Analyse d'un éditorial du journaliste Bernard Guetta sur France-Inter
"l
I y a un point, le seul, sur lequel les grandes puissances
s'accordent aujourd'hui.
Toutes considèrent que, dans le chaos croissant du Proche-Orient
, il n'y aurait pas de plus grande urgence que de parvenir
à relancer un processus de paix israélo-palestinien afin
de circonscrire la crise irakienne.
Georges Bush lui-même, à la mi-décembre, a encouragé Tony
Blair à tenter de faire bouger les choses mais
y a-t-il le moindre espoir que quiconque y parvienne cette
année ?
A
priori, la réponse est non. Rien ou presque ne le laisse croire
et cela pour trois raisons.
La
première est que les Palestiniens n'en finissent plus de
s'entredéchirer entre, d'un côté, leur Président, Mahmoud
Abbas, qui voudrait parvenir à un accord avec Israël mais
a peu de pouvoir, et, de l'autre, les islamistes du Hamas,
aux commandes gouvernementales mais toujours résolument hostiles
à une reconnaissance d'Israël.
Israël, en deuxième lieu, est gouverné par un Premier ministre
affaibli par l'échec de la guerre du Liban, éclaboussé par
des affaires de corruption et qui réunit contre lui deux tiers
de mécontents. La marge de manœuvre d'Ehud Olmert en est d'autant
plus réduite que les Israéliens constatent, chaque jour,
que l'évacuation de Gaza a fait de ce territoire une rampe
de lancement d'obus sur leurs agglomérations les plus proches.
Et
puis, enfin, le dernier mot revient immanquablement aux plus
radicaux des islamistes car, chaque fois qu'un élément de
détente pourrait intervenir, ils s'arrangent pour tuer l'espoir
comme ils l'avaient fait, au début de l'été, avec les enlèvements
de soldats israéliens. "
Bernard
Guetta, France-Inter, 4 janvier 2007
|
1 - " Le chaos
croissant du Proche-Orient " .
"II y a
un point, le seul, sur lequel les grandes puissances s'accordent
aujourd'hui.
Toutes considèrent que, dans le chaos croissant du Proche-Orient
il n'y aurait pas de plus grande urgence que de parvenir à relancer
un processus de paix israélo-palestinien afin de circonscrire
la crise irakienne." (Bernard Guetta)
Il convient de constater que le chaos qui règne dans
la région - en Palestine et au Liban - semble chu de la galaxie
ou surgir au titre d'une entité théologique dépourvue
de cause . Comme la suite du discours cible plus précisément
la Palestine on devine que, dans l' esprit du chroniqueur, il sera
question de la situation intérieure des Palestiniens et du
conflit qui oppose le Hamas , victorieux aux dernières élections
législative, et le Fatah , qui ne parvient pas à digérer
sa défaite et les conséquences financières qui
vont avec.
M.
Guetta se garde d'évoquer la responsabilité de la féroce occupation
israélienne, de l'extension continue des colonies et de
la guerre persévérante menée déjà depuis des
décennies par Barak et Sharon contre l'OLP d'Arafat. Olmert
a simplement pris la relève.
Qui
a oublié l'holocauste de la vaillante Jenine, les ruines de
Ramallah, le siège du Raïs dans son quartier général,
les tanks et les bulldozers éventrant les pistes de l'aéroport
et les quais du port construits à grands frais avec l'argent
des contribuables européens, la soldatesque israélienne
se répandant dans les bâtiments des ministères
de l'embryon de gouvernement palestinien et détruisant méthodiquement
tout ce qu'elle ne pouvait pas piller? Les fichiers, les listes, les
dossiers des ministères, des administrations, tout a été
piétiné, ravagé . Et naturellement, le casseur
n'est jamais le payeur.
Faut-il
croire qu'au-delà de quinze jours, les journalistes n'ont plus
de mémoire?
Rien
non plus sur les récentes élections démocratiques qui ont porté
le Hamas au pouvoir, précisément parce que les Palestiniens se sont
rendu compte de la vanité des concessions d'Arafat d'abord, de Mahmoud
Abbas ensuite, de la gabegie et de la corruption , du clientélisme
du parti au pouvoir , accentués par la désorganisation
de tous les services de leur embryon d'Etat.
