1
- Le retard scientifique des classes dirigeantes d'aujourd'hui
2
- De la nature de l'ignorance politique
3
- L'homme politique a-t-il le droit de penser ?
4
- Le regard des hommes d'Etat sur " Dieu "
5
- La République de la raison
6
- L'Etat-Eglise des modernes
7
- " Dieu " est-il un pommier ?
8
- Le débarquement du spirituel dans la pesée rationnelle
9
- L'apprentissage du verbe exister
10
- L'idole et le glaive
11
- L'Europe spirituelle
12
- La raison et le spirituel
13
- " Dieu " et César
14
- Qu' est-ce que la France symbolique ?
15
- La colère des prophètes
*
1-
Le retard scientifique des classes dirigeantes
d'aujourd'hui
C'est
dans une singulière équipée pseudo culturelle et pseudo philosophique,
donc également pseudo politique que celle dans laquelle nous entraîne
un Président de la République et un candidat à sa succession ardents
à débattre entre eux de la nature et de la finalité des religions
en général et de la chrétienne en particulier. Mais peut-être
à quelque chose malheur est-il bon, comme dit l'adage, parce qu'il
peut naître quelques avantages du ridicule même du spectacle de
deux hommes politiques de haut rang attachés à débattre en public
des mérites respectifs des astronomies de Ptolémée et de Copernic
et secrètement de mèche pour refuser l'inconfort d'un univers
auquel un certain Albert Einstein a découvert quatre dimensions
il y a de cela cent cinq ans.
Mais si, en ce triste début du IIIè millénaire, la France à trois
dimensions se livre encore à la face du monde à une querelle aussi
anachronique que celle du Moyen Age entre les réalistes et les
nominalistes, le retard intellectuel que présentera la haute classe
dirigeante de l'Europe aura des chances de devenir révélateur
du fond du problème et éclairer la vraie question aux yeux des
simianthropologues d'avant-garde, parce que l'évidence se trouvera
enfin démontrée aux yeux de la planète d'Euclide elle-même qu'au
XXIe siècle, le pouvoir régnant n'est pas mieux informé des conquêtes
de la connaissance des arcanes psychogénétiques de notre espèce
sur les cinq continents que l'Eglise du XVIe siècle n'avait retrouvé
le soleil de Démocrite sous celui de Copernic. Au contraire ,
dirais-je, parce qu'il est plus difficile aux hommes politiques
de notre époque de s'informer les progrès de la connaissance de
l'ADN du sacré qu'aux contemporains de Descartes et de Galilée
de placer Hélios au centre du système solaire.
2 - De la nature de l'ignorance
politique
François
1er et le pape de l'époque ont eu la prudence de ne pas engager
un débat public sur le rang que revendiquait soudainement l'étoile
qui nous éclairait depuis les origines, tandis que, pour l'anthropologie
moderne, c'est une bénédiction moliéresque que la France produise
deux acteurs décidés à trancher des fondements politiques ou sentimentaux
de la croyance en l'existence de Dieu. Le rire est la grâce de
la pensée. Souvenons-nous de ce que la philosophie est née de
l'ironie parce que le sourire amusé est plus intelligent que le
rire aux éclats.
Un
autre bénéfice apparaît d'ores et déjà dans la confrontation gigantale
qui se prépare entre les Bridoison et les Raminagrobis de la théologie
chrétienne , celle de démontrer la sous-information philosophique
dont souffre le haut enseignement littéraire de la rue d'Ulm,
alors que l'Allemagne conserve la tradition d'un Goethe et d'un
Schiller que la lecture assidue de Kant, de Hume et de Locke armait
d'avance d'un regard d'anthropologues avisés sur les embarras
religieux de l'encéphale d'une espèce larguée dans le vide de
l'immensité. Nos agrégés de lettres ignorent tout de la pensée
de Schopenhauer ou de Nietzsche, mais aussi de Freud et des successeurs
de Darwin, qui commencent de placer la réflexion sur l'évolution
de notre boîte osseuse au cœur du "Connais-toi" des modernes.
