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Ce qu'il y a de terrible quand on cherche la vérité, c'est
qu'on la trouve."
Rémy de Gourmont
"Nul
ne colonise innocemment. (…) Une nation qui colonise, une civilisation
qui justifie la colonisation - donc la force - est déjà une civilisation
malade, une civilisation moralement atteinte, qui, irrésistiblement,
de conséquence en conséquence, de reniement en reniement, appelle
son Hitler, je veux dire son châtiment."
Aimé
Césaire
Les
grands écrivains sont des prophètes. Ils voient l'avenir dans les signes
du présent, car l'art est réalité et symbole confondus, mais il faut
savoir lire les symboles.
J'ai
donc mis mes pas dans les pas de Franz Kafka (voir La
métamorphose d'un être humain en vermine), puis
d' Octave Mirbeau et j'ai lu à livre ouvert l'histoire de la
Palestine telle qu'ils l'avaient vue et racontée depuis des dizaines
d'années.
Tout
avait été dit : la politique d'Israël a été décrite par le menu depuis
des lustres. Des voix nombreuses nous avaient prévenus. Meurtres,
génocide, crimes de guerre, tout peut recommencer . "C'est
arrivé et tout cela peut arriver à nouveau "avait averti Primo
Levi dans Les naufragés et les rescapés .
Il
avait raison, c'est arrivé de nouveau.
*
Pendant que les Laval et les Pétain palestiniens se vautrent sur de
moelleux divans en compagnie des assassins de leur peuple et incitent
ces derniers à une manière de "solution finale" censée
dégoûter les Gazaouis de soutenir les dirigeants qu'ils ont démocratiquement
élus, les bourreaux israéliens ont de nouveau gratifié l'univers
du spectacle d'une de ces tueries dont ils ont le secret. S'étant spécialisés
dans les massacres de populations civiles et les dévastations
d'infrastructures, d'hôpitaux et d'écoles et ayant démontré
leur savoir-faire en 2002 à Jénine, puis en 2006 au Liban,
le monde entier a pu constater au cours de la dernière bacchanale
sanglante à laquelle ils se sont livrés durant l'hiver
2008-2009 à Gaza, à quel point ils viennent d'améliorer
leurs performances .
Mais
la brutalité n'est pas leur seul registre. S'il existait un festival
de Cannes destiné à récompenser le tourmenteur
le plus vicieux et le plus imaginatif, il est assuré que l'Etat
d'Israël remporterait haut la main la palme d'or du scénario,
ainsi que celle de la mise en scène. Ces deux trophées
salueraient les inventions les plus cruelles et les plus agressives,
certes, mais aussi les plus imprévues, les plus dérisoires,
les plus hypocrites et les plus perverses de cet Etat, qui toutes convergent
vers un seul but: désécuriser, déstabiliser et
créer une atmosphère d'angoisse et de précarité
destinées à affoler en permanence les victimes et donc
à les fragiliser psychiquement, avant de tenter de les éliminer
physiquement. Pour le bourreau, ce préliminaire correspond à
la phase dite d'"attendrissement de la viande" .
La capacité de résilience, l'énergie et l'intelligence
du peuple palestinien sont si étonnantes qu'en même temps
qu'elles soulèvent l'admiration de tous les hommes normaux et
dotés de la capacité innée d'empathie envers son
semblable souffrant, elles font enrager l'occupant qui, visiblement,
ne sait plus à quelle exaction se livrer et auprès de
quel démon renouveler son inspiration. La corruption à
grande échelle des dirigeants, en vertu de l'adage populaire
bien connu , "Le poisson pourrit toujours par la tête"
, est l'une de ses dernières trouvailles.

Dahlan, l'évincé de Gaza, en compagne
de l'ancien chef d'état-major de tsahal, Mofaz (doc.assez
ancien, mais révélateur de l'intimité des relations
entre ces deux individus)
Sur les
pas d'Octave Mirbeau dans le Jardin des supplices de Gaza...
Le sol était jonché de corps déchiquetés, de têtes arrachées, de bras
et de jambes orphelins de leur tronc. Des blessés gémissaient, des fantômes
de femmes, des ombres d'hommes, hurlaient leur douleur. Je compris en
un éclair que je venais de pénétrer dans le jardin des supplices de
Gaza.

Tête de toute petite fille au milieu des gravas
Partout
ruines, destructions , sang et meurtres … meurtres… meurtres.
