'empire khazar a rejoint la
nouvelle religion et les juifs de la région sont de purs descendants
de leurs co-religionnaires judéens. Les positions mixtes ont
également d'innombrables adeptes.
Toujours est-il que
la "question khazare" a opéré un débarquement tonitruant
dans l'histoire contemporaine avec la polémique liée à la colonisation
de la Palestine à partir de la fin du XIXe siècle.
En effet, à
partir de cette période, qui correspond à l'apogée
de tous les mouvements colonisateurs européens, d'immenses cohortes
de juifs dits "Ashkenazim", originaires des régions
autrefois occupées par les tribus de l'empire khazar tardivement converties
au judaïsme, ont déferlé sur une Palestine miraculeusement métamorphosée
en "terre de leurs ancêtres". Ils en revendiquaient la propriété
au nom de la connaissance qu'ils possédaient par ouï-dire de
l'existence d'un acte notarié dressé entre un extra-terrestre et d'hypothétiques
ancêtres qui auraient été méchamment privés de leur héritage par de
cruels centurions romains.
Dans un précédent
texte, j'avais déjà montré que TOUS les premiers
ministres du nouvel Etat surgi en terre palestinienne en 1948 étaient
originaires d'Europe orientale et des régions qui correspondent
à l'ex-empire khazar. Les démographes de l'actuel Etat hébreu
n'ont trouvé qu'une seule famille, les Zinati de Pek'in, qui aurait
résidé en Palestine sans aucune interruption depuis l'antiquité.
Voir:
Nous
sommes un peuple
Et
les Khazars entrèrent dans l'histoire
Rappel
1 - David Ben Gourion(né
David Grün) 16 octobre 1886-1er décembre 1973) est né à Plonsk
en Pologne dans une famille sioniste (son père,
professeur d'hébreu, était un membre des Amants de Sion).
Il émigre en Palestine britannique en 1906.
2 - Moshé Sharett (né Moshé Shertok)
, (15 octobre 1894 - 7 juillet 1965) est né à Kherson,
dans l'Empire russe (aujourd'hui en Ukraine).
Il émigra en Palestine britannique en 1908.
3 - Levi Eshkol ( 25 octobre 1895-
26 février 1969) est né dans un village à proximité de la ville
de Kiev , dans l'empire russe, aujourd'hui
Ukraine. Il émigre en Palestine ottomane en 1914.
4 - Ygal Allon (né Ygal
Païcovitch) (10 octobre 1918- 29 février 1980) est né Kfar
Tabor, au pied du Mont Tavor dans l'est de la Basse Galilée d'une
famille originaire de Roumanie qui émigre en Palestine
en 1901.
5 - Golda Meir ( Golda Meirson,
née Golda Mabovitz (3 mai 1898 -8 décembre 1978) est née
à Kiev , au cœur de l'empire russe, aujourd'hui
capitale de l'Ukraine. Sa famille émigre aux Etats-Unis
en 1903, le couple Meirson arrive en Palestine en 1921.
6 - Yitzhak Rabin (Yitzhak Rubitzov
, 1er mars 1922 - assassiné à Tel Aviv le 4 novembre 1995) est
né à Jérusalem. Ses parents, Nehemiah et Rosa Rubitzov originaires
d'Ukraine émigrèrent d'abord vers les Etats-Unis
7 - Menahem Volfovitz Begin (Mieczyslaw
Biegun , 16 août 1913 -9 mars 1992) . Il est né à Brest-Litovsk,
alors ville polonaise à majorité juive, aujourd'hui
Biélorussie. Il n'arrive en Palestine qu'en 1942.
8 - Yitzhak Shamir (Yitzhak Jazernicki
(15 octobre 1915…) , est né à Ruzhany, en Pologne,
actuelle Biélorussie. Il émigre en Palestine en
1935.
9 - Shimon Peres (Szymon Perski
) Il est né le 2 août 1923 à Wisniew (Pologne,
actuelle Biélorussie). Il émigre en Palestine en
1934.
10 - Benyamin Netanyahou (né le
21 octobre 1949 à Tel Aviv) Petit-fils d'un rabbin émigré de Lituanie
en Palestine en 1920
11 - Ehud Barak (Ehud Brog,
né le 12 février 1942 au kibboutz Mishmar Hasharon) Fils d'Israel
Brog et d'Esther Godin, immigrés respectivement de Lituanie
et de Pologne.
12 - Ariel Sharon (Ariel Scheinermann
(né le 26 février 1928 à Kfar Malal en Palestine) . Son père
Shmouel Scheinerman est originaire de Brest-Litovsk
alors en Pologne, actuellement Biélorussie.
Sa mère Véra est un médecin originaire de Mohilev en Biélorussie.
13 - Ehud Olmert ( né le 30 septembre
1945 à Binyamina en Palestine. Son père Mordechaï - né
à Buguruslan en Russie, émigre en Chine en
1919, à Harbin, et arrive en Palestine en 1933.
Voir La
théocratie ethnique dans le chaudron de l'histoire
|
4
- Comment faire entrer le rêve dans la politique? 
Cette variété de colons
s'est révélée mue par un messianisme biologico-religieux jamais vu sous
la voûte céleste. Telles des fourmis processionnaires, leurs colonnes
porteuses d'une narration mythologique vieille de deux millénaires et
demi et d'un simplisme exemplairement grossier, s'étaient mises en mouvement
à la fin du XIXe siècle et l'invasion n'a plus cessé.
Une terre "vide"
dont ils étaient les héritiers les attendait, claironnaient-ils sur
tous les tons, mais il faut croire qu'un magicien supra, extra ou méta
terrestre avait miraculeusement conservé dans la plus parfaite
prospérité villes, villages, jardins, vergers, après
que des ancêtres eurent consciencieusement obéi à
leur dieu et massacré tout ce qui respire dans les territoires
conquis in illo tempore: "Des villes de ces peuples que
Jahvé, ton Dieu, te donne en héritage, tu ne laisseras rien vivre de
ce qui a souffle de vie. Détruisez-les jusqu'au dernier… comme Jahvé,
ton Dieu, vous l'a ordonné… " (Dt, 20,16). Par bonheur, le tout
avait été parfaitement entretenu, en bonne logique théologique,
probablement par des légions de séraphins, si bien que les colons nouvellement
débarqués avaient pu, dès leur arrivée, se loger commodément
et se nourrir à bon compte.

Comment s'équiper
à bon compte avec la bénédiction de Jahvé
Et si, ici et là,
l'épaisseur des vapeurs sionistes n'avait pas réussi à masquer la présence
de quelques irréductibles Indigènes accrochés à leurs lopins telles
des moules à leurs bouchots, les nouveaux colons s'étaient efficacement
employés à "vider" autant que faire se pouvait leur "terre
promise" de ces empêcheurs de mythologiser en rond!