3 - L'homme politique
a-t-il le droit de penser ?
Le profit qui se dessine d'une querelle entre deux scolastiques
politiques ardentes à en découdre est de poser la question de
savoir dans quelle mesure il est permis à un homme politique de
sens rassis de s'engager sur le terrain, qui lui est nécessairement
étranger, de la pensée rationnelle de son temps, puisque, par
nature et par définition, la quête de la vérité et la chasse au
pouvoir sont antinomiques. On n'imagine pas un Périclès ardent
à soutenir de toute son éloquence la thèse de l'inexistence de
Zeus que Protagoras et Prodicos avaient démontrée, on n'imagine
pas un François 1er décidé à réfuter le prodige de l'eucharistie
au soutien des placards affichés par les protestants sur les murs
de Paris, on n'imagine pas les calvinistes français d'aujourd'hui
décidés à user de la liberté de parole et de pensée inaugurée
par la République pour ridiculiser la magie de la transsubstantiation.
Tout homme politique est l'otage de son devoir de défendre l'ignorance
et la sottise que son époque juge utiles ou nécessaires, parce
que le souci naturel de tout gouvernement n'est pas de défendre
la vérité quand elle dérange une société, mais toujours et exclusivement
d'apporter des remèdes de cheval à un ordre public valétudinaire,
mais encore de nature à réconforter les peuples et les nations
au plus grand profit de l'erreur.
Le seul fait que M. Nicolas Sarkozy ait tenu à faire débarquer
sur la place publique un débat anthropologique, sociologique,
psychanalytique et philosophique est une faute politique de première
grandeur et qui ne saurait devenir intellectuellement féconde
qu'à la faveur d'un malentendu révélateur de l'abîme qui, depuis
vingt-cinq siècles, sépare les savoirs réels des croyances - à
moins que les esprits politiques réussissent d'entrée de jeu,
ce qui est fréquent, le tour de passe-passe de semer la confusion
dans toutes les têtes à ressembler en un seul et même tas les
"opinions religieuses et philosophiques". On sait que le
premier coup de force auquel se livre fatalement toute autorité
placée sur la défensive est de tenter de jeter les victoires de
la raison et des savoirs dans le même panier que les sentiments.
4
- Le regard des hommes d'Etat sur " Dieu "
A ce titre, M. Nicolas Sarkozy et M. François Bayrou sont inconsciemment
de mèche avec la politique tridimensionnelle d'Euclide: tous deux
se demandent quels régiments , ceux des prêtres ou ceux des instituteurs,
se montreront plus roboratifs, lesquels l'emporteront dans la
compétition entre deux cohortes de fournisseurs de l'espérance
civique et s'il vaut mieux s'appuyer sur les légions de Zeus ou
sur celles de Platon pour convaincre la jeunesse athénienne de
la beauté de risquer sa vie et même de la perdre sur les champs
de bataille de la démocratie. C'est dire que non seulement une
civilisation qui renonce à distinguer le vrai du faux est perdue
pour la science et la philosophie, mais qu'elle se voit condamnée
à proclamer urbi et orbi que la vérité se trouvera légitimement
définie sur la balance de la politique.
Exemple
: quand Philippe II fait brûler des gentilshommes espagnols soupçonnés
de calvinisme, il ne veut en rien se mettre en tenue de théologien
ardent à défendre le mythe de la métamorphose du pain et du vin
en chair et en sang d'un dieu sur l'autel des chrétiens; simplement,
toute tête politique comprend d'emblée qu'un empire dans lequel
les têtes se seront réparties entre deux organisations mentales
incompatibles entre elles ne sera plus gouvernable, ce que tout
le XVIe siècle français démontrera amplement. Quand Napoléon fait
venir pour plusieurs semaines le pape à Paris, ce qui déchaînera
l'enthousiasme du peuple de 1789, soyez assuré qu'il n'a pas théorisé
en anthropologue d'avant-garde le fonctionnement du cerveau bipolaire
des évadés de la zoologie. Il faudra attendre un historien anglais
du XXè siècle - un certain Dodds - pour seulement rappeler aux
hommes de Machiavel que notre cerveau nous dichotomise entre deux
mondes, l'un réel, l'autre imaginaire. Quand Bismarck s'aperçoit
que le Kulturkampf est voué à l'échec, il comprend que l'Allemagne
se trouvera toujours divisée entre les protestants et les catholiques
et que tout débat religieux lui demeurera à jamais interdit, parce
que l'unité nationale n'y résisterait pas.