Je me souvins de la dédicace de mon guide à son ouvrage sur les tortures
et les tortionnaires de l'histoire : " Aux Prêtres, aux Soldats,
aux Juges, aux Hommes, qui éduquent, dirigent, gouvernent les Hommes,
je dédie ces pages de Meurtre et de Sang " . Octave Mirbeau
avait prévu l'enfer de Gaza .
Larguant
sciemment bombes incendiaires ou à fragmentation, obus au phosphore
blanc et à l'uranium appauvri, missiles meurtriers et bombes
à fléchettes sur des milliers de maisons, le parlement,
le ministère de la Justice, le ministère de l'Intérieur, les tribunaux,
la prison, l'unique moulin à farine, le principal élevage de volailles,
l'équipement de traitement des eaux usées, les citernes, les
puits, les écoles, les réserves de nourriture, la centrale électrique,
les assassins ont amplement prouvé que "le meurtre est bien
la plus grande préoccupation humaine".
C'est
pourquoi, "l'universelle barbarie" dans laquelle nous
sommes plongés permet de massacrer le plus de monde possible en le moins
de temps possible. Tels sont les fondements sur lesquels les cités et
les nations concentrent leur politique.
Ainsi,
les deux Etats les plus belliqueux de la terre - les Etats-Unis et Israël
- possèdent à eux seuls un arsenal suffisant pour faire exploser plusieurs
fois la planète tout entière: "Avec notre état d'universelle barbarie
[...] nous vivons sous la loi de la guerre ... Or en quoi consiste la
guerre ? ... Elle consiste à massacrer le plus d'hommes que l'on peut,
en le moins de temps possible ... Pour la rendre de plus en plus meurtrière
et expéditive il s'agit de trouver des engins de destruction de plus
en plus formidables ... et c'est aussi le progrès moderne ...",
écrivait Octave Mirbeau, l'un des plus virulents écrivains anti-colonialistes
de la fin du XIXe siècle, dans un ouvrage d'un humour grinçant
et dérangeant, "plus noir que le noir", pour paraphraser
Jonathan Littell, et intitulé Le jardin des supplices
. Il y décrivait minutieusement les tortures inventées
par un bourreau particulièrement inspiré dans le bagne
de Canton. Il s'agissait de symboliser et de stigmatiser d'une manière
"swiftienne" les méfaits et les horreurs des Etats
colonialistes. Méfaits et horreurs que le dernier Etat ouvertement
colonialiste de la planète continue de pratiquer avec une impudence
qu'il n'est pas exagéré de qualifier de "chuzpah
politique et morale".
Il
est 11h30, les enfants sortent de l'école. A cet instant, l'artillerie
se déchaîne. Cinquante avions de combat lâchent leurs bombes alors que
plus de cinq cents enfants terrorisés et en pleurs grouillent encore
dans les rues et que des parents désespérés arrivent en courant. Une
promotion entière de plus de deux cents jeunes policiers en train de
prêter leur serment d'entrée en fonction est exterminée en un éclair.
Les morgues débordent. Trois jeunes enfants d'une même famille gisent
entassés l'un sur l'autre. Des bombes partout, de la fumée, de la poussière,
du sang, des cris, des pleurs. La peur, la rage, nul refuge, nul secours.
Gaza tout entière transformée en un gigantesque jardin
des supplices.

Alignement de cadavres d'adultes et d'enfants
Les stocks de l'aide humanitaire brûlés au phosphore blanc. Même les
morts sont bombardés et les cimetières ravagés par l'artillerie. Puanteur
des cadavres en décomposition exhumés de leurs tombes. Exhalaisons de
sang et de mort. Lambeaux de chairs, fragments de membres éparpillés.
Les victimes tuées une deuxième fois. Odeur de mort du jardin des supplices
de Gaza.
Les bâtiments abritant les médias, pulvérisés. Terroriser les journalistes
et les prendre sciemment pour cibles afin de priver les victimes de
nouvelles et de conseils et surtout, priver le monde de témoins. La
censure perverse dans le jardin des supplices de Gaza.
