Dans son éditorial du 16 mars 2007 sur France-inter , M. Bernard Guetta
écrivait :
"
La présidence du conseil israélien a catégoriquement rejeté toute idée
de contacts avec le nouveau gouvernement palestinien d'union nationale
formé hier. La raison de ce refus est claire. Il tient au fait que "
malheureusement, la plateforme de ce gouvernement n'inclut, ni explicitement
ni implicitement, les trois principes internationaux de la reconnaissance
d'Israël, de l'acceptation des accords passés et du renoncement au terrorisme
".
Une
fois de plus Israël est présenté en situation de victime et la résistance
à l' occupation est assimilée au terrorisme.
La
Palestine, mauvaise pioche, apparaît comme le vilain canard qui empêche
le globe de tourner rondement et la félicité de s'installer dans l'univers.
Cette présentation défie à ce point la réalité et le bon sens
que seul le grand Molière peut aider à en mesurer l'iniquité.
Il
me pardonnera de m'être engagée dans le sillage de son Tartuffe
ou l'Imposteur
Orgon
: Mes chers amis, vous voulez bien souffrir, pour m'ôter de souci, que
je m'informe un peu des nouvelles d'ici. Comment est-ce qu'on s'y porte
?
Dorine : Un égout à Gaza explosa, un fleuve d'excréments
un village entier submergea et huit Palestiniens d'un seul coup noya.
Orgon : Et
Tartuffe ?
Dorine : Tartuffe cynique et insouciant, la seule usine électrique
de la région bombarda et le pompage des eaux d'égout empêcha, l'argent
palestinien confisqua, transports de matériaux , travaux d'aménagement
et réparations empêcha .
Orgon : Le
pauvre homme !
Dorine
: Le peuple de Gaza comprimé, affamé, prisonnier, assoiffé, d'un génocide
cruel est menacé. Maladies, malnutrition, assassinats chaque
jour le tourmentent. Pas de sécurité, frontières aériennes,
maritimes et terrestres par Tartuffe bloquées .
Orgon
: Et Tartuffe ?
Dorine : Tartuffe gros et gras, le teint frais et la mine vermeille,
orteils en éventail, béatement sommeille. Parcs, serres, piscines,
jets d'eau et jardins narguent la misère des Palestiniens. Parfait professionnel,
grand imposteur, manipulateur habile, il se plaint, pleure , gémit,
prend le ciel à témoin. Urbi et orbi, il se clame
victime. Oeil aux aguets et oreille en alerte, il accuse à tout
vat et cloue au pilori le moindre opposant à son infamie. Sans sourciller
, bruyamment il dénonce un funeste complot contre son ethnie ourdi.
Orgon
: Le pauvre homme !
Dorine
: Jour après jour les terres palestiniennes , comme peau de chagrin
au soleil rétrécissent. Prisons à ciel ouvert, goulags, officiellement
fleurissent . Murs de béton, portes blindées, checkpoints et terminaux,
interdits et barrages en masse, sur le terrain égrènent et cadenassent
mille et un bantoustans . La population entière, traquée, humiliée ,
affamée, persécutée partout ils harassent. L'enfer que Dante a rêvé,
en Palestine est maintenant créé.
Orgon
: Et Tartuffe ?
Tartuffe
: Tartuffe,arrogant et sûr de lui, étend impunément ses colonies.
Sans foi ni loi, en profondeur il progresse et grignote sans vergogne
la Cisjordanie . Plus de deux cents d'entre elles par des routes aux
colons seuls réservées il a déjà entre elles astucieusement reliées.
Racisme et apartheid au grand jour s'épanouissent et engloutissent la
vie des Palestiniens .
Orgon : Le pauvre homme !
Dorine
: La soldatesque de l'occupant selon son bon plaisir villes et villages
investit. Règles du droit ou de la morale au diable elle envoie. Les
sentiments humains de sa botte elle écrase et des enfants palestiniens
fait des boucliers humains . Crimes et humiliations sont des Palestiniens
le triste lot quotidien.
Orgon : Et Tartuffe ?
Dorine
: Tartuffe, de la vertu de son armée effrontément se vante. Il nie toute
exaction et son culot monumental tue la contestation. Tours et logements
sur les terres aux Palestiniens impudemment volées jaillissent chaque
matin . Rapines et infractions par centaines se comptent. L'administration
civile et militaire les colons imperturbablement soutient et de tous
leurs délits elle se fait la complice. De ses propres lois et de toute
morale, Tartuffe gaillardement se raille. Jusqu'au plus haut niveau,
politiciens et fonctionnaires dans les magouilles grouillent et barbotent.
Ils complotent, accaparent, volent et a posteriori légitiment
fraudes et délits.
Orgon
: Le pauvre homme !
Dorine
: Le monde entier l'infamie soutient , et méchamment punit les Palestiniens
d'avoir démocratiquement choisi leur gouvernement et ses propres principes
froidement il renie. A toute résistance, terroristes ! crie l'Europe.
A genoux, répond l'écho. A toute contestation, terroristes ! vocifère
l'Amérique. A mort l'écho.
Orgon
: Et Tartuffe ?
Dorine : Tartuffe se frottant les mains paisiblement attend et
d'un Etat sans frontières exige reconnaissance. Mais à la Palestine
il dénie l'existence. Il somme le Hamas de venir humblement dans sa
main mendier son pain quotidien . A genoux et la corde au cou, il doit
de ses rapines officiellement l'absoudre .
Orgon : Le pauvre homme !
Dorine : Eh bien, Monsieur, je m'en vais de ce pas au monde annoncer
que de la fière Démocratie, l'étendard flamboyant en haillon s'est mué
et qu'à travers les trous de son idéal s'étale aux yeux de tous l'obscénité
du Mal. Fraternité, Paix et Justice se sont , par maléfice , en racisme,
colonialisme , expansionnisme sous nos yeux transformés. En même temps
que la misère des Palestiniens, nous pleurons la mort d'un beau rêve
humain.

Le 3avril
2007