5
- La République de la raison
Les
religions répondent à des étiages cérébraux. Plus elles sont hiérarchisées
et autoritaires, plus elles se veulent fascinatoires et magiques,
plus elles deviennent rationnelles, plus la perte de leur densité
en miracles et prodiges les déconnecte de la gestion du cerveau
moyen du simianthrope et les éjecte de l'arène de la politique.
C'est ainsi que l'Allemagne de l'Est n'a plus de religion pour
avoir renoncé à la stupidité eucharistique.
C'est pourquoi la France ne doit la paix religieuse ni à l'édit
de Nantes, ni à sa révocation, mais à la suppression pure et simple
de toute réflexion anthropologique sérieuse sur les religions.
Il y a fallu non seulement la loi de 1905, mais la réforme Debré
de 1958, qui subventionne les écoles religieuses à la condition
qu'elles n'en portent plus que le nom, puisque leur enseignement
sera placé entre les mains des diplômés de l' Etat laïc et qu'il
usera obligatoirement des manuels scolaires approuvés par la République
de la raison. Mais deux précautions valant mieux qu'une, les professeurs
de l'enseignement dit "libre" - pour se trouver asservi
à une pédagogie divine - seront frappés de l'interdiction de corriger
les épreuves du baccalauréat. C'est assez dire que les théologies
sont placées au carrefour des visions rationnelles ou mythologiques,
réalistes ou romantiques, scientifiques ou magiques de l'homme
et de son histoire et que ce débat est tellement inaugural du
progrès des civilisations depuis Prométhée qu'il ne fait qu'illustrer
l'inculture des hommes d'Etat qui s'engagent sur un terrain miné
par les épouvantes ancestrales des évadés de la zoologie.
6
- L'Etat-Eglise des modernes
Chateaubriand, le premier, a osé écrire : "Je ne m'occupe que
de théologie poétique". Il est vrai que ce grand homme était
mécréant en diable et qu'il a écrit le Génie du christianisme
d'un point de vue esthétique et "sur les fesses de Mme de Beaumont",
comme le souligne un contemporain. M. François Bayrou écrit à
son tour : "Je ne suis pas théologien, Dieu merci" (p 101).
Mais c'est commencer par jeter toute logique par-dessus les moulins
; car les religions se fondent nécessairement sur une théologie
et toute théologie repose non moins nécessairement sur le dogme
central selon lequel il existerait un manutentionnaire tantôt
sourcilleux et redoutable, tantôt bienveillant et même laxiste
du cosmos et qu'il veillerait fermement ou mollement au pilotage
des divers types d'encéphales qu'ils auront fait germer dans la
boîte osseuse de ses créatures. Si cela n'est pas de la politique,
je veux bien être damné, si cela n'est pas le fondement même du
politique, je veux bien être pendu, si le premier pas de la politique
n'est pas de fournir un chef mythique et un guide à la fois sage
et sévère à l'humanité afin de la piloter au milieu des récifs,
bref, si la politique ne repose pas, en dernier ressort, sur une
autorité fascinatoire, je veux bien être brûlé vif.
Aussi
M. Bayrou commence-t-il par faire à "Dieu" le sacrifice
suprême, mais classique de lui immoler la recherche de la vérité
"en elle-même et pour elle-même", comme disait un certain
Platon. Mais pourquoi feindre de sacrifier le politique aux valeurs
suprêmes de la foi, si la foi c'est le politique, pourquoi faire
semblant d'oublier que le politique, hélas, est le cœur des religions
et le secret de leur âme et de leur souffle?