"Démocratie",
"droit international", "concessions territoriales aux
autochtones", "négociations", autant de billevesées
que les nouveaux venus agitent depuis lors comme les lépreux
leur clochette, afin de maintenir l'illusion qu'ils partagent les "valeurs
démocratiques" de "l'Occident" et son
respect de la "dignité humaine" alors que l'objectif
réel, secrètement et tenacement poursuivi, avec une obstination
jamais prise en défaut, est l'instauration d'un Etat théocratique
- un "Etat juif" - débarrassé de la présence
polluante des Indigènes, des "natives", pour
reprendre le vocabulaire utilisé par leurs grands soutiens d'outre-Atlantique
à propos de leurs propres Indigènes impitoyablement massacrés.
Voir: Il
était une fois Picrocholand... Petit conte sur le monde tel qu'il va
Or, les immigrants
récents en terre palestinienne qui se réclament de la
religion de leur divinité personnelle prétendent que leur
livre sacré est en même temps leur cadastre et qu'ils sont
donc rentrés chez eux.
A ce stade du développement,
il m'a semblé important de retourner une fois encore aux textes
car, comme l'écrivait si justement Edward
Mandell HOUSE , l'éminence grise qui a longtemps dirigé
la cervelle du Président Wilson, " La chose la
plus difficile au monde est de suivre à la trace n'importe quelle idée
jusqu'à sa source".
Voir - Du
Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza : Le
rôle d'une éminence grise: le Colonel House
Dans un texte antérieur,
j'avais rappelé quand et dans quelles circonstances était
né le mythe fondateur de la "terre promise"
et le rêve du "Grand Israël". En l'espèce,
le récit rapporte un rêve miraculeux dont un grand ancêtre
aurait été l'heureux bénéficiaire - comme
le sera le roi khazar un millénaire plus tard.
Rappel
Lorsque
les scribes judéens exilés au bord de l'Euphrate, après la conquête
de la Judée par le roi Nabuchodonosor, imaginèrent l'épisode
de leur fiction dans lequel un personnage mythique - Abraham
- était le héros principal, ils lui prêtèrent un rêve fabuleux
dans la narration intitulée Genèse.
C'est ainsi qu'au cours d'un "profond sommeil" (Gn
15,12), le héros eut "une vision" (Gn 15,1). De
plus, il entendit une voix, qu'il attribua à son dieu, laquelle
lui proposait une "alliance" (Gn 15,18).
"Quand le soleil fut couché, il y eut une obscurité profonde;
et voici, ce fut une fournaise fumante, et des flammes passèrent
entre les animaux partagés. En ce jour-là, l'Eternel fit alliance
avec Abraham." (Gn 15, 17-18)
Le
dieu choisit donc de se manifester pendant le sommeil du rêveur
et alors que ce dernier, avant de s'endormir, avait procédé
au classique sacrifice d'animaux rituellement coupés en deux
par le milieu - "partagés", dit le texte.
Il
prend la précaution de décrire minutieusement son cadeau afin
d'en faire saisir toute l'importance au bénéficiaire,
le tout soigneusement enveloppé dans le scintillant papier-cadeau,
si je puis dire, du halo impressionnant d'une "fournaise
fumante" et de "flammes", mise en scène
aussi éblouissante que terrifiante, digne de tout dieu
qui se respecte et soucieux de manifester sa puissance par des
phénomènes impressionnants.
C'est au milieu de ce chaos météorologique rêvé
que le dormeur apprend qu'il est désormais l'heureux
propriétaire d'une terre qui appartenait jusqu'alors
à d'autres peuples.
"Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d'Égypte
jusqu'au grand fleuve, au fleuve d'Euphrate, le pays des Kéniens,
des Keniziens, des Kadmoniens, des Héthiens, des Phéréziens,
des Rephaïm, des Amoréens, des Cananéens, des Guirgasiens et
des Jébusiens." (Gn 15,18).
Pour
comprendre le sens de la scène décrite ci-dessus, il faut s'arracher
à l'avant-scène du grandiose théâtre de l'épopée
et à la fascination qu'exerce sur les esprits le contenu
du récit brillamment collationné et mis en forme
à partir de bribes de légendes et de récits
empruntés aux mythologies égyptienne et mésopotamienne
et tenter de pénétrer dans les coulisses des motivations
des scripteurs. Réécrits,
recomposés et globalement unifiés en dépit
d'un certain nombres de contradictions résiduelles, les
récits mythiques ont été adaptés
à la mentalité et au type d'éloquence que
permettait la langue sémitique, ainsi qu'au mode de fonctionnement
psychologique de la population à laquelle il était
destiné.
Il
n'est donc pas étonnant que les rédacteurs de la Genèse
aient utilisé le stratagème d'un rêve comme véhicule
de l'action de leur "dieu", ce procédé,
banal à l'époque, permettait de délivrer un message d'une manière
jugée convaincante par tout le monde.
L'immoralité
du cadeau saute aux yeux de tout esprit normalement constitué,
puisque le "dieu" transforme les Hébreux en
receleurs d'un bien volé aux peuples énumérés
ci-dessus. De plus, il leur permet de justifier leur vol et
se fait leur complice. Le scripteur du scénario a usé
de ce moyen habile de légitimer une conquête territoriale
opérée par la violence et le meurtre tout en donnant
bonne conscience aux conquérants et à leurs descendants.
Le mythe
est bien un théâtre et il faut savoir lire son
scénario.
Douglas Reid
dans sa Controverse de Sion cite cette phrase
de l'écrivain sioniste Julius Katzenstein - ou Joseph
Kastein - (1986-1946) "Ce n'est pas Dieu qui voulait
ce peuple et ce qu'il signifiait. C'était ce peuple qui
voulait ce Dieu et cette signification."
Voir - La
Chimère du grand Israël
|
C'est donc à
partir de la description des circonstances imaginées dans le
fragment du texte de la Genèse cité ci-dessus,
qu'a été rédigé par les habiles scripteurs
des textes bibliques le scénario du fameux mythe de la "terre
promise". Interprété de la manière
la plus matérielle et la plus grossièrement utilitaire,
il allait connaître des développements géopolitiques
si fabuleux que les répliques du tremblement de terre initial
continuent de secouer la machine ronde.
5
- Les Hercule du rêve biblique 
Cependant, il y a
loin de la coupe aux lèvres, car afin de concrétiser leur
chimère, les Hercule de leur songe doivent venir à bout
de deux épreuves, aussi gigantales que celles qui furent imposées
au célèbre demi-dieu hellène.
D'abord, il leur faut
"nettoyer les écuries d'Augias", autrement dit,
purifier par tous les moyens légaux - et surtout illégaux
- leur "terre promise" des "parasites"
et des "terroristes" qui refusent égoïstement
et méchamment de décamper et de céder leurs propriétés
et leurs maisons aux chouchous de leur divinité personnelle.
