1
- Le faux est-il la santé, la passion de la vérité est-elle
une maladie ?
2
- Où l'évolution du cerveau simiohumain en est-elle ?
3
- L'inconscient originel du simianthrope
4
- L'universalité de l'inconscient politico-religieux
5
- La santé névrotique de la démocratie mondiale
6
- L'inconscient théologique de la démocratie
7
- La politologie de demain et le " complexe du léopard "
*
1
- Le faux est-il la santé, la passion de la vérité est-elle une
maladie ?
Apprenez
que Jean-François Kahn persévère et signe : M. Nicolas Sarkozy,
dit-il, serait fou à lier, mais "on ne peut pas le dire".
De telles
allégations devront vous instruire du contraste qui oppose la
brillance journalistique au sérieux de la pensée politique. Mais
seule une réflexion philosophique, donc anthropologique sur les
relations que l'humanité entretient avec son histoire sera en
mesure de vous armer d'une vraie science de la folie.
Qu'est-ce
que la démence ? Depuis Philippe Pinel (1745-1826), le souci constant
des spécialistes de cette pathologie fut de définir clairement
un dérangement cérébral aux symptômes aussi multiples que divers
et déconcertants. Mais le génie de Pinel est allé si loin qu'il
a pressenti la " normalité " d'une maladie dont la connaissance
scientifique exige une réflexion philosophique sur l'encéphale
de l'espèce simiohumaine . Deux de ses ouvrages, Nosographie
philosophique et Traité médico-philosophique de
l'aliénation mentale éclairent sa thérapie de l'identification
secrète du médecin au malade.
La médecine
d'aujourd'hui s'accorde à diagnostiquer une infirmité qui, non
seulement rend le sujet incapable de formuler une argumentation
raisonnée, donc d'élaborer un discours suivi et cohérent, mais
également de séparer distinctement le monde réel des assauts de
son imagination . Bien souvent le fou est sujet à des hallucinations
qui lui font prendre un objet pour un autre et qui le plongent
dans un chaos mental sans remède. C'est ainsi que le dément qui
a coupé la tête d'une infirmière à l'hôpital de Pau , il y a deux
ans, croyait sincèrement couper la tête d'un dangereux serpent.
Mais à quel moment la confusion entre le réel et le rêve devient-elle
une maladie ? Que deviendrait la science historique si cette pathologie
universelle s'exprimait au profit de la " folie douce "
des songes religieux qui bercent l'humanité ? Quand Benoît XVI
décide d'accorder un raccourcissement de leur séjour au Purgatoire
à des milliers de fidèles qui se rendront à Lourdes entre le 8
décembre 2007 et le 8 décembre 2008 , s'adresse-t-il à une humanité
en bonne santé mentale ou démente ?
C'est pourquoi,
depuis la Traumdeutung de Freud, parue en 1900,
la science du naufrage de la raison sépare vigoureusement la folie
de la névrose. Cette distinction se veut tellement radicale que
les spécialistes de la folie proprement dite s'appellent des psychiatres
et travaillent en milieu hospitalier, tandis que ceux qui soignent
des dérangements relativement bénins et guérissables de la conscience
de soi se qualifient de psychanalystes, c'est-à-dire de médecins
de l'inconscient banalisé et normalisé de l'humanité. Mais si
la névrose se présente sous les traits d'une folie atténuée et
majoritairement partagée par une société entière, où fera-t-on
passer la frontière entre un ennui de santé pour lequel on ira
consulter un homme de l'art et une maladie qui conduira à l'enfermement
du malade par l'intervention d'une tierce autorité?
Ne devenez
pas de nonchalants promeneurs entre le cabinet médical et l'asile,
ne devenez pas des badauds et des passants de Clio ; car la normalité
tenue pour l'expression de la bonne santé d'une époque se définit
à la lumière de critères fort variables d'une culture à l'autre.