C'est
qu'il s'agit de paraître partager la croyance superficielle des
Français au dogme d'une orthodoxie civique selon laquelle il n'y
aurait pas de contradiction logique entre la politique démocratique
et républicaine d'un côté, et la croyance religieuse de l'autre.
Mais il ne s'agit, en réalité, que d'une astuce d'ordre politique
jusqu'à la moelle, puisqu'elle sera censée autoriser l'Etat à
légitimer les croyances, donc à affecter d'oublier que celles-ci
excluent radicalement la pensée critique et anéantissent ses droits
par définition ; car, par nature, non seulement la foi ne saurait
reposer sur des démonstrations, mais elle se trouve contrainte
de les exclure a priori et absolument.
Il s'agit donc, pour une laïcité subrepticement devenue semi religieuse,
d'offrir en catimini à l'Etat le luxe - ecclésial à son tour -
de soustraire d'avance dans les écoles de la République la question
du statut des mythes sacrés à tout examen de la pensée rationnelle
et critique - ce qui prive l'éducation nationale de toute connaissance
en profondeur de l'humanité , puisqu'on ne saurait prétendre connaître
une espèce onirique sans scanner son encéphale. Mais l'humanisme
manchot qui en résulte satisfait provisoirement tout le monde
: l'Etat rationnel croira y trouver son compte, puisqu'il en retirera
aussitôt les mêmes avantages politiques que l'Eglise, celui de
proscrire du débat, et aux côtés de Rome, la seule question de
fond, celle de savoir pourquoi, dans l'état actuel de son évolution,
le cerveau simiohumain conjure le silence de l'immensité par la
sécrétion de personnages imaginaires et fantastiques chargés de
préserver de l'effroi du vide une créature bancale et tremblante.
Mais le philosophe-anthropologue n'est pas un simple douteur de
Zeus : il sait pertinemment que Zeus n'existe pas sur l'Olympe.
Aussi tout son étonnement porte-t-il sur le fait que la philosophie
d'école ait mis tant de siècles à se convertir à une anthropologie
critique , puisque la croyance est une sécrétion cérébrale propre
à une espèce terrorisée et en quête de réconfort dans le néant.
Qu'est-ce que le "Connais-toi" socratique, sinon la connaissance
du cerveau d'un animal devenu délirant pour une moitié et quelquefois
pour quatre-vingt dix pour cent de sa matière grise? Pourquoi
la politique et l'histoire ont-elles besoin de cette démence ?
Et si tel est le joug de la folie, qu'est-ce que le " spirituel
" et sur quels chemins appartient-il à la raison d'enseigner le
"spirituel" aussi bien à la République qu'aux Eglises?
7
- " Dieu " est-il un pommier ?
M.
Nicolas Sarkozy et M. François Bayrou savent tous deux que l'Etat
et la religion se partagent l'intérêt politique le plus décisif
de tous, celui de cautionner le pouvoir en place par le recours
à une autorité tenue pour infaillible, donc magique par nature.
Luther écrivait, dans la préface de 1529 de son Petit Catéchisme
à l'usage de"tous les pasteurs et ministres fidèles"
: "Exhortez les magistrats et les parents à s'acquitter fidèlement
de leurs fonctions et à astreindre leurs enfants à suivre l'école.
Faites-leur sentir qu'ils doivent le faire en vertu d'un commandement
divin, et que , s'ils négligent ce devoir sacré, ils se rendent
coupables d'un grand péché, celui de ruiner à la fois l'Etat
et l'Eglise."
Tel
est également, et non moins inconsciemment, l'esprit qui inspire
M. Bayrou quand il proclame que le "droit au sens", c'est
le pouvoir de faire prévaloir le désir de posséder un bien précieux
sur la recherche de la vérité, le vrai trésor n'étant jamais la
vérité, mais l'erreur payante, le seul de tous les biens mal acquis
qui profite toujours.