La réalisation
de cette première condition est, il faut honnêtement le
reconnaître, conduite de main de maître et avec une dextérité
digne d'admiration. Malgré quelques remous provoqués ici
ou là par de mauvais esprits et des âmes sensibles qui
gémissent sur les cruelles tortures infligées à
des enfants palestiniens et les exactions quotidiennes les plus inventives
et les plus sadiques - si nombreuses et si vicieuses qu'elles découragent
l'énumération - la méthode commence à produire
les fruits espérés, aidée, il faut en convenir,
par la complaisance, la mollesse, quand ce n'est pas la traîtrise,
des dirigeants des banthoustans encore habités par les Indigènes.
Je n'évoque
que pour mémoire les bombardements indiscréminés,
les assassinats, les campagnes de terreur, les destructions de biens
et de maisons, les emprisonnements arbitraires, les vols et les innombrables
brutalités dont sont victimes jour après jour les habitants
grands et petits de la part d'un occupant féroce. L'ethnocide
- c'est-à-dire un génocide à bas bruit - et le
sociocide - c'est-à-dire la déstruction systématique
de la mémoire et des structures sociales - sont donc en bonne
voie de réalisation.
La seconde épreuve
à surmonter, en revanche, est loin d'être à portée
de main du "peuple élu". En effet, atteindre
les frontières mythiques du "grand Israël"
semble particulièrement ardu à mettre en oeuvre. La conquête
des territoires évoqués dans le texte biblique représente
une tâche d'autant plus pharaonique que durant leur courte période
historique d'occupation réelle de la petite province appelée
aujourd'hui Palestine, les Judéens n'ont jamais dépassé
le Jourdain. Le Liban, l'Egypte, l'actuel Irak et tous les territoires
censés composer le "Grand Israël" ont,
hier comme aujourd'hui, fait partie des rêves jamais concrétisés.
D'ailleurs les autochtones de ces provinces font preuve d'une mauvaise
volonté dommageable à la réalisation du grandiose
rêve sioniste. Ils refusent catégoriquement de décamper
et poussent même l'audace jusqu'à se défendre énergiquement.
Israël s'est
donc élancé à deux reprises, sabre au clair, en
direction de l'Etat considéré comme le plus faible. L'opération
lui semblait d'autant plus une promenade de santé qu'il savait
la société libanaise profondément divisée
et rongée par une flopée de collaborateurs vénaux
à sa solde. Après avoir trempé ses orteils dans
le fleuve Litani et effectué un saut de puce jusqu'à Beyrouth,
le conquérant a cru avoir réussi la première étape
de son plan de conquête.
Mais, patatras, une
statue du Commandeur s'est dressée devant lui et sa grande ombre
lui a barré la route. La cruche de la Perrette sioniste se fracassa
alors en mille morceaux. A la tête de la plus minuscule des petites
entités politico-religieuses de la région, le plus lucide
et le plus courageux dirigeant du Moyen-Orient, Hassan Nasrallah, a
renvoyé à deux reprises l'orgueilleuse armée des
conquérants de Jahvé dans ses casernes, brisant net l'élan
d'un Tantale glouton qui, après avoir cru s'approprier les fruits
convoités, gémit depuis lors de les voir s'éloigner
définitivement, ce qui ne l'empêche pas de ressasser avec
une régularité de coucou suisse que, demain il écrasera
le sud Liban ou, qu'après-demain, il pulvérisera la Perse.

Les
guerriers de Jahvé rentrent dans leurs casernes en 2006
Il ne reste donc
plus aux rêveurs de leur grandiose "terre promise"
qu'à continuer de persécuter les autochtones avec un zèle
jamais démenti. Quant à ces derniers, ne pouvant compter
sur le renfort d'un extra-terrestre, ils sont réduits à
invoquer des "droits de l'homme"
ou une "Charte des Nations unies" et autres organismes
remplis à ras bords de bons sentiments et de pieuses et inefficaces
objurgations jamais mises en application. Ce ne sont que de piteuses
flatulences verbales face à l'arrogante assurance de ceux qui
clament que "Dieu est au-dessus des hommes" et que
"ses commandements priment sur ceux des humains". En
conséquence, l'obéissance aux décisions de Jahvé
passe avant le respect de la Charte des Nations unies. CQFD.
Aux dernières
nouvelles, les grands humoristes du théâtre de l'absurde
que sont les Nations Unies ont élu le dernier Etat colonisateur de la
planète à la vice-présidence du Comité spécial des Nations
Unies pour la Décolonisation! Cette décision crucifie une
fois de plus les Palestiniens. Le nouveau "décolonisateur"
obligera-t-il le colonisateur sioniste caché dans les circonvolutions
de sa cervelle à mettre en pratique les dizaines de résolutions
émises par le même organisme double-face qui moisissent
dans ses tiroirs et qui condamnent vigoureusement son illégalité?
Voir : Chroniques
de la Palestine occupée 7
- Ils ont crucifié Marianne... Les nouveaux exploits de Tartuffe en
Palestine

Miracle
à l'ONU: Alleluiah,
l'ONU vient de présider à la naissance d'un nouveau Dr
Jekyll et Mr Hyde.
Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite!
Et
c'est ainsi que Jahvé est grand et que le mythe est le maître des cervelles,
donc de la géopolitique!
6
- Vrais Juifs, faux Juifs 
Mais rien n'est parfait
en ce bas monde. Les flammes d'une polémique ardente ont embrasé les
cervelles: des méchants n'ont-ils pas déclaré que les Juifs orientaux
nouvellement débarqués en Palestine ne seraient pas de "vrais Juifs",
la majuscule signifiant que les juifs ne seraient pas les fidèles d'un
dieu local adoré par une petite peuplade localisée in illo tempore
et durant quelques siècles sur une écharpe de terre du Moyen Orient
- la Judée - mais une variété particulière de vivants, aussi singulière
que les baleines, les éléphants ou les hannetons. A
tout le moins, il s'agirait d'une catégorie d'humains aussi peu solubles
dans l'espèce humaine universelle que l'huile et le vinaigre dans un
saladier.
Il est vrai que certains
éminents représentants de ce groupe attisent, par leur comportement
et leurs déclarations, les braises d'un racisme biologique toujours
rougeoyantes sous un épais tapis de lois destinées à encadrer sévèrement
la liberté de pensée et d'expression et à punir durement les audacieux
transgresseurs.
Ainsi, le nouvel académicien,
Alain Finkielkraut, aujourd'hui héraut et chantre de l'identité nationale
gauloise, a pu écrire sans complexes, dans le célèbre quotidien français
Le Monde, qu'il fait toujours partie "de la plus vieille
tribu du monde". Mais tout le monde a parfaitement compris qu'il
ne parlait ni des Arvernes, ni des Eduéens, ni des Bituriges.
Quant à l'actuel
Etat né en 1948 en terre palestinienne, il refuse catégoriquement l'existence
d'une citoyenneté israélienne et fait des pieds et des mains en vue
d'arracher aux victimes de ses spoliations d'abord, puis à la totalité
des Etats de la planète, d'être reconnu officiellement en tant qu'"Etat
juif pour les Juifs du monde entier".