Ces
innocents ne se sont-ils pas avisés de prendre au pied de la lettre
les injections occidentales à voter librement? N'auraient-ils
pas dû savoir qu'ils jouaient en réalité à une sorte de jeu de l'oie,
que les dés étaient pipés et que la case " victoire du Hamas "
faisait d'eux des parias, des pestiférés et les précipitait dans la
case prison ou dans le puits de la famine? Ces naïfs ne savaient pas
qu'un seul portillon leur était ouvert . Ils n'avaient pas compris
que les maîtres du monde sont aussi les maîtres du vocabulaire.
Punir
toute une population d'avoir choisi librement des représentants
qui déplaisent à l'occupant et à son allié américain,
en la condamnant à la famine, c'est en effet un chaos qui
devrait faire mourir de honte tous les démocrates du monde dignes
de ce nom.
C'est même le déni absolu de la démocratie.
Les nombreux observateurs présents sur place avaient tous
salué la régularité du scrutin . La "civilisation
occidentale" - dont aiment à se réclamer l'occupant
et ses alliés - s'est tiré une balle dans le pied .
La blessure est si profonde qu'une gangrène mortelle est en
train de monter en tapinois dans le corps tout entier .

Le
soutien à la politique du marteau-pilon israélien conduit
donc à rien moins qu'à la ruine de la civilisation occidentale
par la négation des valeurs sur lesquelles elle repose et qu'elle
est censée promouvoir.
Malgré
cette infamie, "le canard est toujours vivant..." . (Référence
au célèbre sketch de Robert Lamoureux )
2 - La colonie pénitentiaire
La
monstrueuse machine décrite par Kafka dans La Colonie
pénitentiaire a été mise en marche par
les tortionnaires des USA, de l'Union européenne mollassonne , invertébrée
et suiveuse, des Etats arabes indifférents. Le principal responsable,
Israël, la fameuse "seule démocratie de la région"
officie aux manettes de la machine.
Les roues dentées de la herse de la démocratie pénitentiaire
ont été huilées par les bourreaux et ses aiguilles,
aiguisées et ajustées à la profondeur de la pénétration
ont commencé leur patient travail . Chaque jour elles s'enfoncent
un peu plus dans la chair des Palestiniens . Elles triturent et torturent
les corps, mais l'objectif est d'atteindre le cerveau afin de vaincre
le siège de la résistance.
Le monde entier est au balcon. Il assiste , à peine gêné,
à cette torture de tout un peuple. Il évalue l'état
du torturé, la profondeur des blessures , la quantité
de sang qu'il a perdu et attend le moment où , comme l'écrit
le génial Kafka "l'esprit le plus stupide s'ouvre
alors . Cela commence autour des yeux, puis rayonne et s'étend"
.
Et
voilà pourquoi Israël et ses acolytes, les tortionnaires
américains et européens, attendent que les Palestiniens
"déchiffrent avec leurs plaies" les
mots S O U M I S S I O N et C A P I T U L A T I O N
que la machine grave dans leur chair en lettres de sang.
Mais
Kafka a également prévu que la machine finit par se
détraquer ; et c'est dans le front des tortionnaires que
se plantera la pointe de la grande aiguille de fer .

Résistant
vaillamment à la torture de la famine... "le canard
est toujours vivant..."
3 - Le blocus financier
Parmi
les causes du " chaos ", outre le chantage des Européens et
des Américains , M. Guetta ne s'avise pas d'évoquer, même à demi mot,
le blocus économique et financier d'Israël qui empêche les
Palestiniens d'exporter leurs propres productions afin de tenter de
s'assumer eux-mêmes économiquement . Car Gaza est une
gigantesque cage et la Cisjordanie le royaume du Père Ubu par
le nombre des interdits qui emprisonnent et empoisonnent la vie quotidienne
des Palestiniens .