Il s'agira, pour vous de savoir à quels critères vous reconnaîtrez
des névroses cristallisées et hiératisées par l'éducation - celles
qui se rendront transmissibles d'une génération à l'autre et qui
feront de l'erreur avérée le canon même de la vérité aux yeux
d'une époque. La distinction d'apparence universalisante entre
la raison solitaire et la déraison partagée de siècle en siècle
n'est donc pas aussi simple et évidente qu'il y paraît à l'opinion
commune et normalisée, parce que seule la question de la nature
des névroses collectives soulève le problème politique et philosophique
décisif que Jean-François Kahn néglige de traiter .
2 - Où l'évolution du cerveau simiohumain en est-elle
?
Depuis
des millénaires, les mythes religieux répondent au besoin viscéral
du simianthrope de ne pas se trouver livré à lui-même sous le
soleil, donc d'installer un guide et un protecteur sage et fiable
dans son imagination . Comment rendre crédible un personnage fabuleux
par définition? A quel moment s'agit-il d'un savoir et à quel
moment d'une névrose ? Quand Moïse s'absente pendant quarante
jours seulement sur le Mont Sinaï afin d'y recueillir les écrits
d'un acteur installé dans le vide du cosmos, il retrouve son peuple
dansant de joie autour d'un veau d'or tenu pour une divinité.
La crainte
et l'angoisse de ne jamais fêter le retour du prophète et du chef
militaire disparu dans la montagne où il était allé chercher la
caution du rassembleur suprême avait non seulement livré le simianthrope
à la panique, mais lui avait révélé sa chute dans la folie d'une
guérison qui le laisserait seul et sans le secours d'aucun totem
sous des étoiles devenues indifférentes à son sort. La crainte
et l'angoisse, déjà pascaliennes, de ne savoir à qui parler dans
l'immensité avaient provoqué en quelques heures le retour de l'idole
animale. Comment qualifier de névrotique la croyance que quelqu'un
vous regarde de loin ou de près? Mais votre futur recul d'anthropologues
à l'égard de l'espèce encore embryonnaire à laquelle vous appartenez
vous contraint, en tout premier lieu, à changer de tête , donc
à franchir une étape décisive dans l'évolution de la boîte osseuse
du simianthrope. Un siècle et demi après Darwin, il y a urgence
d'apprendre que vous n'avez pas d'autre interlocuteur dans le
cosmos que votre propre masse encéphalique et que vous vous trouvez
en guerre avec celle de vos congénères terrorisés depuis les origines.
Mais vos chromosomes sont-ils prêts à se trouver bousculés par
la réalité? Pouvez-vous précipiter l'évasion de votre crâne du
jardin d'innocence qui l'immunise contre le poison de la connaissance
ou bien avez-vous besoin du cancer de l'erreur pour survivre?
Du moins
pouvez-vous observer que la notion d'inconscient est demeurée
poussive un siècle durant, puisqu'elle souffre d'une amputation
de sa véritable signification médicale ; car une psychanalyse
étrangère au tragique de la condition semi animale demeure fondée
sur l'hypothèse faussement réconfortante selon laquelle l'humanité
serait globalement et majoritairement saine d'esprit. Cette illusion
permet de fonder une thérapie entière sur l'hypothèse selon laquelle
l'inconscient collectif réputé normal ne serait victime que de
dérangements ou d'atrophies individuelles certes troublantes,
mais néanmoins exclusivement locales et qu'on appellerait des
névroses. Mais comment jugeriez-vous sains d'esprit des peuples
entiers que vous voyez livrés dès le berceau à des éducateurs
chargés de les convaincre de l'existence d'un puissant acteur
vaporisé dans le cosmos, comme si toute la question se réduisait
à le planter durablement dans l' imagination fantastique du simianthrope
? Vous êtes les phalanges de l'évolution cérébrale d'une humanité
agenouillée devant trois démiurges qu'elle s'efforce de fondre
en un seul ; mais leurs doctrines demeurent incompatibles entre
elles et leur complexion n'a cessé de changer au cours des siècles.
