1 - L'horloge de la mort
2 - Les flatteurs des puissants
3 - La corruption de la classe dirigeante
de la France
4 - Les nouveaux " jeunes chefs "
5 - Que de ruse et de candeur mêlées !
6 - Le mode de recrutement et son extension
à l'Europe
7 - Un cas paradigmatique, M. Alain Juppé
8 - Le double jeu des agents d'influence
9 - Une démocratie militaire
10 - Attrape-nigauds, simulacres, contrefaçons
et tutti quanti
11 - La sotériologie démocratique
12 - Les ensorcelés
13 - Pour une métazoologie de la
géopolitique
Post-scriptum
1
- L'horloge de la mort
Il est des heures où le fleuve du temps semble ralentir
sa coulée, tellement la légèreté des jours paraît prendre
le pas sur le train plus pesant de l'histoire. Alors le
ralentissement des horloges paraît donner de l'éclat à un
monde immobile. Mais la fixité soudaine des écrans donne
également le signal du basculement d'une civilisation dans
le vide. Il en est ainsi de l'Europe au souffle coupé :
son vol dans un ciel déserté souligne l'effacement du continent
de la pensée.
Jamais
encore les nations du Vieux Monde n'avaient quitté l'arène
de leur propre histoire, jamais encore la patrie de la raison,
jamais encore le coin de terre qui a servi de berceau aux
mathématiques et à la musique, à la philosophie et à la
géométrie, à l'histoire et à la politique raisonnées n'avaient
déclaré une guerre des ventres à un membre glorieux de la
famille, tellement la géographie imposait un voisinage naturel
des têtes et des cœurs.
Mais les circonstances de cette dislocation des âmes et
des cervelles éclairent l'évènement en retour et le placent
dans la lumière de nos retrouvailles avec le tragique grec:
c'est sur l'ordre d'un tyran étranger que Paris, Rome, Madrid,
Berlin ont tenté d'affamer la patrie de Tolstoï et de Dostoïevski,
c'est une Europe vassalisée qui n'a mis un terme à sa trahison
d'elle-même qu'en raison du tarissement brutal de ses profits
commerciaux avec sa victime, c'est une Europe opprimée par
un mythe de la Liberté dont son délivreur de 1945 brandit
trompeusement le drapeau sur sa tête, c'est une Europe domestiquée
par un empire en expansion messianique qui a jugulé une
civilisation de la lucidité et de la mesure. Quelle honte
que ce ne soient pas sa tête et son cœur qui aient contraint
l'Europe à battre en retraite, mais seulement l'amaigrissement
de son gousset. Le temps de l'histoire s'accélère dans les
siècles de la volonté et du courage, il traîne la patte
quand la lâcheté et la honte retardent l'horloge de la mort.
2 - Les flatteurs des puissants
Mais
l'eau sale de la servitude n'arrose jamais que le fumier
qui la reçoit; et, bien souvent, le paysage s'éclaire à
la lumière de la bassesse, bien souvent la lucidité s'éveille
dans la suffocation des consciences, tellement l'infamie
est aussi une sentinelle en alerte. C'est dans la pestilence
de son abaissement que le Vieux Continent a commencé d'observer
ses chaînes et ses garrots. On se demande maintenant pourquoi
le bâillonneur est devenu si puissant, alors que le prisonnier
à ligoter demeure tellement faible et misérable qu'il ne
mérite pas, semble-t-il, des barreaux de cette taille. On
commence de s'apercevoir que l'Europe est tombée dans les
mains du plus puissant empire que le monde ait jamais vu
régner.
Mille
soixante quinze forteresses, garnisons et places fortes
du maître enserrent le globe terrestre. La flotte de guerre
du géant des mers sillonne tous les Océans du globe. Sa
monnaie dicte sa loi à tous les marchés. Sur les cinq continents,
les matières premières augmentent leur prix ou l'abaissent
à l'écoute de sa voix, sur les cinq continents, les banques
craignent ses froncements de sourcils, partout, le coût
du crédit dépend du bon vouloir de cet Hercule des taux
de change, partout les nations vassalisées se pressent à
sa porte, partout ses agents bâillonnent l'économie des
peuples que ce César montre du doigt. L'ami bien en cour
étale ses rubans, l'ennemi en disgrâce tremble et pâlit.