Le journaliste se garde également de faire allusion aux taxes
et aux droits de douane que l'occupant retient illégalement et sur
lesquelles, je suppose, il perçoit des intérêts dont personne n'imagine
qu'il en fera bénéficier les propriétaires du capital. Qui contrôle
les sommes qu'il perçoit au nom des Palestiniens ?
Il
ne vient pas non plus à l'esprit de cet éditorialiste de se demander
pourquoi aucune banque au monde n'accepte les fonds des Etats arabes
sensibilisés à la détresse des Palestiniens et pourquoi les dirigeants
du Hamas sont obligés , s'ils veulent alléger la souffrance de leurs
administrés , de ramener de l'étranger des valises de billets
de banque.
S'il était un esprit curieux, il s'informerait de la composition et
le statut des grandes institutions financières mondiales - la FED,
le FMI , la BERD - et il s'apercevrait que ce sont des organismes
privés gérés par de grands trusts financiers et qu'elles sont
entre les mains de :
Rothschild
Banks of London and Berlin
Lazard Brothers Bank of Paris
Israel Moses Sieff Banks of Italy
Warburg Bank of Hamburg and Amsterdam
Lehman Brothers Bank of New York
Kuhn Loeb Bank of New York Chase
Manhattan Bank of New York
Goldman Sachs Bank of New York
voir
http://perso.orange.fr/aline.dedieguez/mariali/picrochole/dollars_deux/dollar_deux.htm
Ainsi,
M. Guetta comprendrait , au simple énoncé du nom
de ces banques, par quel jeu de quilles des solidarités
le blocus financier des Palestiniens est aussi hermétique .
Je
ne rappelle que pour mémoire le terrible chaos provoqué par
la destruction volontaire et malveillante de la seule centrale électrique
de Gaza, payée par l'Union européenne, et des réseaux
d'eau potable et d'assainissement. Pas d'eau, pas d'électricité ,
pas de réfrigérateur, pas de ventilateur quand la température flirte
pendant des semaines avec les 40°, voilà en effet un chaos
volontairement institué par l'occupant qui devrait soulever d'indignation
tous les hommes de cœur.
L'Europe
paie, construit et Israël, moins vache sacrée que taureau
furieux, passe derière , détruit tout et personne n'y
trouve à redire. Le même scénario s'est répété
au Liban. Et ensuite une quête internationale est organisée,
sous l'appellation pompeuse de Paris I, Paris II, Paris III... pour
"aider" à la "reconstruction"
des régions "dévastées".
Comme personne ne s'avise de désigner le coupable et de lui
demander des comptes, les "généreux donateurs"
finissent par donner l'impression qu'il s'agissait de remédier
aux conséquences d'une catastrophe météorologique.
A quand un Paris IV, Paris V......Paris X...?

Ensuite
un journaliste, la main sur le coeur, distille subtilement ses lamentations
accusatoires et sa réprobation
, non pas contre les responsables de la chienlit, mais contre les
victimes, les Palestiniens, ces terroristes, ces fauteurs de désordre,
incapables de se gouverner.
L'auditeur
ainsi conditionné boira comme du petit lait la sempiternelle lamentation
que les Israéliens répètent comme un leitmotiv depuis des années:
" Nous n'avons pas de partenaire pour la paix " .
Rien
n'y fait. Malgré le blocus financier... "le canard
est toujours vivant..."
4 - Passons du "chaos"
au "processus de paix" israélo-palestinien
"lI y a un
point, le seul, sur lequel les grandes puissances s'accordent aujourd'hui.
Toutes
considèrent que, dans le chaos croissant du Proche-Orient il n'y aurait
pas de plus grande urgence que de parvenir à relancer un processus
de paix israélo-palestinien afin de circonscrire la crise irakienne."
(Bernard Guetta)
Ne croirait-on pas qu'il s'agit de deux Etats d'un statut équivalent
et qui auraient à faire des concessions réciproques en vue de l'établissement
d'une convention raisonnable ?