3
- L'inconscient originel du simianthrope
Vous observerez
en premier lieu que Freud lui-même s'est contenté, au début, d'observer
les ruses et les faux-fuyants de l'inconscient social partiellement
perturbé ou dérangé de certains sujets bizarrement déconnectés
de leur groupe d'appartenance. Dans ce cas, le malade tente désespérément
de retrouver tout seul son équilibre psychique antérieur, c'est-à-dire
à réparer la barque qui le banalisait à le calquer sur l'inconscient
de la société dans laquelle il se trouvait confortablement immergé.
Il y emploie les moyens du bord et il y fait flèche de tout bois
; mais comment se fait-il qu'il cherche seulement à retrouver
sa folie, comme si un code immunitaire individualisé n'était jamais
qu'une coque percée et condamnée à faire eau de toutes parts ?
Comment se fabrique-t-il un calfeutrage psychique adapté à sa
carène et dont le caractère souvent obsessionnel exprime la difficulté
qu'il rencontre à l'installer parmi les rituels fossilisés qu'expriment
les redites convenues d'une folie collective dite "en
bonne santé " ?
Quand Freud,
qui avait l'esprit philosophique et qui se situait déjà dans la
postérité de Darwin, eut compris que les inconscients collectifs
illustrent nécessairement une structure innée du psychisme du
simianthrope, cette évidence anthropologique aurait dû le conduire
à une psychanalyse universelle de la condition simiohumaine, donc
délivrée des plâtrages et replâtrages de la " cure interminable
", parce que la notion d'inconscient ne devenait scientifique
qu'à la condition de se révéler révolutionnaire, comme toutes
les vraies découvertes. Mais, du coup, la psychanalyse était appelée
à conduire l'humanisme européen et mondial demeuré superficiel
depuis la Renaissance à une profondeur du "Connais-toi" inaccessible
à toutes les civilisations antérieures.
On sait
que Freud s'est principalement attaché à l'étude de l'inconscient
religieux de type monothéiste, lequel s'exprime par la croyance
relativement récente en l'existence d'un démiurge qui n'aurait
personne dans son dos et par la foi du sujet en une "parole
de vérité" sur laquelle il ne saurait s'autoriser à porter
un vrai regard, puisque l'idole est censée l'avoir progressivement
révélée à sa " créature " sous une forme doctrinale rédigée par
un secrétariat hautement assermenté. Mais l'angoisse grecque ne
remontait pas si haut : les dieux de l'Olympe se contentaient
d'apaiser et de protéger un monde déjà présent. Quant à remonter
jusqu'à la création de l'espace et du temps, le simianthrope n'y
pense pas ; car il perdrait toutes ses saintes Ecritures à courir
après un démiurge situé hors du temps et de l'espace. Et pourtant,
la réflexion de fond sur le politique ne saurait commencer seulement
en aval. Pour accéder à une psychanalyse de l'inconscient originel
du simianthrope, donc à une spectrographie de la folie propre
à une espèce " tombée dans le temps ", dit la sagesse des
mystiques, il vous faudra apprendre à observer la nature viscéralement
bifide de son encéphale.
C'est pourquoi
l'étude simianthropologique de la "folie" de M. Nicolas
Sarkozy nécessite une élaboration théorique étroitement articulée
avec une spectrographie de l'inconscient politique européen d'aujourd'hui
et, par delà, avec l'inconscient politique de l'espèce simiohumaine
tout entière.
4 - L'universalité de l'inconscient politico-religieux
Qu'y a-t-il
d'universel dans la découverte de l'inconscient semi animal du
simianthrope politico-religieux? Pour le comprendre, je vous ai
déjà raconté que la tribu des Dorzé est persuadée de l'entière
sincérité de la conversion du léopard au dieu Jésus ; néanmoins,
cette conviction, si louable qu'elle soit, n'empêche pas les Dorzés
de protéger toute la semaine leurs troupeaux des ravages de la
piété du léopard, donc également le jour où la dévotion du fauve
devient particulièrement édifiante ; car le vendredi, son âme
sauvée le contraint à jeûner jusqu'au lendemain, faute qu'il dispose
du poisson secourable dont les chrétiens se sont longtemps contentés
sous la menace de l'enfer.