Que
voulez-vous, il se trouve que quatre-vingt dix-huit pour
cent des humains sont nés craintifs et le restent jusqu'au
trépas, que voulez-vous, la peur est la reine du monde,
que voulez-vous, la Démocratie d'un sépulcre blanchi dispose
des armes les plus modernes de la terreur. Un journaliste
candide demandait à Sergei Lavrov, Ministre des affaires
étrangères de la Russie, s'il ne se sentait pas isolé parmi
tant d'Etats hostiles à son pays. Un éclat de rire lui répondit:
"Je passe sept heures sur huit à écouter les ambassadeurs
des Etats asservis. Ces malheureux viennent pleurer dans
mon gilet et je les vois tout transis". Sachez que le
despotisme américain règne par l'épouvante qu'il inspire
aux prudents, apprenez que la religion de la Justice, du
Droit et de la Liberté fonctionne sur le modèle des religions.
Les Grecs disaient de la leur: "La sagesse commence par
la crainte des dieux".
3 - La corruption de la classe dirigeante
de la France
Mais
la peur du fouet n'est pas le seul moteur de l'hégémonie
durable du tyran de la Maison Blanche: jamais aucun empire
n'avait seulement songé à fonder son omnipotence sur l'achat,
à titre préventif et d'une génération à la suivante de toute
la classe dirigeante de ses vassaux. L'exemple de la France
est particulièrement éloquent sur ce point focal. Ce pays
est le seul au monde à se forger quatre-vingt dix-huit pour
cent de ses élites politiques sur les bancs d'une seule
et puissante entreprise d'Etat, l'école nationale d'administration.
Quelle proie bien apprêtée pour un empire toujours aux aguets
et prêt à bondir sur son gibier!
C'était
tout sourires que les Perses vaincus appelaient chez eux
un Thémistocle vacant et prêt à se laisser capturer - l'ingratitude
de ses compatriotes avaient rendu le achetable le vainqueur
de la bataille de Salamine. Et maintenant, il suffit à Washington
d'inviter systématiquement les élèves issus d'un séminaire
d'Etat à venir "s'instruire" des bienfaits que le messie
d'une démocratie mondiale est censé répandre sur notre astéroïde
pour que les phalanges de futurs responsables des affaires
du pays de 1789 se trouvent inhibés à vie et dans leurs
résolutions les plus décisives - celles qui commandent leur
conduite sur la scène internationale.
Car l'esprit des mordus de ce picotin demeure relativement
intact sur l'accessoire ; mais si la nourriture d'un Etat
dans l'arène du monde se réduit au fourrage de la bureaucratie
du cru, le pays de Descartes et de Montaigne placera chaque
année aux commandes de son destin des régiments de manchots
de la géopolitique. Ni la connaissance de l'histoire, ni
celle de la philosophie ne figureront dans la trousse d'une
France réduite à la dictature de ses guichets.
Comment
une élite européenne de ce type chasserait-elle de son territoire
les camps militaires de l'étranger qui y bivouaquent depuis
trois quarts de siècle, comment ces petits administrateurs
ne se trouveraient-ils pas en conflit, dans leur for intérieur,
entre leur devoir envers leur pays occupé et leur gratitude
pour un empire qui leur a offert l' hospitalité et témoigné
mille égards tant pour leur jeunesse ambitieuse que pour
leurs mérites encore méconnus? Un seul de ces dirigeants
a demandé qu'on le rayât de la liste officielle des patriotes
rendus schizoïdes pour la vie, M. Dupont-Aignan. A l'heure
actuelle, les anciens " jeunes chefs " invités aux Etats-Unis
dès leur sortie de l'école nationale de la politique comptent
le Président de la République lui-même.
4 - Les nouveaux "jeunes chefs"
En
1981, lors de l'accession au pouvoir d'une gauche française
encore branchée sur l'évangélisme et le messianisme des
marxistes, le Département d'Etat, le Pentagone et les services
secrets américains - notamment la Central Intelligence
Agency (CIA) - ont décidé de se doter d'un organisme
plus efficace et d'un commandement ultra centralisé, qui
programmerait plus sûrement les cerveaux politiques les
plus prometteurs du Vieux Monde. Il s'agissait de gagner
non plus seulement la crème des anciens élèves de l'Ecole
Nationale d'Administration mais, selon les propres termes
de l'administration américaine, "les hommes et les
femmes capables d'occuper des postes-clés dans l'un et l'autre
pays". Cette chasse programmée aux personnalités
responsables dans tous les ordres de l'action et du savoir
"rassemble aujourd'hui quatre cents dirigeants d'entreprise,
des chefs de la haute fonction publique, des généraux, des
responsables des médias et des guides de la recherche scientifique".