Ah
! le beau " processus " ! M. Guetta a dû avoir des distractions
et manquer les épisodes " Opération premières pluies " suivie
de l'" Opération pluies d'été " à laquelle a succédé la non
moins romantique " Opération nuages d'automne " . Le vocabulaire
interpelle: sachant que les Palestiniens manquent d'eau, ces "pluies"
de bombes et ces "nuages" menaçants constituent
une dérision cynique. Le poids des mots, le choc des missiles.

A
chaque fois, ces " pluies " de plus en plus virulentes, virant
à l'orage et même à une tempête de missiles, de bombes tirées à partir
de F-16, de drones ou de chars se sont abattues sur la bande de Gaza
avant et après que les mêmes " pluies d'été " particulièrement
féroces aient ravagé le Liban et laissé sur le carreau des centaines
de cadavres .
Pendant
que le monde avait les yeux braqués sur le Liban, "Tsahal"
a passé sa rage sur les Palestiniens et s'est vengée sur un
peuple désarmé de la déroute honteuse que lui a infligée
la poignée de combattants du Hezbollah. Les incursions de colonnes
de tanks et d'une soldatesque déchaînée ont conduit à de véritables
tueries , notamment de femmes et d'enfants.
Là encore, M. Guetta a déjà oublié les pilonnages nocturnes de maisons
de civils à Beit Hanoun et l'épisode glorieux des vaillants soldats
de la si " morale " Tsahal ouvrant courageusement le feu à
bout portant sur un groupe de femmes désarmées. Je rappelle pour mémoire
l'utilisation d'armes expérimentales provoquant des blessures particulièrement
atroces .

Pour
un " chaos ", ce fut un splendide " chaos " et il se
déroula dans l'indifférence universelle , tant de la majorité des
Israéliens, qui détournent pieusement la tête , contemplent leur ciel
ou leurs chaussures et se gargarisent d'être la " seule démocratie
de la région ". Ils savaient et n'ont rien dit. Cela ne
nous rappelle-t-il pas quelque chose ?
Que dire de l'indifférence des Etats arabes tout tremblants devant
l'empereur Picrochole, protecteur et complice d'Israël, mais qui les
nourrit , et des petits cris discrets d'une Union européenne paralysée
par sa soumission à l'Amérique et par les lobbies pro-israéliens,
qui n'a commencé à augmenter les décibels de ses gémissements qu'au
moment où les cadavres pantelants des civils libanais ont envahi les
écrans et lui ont sauté à la figure.
Mais
les cadavres palestiniens n'émeuvent plus personne. Le
blocus du camp de concentration de Gaza est tel que les images ont
été rares. Les punitions collectives sauvages et le
génocide larvé ont donc pu se dérouler tranquillement à l'abri des
regards et quasiment à huis-clos.
Les
bombes, les missiles ne sont pas parvenus à l'exterminer et
... "le canard est toujours vivant..."
5 - Faire bouger les choses
"Georges
Bush lui-même, à la mi-décembre, a encouragé Tony Blair à tenter de
faire bouger les choses". (Bernard Guetta)
On
ne peut nier qu'Israël s'applique à " faire bouger les choses
" . En laissant son armée faire des cartons sur les femmes, les enfants,
les vieillards, les cortèges funèbres qui se succèdent en Palestine
à un rythme accéléré entre deux bombardements de missiles ou d'incursions
de tanks, créent en effet, beaucoup de mouvement et déplacent de foules
considérables.

Le mouvement n'épargne d'ailleurs pas les maisons que les bulldozers
de l'armée s'appliquent à faire passer de l'état vertical à celui
de tas de gravas.
Là
encore, le journaliste a la mémoire courte. Il a oublié
l'extravagante comédie offerte à la planète par
les quelque huit mille colons qui squattaient les meilleures terres
du misérable territoire de Gaza surpeuplé et dont la
gloutonnerie a quasiment épuisé les nappes phréatiques
si bien que les Gazaouis sont condamnés à utiliser une
eau saumâtre polluée par les infiltrations d'eau salée.