Cependant, l'Etat et l'Eglise ne sauraient signer une assurance
tous risques contre l'épouvante s'ils ne s'entendaient au préalable
sur quelques tabous qui permettront à tous deux de nier l'essentiel
- mais toujours secrètement - à savoir que toute religion, comme
il est dit plus haut repose nécessairement sur les exigences viscérales
du politique. Ce sera seulement au prix du refus de cette évidence
que l'Eglise se donnera l'illusion de préserver la spécificité
de la foi, et ce sera également à ce prix qu'elle persévérera
à en revendiquer les prérogatives au point de les afficher sans
relâche tantôt face à l'Etat, tantôt à ses côtés.
C'est ainsi que M. Bayrou peut écrire, à propos des prétentions
de la France politique à mettre son nez dans les affaires du ciel
: "Mais
de quoi je me mêle. En vérité, il n'y a qu'une chose à leur dire
: c'est bas les pattes." (p. 165) Mais à peine le sacrifice
de la raison politique paraîtra-t-il avoir été refusé pour la
galerie qu'il se glissera sous l'autel, où il sera facile de l'y
retrouver aussi intact que devant, puisqu'il va falloir déclarer
tout net que l'Eglise et l'Etat s'entendraient comme larrons en
foire pour reconnaître non seulement la liberté de croire, mais
la liberté de ne pas croire ! Voici que Rome est censé s'écrier
: "France de la liberté de pensée, France de Pascal et France
de Voltaire et France de Montaigne." (p. 165)
On
comprend que M. Bayrou ne soit pas théologien pour un sou puisque
il lui est nécessaire de ne pas penser la religion au point de
donner à croire aux Français que le Vatican soutiendrait l'athéisme
au nom de la liberté de la pensée rationnelle. Mais, bis repetita
placent, toute religion est une théologie ou n'est pas. Question
: un agrégé de Lettres peut-il revendiquer une incohérence mentale
à faire dresser les cheveux sur la tête des philosophes? "La
vie a fait que je suis engagé pour défendre la laïcité et que
je suis croyant, et même pratiquant, comme on dit. C'est comme
ça. C'est ma vie. Il n'y a aucun paradoxe, au contraire."
(p. 159)
Non,
il n'y a pas de paradox ; mais alors, il faut confesser qu'on
ne saurait croire qu'à la condition expresse de refuser de penser
la croyance. On est donc croyant comme les pommiers s'appellent
des pommiers et l'on dira de l'existence de Dieu, "C'est
comme ça".
8 - Le débarquement du
spirituel dans la pesée rationnelle
Et
pourtant, il y aurait un chemin à suivre pour tenter d'approfondir
une connaissance socratique de l'âme et du cerveau du seul animal
appelé par son infirmité et ses terreurs à dresser ses propres
effigies agrandies et magnifiées dans un néant rebelle à les y
accueillir, ce serait de s'étonner de la conception vulgaire que
M. Nicolas Sarkozy se fait des relations que la religion entretient
avec la politique. Car, dans son Discours de Latran,
il apparaît qu'il voit les papes comme une cohorte d'ambitieux
trépignants d'impatience dès les bancs de l'école et qui mettraient
toute leur énergie à rassasier leur ambition - de poser un jour
leurs fesses sur un trône pontifical en or massif. Quel couronnement
d'une carrière menée tambour battant!
Mais
si M. Bayrou avait approfondi la question de la nature de l'ambition
des prêtres en culottes courtes - au sens figuré du terme - il
aurait tenté d'expliquer au lecteur pourquoi il a écrit, comme
il est rappelé ci-dessus: "Bas les pattes sur des réalités
aussi subtiles, inspirées, précieuses". (p. 165) Quelle est
la clé de l'itinéraire qui conduit une couronne d'épines à une
tiare sertie de diamants ? Car enfin, ce qu'il y a d'incroyable
dans la brutalité et l'inculture du Discours de Latran,
c'est la tirade dans laquelle le Président de la République met
sa propre ambition enfin assouvie en parallèle avec celle du Saint
Père: "Je
comprends que vous vous soyez sentis appelés par une force irrépressible
qui venait de l'intérieur, parce que moi-même je ne me suis jamais
assis pour me demander si j'allais faire ce que j'ai fait, je
l'ai fait. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre
à votre vocation parce que moi-même je sais ceux que j'ai faits
pour réaliser la mienne."