Mais, depuis lors, le peloton des quatre cents pionniers
originels sont devenus, plus d'un millier de vigies et de
sentinelles du Nouveau Monde et leur phalange occupe tous
les points stratégiques, tant dans la société civile française
qu'au sein de l'Etat.
Voici
une liste non exhaustive des deux dernières fournées
(2013-2014) de volontaires au service de l'empire:
Nicolas Escoulan, Directeur de la Rédaction
d'Europe 1 (2014) , Frank Gervais, Président-Directeur
Général de Thalys International (2014), Le
Lieutenant-Colonel Jean
de Monicault, Rédacteur du Chef d'Etat-Major
des Armées en charge des affaires stratégiques au
Ministère de la Défense (2014) , Alexis Morel,
Directeur de la Stratégie de Thales (2014),
Abdel Malek Riad, Conseiller économique du Président
de l'Assemblée Nationale (2014) , Julien Aubert,
Député du Vaucluse, Assemblée Nationale (2013),
Jérôme Chapuis, Rédacteur en chef adjoint, RTL
(2013), Benoit Claveranne, Directeur Général,
AXA Prévoyance et Patrimoine, AXA France (2013),
Matthias Fekl, Député de Lot-et-Garonne, Assemblée
Nationale (2013), Caroline Flaissier, Director
of Procurement and Portfolio Management, TOTAL Energie
Gaz (2013), Renaud Guidée, Executive Director,
Goldman Sachs, Vincent Menuet, Head of Contracts
and Marketing, Customer Services, Airbus (2013),
Capitaine de frégate Philippe
Naudet, commandant le sous-marin nucléaire
d'attaque " Améthyste " (2013), Vanessa Scherrer,
Directrice Adjointe, Ecole des Affaires Internationales,
Sciences Po Paris (2013), Myrto Tripathi, New
Builds Reactors, Offer Director, AREVA.
|
5
- Que de ruse et de candeur mêlées !
A
lire attentivement la liste des agents publics d'un service
nullement protégé par le secret militaire, puisque le système
se trouve désormais habilement déguisé en une sorte de conseil
paroissial à l'échelle de la nation, on se pose des questions
indiscrètes sur l'esprit d'orthodoxie qui paraît inspirer
des citoyens français censés d'une "bonne volonté" pastorale
à l'égard d'une puissance étrangère. Mais pourquoi se donner
la chasuble innocente d'une démocratie de patronage? Les
démocraties messianiques s'apparenteraient-elles au scoutisme
politique qu'elles affichent? Que de ruse et de candeur
mêlées ! Ne croyez pas que les apôtres de ce patriotisme
vertueux ne se doutent de rien. Leur mission catéchétique
de convertisseurs et de moralistes américains n'est que
leur masque d'agents doubles - ils assument pleinement leur
vocation de serviteurs et de catéchètes d'un empire étranger.
Voici quelques noms de "Young Leaders" des
générations de 1981 à nos jours (Source : Annuaire
des Young Leaders)
Henri de Castries (1994, président du directoire
du groupe Axa) Emmanuel Chain (1999, journaliste)
Jérôme Clément (1982, président d'ARTE) Laurent
Cohen-Tanugi (1996, ancien vice-président de
Sanofi-Synthélabo) Annick Cojean (2000, journaliste
au Monde) Jean-Marie Colombani (1983, fondateur
de Slate et ancien directeur du Monde) Matthieu
Croissandeau (2002, rédacteur en chef adjoint
du Nouvel Observateur) Jean-Louis Gergorin (1994,
ancien responsable d'Airbus ) Nicolas Gaume
(1999, PDG de Mimesis Republic et président du
Syndicat national du jeu vidéo) Bernard
Guetta (1981, journaliste à France Inter)
François Hollande (1996,
président de la République française) Stéphane
Israël (2012, directeur de cabinet d'Arnaud Montebourg
puis PDG d'Arianespace) Erik Izraelewicz
(+1994, directeur du Monde) Jean-Marc Jancovici
(2002, ingénieur consultant pour l'ADEME, vulgarisateur
dans les médias des questions énergétiques)
Jean-Noël Jeanneney (1983,
président de la Bibliothèque nationale de France)
Laurent Joffrin (1994,
PDG de Libération) Alain
Juppé (1981, maire de Bordeaux, ancien