Les larmes, les gémissements de colons se débattant
, hurlant des accusations de déportation, faisant référence
à l'holocauste, à la shoah, au génocide, à
Auschwitz, à Hitler et tutti quanti, ont accablé
nos écrans pendant des semaines. Même l'avocat engagé
volontaire dans la police des Checkpoints, Arno Klarsfeld, avait trouvé
ces lamentations "indécentes" !
C'est,
en effet, bien douloureux de devoir rendre ce qu'on a chapardé
! Mais des colons de ce tonneau et de cette mentalité,
c'est cinquante fois plus qu'il faudrait faire partir de Cisjordanie
pour donner une chance à un Etat palestinien viable . Quel
est l'esprit politique assez délirant ou assez déconnecté
de la réalité anthropologique et politique pour imaginer
que c'est faisable ou seulement envisageable ?

Malgré la destruction
de son toit... "le
canard est toujours vivant..."
6 - Une rampe de lancement d'obus
"La marge de manœuvre d'Ehud Olmert en est d'autant plus réduite
que les Israéliens constatent, chaque jour, que l'évacuation de
Gaza a fait de ce territoire une rampe de lancement d'obus sur leurs
agglomérations les plus proches." (Bernard Guetta)
"
Une rampe de lancement ", mazette !
C'est
vrai que pour survivre dans les conditions infernales qui sont les
leurs, il faut aux Palestiniens une dose de débrouillardise
et de résistance peu communes. Mais qui aurait imaginé qu'ils
auraient poussé le génie jusqu'à avoir été capables d'installer une
" rampe de lancement ", autant dire un mini cap Canaveral,
au nez et à la barbe des satellites-espions de l'occupant, de ses
avions-espions , de ses drones-espions qui ronronnent nuit et jour
dans leur ciel , de ses innombrables espions infiltrés et déguisés
en Palestiniens et des espions palestiniens qu'il a achetés, comme
il en existe, hélas , toujours? Ils seraient vraiment forts, ces Palestiniens,
comme dirait notre Astérix national !
Certes,
les Palestiniens utilisent quelques pétoires artisanales appelées
Qassam impossibles à guider. Mme Leila Shahid , qui n'approuve pas
l'utilisation de ces armes , inefficaces militairement et nuisibles
politiquement , expliquait qu'elles étaient bricolées à partir
de matériaux de récupération et notamment avec de vieux tuyaux de
salle de bain. Est-il impossible à un esprit normalement constitué
de comprendre qu'à moins de devenir les légumes décrits
par Kafka dans sa "colonie pénitentiaire" , les pilonnages
et les assassinats de "Tsahal" poussent logiquement les hommes à
la résistance et à la révolte? L'armée
d'occupation, par ses dévastations est donc la cause de ces
tirs et le principal fournisseur d'un matériau inépuisable à
la fabrication de ces pétoires.
Ces
réactions prouvent que les Palestiniens continuent d'appartenir
à l'humanité et que l'action de la machine pénitentiaire
n'a pas encore atteint le cerveau et provoqué l'hébétude
de la soumission heureuse des bovidés.
Ces
résistants courageux se trouvent face à la
plus forte armée de la région .
163 500 hommes ,425 000 réserviste et 8000 garde-frontières.
3 930 chars lourds, les fameux Merkava
855 canons
automoteurs (calibre 155 et plus)
520 canons tractés (calibre 105 et plus)
198 lance-roquettes (calibre 122 mm et plus)
770 mortiers de 120 mm et plus,
1300 missiles ( Stinger, Redeye et Chaparral).
La
marine israélienne aligne trois sous-marins et 47 bâtiments.
L'aviation israélienne dispose de 446 avions de combat et 250 en réserves
dont 98 F-15 et 237 F-16 et 133 hélicoptères, sans compter les drones
et les avions espions.
On
connaît la recette du célèbre pâté d'alouette, où, comme chacun sait,
on mélange les ingrédients par moitié, c'est-à-dire un cheval pour
une alouette. Dans le pâté d' alouette appelé " processus de paix
israélo-palestinien " nous retrouvons les mêmes proportions :
un cheval israélien face à une alouette palestinienne .