Massacres
de civils fuyant les zones de combat et agitant des drapeaux blancs,
civils carbonisés au hasard par le phosphore blanc déversé sur des zones
peuplées, fours crématoires portatifs et intentions génocidaires, nul
besoin de zyklon, on n'arrête pas le progrès, bombes à
l'uranium appauvri larguées sur des écoles, la mort inhalée
durant des jours et des jours, utilisation de civils et même d'enfants
comme boucliers humains. D'autres enfants foudroyés d'une balle en plein
front par d'habiles snipers et visés comme des lapins mécaniques dans
une fête foraine. "C'est cool de tuer"! Bonheur de devenir
une bête. Soldats visant délibérément des civils désarmés à partir
des tanks; des enfants, des nourrissons le front troué d'une balle,
tous rebaptisés "terroristes". Ravager les maisons désertées
par leurs occupants, voler ce qui peut l'être, détruire les meubles,
souiller, déféquer et uriner partout, tel fut l'incroyable cruauté ainsi
que l'invraisemblable manque de dignité de l'armée des assassins, tueuse
méticuleuse dans le jardin des supplices de Gaza.

Obus au phosphore blanc sur une école de l'UNWRA
Les habitants de Gaza traités comme des animaux et leurs maisons transformées
en bauges, pillées et vandalisées lorsqu'elles n'étaient pas rasées,
ainsi s'est comportée "l'armée la plus morale du monde" dans
le jardin des supplices de Gaza.
Les pauvres animaux du zoo ne sont pas épargnés par les bombes et la
folie meurtrière qui s'est abattue sur le camp de concentration hermétiquement
clos et livré à une rage destructrice. Les écoles , les hôpitaux, les
ambulances sont attaqués et incendiés, les blessés agonisent en se vidant
de leur sang. Les oliveraies déracinées dressent vers le ciel leurs
racines désespérées, les serres réduites en miettes
afin de survienne la famine. Le terrain labouré en profondeur au bulldozer
pour que rien ne repousse. Le désert et la désolation. L'horreur
et la dévastation dans le jardin des supplices de Gaza.

Pluie d'obus de phosphore blanc arrosant la ville de
Gaza
Et
les assassins l'avouent : "Tu ne vois pas les Palestiniens comme
des être humains, tu les vois comme des animaux. Tu entres dans leur
maison, la nuit, tu les réveilles, les femmes d'un côté, les hommes
de l'autre, et tu casses tout. C'est le genre de choses que tu ne ferais
pas ici, en Israël, mais tu le fais chez eux. Et, pour ce faire, tu
refuses la réalité. C'est la seule manière. Tu crées entre toi et la
réalité un mur de silence". Tel est le témoignage révélateur
de l'un des participants de la si glorieuse équipée de Tsahal dans la
souricière de Gaza.
Des
supplices d'un raffinement cruel décrits par Octave Mirbeau, que le
bourreau fait subir aux détenus du bagne de Canton, aux supplices collectifs
et au déchaînement de barbarie mécanisée d'une brutalité inouïe infligés
à toute une population piégée comme des rats et harcelée par terre,
par mer et par les airs, on retrouve encore et toujours le même instinct
de meurtre. S'y ajoute le sentiment jouissif de puissance et la jubilation
de pouvoir infliger impunément une souffrance illimitée et gratuite
: "Tu les fais avancer, reculer. Tu les rends fous. Tu as dix-huit
ans et tu te sens puissant", ainsi s'exprime l'un des jeunes
bourreaux repentants.
*
Et
depuis lors, le camp de concentration de Gaza demeure toujours aussi
hermétiquement bouclé, l'occupant interdisant l'entrée
des outils et de tout matériau qui permettraient de reconstruire
ou de réparer les infrastructures détruites. Mais la liste
des interdictions ne se limite pas aux matériaux de construction.
Et c'est là où l'imagination sadique du bourreau donne
toute sa mesure et rappelle celle du bourreau chinois d'Octave Mirbeau.
Ne
pouvant décemment, comme dans le bagne de Canton, se livrer aux
supplices, horribles, certes, mais, somme toutes, artisanaux, de la
cloche, de la caresse, ou le fameux supplice du rat qui obsédait
un des patients de Freud, ou se spécialiser dans le maniement
de la scie, de la tenaille ou du scalpel, le bourreau israélien
s'est spécialisé dans des harcèlements physiques
et moraux permanents et massifs. Il compte sur les ravages engendrés
par la durée de la souffrance. Il espère assister au spectacle
jubilatoire de voir les victimes s'entre-dévorer, se retourner
contre leurs dirigeants et ramper devant lui, enfin domptées.