premier ministre et différents postes de
ministre) Sylvie Kauffmann (1998, journaliste
au Monde) Yves de Kerdrel (2005, éditorialiste
au Figaro) Nathalie Kosciusko-Morizet ( 2005,
ancienne ministre de Nicolas Sarkozy ) Pierre
Kosciusko-Morizet (2008, PDG de PriceMinister)
Marie Lajus (2006, préfète déléguée pour l'égalité
des chances) Anne Lauvergeon (1996, ancienne
présidente d'AREVA) Philippe Le Corre (2005,
professeur à SciencesPo et à l'IRIS) Frédéric
Lemoine (2007, directeur du groupe Wendel, à
ce titre administrateur de Saint-Gobain) François
Léotard (1981, ancien ministre de la Défense)
Bruno Le Roux (1998, député depuis 1997 et président
du groupe socialiste à l'Assemblée depuis 2012)
Pierre Mariani (1996, directeur de cabinet de
Nicolas Sarkozy de 1993 à 1995, puis responsable
à BNP Paribas et enfin dirigeant de Dexia) Alain
Minc (1981, conseiller politique, économiste,
essayiste et dirigeant d'entreprise) Arnaud
Montebourg (2000, ancien ministre de l'Économie)
Aquilino Morelle (1998, ancien conseiller politique
au cabinet du président de la République François
Hollande) Pierre Moscovici
(1996, ancien ministre de l'Économie et des Finances,
commissaire européen) Philippe
Naudet (2013, commandant du sous-marin
nucléaire d'attaque Améthyste (S605), possible futur
chef d'état-major des armées) Olivier Nora (1995,
président des Éditions Fayard) Christine Ockrent
(1983, journaliste) Denis Olivennes (1996,
président d'Europe 1) Valérie Pécresse (2002,
ancienne ministre de l'Éducation nationale) Éric
Raoult (1994, ancien député et ancien ministre)
Alain Richard (1981, ministre de la Défense tout
le long du gouvernement Jospin) Pierre Richard
(1984, fondateur et président de Dexia de 1987
à 2008) Pascal Riché (2000, co-fondateur
de Rue89) Guy Sorman (1982-1984, essayiste
libéral) Jacques Toubon (1983, député UMP)
Marisol Touraine (1998,
ministre des Affaires sociales et de la Santé) Najat
Vallaud-Belkacem (2006, ministre des Droits
des femmes puis ministre de l'éducation nationale)
Laurent Vigier (2010-2011, PDG de la branche
internationale de la Caisse des dépôts et consignations)
Cédric Villani (2012-2013, Médaillé Fields, en
tant que membre d'EuropaNova) Emmanuel
Macron (2012, ministre de l'Économie,
de l'Industrie et du Numérique)
|
6
- Le mode de recrutement et son extension à l'Europe
Depuis
1981, la nouveauté révolutionnaire de la version à visage
apparemment découvert de cette ecclésiocratie démocratique
donne aux chefs américano-français de la nation la cohésion
d'une phalange macédonienne. Celle-ci se révèle crûment
dans le mode individualisé de recrutement des candidats:
ils ne sont plus recherchés en secret par le Département
d'Etat américain et par la CIA. En raison de l'américanisation
avancée du monde actuel, ils se présentent spontanément
et en pleine connaissance de cause à leur employeur. Leur
première qualité, aux yeux de Washington, est de se montrer
inspirés par une volonté propre et clairement affichée de
se mettre au service de l'eschatologie démocratique américaine
et de se donner à juger sur le critère de la sotériologie
immanente au monde moderne.
En 1976, leur apostolat larvé était officialisé, puis pesé
par James Lowenstein, James Chase et Nicolas Wahl.
Les deux premiers examinateurs de leur candidature étaient
membres du très influent Council of Foreign Relations
(CFR) où s'élabore la politique étrangère américaine.
Quant à Nicolas Wahl, il leur servait de conseiller en tant
que professeur de sciences politiques. Mais le but est demeuré
de recruter chaque année et dans un espeit sourcilleux de
l'orthodoxie des " candidats français susceptibles d'occuper
de hautes responsabilités".