Refusant de capituler....
"le canard est
toujours vivant..."
6 - Les déchirements inter-palestiniens
"les Palestiniens
n'en finissent plus de s'entredéchirer entre, d'un côté, leur
Président, Mahmoud Abbas, qui voudrait parvenir à un accord avec Israël
mais a peu de pouvoir, et, de l'autre, les islamistes du Hamas, aux
commandes gouvernementales." (Bernard Guetta)
Il
est vrai que si Mahmoud Abbas voulait offrir à ses adversaires des
verges pour se faire battre, il n'agirait pas autrement qu'il ne fait
. Ces derniers jours, il semble avoir retrouvé un peu de fermeté,
de bon sens et de dignité puisqu'il a refusé la carotte de " frontières
provisoires " que brandissait Mme Rice, reprenant les principales
propositions du plan de la Ministre des Affaires étrangères, Tsippi
Livni - mais combien de temps durera sa fermeté ?
Il a peut-être compris que ce " provisoire "-là avait toutes
les chances de devenir éternel et constituait une toute petite carotte
sans lendemain.

Mais
ses rencontres officielles avec une Condoleezza Rice rayonnante et
le berçant de promesses de " mesures pour reconstruire la confiance
" en vue d'un " état viable " et surtout sa rencontre du
24 décembre avec Ehud Olmert et les embrassades auxquelles elle a
donné lieu ont rappelé à ceux qui ont encore une mémoire historique
la rencontre du Maréchal Pétain et d'Adolf Hitler à Montoire. Il y
a des télescopages ravageurs.
voir
La
collaboration consensuelle
Naturellement , aucune des promesses claironnées par
le Premier Ministre Ehud Olmert en vue " d'aider Abou Mazen"
(Mahmoud Abbas), n'a été tenue . Les restrictions liées aux check
points en Cisjordanie ont été allégées d'une manière si homéopathique
que personne ne s'en est aperçu et dans certaines zones, l'armée
a même ajouté des check points mobiles.

La
densité de ces points de contrôle en Cisjordanie et le sadisme des
soldats qui les contrôlent font des banthoustans palestiniens soumis
au bon plaisir d'une soldatesque souvent cruelle et d'une population
de colons racistes, de gigantesques camps de concentration soumis
à un strict apartheid.
Quant
au territoire de Gaza, c'est le blocus complet . Une seule porte ouvre
ce gigantesque pénitencier sur le monde et son ouverture, intermittente,
dépend du caprice des forces d'occupation.

Etouffé,
enfermé ... "le
canard est toujours vivant..."
Aucun
prisonnier n'a été libéré.
En revanche, afin d'attiser la jalousie, la division, la haine et
la guerre civile entre les groupes et les partis et reproduire dans
la société palestinienne ce que l'Amérique a si bien réussi en Irak
et qu'elle tente de mettre en place au Liban, Mme Condoleezza Rice
a généreusement offert la coquette somme de 86,4 millions de dollars
au parti de Mahmoud Abbas. Le but de cette généreuse obole n'est évidemment
pas de soulager les souffrances de la population mais de " renforcer
les forces de sécurité " du Président de l'autorité Palestinienne
.
Devinette
: contre qui " renforcer" Abbas ?
Les Usa lui ont même fait livrer directement, via l'Egypte pour Gaza
et via la Jordanie en direction des banthoustans de Cisjordanie, des
milliers de fusils, de munitions et d'armes diverses et les Israéliens
ont largement ouvert les portes de la prison afin que cette cargaison
pénètre commodément. Grâce à cette généreuse offrande, les " modérés
" du Fatah sous le commandement du Président Abu Mazen et du "
charismatique Mohammed Dahlan " pourront dorénavant tuer les
" extémistes " du Hamas pour le compte de leurs bailleurs de
fonds, pendant qu'Israël et les USA , aux premières loges, compteront
les points et les cadavres .
De
plus, la puisssance occupante a décidé de reverser aux
occupés une obole de 100 millions de dollars sur les sommes
qu'elle retient indûment , non pas au gouvernement légal
issu des urnes, mais au Président du parti adverse afin que
celui-ci puisse distribuer quelque argent aux Palestiniens - mais
à ses partisans uniquement.