Cet exemple
est d'une grande portée simianthropologique : car, dans toutes
les religions du monde, l'incrédulité refoulée s'exprime par l'adage
précautionneux : " Aide toi et le ciel t'aidera ". De même,
le catéchisme que M. Nicolas Sarkozy a appris à réciter dans son
enfance - il est né en 1955 - lui a inculqué plusieurs dogmes.
Le premier lui a enseigné que l'Amérique est le paradis de la
liberté et que cette nation n'est pas un prédateur-né, comme le
léopard, mais un missionnaire au cœur sur la main. Le second dogme
lui a appris que l'apostolat à la fois naturel et extra-terrestre
à sa manière du nouveau peuple élu en a fait pour toujours le
messie de la liberté dans le monde entier.
Cependant,
si sainte que soit la vocation politique et guerrière de l'empire
du pétrole, M. Nicolas Sarkozy n'en est pas moins fort dépité
quand le léopard fait fi de son chapelet et s'empare du marché
marocain du Rafale ; et il se dit que, la prochaine fois, il protègera
l'aviation de chasse française les jours de carême. De même, la
profession de foi de M. Nicolas Sarkozy devant le concile de la
Chambre des représentants et du Sénat d'outre -Atlantique réunis
pour la circonstance ne l'empêche pas de signer un contrat avec
le gouvernement d'Alger d'un milliard d'euros pour l'extraction
et l'exploitation d'une nappe de gaz d'une richesse considérable,
quoique située sur le territoire d'un Etat musulman - pour ne
rien dire du contrat espéré pour la construction d'une usine nucléaire
à usage civil. De même encore, les contrats pour vingt milliards
d'euros signés avec le dragon chinois témoignent de ce que le
simianthrope est à lui-même un fieffé léopard et qu'il n'est pas
question de lui demander de jeûner le vendredi. Enfin, la Lybie
est un léopard qui ne tient pas à porter la mitre. A ce titre,
elle est plus européenne que M. Nicolas Sarkozy , puisqu'elle
dit que l'euro a vaincu le dollar et que c'est un beau léopard
que cette monnaie-là . Ce n'est pas le colonel Kadhafi qui rêve
d'émasculer l'euro - il voit, lui, que ce fauve est gaulliste.
La psychanalyse
politique du genre simiohumain ne saurait donc accéder à l'approfondissement
anthropologique, donc universelle de la définition de l'inconscient
semi animal que cette notion appelait dès 1900 sans que vous vous
attachiez à l'étude de l'esprit religieux au sein duquel la schizoïdie
native dont souffre le cerveau du simianthrope apparaît en des
termes clarifiés par l'expression doctrinale d'une dogmatique
scindée à son tour et d'avance entre le politique et le sacré
; car, à l'instar des Dorzés, qui déposent leur léopard céleste
sur le rayon réservé à la partie onirique de leur encéphale, les
hommes politiques d'aujourd'hui cachent le dieu Démocratie sous
le tabernacle de leur espèce de justice, afin de présenter au
vu et au su du monde entier les idéalités aussi florissantes que
pieuses auxquelles ils adressent leurs prières. Quels sont leurs
sacrifices sur les autel au-dessus desquels ont voir voleter les
anges de leur langage ?
5 - La santé névrotique de la démocratie mondiale
Vous savez
maintenant que l'accusation de folie que Jean-François Kahn adresse
à Nicolas Sarkozy manque de fondement dans une science historique
articulée avec une connaissance simianthropologique de l'universalité
de l'inconscient schizoïde qui pilote les évadés du règne animal
; car une vraie psychanalyse du simianthrope est tenue de donner
un tout autre tour à l'examen proprement politique de la névrose
dont M. Nicolas Sarkozy ne souffre en rien, puisqu'elle est connaturelle
au genre simiohumain et exprime la bonne santé politique d'une
espèce dichotomisée de naissance. Quelle est donc la vraie question
à poser à la santé florissante de sa folie? Celle de savoir si
un homme d'Etat qui s'imagine sincèrement que les Etats-Unis seraient
un léopard chrétien est apte, au sens de l'art. 68 de la Constitution
du 6 février 2007, à présider aux destinées de la France et à
redonner son destin mondial à la nation de Descartes.