En
effet, une véritable liste à la Prévert des privations
cerne et harcèle les suppliciés dans tous les aspects
de leur vie quotidienne.
Ainsi,
aujourd'hui encore, sont interdits d'entrée dans le bagne de
Gaza : les crayons pour les écoliers, les cahiers et les livres,
tous les instruments de musique et les partitions, les bougies et les
allumettes, tout matériel électrique - câbles, fils,
prises, boîtes de dérivation, ampoules, le verre plat,
pour fermer avant l'arrivée de l'hiver les milliers de fenêtres
dont les vitres ont volé en éclats.
Sont également interdits d'entrée dans la prison de Gaza
les vêtements, les tissus, le fil à coudre, les aiguilles,
les chaussures, les matelas, les draps, les couvertures, les couettes,
toute la vaisselle - assiettes, tasses, casseroles, couteaux, fourchettes,
cuillères- tout produit d'entretien et de lavage - une dérogation
partielle vient d'être accordée sur certains produits d'hygiène
corporelle, mais le papier hygiénique sous tous ses conditionnements
continue d' être considéré comme un produit dangereux.
Des Gazaouis ingénieux sont sûrement susceptibles d'accrocher
des missiles à des avions en papier hygiénique et de pilonner
Sderot!
Sont
interdits d'entrée tous les jouets, ainsi que les poupées.

Est
évidemment interdite toute importation de réfrigérateurs,
de machines à laver et de tout autre appareil électroménager,
matériel de toutes manières inutilisable, puisque l'occupant
coupe, selon son bon plaisir, le peu d'électricité qu'il
laisse fonctionner après avoir détruit la seule centrale
électrique du ghetto et empêché sa réparation.
De plus, il vole la majeure partie de l'eau des nappes phréatiques
et ne laisse aux bagnards de Gaza qu'un mince filet à peine suffisant
pour remplir des jerricans .
Est
interdite l'importation de véhicules de toute nature - voitures
particulières, camions, ambulances et même fauteuils roulants
pour les innombrables blessés et infirmes que "l'armée
la plus morale du monde" a laissés sur le carreau.
Sont
interdits d'entrée tous les animaux - vaches, ânes, chèvres,
volailles, etc. , et le remplacement des quelques pauvres animaux du
zoo de Gaza - impitoyablement abattus, eux-aussi, pendant le carnage
ou morts de faim - est impossible. On n'insistera jamais assez sur les
capacités militaires des vaches ou des poules.
Aux
dernières nouvelles, l'Organisation Mondiale de la Santé
informe le monde que les bourreaux moraux de la "seule démocratie
du Moyen-Orient" viennent d'interdire, pour la quatrième
fois, l'entrée des appareils et des accessoires médicaux indispensables
au fonctionnement des hôpitaux et, pour faire bonne mesure, les gentils
"démocrates" préposés au contrôle
des marchandises ont pris soin de ravager les appareils et de les rendre
inutilisables par ces sous-hommes de Palestiniens - ces "animaux
à visage humain", comme les désigne le Talmud
- avant de les retourner à l'envoyeur. Et c'est ainsi que Jahvé
est grand. Alleluia!
La
seule interdiction que la fameuse "communauté internationale"
a réussi à lever est celle des coquillettes et des nouilles...
dont le danger qu'elles représentaient pour la sécurité
de l'occupant n'est plus à démontrer; mais sont toujours
interdits d'entrée dans le ghetto de Gaza le thé, le café,
toutes les semoules, le lait en grands conditionnements, toutes les
patisseries et gâteaux secs, le chocolat, les graines de sésame
et les semences, toutes matières qui risquent d'être utilisées
par les inventifs démons gazaouis dans la fabrication des roquettes
meurtrières qui "terroriseraient" les pauvres
habitants de Sdérot. Les Gazaouis réussissent à
construire des maisons avec de la boue, alors, pourquoi ne mettraient-ils
pas au point des bombes à la semoule!