Amener
l'ennemi à s'auto détruire, c'est le dernier stade du cynisme
d'un occupant, la manœuvre ultime de l'émiettement tentée par le duo
infernal Olmert-Rice face à laquelle Mahmoud Abbas s'était
momentanément ressaisi . La nouvelle stratégie de la Maison
Blanche et de Tel Aviv n'est donc pas difficile à décrypter : elle
vise à créer, comme en Irak une guerre civile et à se lamenter ensuite
de " l'augmentation du chaos parmi les Palestiniens ", comme
l'écrivait notre chroniqueur, pour finir par dénoncer " l'incapacité
de gouverner du Hamas".
Il
semble, malheureusement, que les Palestiniens soient en train de tomber
dans le piège. La fatalité des éternels Laval
et des éternels Pétain serait-elle en train de se mettre
en place ?
(Voir
Discours du Président de l'autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas,
à la suite de son annonce de la tenue de nouvelles élections législatives
et présidentielles dans les territoires palestiniens sous occupation
israélienne)
Là,
le canard est devenu très triste, son compagnon de misère
va-t-il céder au chant des sirènes de la collaboration
? Mais le pire n'est pas sûr. Pour l'instant ... "le
canard est toujours vivant..."
7 - L'espoir ? Quel espoir?
"les islamistes
s'arrangent pour tuer l'espoir comme ils l'avaient fait, au
début de l'été, avec les enlèvements de soldats israéliens.
Parler
d'espoir alors qu'il faudrait l'échelle de Jacob pour arriver
au sommet du mur monstrueux qui continue inexorablement de zébrer
la campagne palestinienne de sa hideuse balafre, relève de
la dérision . Condamné par tous les organismes internationaux
le tracé du mur en Cisjordanie a , comme beaucoup de personnes l'ignorent,
été vicieusement planifié afin d'intégrer les ressources
en eau palestiniennes à l'intérieur des frontières israéliennes
.
Le
blocus pour affamer les Palestiniens et le mur pour les assoiffer
et faire dépérir leur agriculture.

8 - Le poids des
mots
Ce
journaliste oublie d'ajouter que ce même gouvernement, pieds et poings
liés par le blocus de l'occupant, a vu la moitié de ses ministres
et une centaine de députés et d'élus enlevés la nuit dans leurs
maisons, donc au sens propre du mot cette fois, et même kidnappés,
et enfermés sans jugement dans les geôles israéliennes
Depuis
quand un soldat en campagne est-il " enlevé ", pour
reprendre l'expression du journaliste de France-Inter? Un soldat ennemi
capturé est un prisonnier de guerre.
De
même , a-t-on entendu la presse occidentale parler de terrorisme
lorsque l'armée d'occupation largue des bombes ou des missiles
sur des maisons dans un quartier très peuplé et tue
sans discrimination toute la maisonnée? Il s'agit toujours,
dans ce cas, de "destruction légitime d'un nid de d'activistes",
de "punition", de "représailles"
, de "bavure" quand les cadavres sont un peu trop
nombreux et voyants .
Israël
a, par définition, "le droit de se défendre"
face à des "terroristes" et le journaliste
de France-Inter reprend ce vocabulaire sans état d'âme
et sans la moindre remise en question.
Certes,
le sort d'un prisonnier n'est jamais enviable, mais le soldat Shalit
est une monnaie d'échange précieuse et il ne subira pas le sort des
181 prisonniers palestiniens morts dans les geôles de la " seule
démocratie du Moyen Orient " des suites de tortures ou de négligences
médicales.
Car cette démocratie " exemplaire " a légalisé la torture et
elle a réussi l'exploit d'"enlever" 650 000 Palestiniens depuis
1967, soit un cinquième de la population. Que dirait-on si durant
l'occupation de la France, les nazis avaient emprisonné et torturé
14 millions de Français !