En 2011, Daniel Cohn-Bendit a pris la tête de l'European
Young Leaders. On sait que les documents déclassifiés
par l'Administration américaine en été 2000 ont apporté
la preuve écrite que l'homme de mai 1968 a été constamment
financé par les services secrets américains. De nos jours,
le financement du service secret des "Friends of Europe"
bénéficie de 428.940 € (24% des ressources) d'institutions
"européennes et internationales" telles que l'UE,
l'OCDE, mais aussi le FMI et la Banque Mondiale situés à
Washington. Il faut y ajouter 952.840 € (56,7% des ressources)
"d'entreprises privées". Le fonds des "Amis de l'Europe"
- ou plutôt des "Amis de l'Amérique" - est notamment
dirigé par Jean-Luc Dehaene, ancien Premier ministre belge
et ancien vice-président de la Convention pour l'Avenir
de l'Europe et par Pascal Lamy, Directeur Général de l'OMC.
7 - Les cas paradigmatiques de M. Alain
Juppé de nos sous-mariniers d'assaut
En 2014, Alain Juppé, maire de Bordeaux, recevait
en grande pompe les "lauréats" français et américains
de l'année. Arrêtons -nous un instant à l'examen de ce cas
paradigmatique: recruté dès 1981 dans la première légion
du salut démocratique américain, cet ancien élève de Normale
Supérieure de la rue d'Ulm et de l'ENA était-il coupable,
à l'âge de trente sept ans à peine, de troquer le monastère
de la piété marxiste déclinante ou celui des dévotions de
la gauche pour les services liturgiques du capitalisme de
Wall Street? Cet innocent "aux mains pleines", comme on
dit, ce faux naïf est-il coupable, pour le moins, d'imprudence
pour s'être soumis motu proprio à la procédure imposée
aux ambitieux américano-français? Pouvait-il prévoir qu'il
appellerait un jour les troupes américaines à débarquer
en Yougoslavie et qu'il permettrait au Pentagone d'installer,
au cœur de ce pays, la base militaire américaine la plus
puissante du monde, celle de Bondsteel dans un Kosovo proclamé
indépendant en raison, précisément, de son ralliement forcé
au drapeau d'une démocratie américaine désormais planétarisée?
Savait-il qu'il placerait un jour son pays sous le commandement
militaire exclusif de l'Amérique en Libye?
Peut-être
n'a-t-il découvert que tardivement, le rôle réel qui lui
est dévolu aujourd'hui. Car sa vision actuelle de la géopolitique
ne porte pas encore sur la course effective du monde. Il
ne le voit pas se rendre à marches forcées en direction
de l'Est, alors qu'il réunit d'ores et déjà, les pièces
du procès des collaborateurs qui se seront livrés à l'occupant,
pieds et poings liés et de leur plein gré. Nous savons aujourd'hui,
comme il est rappelé ci-dessus, qu'ils se sont soumis en
pleine connaissance de cause aux critères précis édictés
par l'étranger et qui guident le choix - annuel et conjoint
- des candidats au titre et au rang de Young Leaders
en Amérique et en Europe.
Prenons un cas plus éloquent encore que celui de M. Alain
Juppé, celui du capitaine de frégate Philippe Naudet,
qui commande le sous-marin français d'attaque, donc à propulsion
nucléaire, l'Améthyste. Comment cet officier a-t-il
pu poser sa candidature et sur quels critères a-t-il été
retenu par les services secrets américains? Pour qu'il soit
considéré comme un "futur chef d'Etat-major des armées",
comme il est écrit noir sur blanc dans la notice qui le
concerne et qui figure dans le site officiel des Young
Leaders? Pour cela, il faut que des agents de l'étranger,
mais déguisés en benoîts défenseurs de la démocratie américaniste,
se trouvent en relations étroites avec Washington depuis
des années et qu'il en été débattu à un haut niveau de responsabilité
du Ministère de la Défense.
Il
est donc prouvé que notre flotte nucléaire est truffée d'agents
de l'étranger depuis belle lurette et que le pouvoir hiérarchique
dont il dépend a autorisé le Capitaine de frégate Philippe
Naudet (2013), ainsi que le Lieutenant-Colonel Jean
de Monicault, Rédacteur du Chef d'Etat-Major des Armées
en charge des affaires stratégiques au Ministère de la Défense
(2014) à présenter leur candidature et à se mettre au service
d'un pavillon étranger.
Si
vous scrutez à la loupe, année après année et des deux côtés
de l'Atlantique, la liste des Young Leaders exclusivement
sélectionnés par Washington, vous repèrerez aisément les
personnalités de haut rang appelées à se trouver en relations
suivies et évidentes avec les chefs du Pentagone et ceux
de la CIA.