Les adorateurs de
la Thora et du Talmud n'ont d'ailleurs aucun
scrupule à démontrer qu'il existerait à leurs yeux un "sang
juif" plus ou moins pur. Ainsi, celui
des Falachas éthiopiens, tout "juifs" que ces derniers se proclament,
semble insuffisamment "pur" afin d'accéder au privilège de se
trouver mélangé à celui des "vrais juifs ". C'est pourquoi la
Croix-Rouge israélienne, a refusé le don du sang d'une député
juive d'origine éthiopienne, Pnina Tamato-Shata. "Nous n'acceptons
pas le sang particulier des juifs éthiopiens", lui a-t-il été répondu.
Finalement, devant
l'indignation internationale provoquée par la révélation de ce racisme
biologique effronté, la Magen David Adom - l'équivalent
de la Croix Rouge - a accepté d'effectuer un prélèvement tout symbolique,
tout en précisant que le sang de la député Falasha serait congelé
et non utilisé, c'est-à-dire, en réalité,
jeté.

Le
"sang impur" de Mme Pnina Tamato-Shata, juive éthiopienne
falacha
7
- Le "sang pur" des Ashkénazes 
L'éventualité
de l'origine khazare pure ou même partiellement mélangée
des Ashkenazim est une douloureuse épine dans le pied des sionistes
dont l'idéologie parfaitement datée repose sur le mythe que cette population
serait exclusivement composée des descendants de purs Judéens "chassés"
de leur province par les Romains après la victoire de Titus et la destruction
du temple d'Hérode - connu aujourd'hui sous le nom de "Second Temple"
- moins de dix ans après son achèvement.
Après avoir erré
dans les pays méditerranéens, puis en Europe occidentale et orientale,
leurs descendants sont censés s'être regroupés et
avoir enfin trouvé refuge en Askhenaz, c'est-à-dire, prétendent-ils,
en Allemagne. Ils s'y seraient multipliés de manière suffisamment exponentielle
pour se répandre ensuite en masse dans toute l'Europe centrale et orientale.
L'ennui est que,
selon The Campaign for Radical Truth in History, reprise
par un article du New York Times du 29 juillet 1999 -
journal qui ne peut être qualifié "d'anti-juif"
- article, dis-je, intitulé "Scholars Debate Origins of Yiddish
and the Migrations of Jews," et sous-titré "Reveals that
European-Descended Jews are Counterfeits and have no Blood line to Abraham"
selon lequel des études démographiques actuelles révèlent que "pendant
le Moyen-Age, il y avait pas plus de 25.000 à 35.000 juifs dans toute
l' Europe occidentale".
Or, d'autres études
démographiques montrent qu'au début du XVIIe siècle, il y
avait déjà des centaines de milliers de juifs en Europe de l'Est.
Aucun esprit sensé ne peut prétendre que quelques milliers de juifs
occidentaux aient pu se multiplier à ce point en un laps de temps aussi
court, sans compter que tous les juifs occidentaux n'ont pas migré vers
l'Est, même après les persécutions qui intervinrent
après le déclenchement des croisades.
8
- La quête du Graal d'un "sang juif" spécifique
Le célèbre
site Lamed.fr
consacré à l'étude de tous les aspects
de l'existence religieuse et sociale juive propose une étude
intitulée "Gènes juifs". Dans
sa conclusion, le rabbin de Jérusalem auteur de l'article établit
une relation entre des résultats de la génétique
présentés comme parfaitement concluants et certains versets
de la Bible:
"Les études
génétiques actuelles sont le témoignage de la pérennité des familles
juives; en effet seuls les juifs ont conservé leur patrimoine génétique
intact après cent générations, malgré l'exil de la Diaspora. Sans doute,
un tel état de fait si unique correspond à une prophétie sinon à une
promesse à venir : "Le Seigneur te dispersera parmi tous les peuples
d'un bout du monde à l'autre … " (Deuteronome 28, 64) et "Alors
le Seigneur ton D.ieu reviendra avec tes captifs, il aura pitié de toi
et te rassemblera à nouveau d'entre tous les peuples parmi lesquels
le Seigneur t'aura dispersé." (Deutéronome 30, 3)
Pour ce rabbin, le
judaïsme serait donc lié à des marqueurs génétiques
particuliers et ce seraient les "gènes juifs"
qui détermineraient le mode de vie spirituel et matériel
de cette communauté spécifique. Est-ce que ce n'est pas
là la définition exacte du racisme? Quand on a de pareils
défenseurs, on n'a pas besoin d'ennemis!
Or, du temps de la
présence historique des fidèles de Jahvé en Palestine,
il n'y a jamais eu de "peuple juif" homogène
et encore moins la possibilité de l'existence de "gènes
juifs".
Un petit rappel historique s'impose.
L'historien Bernard
Lazare, qui bien avant Emile Zola - lequel s'appropria sans vergogne
son "J'accuse" - fut le premier et le plus vigoureux
défenseur du Capitaine Dreyfus, démontre, dans son ouvrage
L'antisémitisme, son histoire et ses causes,
que, contrairement à la légende hébraïque
recueillie dans le texte de la Genèse, les fameuses
douze tribus originelles étaient elles-mêmes déjà
composées de tribus diverses - "des groupes touraniens
et kouschites, c'est-à-dire jaunes et noirs" - qui
s'étaient groupées et associées au moment d'envahir
un territoire peuplé depuis des siècles par les Cananéens.
La ville de Jéricho
- considérée comme la plus ancienne cité du monde
- dans la vallée du Jourdain, a commencé d'être
peuplée par des Cananéens neuf mille ans avant notre ère,
soit entre sept et huit mille ans avant que des tribus de nomades pillards
- des Hébreux - en voie de sédentarisation se ruent sur
la région fertile de la vallée du Joudain vers
la fin du deuxième millénaire avant notre ère.
Ils détruisent ce qui reste de la double rangée de murailles
à moitié écroulées, pillent et brûlent
la ville. Des travaux archéologiques récents semblent
prouver que l'écroulement de murailles mal entretenues d'une
cité en déclin était dû à un tremblement
de terre qui avait opportunément secoué la région,
et évidemment pas au souffle de joueurs de trompettes inspirés
par leur divinité, comme le rapporte la légende.

Reconstitution
de la face nord des anciennes doubles fortifications de la vieille cité
de Jéricho
réalisée d'après des fouilles allemandes entre
1907 et 1909
Dans
le nord de la province, vers le - IX siècle, un "Royaume d'Israël"
était né dans la prospère province de Samarie autour de
la dynastie de Omrides, alors que le "Royaume de Juda",
continuait à ne regrouper, au sud, que les tribus éparses sédentarisées
depuis peu et d'origines diverses dont parle Bernard Lazare. Juda demeurait
alors au stade archaïque d'une grosse chefferie avec des roitelets locaux,
d'ailleurs vassaux du royaume de Samarie. Sa "capitale",
Jérusalem, n'était qu'un bourg, à peine plus important
que les villages voisins, avec des habitations disséminées.