Aujourd'hui,
Israël conserve dans ses prisons environ 11 000 otages parmi lesquelles
400 femmes et jeunes filles et 341 enfants . Tous les prisonniers
sont battus ou torturés et 99% des enfants emprisonnés ont été
soumis à des tortures .
Les
Palestiniens ont un seul prisonnier.
Emprisonné,
torturé ... "le
canard est toujours vivant..."
9 - La "reconnaissance d'Israël"
"les islamistes
du Hamas, aux commandes gouvernementales mais toujours résolument
hostiles à une reconnaissance d'Israël." (Bernard Guetta)
Afin
de mieux évaluer les raisons du refus du Hamas de "reconnaître"
le "droit à l'existence" non pas d'Israël,
comme l'écrit fautivement M. Guetta , mais "d'un Etat
juif" - telle est la terminologie exacte - je renvoie à mon
texte Israël
et le complexe de Monsieur Perrichon .
Le
canard, subtil, a détecté le piège. C'est bien
la preuve que ..."le
canard est toujours vivant..."
10 - Injonction
Après
quoi Bernard Guetta achève pompeusement son tour d'horizon
par une injonction péremptoire adressée au gouvernement
issu des dernières élections démocratiques palestiniennes
: " Sous
peine de se discréditer, les islamistes doivent améliorer le sort
des Palestiniens ".
M.
Guetta n'explique pas comment dans un territoire sous occupation militaire
depuis des années, qui a vu cette occupation se renforcer à
un point insoutenable, un territoire dans lequel les habitants ne
peuvent plus ni se déplacer, ni travailler librement, ni cultiver
leurs champs, ni exporter la moindre production; un territoire dans
lequel l'occupant continue à ravager les infrastructures ,
où les routes sont réservées aux colons, où
les ministères ont été dévastés
ou transformés en tas de ruines, où les administrations
, privées de leurs outils et de leurs ordinateurs, n'ont plus
les moyens de fonctionner; un territoire où l'occupant a jeté
la moitié du gouvernement dans ses culs de basse fosse ; un
territoire que le geôlier a réussi à boucler politiquement
et à étrangler financièrement; comment dans cette
situation digne du Père Ubu, les "islamistes"
sont censés produire le miracle "d'améliorer
le sort des Palestiniens" . Allah est grand! Alleluiah
!

Méprisant
, le canard tourne le dos aux falsificateurs de la réalité
. Imperturbable, il se dirige vers son destin en se dandinant , comme
tout canard qui se respecte, et il chantonne ...
"le canard est
toujours vivant...", "le
canard est toujours vivant..." , "le canard est toujours
vivant..." en clignant de l'oeil.
Nous
sommes deux, le canard et moi, à savoir que cette seule réalité
enrage l'occupant. Nous
savons tous les deux que tous les obstacles dressés sur le
chemin de la fatalité n'empêcheront pas la fatalité
de suivre son cours .
Conclusion
Ce
petit exercice de " déconstruction " révèle à quel point le
parti-pris de la presse occidentale est solidement bétonné
et combien il est urgent que les Palestiniens envoient dans toutes
les grandes capitales du monde des représentants qui soient de grands
intellectuels familiers du style d'argumentation des médias
occidentaux.
Constamment
aux aguets, ils devraient exiger des droits de réponse face à l'omniprésence
et à la variété des représentants de la thèse israélienne . Ceux-ci
sont innombrables : porte-parole de la présidence, porte-parole
du gouvernement, porte-parole de l'armée, porte-parole du ministère
des Affaires étrangères, ambassadeur en poste, ancien ambassadeur
- tous parfaitement francophones. Et la liste s'allonge avec les partisans
déclarés ou crypto-sympathisants , à laquelle s'ajoute toute
une brochette de journalistes qui , comme je l'ai montré pour le rédacteur
de France-inter présentent volontairement ou par ignorance une information
tellement biaisée qu'elle s'apparente à un lavage de cerveau.
Et
surtout, il faudrait que ces personnalités maîtrisent parfaitement
la langue et les usages du pays dans lesquels ils seraient envoyés.
Le 29 janvier 2007