8 - Le double jeu des agents d'influence
On comprend que personne en France ne se demande qui a mission
de centraliser et d'exploiter les renseignements que fournissent
ces rabatteurs et de les communiquer officiellement à qui
de droit. Quels sont les liens qui se tissent depuis 1981,
entre l'instance française et l'instance américaine? Quel
est le chef suprême de cette armée à la fois dédoublée,
tentaculaire et miniaturisée seulement en apparence? Imagine-t-on
l'influence inouïe qu'exerce en France un réseau transatlantique
à deux branches composées de centaines d'agents de haut
rang et étroitement interconnectés entre eux?
La naïveté politique des brebis de la grâce démocratique
a d'ores déjà éclaté au grand jour et à grand bruit, car
dans le passé, ces vigies dormantes et de "bonne foi", dit-on,
ont bien souvent et publiquement, dénoncé la vassalisation
de l'Europe par l'Amérique, et cela avec des accents de
sincérité troublants. Mais à l'heure où, sur l'ordre de
Washington, Paris, Londres, Berlin, Rome, Madrid, ont déclaré
une guerre économique stérile et idiote à la Russie, ces
"dormants" sont sortis comme un seul homme
de la .latence de leurs convictions réelles et se sont rués
sur le Staline artificiel et déguisé en potiche qu'on leur
montrait du doigt. Tel est le cas de MM. Guetta, Juppé et
de tant d'autres: la trahison est un plat qui se mange froid.
9 - Une démocratie militaire
On
comprend que la corruption insidieuse, doucereuse et rampante
des élites politiques, économiques ou médiatiques du Vieux
Monde ait joué un rôle essentiel dans la vassalisation de
cette civilisation biface: jamais les catéchisés d'une puissance
étrangère ne porteront un regard de l'extérieur sur le charmant
livre d'images à l'usage des enfants de Janus qu'on leur
met entre les mains et qui leur enseigne un messianisme
démocratique et une sotériologie politiques greffés sur
le calvinisme américain. Du coup, l'éducation nationale
française a pris le relais d'une histoire en bandes dessinées
de la démocratie américaine. C'est pourquoi il n'existe
aucun parti de la fierté nationale ou du patriotisme en
Italie, en France et en Allemagne - cela y paraîtrait "vieux
jeu", n'est-ce pas...
Il y a peu, un humoriste de talent, Beppe Grillo, avait
obtenu, aux élections législatives, un pourcentage étonnant
des voix du peuple italien. Mais on aurait cherché en vain,
dans son programme politique, un seul mot concernant l'occupation
du pays par cent trente sept camps militaires de l'étranger.
Non seulement Venise, Pise, Bologne, Florence sont des places
fortes américaines depuis trois quarts de siècle, mais Naples
est devenu un port américain aux yeux du droit international,
donc à titre perpétuel et par la volonté de l'Etat italien.
Qui se souvient de ce que Naples avait donné à l'empire
romain l'arme de guerre indispensable à la domination navale
de la Méditerranée, donc le seul moyen de succéder à Carthage
dans le commerce avec la Phénicie. Mais seul un chef d'Etat
étranger, Jacques Chirac, a tenté de redonner Naples à l'Italie.
L'histoire se répète : de même que la victoire de Scipion
l'Africain sur Hannibal avait été suivie de la conquête
romaine de la Sicile, de même, l'empire américain s'est
étendu à Syracuse sans que personne levât le petit doigt
et songeât un seul instant à faire comparaître M. Berlusconi
en haute cour. De même, Mme Merkel s'indigne, au nom du
mythe universel d'une Liberté habillée à l'américaine, de
ce que la Russie ait retrouvé la Crimée, mais elle ne songe
nullement à chasser de sa cuisine deux cents bases militaires
américaines incrustées en Allemagne depuis 1944. Le grotesque
des pot-au-feu du sceptre de la Liberté est devenu le pilier
d'une géopolitique du fantastique.
10
- Attrape-nigauds, simulacres, contrefaçons et tutti quanti
Ici encore, l'habileté de M. Barack Obama à l'égard d'une
Europe vassalisée à l'école de ses propres songes politiques
devrait attirer l'attention des anthropologues d'une géopolitique
tombée dans la folie. Mais, faute que l'école des sciences
politiques de la rue saint Guillaume traite d'un sujet aussi
épineux que celui de la vie onirique de la politique (-
L'Europe,
un asile d'aliénés - La modernité de
L'Eloge de la folie d'Erasme
, 5 décembre 2014),
les relations de la Russie avec l'Ukraine sont subitement
devenues l'épicentre démentiel de l'histoire des microcéphales.