En
effet, le pompeux mot "royaume" renvoie, en l'espèce, à un espace
exigu, car le chef de chaque gros bourg se donnait le titre de "roi".
C'est ainsi que le texte biblique évoque les guerres de conquête des
Hébreux contre d'innombrables "rois" de la région. Mais
en - 722 la riche province du nord fut ravagée par l'incursion des armées
assyriennes conduites par le roi Sargon II. La Samarie vaincue fut complètement
vidée de ses habitants originels.
Les
Assyriens avaient trouvé une méthode radicale d'éviter la renaissance
de mouvements nationalistes: ils déportaient en bloc tous les
habitants des contrées conquises et les remplaçaient manu militari
par le transfert de populations originaires d'une autre province soumise.
C'est ainsi que la capitale Samarie fut repeuplée par des Babyloniens
tandis que l'élite du royaume omride ainsi qu'une grande partie de la
population du royaume du Nord furent conduits à Babylone. Ce fut la
première captivité à Babylone d'une partie du peuple hébreu. La
haine et le mépris des scribes de Juda pour tous les évènements
politiques ou religieux liés à l'ancien Royaume d'Israël a occulté
ce premier désastre. Lorsqu'ils rédigèrent durant la captivité
de Babylone les premiers Livres de la Thora, ils évitèrent
soigneusement toute allusion à la province rivale du Nord. Seule
comptera la deuxième captivité, parce qu'elle concernera les
habitants de Juda.
L'empire assyrien n'avait pas l'intention de créer un désert économique
dans les provinces conquises, si bien que les déportations croisées
se faisaient par groupes familiaux et même par villages entiers. L'historien
Mario Liverani cite des documents assyriens qui révèlent à quel
point l'empire assyrien était méticuleusement et puissamment organisé:
"Des gens des quatre parties du monde, de langue étrangère et de
dialectes incompréhensibles, habitants des montagnes et des plaines,
(…) je les transportai, sur l'ordre d'Assour, mon Seigneur, et par la
puissance de mon sceptre. Je les fis devenir une seule langue et je
les installai là. Comme scribes et surveillants, je leur assignai des
Assyriens, capables de leur enseigner la crainte de Dieu et du roi."
(Mario Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire,
2003, trad. Ed. Bayard 2008, p. 206)
C'est
ainsi que les furent créés les Samaritains. Il s'agissait donc
d'une population sans aucun rapport génétique avec celui
de la province voisine du sud. Les Samaritains furent d'ailleurs constamment
vomis par les textes bibliques, même lorsqu'ils adoptèrent la religion
jahviste, mais les Evangiles louent leur charité et leur
générosité .
Quant
à la Galilée, tout à fait au nord de la région, elle comptait
une population mélangée, composée essentiellement des Cananéens originels
demeurés dans la contrée après l'arrivée des pillards hébreux, auxquels
s'étaient joints des immigrants des cités voisines, lorsqu'une partie
de sa population fut transportée en Assyrie avec celle des Samaritains.
Il
s'agissait donc d'un peuplement de la région très mélangé au
gré des vicissitudes de l'histoire, composé de Phéniciens,
de Syriens, d'Arabes, de Grecs, ainsi que d'autres minorités.
D'ailleurs les textes bibliques attestent que la majorité de la population
n'était pas digne de faire partie des "enfants d'Israël"
puisqu'on y trouve, à propos des habitants de cette province,
des expressions comme "Galilée des nations" ou "Galilée
des Gentils" (Juges 1, 30-33; 4.2 - Isaïe 9,
1), dénominations méprisantes qui signifient que les Judéens
ne considéraient pas les Galiléens comme des co-religionnaires et que
leur jahvisme abâtardi à leurs yeux, les reléguait au rang de "Gentils",
c'est-à-dire d'étrangers.
"Toutefois,
les ténèbres ne régneront pas toujours sur la terre (…): si les temps
passés ont couvert de mépris le territoire de Zabulon et de Nephthali,
les temps à venir couvriront de gloire la région voisine de la mer,
la région située de l'autre côté du Jourdain, la Galilée à la population
étrangère." (Isaïe 8,23)
"De
Ptolémaïs ( …) de Tyr et de Sidon, on s'est coalisé contre nous avec
toute la Galilée des Nations pour nous exterminer." (1Maccabées,
5,15)
Gentils,
goyim, nations sont dans la bible des termes pratiquement synonymes
et s'appliquent à des peuples étrangers, non israélites, par
opposition aux Judéens, seuls dépositaires de la véritable
piété.
Le plus célèbre des Galiléens est sans conteste Jésus, le fondateur
du christianisme. Onze de ses compagnons étaient également des Galiléens,
seul le douzième, Judas, était un Judéen. Contrairement à l'idéologie
communément admise de nos jours, Jésus n'était pas un Judéen, donc un
Juif dans le vocabulaire contemporain, mais un Galiléen, c'est-à-dire
un étranger, ou un Palestinien dans la dénomination politique
actuelle.
9
- L'obsession de la "pureté génétique"
Or l'obsession de
la "pureté génétique" vient de
loin. En effet, sous l'impulsion conjuguée d'Esdras et de Néhémie
revenus en Judée du confortable exil en Babylonie, avaient été
posées les fondations d'un jahvisme exclusiviste qui reposait sur le
principe de l'élection génético-spirituelle particulière
de ce groupe humain. En conséquence, il convenait de nettoyer
la population des éléments impurs et impies qui s'étaient infiltrés
sur la terre sacrée et l'avaient polluée de leur présence physique.
Avec une brutalité
qui n'était possible qu'en ce temps-là et dont l'actuel Etat d'Israël
semble s'inspirer, ce scribe s'était mobilisé contre un siècle
et demi de pratiques de mariages mixtes. Non seulement de tels mariages
allaient être interdits à l'avenir, mais les femmes légitimement
épousées, ainsi que leurs enfants, devaient être expulsés du paradis
yahviste. "Le pays [...] est souillé par la souillure des peuples
des nations (c'est-à-dire des étrangers), par les abominations
dont ils l'ont rempli d'un bout à l'autre par leur impureté. Et maintenant,
ne donnez pas vos filles à leurs fils, ne prenez pas leurs filles pour
vos fils, ne recherchez jamais ni leur prospérité, ni leur bonheur."
(Esdras, 9, 11-12
Lorsqu'un ministère
de l'éducation de l'actuel Etat sioniste propose lors d'un
examen d’instruction civique en Israël
d'expliquer "pourquoi les jeunes filles juives ne doivent
pas fréquenter les Arabes », il se place dans le sillage direct
du racialisme d'Esdras.