*
La
"loi du meurtre" et "l'école de l'assassinat"
illustrées à Gaza par l'Etat qui se proclame une "lumière
pour les nations", ne constituent pas une explosion irrationnelle,
comme pourraient le laisser croire les interdits sadiques énumérés
ci-dessus. De même que celui du bagne de Canton, le bourreau bureaucratique
israélien est un véritable artiste qui traite la souffrance
comme un des beaux-arts. Un an après la fin du déchaînement génocidaire
contre la population civile, les privations continuent d'être mises
en œuvre au nez et à la barbe des démocraties "morales",
avec la rigueur et la méticulosité propres à toutes
les administrations dictatoriales. Elles témoignent de la mise
en oeuvre d'un plan particulièrement raffiné, mûrement
conçu dans le but de faire souffrir les victimes au maximum tout
en essayant de préserver - grâce à une machine de
propagande bien huilée et fonctionnant sur toute la planète
- un statut de victime éternelle. En réalité il
s'agit de rien de moins que d'une application quasi littérale des recommandations
biblico-talmudistes acceptées et approuvées par plus de 85% de la population
de la nouvelle colonie de peuplement, fondée sur des critères
raciaux et implantée sur la terre palestinienne.
Voici quelques citations, parmi des dizaines d'autres, issues, non pas
même du Talmud - dont certains passages traduisent
un autisme pathologique et un racisme si ingénu et si arrogant
que son excès même en devient comique et ne mériterait
qu'un haussement d'épaules méprisant ... s'il n'était
mis en pratique, ouvertement par les fameux IDF (Israël Defense
Forces) et insidieusement par tous les règlements administratifs
de l'Etat colonial. Les recommandations de haine, de destruction, de
vol et de meurtres figurent dans les textes bibliques majeurs et sont
prônés par de nombreux rabbins dans l'armée. C'est
pourquoi ce sont les recommandations bibliques qui sont appliquées
au pied de la lettre et le coeur léger par la soldatesque - en
dépit de l'existence d'un code officiel flatteur, uniquement
destiné à leurrer l'étranger candide sur la nature
d'un Etat qui se proclame une "démocratie occidentale".
Mais il se comporte en réalité avec la brutalité
et l'arbitraire propres à toutes les dictatures militaires envers
ceux qui ne peuvent exciper de leur "pureté religieuse
et raciale", les deux éléments étant indissolulement
liés dans cette religion. En effet les recommandations officielles
de "l'armée la plus morale du monde"... sur
le papier ... sont superbement ignorées
non seulement par la base, mais par toute la haute hiérarchie
militaire.
"Lorsque Jahvé, ton dieu, t'aura amené dans le
pays où tu vas entrer pour en prendre possession et qu'il aura délogé
devant toi de nombreuses nations (…) alors, Jahvé ton dieu les
aura livrées à ta merci et que tu les livreras à
l'anathème (à
la destruction) . Tu ne concluras pas d'alliance avec elles, tu n'en
auras point pitié ! " (Deutéronome
7:1-2)
"Des
villes de ces peuples que Jahvé, ton Dieu, te donne en héritage,
tu ne laisseras rien vivre de ce qui a souffle de vie. Détruisez-les
jusqu'au dernier… comme Jahvé, ton Dieu, vous l'a ordonné…
" (Deutéronome 20.16)
"Vous poursuivrez vos ennemis, et ils tomberont devant vous
sous votre glaive. Cinq des vôtres en poursuivront cent des leurs, cent
d'entre vous en poursuivront dix mille, et vos ennemis tomberont devant
vous par le glaive. " (Lévitique, 26, 7-9)
"Ce jour est au Seigneur Jahvé des armées, jour de vengeance,
où il se venge de ses adversaires. Le glaive dévore et se rassasie.
Il s'abreuve de leur sang." (Jérémie 46.10) (trad. Osty)
Deir Yassine
Haïfa, Jaffa, Acre, Oum Al Fahem et AL-Ramla, Al-Daouayma, Abou Shousha,
Qazaza, Jaffa à plusieurs reprises, Tannoura, Tireh, Kfar Husseinia,
Haïfa encore et encore, Sarafand, Kolonia, Saris, Biddu, Lod, Bayt Surik,
Sasa, Balad al-Cheikh, hier Jenine , Gaza hier et aujourd'hui ont expérimenté
dans leur chair la mise en pratique des directives vétéro-testamentaires
en usage dans l'armée.