Car si
M. Nicolas Sarkozy ignore que les Etats-Unis sont un empire en
expansion, si M. Nicolas Sarkozy ignore qu'une démocratie mondialisée
est fatalement vouée à devenir un empire , si M. Nicolas Sarkozy
ignore que l'histoire de la planète enseigne cette évidence depuis
la démocratie athénienne et la République romaine, alors sa rétine
est trop pieuse pour recevoir l'image du léopard réel, mais seulement
celle du léopard universel des Dorzés, que les chrétiens appellent
" Dieu " et dont ils demeurent incapables d'observer la dichotomie
cérébrale native. Car la politique du démiurge biblique est copiée
sur celle de l'encéphale schizoïde du léopard des Dorzés ; et
les saintes écritures du léopard des nues le divisent entre son
ciel et les tortures éternelles de son enfer. C'est pourquoi le
fauve céleste fait main-basse sur un monde qu'il fait survoler
par les escadrilles de ses séraphins.
Apprenez
que les chrétiens ont beau être devenus dévots, leur léopard n'en
dispose pas moins de sept cent trente sept places-fortes, garnisons,
camps retranchés et bases navales répartis sur toute la surface
du globe terrestre. La vraie question à poser à Jean-François
Kahn est donc translucide : un homme d'Etat que son catéchisme
empêche de regarder droit dans les yeux un fauve converti à la
démocratie et dont les pattes sont partout est-il apte à exercer
la fonction politique et militaire dont le suffrage universel
l'a investi? Sera-t-il en mesure de mobiliser la France et l'Europe
pour la reconquête de leur indépendance théologique et militaire
? Sa servitude intérieure à l'égard du léopard de la liberté n'appelle-t-elle
pas une psychanalyse de la piété semi animale des descendants
d'un primate à fourrure ? Qu'en est-il du malade que le simianthrope
est à lui-même, du malade affligé d'un cerveau bipolarisé de naissance,
du malade dont les psychanalystes devront apprendre le fonctionnement
de sa boîte osseuse afin qu'il naisse de vrais hommes d'Etat ?
6
- L'inconscient théologique de la démocratie
Car enfin,
si M. Nicolas Sarkozy est un Dorzé au service du Dorzé suprême
que le peuple souverain est devenu aux yeux des simianthropologues,
et s'il croit que le léopard est un fauve converti au christianisme,
vous pensez bien que cette découverte ne présente un intérêt politique
pour le monde entier qu'à la condition que le genre simiohumain
et son Dieu soient à son " image et ressemblance ", comme disent
les Ecritures. Vous devez donc vous demander pourquoi, pour la
première fois dans l'histoire du simianthrope, un puissant empire
étranger parvient à occuper le territoire d'un continent plus
civilisé que lui sans faire étalage de la force de ses légions
et sans lever le glaive sur la tête de ses vassaux. Pour cela,
il faut bien que l'instinct de dépendance et de soumission soit
inné chez le simianthrope . Vous devrez donc vous demander d'où
vient un penchant aussi invincible et pourquoi il se rend indéracinable.
S'agit-il d'une démence ou d'une névrose ? Visiblement d'une névrose
à la fois congénitale et socialisée, universelle et diversifiée
au gré des climats et de la géographie.
Les dieux
du simianthrope sont attachés à un territoire, les souverains
du ciel de cet animal sont localisés, tous les autels que bâtit
cette espèce sont identifiables au vu de l'endroit où ils sont
dressés . Mais si l'Italie , l'Espagne et l'Allemagne ne demandent
pas aux troupes étrangères qui occupent leur territoire depuis
soixante ans de retourner chez elles, croyez-vous que cela serait
explicable si la névrose des Dorzés n'était pas d'origine et de
nature théologique ? Car aucun ennemi militaire de l'Europe n'étant
en vue, il faut bien qu'une puissance seulement intérieure exerce
sur les encéphales une fascination de nature religieuse. Cette
vérité doit vous apparaître comme une évidence d'autant plus aveuglante
que l'Italie l'Espagne et l'Allemagne sont des nations demeurées
fort croyantes, alors que le seul pays de l'Europe qui ait demandé
à l'occupant de lever le camp, et cela il y a quarante ans déjà,
est aussi le seul qui, dès 1905 , a proclamé qu'il ne reconnaissait
et ne subventionnait aucun culte et qui a radicalement séparé
l'intelligence politique de la raison théologique .