Voir -
Petite
généalogie du ghetto appelé Israël
Quant à Maïmonide,
il écrit que "pendant la captivité de Babylone, les
Israélites se mêlant à toutes sortes de races étrangères, eurent des
enfants qui, grâce à ces alliances, formèrent une sorte de nouvelle
confusion des langues." [ Yad Hazaka (La Main puissante), Ire
partie, chap. I, art. 4, 20. ]
Les
fidèles de Jahvé - et principalement les Judéens
- ont pendant longtemps pratiqué un prosélytisme ardent
. Des conversions massives du temps des occupations grecques et romaines
sont intervenues. La plupart des juifs d'Italie ou de la Gaule sont
le fruit des conversions. Bernard Lazare cite cette phrase du rabbin
Eliézer: "Pourquoi Dieu a-t-il disséminé
Israël parmi les nations? Pour lui recruter partout des prosélytes".
A Rome, à Alexandrie, à Antioche, à Damas,
à Chypre, "presque tous les juifs étaient des
gentils convertis", écrit l'auteur de L'antisémitisme.
Malgré
toutes les tentatives au cours des siècles de lier la "judéité"
à la génétique, l'actuelle
population subsumée sous le terme de "peuple juif"
est donc le fruit d'un mélange de populations syrienne, égyptienne,
philistine, phénicienne, arabe, berbère, italienne, grecque,
thrace, espagnole, slave, germanique, balte, scandinave et de bien d'
autres populations encore, des Turcs, des Caucasiens, des Khazars, des
Chinois, des Indiens, des Africains.
Quand
on sait que l'empire khazar était lui-même un ensemble
composite de vingt-cinq "nations" (tribus), on ne peut qu'être
rêveur devant la recherche pathétique d'une "pureté
raciale"qui n'a jamais existé. Quant à la présence
de "gènes juifs", elle continue à
être revendiquée officiellement dans le but politique de
justifier la colonisation de la Palestine par "droit d'héritage"
comme le révèle ouvertement le rabbin du site juif Lamed.fr
, manifestant un racisme décomplexé qui serait violemment
dénoncé s'il venait d'une autre source.
La population regroupée
dans la partie de la Palestine réservée au "peuple
élu" est donc, comme celle de la quasi totalité
des Etats de la planète - et même plus que d'autres en
raison tantôt de l'errance imposée, tantôt de l'émigration
choisie par les communautés de convertis - cette population est
donc la résultante d'un brassage génétique de pratiquement
tous les peuples de la planète.

Juifs
algériens

Juifs
de Chine du Sud

Juifs
iraniens

Juifs
ukrainiens

Juifs
de Salonique
En revanche, il existe
bien, dans cette population, une unité psychique dont
l'historien Bernard Lazare a parfaitement analysé à la
fois l'histoire, les causes et les conséquences dans son essai
L'antisémitisme, son histoire, ses causes. L'ouvrage
de Soljenitsyne, quant à lui, retrace pas à pas les étapes
de la concrétion de la mentalité de ghetto
et du refus de l'assimilation imposée dans la grande Russie
par les rabbins talmudiques.
La notion de "peuple"
juif, est bien une création récente, comme
l'a parfaitement démontré Shomo Sand dans son ouvrage
L'invention du peuple juif.
Mais le mot "juif" n'est lui-même apparu que
tardivement dans le vocabulaire français - mais également
dans le vocabulaire anglais, comme le montre Benjamin Freedman.
Rappel
Petite généalogie du mot "juif"
Depuis quand
parle-t-on, en France, de "Juifs", et qui plus est, couronnés
d'une majuscule?
L'antiquité
ne connaissait pas le mot "juif". On parlait d'Israélites
à propos des tribus d'Hébreux sémites ayant pour ancêtre éponyme
Israël, nouveau nom du personnage mythique Jacob.
Un fils tout aussi mythique, Juda, dont le nom hébreu
est Yehuda, a donné naissance aux Yehudim,
mot traduit en français par Judaïtes. L'hébreu
Yehudim fut traduit en grec par Ioudaiôn et en
latin par Iudaean.
Du temps
de la courte indépendance du territoire qui correspond à l'actuelle
Palestine, les populations étaient désignées par leur origine
géographique. Les Judéens habitaient la Judée, les Samaritains
la Samarie, les Galiléens la Galilée et les Iduméens
l'Idumée. Mais après leur conquête, les Romains
ne s'étaient pas embarrassés de subtilités régionales
et désignaient globalement ces confettis de leur immense empire
sous le nom général de Iudaea.
Ainsi, lors
de la crucifixion de Jésus, Ponce Pilate a fait inscrire
sur la croix : Iesus Nazarenus rex Iudaeorum,
c'est-à-dire, c'est-à-dire, Jésus de Nazareth
roi ou plutôt chef des Judéens,
bien qu'il fût Galiléen. En effet, Iudaeorum est le génitif
pluriel de Iudaeus, c'est-à-dire Judéen. Quant
au mot rex, il n'a été traduit par roi qu'ultérieurement.
Ainsi Vercingéto-rix (rex) n'était pas le roi des Gaulois,
mais un chef de tribu.
Il n'existait
pas non plus d'universalisme du culte du Dieu Jahvé. Les Pharisiens,
les Sadducéens, les Zélotes ou les Esséniens
se combattaient et se haïssaient cordialement. Ces mouvements,
ou plutôt ces sectes, possédaient chacun leur manière
particulière de participer au culte de Jahvé, mais, par rapport
aux "païens" hellénisés, ils étaient désignés sous la
terminologie générale de Yehudim, c'est-à-dire, comme
il est dit plus haut, de fidèles d'un culte qui avait son origine
dans le royaume de Juda.
Le fondateur
du christianisme était un Galiléen appartenant probablement
à la secte des Esséniens - mais les avis divergent sur ce dernier
point. Il n'était donc ni un Yehudim - puisque
seuls les Pharisiens judéens pouvaient
se réclamer de ce terme - ni, à plus forte raison, un
Juif, puisque ni le mot, ni la notion que recouvre ce
mot n'existaient en ce temps-là.
L'ouvrage
le plus connu de l'historien hiérosolémite de l'époque, Flavius
Josèphe (env.37 à env. 100) est traduit en français
sous le titre La guerre des Juifs. Or, ce récit
rédigé dans la langue de la région depuis le retour de Babylone,
à savoir l'araméen, a été traduit en grec à destination de l'élite
cultivée romaine sous le titre littéral : Historia Ioudaikou
polemou pros Rômaious, c'est-à-dire
Histoire de la guerre judéenne ( ou des Judéens)
contre les Romains.
Voir
- 5
- La théocratie ethnique dans le chaudron de l'histoire
Le titre actuel,
La guerre des Juifs, est un anachronisme, Ioudaikou
n'a jamais voulu dire "des Juifs". Il s'agit de la
même racine que celle du latin Iudaeus, c'est-à-dire
Judéen. Cette guerre s'est déroulée à Jérusalem, donc
dans la province de Judée et ni les Galiléen, ni les
Samaritains n'y ont participé. Ils ont vécu tranquillement
sur leur terre jusqu'à nos jours.
"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde".
Albert Camus.
Voir : L'usure,
axe central de l'histoire de l'Occident
|
10 - Où
se situe Askhenaz ? 