Les Etats-Unis font glisser à grand bruit l'échiquier d'un
monde asilaire en direction d'une nouvelle "guerre froide",
alors que, sur les mille soixante quinze camps militaires
évoqués ci-dessus, un demi-millier sont censés défendre,
l'arme au pied, une Europe qu'aucun ennemi ne menace. La
puissance effective des empires d'hier et d'aujourd'hui
n'est jamais autre que celle dont s'imprègne leur présence
militaire tour à tour tonitruante et tranquille et non celle
de la prétendue puissance guerrière d'un adversaire rendu
imaginaire. Les vassaux sont consentants à leur mise doucereuse
sous le joug pacificateur de leur maître.
On a pu le vérifier à nouveau en 2010 quand, aux applaudissements
ravis d'une bonne ménagère, Mme Merkel, Washington a réussi
à disqualifier l'arme nucléaire française et à lui substituer
son propre baudrier salvifico- mythique. Où le Ministre
de la Défense et le Ministre d'Etat de M. Sarkozy se cachait-il?
Il s'appelait Alain Juppé. Et en novembre 2014, il prônait,
sous la pression de la Maison Blanche, le refus de livrer
le Mistral à la Russie. Qui peut croire qu'un homme d'apparence
"gaullienne" aurait soudainement tourné casaque? Ne faut-il
pas chercher le ver dans le fruit et remonter à 1981?
Car
enfin, voyez le fonctionnement des têtes dichotomisées de
longue date par l'argent de l'étranger : non seulement le
Mistral n'est plus un signe voyant de la politique extérieure
de la France et de son honneur, donc du type de présence
de notre pays sur la scène internationale, mais un produit
industriel déloyal et construit en cachette. La France devient
un boutiquier attentif à la prospérité de son tiroir-caisse.
Pendant ce temps, M. Vladimir Poutine se comporte en chef
d'Etat: il substitue aux relations traditionnelles d'un
gros vendeur avec son petit client et d'un créancier obèse
avec son débiteur maigrichon une collaboration entre égaux
qui fera de l'Inde un producteur et un vendeur à son compte
d'hélicoptères de combat de la cinquième génération. La
vassalisation abêtit les deux parties, la souveraineté partagée
les élève côte à côte.
11
- La sotériologie démocratique
La
classe dirigeante européenne manque avant tout d'une connaissance
anthropologique, donc psychogénétique de la stratégie mondiale
qui commande l'expansion militaire du mythe démocratique.
Le modèle en remonte pourtant à la bonne conscience de l'Athènes
de Périclès. Comme au Ve siècle avant notre ère, les citoyens
d'un Etat victorieux s'identifient spontanément à la puissance
et au rayonnement de leur patrie dans le monde. A ce titre,
ils entrent en fureur au spectacle des obstacles, incompréhensibles
à leurs yeux, que des malappris et des ignorants sont censés
opposer à l'honnêteté viscérale de la foi qui chapeaute
d'angélisme les glaives aiguisés sur la meule de leurs victoires.
Dès le berceau, l'opinion publique américaine se trouve
messianisée à l'école du mythe eschatologique de la Liberté.
Cet empire, rendu sotériologique et rédempteur dès le berceau,
enrageait à la seule vue du Général de Gaulle, puis de Jacques
Chirac - et toujours pour des motifs de croisés du monde
vertueux des modernes. On se souvient que M. Jacques Chirac
avait eu l'outrecuidance de s'opposer à la "guerre sainte"
de la démocratie catéchisée en Irak, ce qui a contraint
le sorcier de la Maison Blanche à brandir sa fiole magique,
celle d'une apocalypse proclamée imminente. Six milliards
de simianthropes ignorants ont vu se ruer sur l'Irak des
armées de croisés privés de l'aval du bénisseur mondial
de la sottise qu'on appelle les Nations Unies. Certes, c'était
violer ouvertement le droit international qui sert de masque
apostolique au genre humain d'aujourd'hui. Mais pourquoi
la politologie pseudo scientifique actuelle se trouve-t-elle
réduite au rang d' un infirme cérébral, sinon du seul fait
qu'une classe dirigeante sous-informée manque d'une pesée
métazoologique de la boîte osseuse actuelle d'un animal
non encore parvenu à destination puisqu'il demeure en évolution.