7
- La politologie de demain et le " complexe du léopard "
Mais puisque
la laïcité n'a ni réussi, ni même tenté d'expliquer les liens
psychobiologiques qui rattachent la politique simiohumaine au
" complexe du léopard ", vous devrez fonder l'humanisme
de demain sur votre connaissance à la fois anthropologique et
historique de cette connexion viscérale. Pour cela, vous observerez
que le démiurge mythique des chrétiens a chu au rang de son coadjuteur
et remplaçant sur la terre, l'empire américain, lequel porte les
armes et la cuirasse de la théologie du créateur sur toute la
terre habitée . Ce léopard géant brandit désormais les saintes
écritures de la démocratie à l'échelle des cinq continents, ce
léopard cosmique porte le sceptre de la nouvelle délivrance du
monde, ce léopard rappelle que Dieu est mort, mais qu'il a trouvé
un héritier capable de s'emparer de l'Europe.
Si vous
n'observez pas l'origine inconsciemment théologique, donc religieuse
de la rédemption démocratique que le complexe du léopard fait
prêcher à M. Nicolas Sarkozy, comment diagnostiqueriez-vous sa
névrose sur l'écran géant d'une véritable simianthropologie de
l'espèce née névrotique ? Il vous faudra élever la psychanalyse
à la connaissance de la soumission de votre espèce à une autorité
souveraine. Car seule une mutation psychogénétique des descendants
du chimpanzé peut remédier à leur servitude innée et conjurer
le pire danger que court cet animal, celui d'inscrire son désir
de la liberté dans une problématique pré-programmée par son désir
de dépendance.
Qu'est-ce
à dire ? Depuis l'hérésie arienne du IIIe siècle, les chrétiens
ne tentent-ils pas de conquérir leur liberté, leur dignité et
leur puissance ? Mais tous leurs efforts ne se donnent-ils pas
l'ombre de leur démiurge pour théâtre ? Toute la classe politique
française et européenne d'aujourd'hui ne fait-elle pas les mêmes
efforts que l'hérésie arienne, mais à l'ombre de l'empire américain
?
Quand M.
Nicolas Sarkozy semble raisonner en Européen et en homme libre
, il s'écrie : " Les Serbes et les Kosovars ne veulent plus
vivre ensemble. Que devons-nous faire ? Tito est mort , la Yougoslavie
n'existe plus. C'est à l'Europe , non à la Russie ou à l'Amérique,
de résoudre ce problème. " Mais il oublie tout simplement
qu'il pense à l'ombre du léopard, qu'il se veut libre sur le territoire
du léopard, que le léopard a construit au Kosovo la plus gigantesque
base militaire jamais construite depuis 1945, "Bondsteel"
- située au sud du Kosovo près d'Urosevac, sur la route entre
Pristina et Skopje en Macédoine - et que cette garnison est une
véritable petite ville, où les Américains vivent entre eux. Crier
: " Vive le Kosovo libre " dans le repaire du léopard ,
ce n'est pas seulement se moquer du monde, c'est ignorer la dimension
militaire de la politique internationale .
Le Vieux
Monde actuel voudrait aiguiser le couperet d'un De libero
arbitrio des temps modernes. Mais la seule revendication
que tout le monde se garde bien de formuler n'est autre que celle
de la décapitation pure et simple du souverain mi-terrestre, mi-céleste
de l'Europe. Car pour faire tomber la guillotine sur le cou des
anges de la pensée, il vous faudra vous mettre en mesure de démontrer
l'inexistence parallèle du ciel des léopards et de l'empire religieux
américain , tellement Dieu et l'Amérique n'existent que dans la
tête de leurs adorateurs. ?
Le
17 décembre 2007