Où se situe réellement
Askhenaz dont le nom ne figure sur aucune mappemonde?
Parmi les fidèles
du dieu Jahvé, nombre d'entre eux continuent d'affirmer mordicus
que ce terme désignerait l'Allemagne en hébreu. Ainsi, à partir
des rives du Rhin, des israélites se seraient disséminés en direction
de la Pologne, de la Russie, des pays baltes, de l'Autriche, de la Bohême
et, longeant les rives du Danube, ils seraient parvenus jusqu'en Roumanie
et même jusqu'au Caucase.
L'absurdité démographique
de cette thèse est maintenant un fait reconnu, comme il est démontré
ci-dessus, bien qu'elle ait été reprise par Marek Halter:
"La plupart [des juifs kazars convertis] (...) rencontrent
le flux d'immigrés juifs de France et d'Allemagne poussés par
les croisades", laissant croire que les deux "flux"
seraient équivalents. Mais les tenants d'un Askhenaz germanique
ne désarment pas. Ils continuent d'affirmer que tous les juifs européens
du nord, de l'ouest, de l'est sont des Askhenazim germains.
Une question simple
vient immédiatement à l'esprit: comment le nom de l'arrière-petit fils
mythique d'un Noé tout aussi imaginaire en serait-il venu à désigner
les provinces rhénanes?
Eurêka ! L'encyclopédie
en ligne Wikipedia possède la réponse: c'est à la faveur
de la mauvaise connaissance de la géographie et de la langue que les
premiers immigrants arrivés sur les bords du Rhin auraient opéré un
rapprochement entre un nom familier, Gomère - le nom du père
d'Askhenaz - et le nom de la province, Germania, prononcée
à l'allemande.
Ce serait donc par
la grâce d'une consonance hasardeuse que les juifs disséminés dans les
plaines des bords de la Volga, sur les rives de la Baltique ou dans
les vallées caucasiennes se seraient trouvés gratifiés d'un généalogie
qui les aurait rendus originaires de Rhénanie. Ils seraient devenus
des enfants de Gomère-Germania. Il faut beaucoup de bonne volonté
et plaindre l'infirmité auditive universelle des membres de cette tribu
pour donner du crédit à une confusion entre ces deux noms.
Car enfin, si la raison
avait été phonétique, la logique aurait voulu qu'à partir des prémisses
fumeuses exposées ci-dessus, les fidèles de Jahvé devenus résidents
des bords du Rhin eussent choisi Gomeria plutôt qu'Askhenaz pour
désigner la terre dans laquelle ils s'étaient installés.
Il faut donc en conclure
une fois de plus que Jahvé est grand et que l'invraisemblable et l'absurde
martelés de génération en génération se déguisent en vérité.
Bien qu'il soit inutile
de chercher une quelconque rationalité à des dénominations imaginaires
qui reposent sur un récit, lui-même imaginaire, selon lequel tous les
peuples de la terre seraient issus de la descendance des trois fils
du célèbre rescapé de la noyade dans laquelle un Jahvé colérique et
vindicatif avait précipité le reste de l'humanité (Gn
10,3), le récit biblique lui-même contredit la localisation
d'Askhenaz en Germanie.
D'après ce
récit, Askhenaz, fils de Japhet, est l'un des trois petits-fils
de Noé - Sem, Cham et Japhet - censés s'être partagé
le globe terrestre afin de le repeupler après le génocide
aquatique qui avait épargné le grand-père. Dans
la légende biblique, Askhenaz est présenté comme l'ancêtre éponyme
géniteur des Scythes, ou Saces, c'est-à-dire d'un ensemble
de tribus nomades qui se déplaçaient dans les steppes eurasiennes entre
l'Ukraine, le Kazakhstan et jusqu'à l'Altaï. Il se trouve que ce sont
précisément les territoires qui correspondent au gigantesque royaume
Khazar de la fin du premier millénaire.

Territoires
des Scythes

Territoires
des Khazars
Nous voilà loin des
rives du Rhin et notre pauvre Askhenaz se voit condamné à un périlleux
grand écart !
En effet, l'auto-appellation
Askhenazim en relations avec l'arrière-petit-fils de Noé, repose en
réalité sur des motivations théologico-mythiques bien antérieures à
l'arrivée des immigrants juifs en Rhénanie. D'après Alan Brook
"It should also be pointed out that Ashkenaz did not become
a definite Jewish designation for Germany until the eleventh century."
C'est donc autour du XIe siècle seulement que le terme
Ashkenaz est devenu la désignation officielle des juifs établis
en Allemagne et que s'est effectuée une migration sémantique
des plaines de la Volga vers celles du Rhin.
Or, la période
à laquelle s'est effectuée cette migration du vocabulaire
correspond à la migration des populations après la destruction
de l'empire juif khazar et à la dispersion des communautés
qui résidaient à l'intérieur de ses frontières.
11 - Retour
à la réalité historique 
C'est à partir des
travaux des linguistes sur le yiddish et grâce aux recherches
récentes d'un grand linguiste israélien, que les vapeurs des inventions
bibliques ou idéologiques peuvent enfin se trouver quelque peu dissipées.
Ainsi, le professeur
de l'Université de Tel-Aviv, Paul Wexler remarque que l'utilisation
du terme biblique Ashkenaz par lequel s'auto-désignent les juifs
parlant le yiddish et qui se prétendent d'origine germanique, est une
dramatique erreur. Il confirme que ce mot désignait à l'origine la plus
grande communauté juive du monde, celle des juifs iraniens.
Cette localisation
est conforme à la mythologie biblique originelle, comme il est montré
ci-dessus. Ces juifs-là s'étaient si bien implantés en Babylonie à partir
du VIe siècle avant notre ère, après y avoir été déportés que, tout
en gémissant sur un exil à l'origine imposé par un Nabuchodonosor victorieux
de la Judée, ils n'avaient jamais manifesté la moindre envie de quitter
la fertile Mésopotamie et de faire cesser un exil devenu une confortable
immigration permanente.
D'ailleurs la seule
communauté juive que la propagande sioniste n'a toujours pas réussi
à déraciner d'une terre sur laquelle ils vivent en toute sécurité et
prospérité depuis deux millénaires et demi est celle des véritables
et originaires Ashkenazim, les juifs iraniens.
Mais le terme s'est
à la fois diversifié et précisé au cours des siècles, même s'il a toujours
désigné des populations caucasiennes et asiatiques. Ainsi, le Professeur
Paul Wexler rappelle que depuis le Xe siècle, le terme Ashkenaz est
pratiquement synonyme de celui de Khazar.
Un philologue Karaïte
de Fès, David ben Avraham al- Fasi, écrit au Xe siècle que Ashkenaz
est l'homme qui se trouve à l'origine des Khazars. Un autre Karaïte,
Josef ben Burhän , a écrit, toujours au Xe siècle, que les
Khazars étaient "Ashkénazes". Un
Ouzbek, Shlomo Ben Shmuel de Urgench , auteur d'un dictionnaire
hébreu-farsi, a appelé, au début du XIVe siècle, son pays natal "Ashkénaz".