12
- Les ensorcelés
Et
maintenant l'homme à faire haïr non seulement par trois
cent cinquante millions d'Américain, mais par un demi-milliard
d'Européens s'appelle Vladimir Poutine, dont le seul tort
est le même que celui du Général de Gaulle et de Jacques
Chirac : ces deux hérétiques n'avaient-ils pas la prétention
de demeurer d'aplomb sur leurs jambes et de défendre leur
pays face aux aliénés d'un mythe politique en expansion?
Par la faute d'une presse et d'une télévision évangélisées
en sous-main au seul profit d'un empire étranger, le monde
entier est devenu le nouvel agora où les citoyens d'Athènes
criaient leur indignation contre les adversaires de l'expédition
de Sicile à laquelle s'opposait un seul expert en politique,
un certain Périclès.
Mais
tout messianisme universalise le délire qui l'inspire: l'agora
est tombée dans une sotériologie sacralisée par ses bûchers.
Ses armes de guerre sont désormais celles d'un salut et
d'une rédemption du genre humain par la religion de la Liberté.
Comme au Moyen-Age, l'absolu sert de porte-drapeau mondial
à une politique de la "délivrance", à cette différence
près que la sotériologie laïque des modernes a pris le relais
de celle du salut de type monothéiste.
Dans
un contexte eschatologisé sur ce modèle, comment M. Juncker
donnerait-il à une civilisation aussi décérébralisée par
l'absolu qu'autrefois, comment M. Juncker, dis-je, donnerait-il
à un monde pseudo évangélisé par des abstractions sanctifiées
une lucidité et un élan de la raison qui ne peuvent résulter
que d'une intelligence capable de surplomber la pensée des
ensorcelés du XXIe siècle ? Cette raison-là, hélas, n'est
accessible qu'aux anthropologues du déclin des civilisations
délirantes. Car, pour la première fois au monde, l'angélisme
et l'utopie religieuse en folie deviennent non seulement
des acteurs, mais les protagonistes les plus puissants de
l'histoire semi-animale du monde.
13
- Pour une métrazoologie de la géopolitique
Si vous ne comprenez pas les règles du jeu en simiantropologues,
vous demanderez, comme M. Juncker, que les négociations
sur le traité transatlantique ne se déroulent pas en secret
- revendication sacrilège et qui a été enterrée dans les
dix jours, puisque les commissaires censés élus par le pseudo
Parlement supra-national de Strasbourg ne sont que les créatures
des Etats dépossédés d'avance de leur souveraineté par Washington
et dont chacun délègue au sein du pouvoir administratif
central un concitoyen précisément chargé de faire bonne
figure dans le rôle d'otage falot du mythe atlantiste qui
lui est assigné.
Certes, les croisades du Moyen-Age précipitaient des masses
immenses dans le sable et la poussière. On allait "délivrer"
un tombeau mythique et chu par malencontre dans les mains
des profanateurs. Puis, au XVIe siècle, la guerre de religion
entre les catholiques et les protestants a déchiré le simianthrope
entre, d'un côté, les consommateurs dominicaux de la chair
et du sang réputés "réels" d'un prophète crucifié un millénaire
et demi auparavant, de l'autre, les méditants d'une métaphore
riche de sens. Mais, en ce IIIe millénaire, la planète en
folie fait délirer des centaines de millions de cervelles
- on se rue sur le Satan qu'un empire de la sainteté démocratique
vous montre d'un index vengeur et justicier.
Faute de porter un regard de l'extérieur sur le cerveau
messianisé des semi-évadés de la zoologie, l'histoire et
la politique n'accèdent plus à une compréhensibilité qualifiable
de scientifique, donc de rationnelle. Ou bien Clio s'efforcera
de se rendre un peu plus pensante qu'autrefois et son récit
deviendra intelligible à une profondeur du "connais-toi"
inconnue des Anciens, ou bien les paramètres cognitifs du
passé rendront la muse de la mémoire plus titubante que
jamais au sein d'une espèce en attente d'un nouveau sacrilège,
celui d'un décryptage métazoologique de ses neurones.
Post
Scriptum 
J'écrivais
le 25 juillet :
"A
partir de cette date, et compte-tenu qu'on ne luttera efficacement
contre le naufrage de la langue française que si
le Président de la République et le Premier
Ministre se voient nommément mis en cause, je relèverai
quelques-unes de leurs fautes."
M. Manuel Valls 1 confond aussi et ainsi.
Aussi demande l'inversion, ainsi l'exclut.
On
dit: Ainsi nous sommes satisfaits.
2 - M. Hollande ignore que le verbe impulser n'est
pas français.
Le
19 décembre 2014