Déjà,
une première fois, il y deux millénaires environ, une
tribu de nomades en voie de sédentarisation rationalisait ses
meurtres et ses rapines en les attribuant à la volonté
et aux directives de son dieu personnel - un dieu qui aurait eu la chuzpah
de priver le peuple autochtone de sa terre et de propulser ses chouchous,
se qualifiant d'"élus", sur un territoire qu'ils
trouvaient à leur goût. Pour la deuxième fois dans
l'histoire, un groupe humain qui se réclame de la même
divinité s'installe sans complexes dans des " grandes
et belles villes qu'il n'avait pas bâties", habite avec
bonne conscience , dans des "maisons pleines de toutes sortes
de biens qu'il n'avait pas remplies" et utilise tranquillement
des "citernes creusées qu'il n'avait pas creusées".
Sans le moindre regard pour la population expropriée et volée,
il jouit des récoltes de "vignes et d'oliviers qu'il
n'avait pas plantés". (Deutéronome, 6,10, trad.
Osty) "Cette terre est à nous, c'est notre Dieu qui nous
l'a donnée", hurlent à tue-tête des colons
déchaînés, la kalachnikov à portée
de main.
Les scribes du VI e siècle ont eu non seulement la candeur d'avouer
les spoliations de la population autochtone auxquelles a procédé
cette tribu lors de la première invasion, mais de s'en faire
un titre de gloire. Or, pas plus à cette époque qu'aujourd'hui,
ce territoire n'était "vide" et en attente d'envahisseurs.
Un minimum de connaissances historiques permet de balayer les prétentions
des hagiographes de cette religion qui rêvent de transformer leurs
propres écrits mythologico-théologiques en registres cadastraux
ou en actes notariaux.
Les
légendes et les récits mythiques datant d'un millénaire pour certains,
transmis oralement puis collationnés et mis en forme par des scribes
à partir du VIe siècle avant notre ère dans une perspective d'auto-justification
politique, puis triturés, ruminés et délayés par des rabbins autoritaires
dans les plaines de Russie ou d'Ukraine à partir du Xème
siècle - date de la conversion au judaïsme de groupes de
populations d'Europe orientale ou de territoires asiatiques - ces récits
légendaires, dis-je, ainsi que la glose talmudique qui en découle,
nourrissent le terreau sur lequel a prospéré l'arrière-monde
psycho-religieux des nombreux immigrants originaires d'Europe de l'Est
et de Russie. Ce
sont eux qui composent la strate dominante du mille feuilles de la colonie
de peuplement en passe de conquérir la Palestine tout entière.
Ainsi, sur les quinze premiers ministres de l'actuel Etat Israël, treize
sont issus d'Ukraine, de Pologne, de Russie, de Lithuanie, de Bielorussie,
de Moldavie et seuls deux sont nés en dans la Palestine sous mandat
anglais, sans précision sur la provenance des parents, mais ceux-ci
étaient probablement natifs des mêmes régions d'Europe orientale.
Il
en résulte des cerveaux bunkerisés par un mélange d'arrogance
- liée à une auto-proclamée "élection" divine - et de
victimisation professionnelle brandie comme un bouclier à chaque critique
de leurs exactions. L'idéologie biblico-victimaire des dirigeants
de cet Etat et d'une grande majorité de la population les rend incapables
de communiquer avec leurs voisins autrement que par la violence, le
mépris et la domination. C'est pourquoi seule une anthropologie critique
permet d'ouvrir l'interprétation de la politique des nations à
la psychophysiologie des peuples qui les composent.
(Voir les nombreuses analyses de théopolitique de Manuel
de Diéguez
sur ce thème )

Le
général Gaby Ashkenazi, chef d'état major de la glorieuse "guerre"
contre les civils de la bande de Gaza.
Primo
Lévi semble avoir perdu confiance dans un possible sursaut moral
de l'Etat d'Israël. Et pourtant "j'étais un homme",
écrivait pudiquement, mais avec un chagrin si insurmontable qu'il
l'a conduit au suicide, un rescapé de l'avant-dernier jardin des supplices.
Que dirait aujourd'hui Primo Levi aux suppliciés de Tsahal à Gaza traités
comme on n'ose plus traiter les animaux? Peut-être leur lirait-il
le Discours
sur le colonialisme de notre grand poète martiniquais,
Aimé Césaire :
"Nul ne colonise innocemment. (…) Une nation qui colonise, une
civilisation qui justifie la colonisation - donc la force - est déjà
une civilisation malade, une civilisation moralement atteinte, qui,
irrésistiblement, de conséquence en conséquence, de reniement en reniement,
appelle son Hitler, je veux dire son châtiment."
le 11 novembre 2009