Devant des preuves
historiques aussi irréfutables, l'Askhenaz germanique a du souci
à se faire.
12
- Le Yiddish: comment naît une langue
Mais les tenants de
l'Askhenaz germanique ne désarment pas: ils possèdent, pensent-ils,
un argument massue et la preuve absolue que les Ashkenazim seraient
d'origine allemande. Tous les juifs européens, tant en Occident
qu'en Orient parlaient, affirment-ils, une même langue, le yiddish,
avec quelques menues variantes locales. Or le vocabulaire du yiddish
est majoritairement d'origine allemande, même s'il est plus ou
moins altéré.
Cette langue commune
serait donc la preuve que les juifs avaient séjourné suffisamment longtemps
en Askhenaz-Germania pour se concocter un même idiome national profondément
germanisé. L'expansion mystérieuse de cette langue dans toute l'Europe
contredirait les calculs démographiques. La langue se serait
répandue en même temps que les populations juives. Elle
serait devenue une manière d'expression officielle propre à tous les
israélites européens.
Deux éminents linguistes
américains originaires de Lettonie - Max Weinreich (1894 - 1969)
et son fils Uriel Weinreich (1926 - 1967) - tous deux grands
spécialistes du yiddish et traducteurs dans cette langue de nombreux
ouvrages de la littérature européenne et notamment de Freud - furent
d'ardents et érudits défenseurs de la filiation germanique du yiddish
et donc des Ashkenazim.
En revanche, Max
et Uriel Weinreich rejoignent la démonstration de Bernard Lazare
et écartent la narration classique selon laquelle ce seraient les persécutions
et les préjugés du milieu chrétien qui auraient contraint les juifs
à une séparation si radicale qu'elle a pu donner naissance à une langue
propre aux parias - sorte de melting pot d'apports variés glanés
au cours des déplacements du groupe dans l'Europe entière au fil des
siècles.
En effet, les deux
linguistes contestent la position idéologique des premiers propagateurs
du sionisme qui, dès le XIXe siècle ont imposé l'image misérabiliste
de juifs enfermés contre leur gré dans des ghettos depuis le
Moyen Age. Exclus de la société environnante,
ils auraient vécu dans un isolement forcé qui aurait permis l'avènement
d'un langage distinct, explique la doxa sioniste officielle.
Il est évident que
sans séparation, il n'aurait pas pu y avoir de langage distinct. Mais
les deux érudits Weinreich ne partagent pas la vision "victimaire"
et "exclusiviste" - au sens d'une exclusion contrainte - des
communautés juives imposée jusqu'à nos jours par les pères du sionisme
pour les besoins de leur cause. Au risque de choquer leurs co-religionnaires,
les linguistes américains du XXe siècle affirment qu'il
ne s'agissait nullement d'un isolement lié à des persécutions permanentes,
mais d'une politique de séparation volontaire et décidée
à partir de l'intérieur des communautés. Ils parlent
"d'indépendance", "d'autonomie", "d'auto-assertion"
et de "renforcement de la communauté".
Se fondant à la fois
sur des preuves linguistiques et historiques, il ne fait aucun doute
pour les deux savants Weinreich que, jusqu'au XVIIIe siècle, les
juifs refusaient catégoriquement toute forme d'assimilation et considéraient
que la "résidence séparée" était un "privilège" accordé
aux juifs à leur demande afin qu'ils puissent disposer de lieux de prière
propres à la communauté et posséder leur propre abattoir, leurs établissements
de bains ou leur cimetière, gérer leurs écoles talmudiques et leurs
propres tribunaux rabbiniques, superviser la collecte des impôts , etc.
Je rappelle sur ce
point l'analyse de l'historien Bernard Lazare dans son introduction
à son Histoire de l'antisémitisme et sa
recherche lucide des causes d'une situation qui se reproduit avec une
tragique régularité:
"Partout où
les Juifs, cessant d'être une nation prête à défendre sa liberté et
son indépendance, se sont établis, partout s'est développé l'antisémitisme
ou plutôt l'antijudaïsme. (…) Si cette hostilité, cette répugnance même,
ne s'étaient exercées vis-à-vis des Juifs qu'en un temps et en un pays,
il serait facile de démêler les causes restreintes de ces colères. (…)
Quelles vertus ou quels
vices valurent au Juif cette universelle inimitié? Pourquoi fut-il tour
à tour, et également, maltraité et haï par les Alexandrins et par les
Romains, par les Persans et par les Arabes, par les Turcs et par les
nations chrétiennes? Parce que partout, et jusqu'à nos jours, le Juif
fut un être insociable.
Pourquoi était-il
insociable? Parce qu'il était exclusif, et son exclusivisme était à
la fois politique et religieux, ou, pour mieux dire, il tenait à son
culte politico-religieux, à sa loi."
Aucun
groupe humain ne démontre avec plus d'éclat et d'évidence
que si les hommes marchent sur la terre, c'est dans le mythe et le rêve
qu'ils habitent. C'est cette résidence dans la "moyenne
région de l'air" - comme disait Descartes - qui détermine
leur politique.
*
Je développerai
la suite dans le prochain texte:
Conditions
de la naissance et de l'évolution d'une nouvelle langue
- passage du slavon
au yiddish , (exemple du passage du gaulois au français) , puis
du yiddish à l'hébreu moderne
La résidence séparée, exemple russe
- son fonctionnement,
le refus absolu de l'assimilation , les conséquences politiques
Bibliographie
Mario
Liverani, La
Bible et l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008
Israël
Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible dévoilée. Les nouvelles
révélations de l'archéologie, 2001 ,trad. Ed. Bayard 2002
Israël
Finkelstein et Neil Asher Silberman, Les
rois sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006
Ernest
Renan, Histoire du peuple d'Israël, 5 tomes, Calmann-Lévy
1887
Bernard
Lazare,
L'Antisémitisme, son histoire et ses causes,
éd. Léon Chailley, 1894.
Douglas
Reed , La Controverse de Sion
Shlomo
Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard
2008, coll. Champs Flammarion 2010
Kevin
Alan Brook : The Jews
of Khazaria, publié en 1999 - une seconde édition
remaniée et complétée a paru en 2006
D.M.
Dunlop, The history of the Jewish Khazars, Princeton,
1954.
Arthur
Koestler, La Treizième Tribu, Paris, Calmann-Lévy, 1976
Jacques
Sapir, Jacques Piatigorsky (dir), L’Empire khazar. VIIe-XIe siècle,
l'énigme d'un peuple cavalier, Paris, Autrement, coll. Mémoires,
2005
Juda
Halevi (1080-1140), Sefer Ha Kuzari (Le livre du Khazar : Dialogue
entre un roi Khazar et un sage juif), Cordoue, 1140.
Marek
Halter, Le Vent des Khazars (roman historique), Éd. Robert
Laffont, 2001.
29 juin 2014