(Nicolas Sarkozy , Discours de Latran, 20 décembre 2007).
Que la France de Descartes et de Montaigne, de Voltaire et de
Jean-François de Sales ait lancé ces paroles à la tête du chef
de l'Eglise catholique, c'est cela qui demandait une réplique,
parce que la foi soulève tout de même une question plus relevée
que celle de l'enregistrement d'un acquis de l'état civil tel
que : "C'est comme ça , c'est ma vie".
Quatre siècles après Pascal, le simianthrope devenu semi pensant
ne dispose encore ni de la force d'âme, ni du courage intellectuel
que requerrait sa solitude dans le vide de l'éternité; mais il
lui reste, s'il éprouve le besoin incoercible de se placer sous
protectorat, à se forger du moins un souverain mythique relativement
arraché à sa sauvagerie originelle, il lui reste à civiliser son
maître imaginaire, et pour cela, il lui faut radiographier la
psychophysiologie du barbare mi-séraphique, mi-féroce que ses
ancêtres se sont forgé et qu'ils ont progressivement adouci au
point de le réduire à l'impuissance politique. Pourquoi demeure-t-il
tout occupé aux fourneaux de ses tortures souterraines? Pourquoi
ce Ponce Pilate de la torture prend-il grand soin de ne pas paraître
s'affairer aux côtés de Lucifer, son bras droit ? Serait-il à
l'effigie des crématoires qu'il a enseigné à son prétendu créateur
à construire aux enfers? Alors, apprenons à nous observer dans
les miroir de nos idoles et nous deviendrons plus savants qu'à
sécréter le semi catéchisme de la République.
9 - L'apprentissage du
verbe exister
Supposons
maintenant qu'il existerait un lien entre la timidité philosophique
du croyant et la timidité politique du simianthrope en général.
Ce lien, parviendrons-nous à le rendre visible ? Car peut-être
la peur de poser la question de la nature semi animale de la croyance
religieuse serait-elle parallèle à l'effroi dont l'homme d'action
aurait hérité de son origine zoologique. Dans ce cas, le courage
de penser la foi serait celui de descendre dans un abîme
de stupéfaction, d'ahurissement et d'ébahissement au spectacle
des rescapés des ténèbres qui n'ont débarqué dans la lumière du
jour que pour se vaporiser des chefs féroces et patelins dans
les nues. Pourquoi en exposent-ils fièrement les effigies sanglantes
et rusées dans l'immensité? Pourquoi n'ont-ils pas honte de visiter
cette galerie de leurs autoportraits vengeurs et rancuniers? Pourquoi
le simianthrope retouche-t-il de siècle en siècle le langage,
la psychologie, les préceptes, les récompenses et les châtiments
de ses phonographes célestes ? Pourquoi s'imagine-t-il que ses
haut-parleurs ogresques et tartuffiques existent quelque
part, mais sans jamais seulement s'interroger sur les divers sens
que prend le verbe "exister", dont il use indifféremment
pour désigner une charrue, un poème, un arbre ou une équation?
Un agrégé de Lettres devrait du moins déposer le verbe exister
sur les plateaux de la balance à peser la France, puisque l'Université
laïque l'appelle à comprendre en quoi les chefs-d'œuvre de la
littérature existent, donc ce qu'il en est de l'existence
du dieu d'Orphée.
Mais si le croyant républicain n'est là que pour partager la pré-définition
laïque de la religion - au sens vulgaire que prend le terme de
politique dans la bouche d'un Etat semi rationnel - si
la piété n'est là, dis-je, que pour partager le refus commun à
la démocratie pseudo rationnelle et à une Eglise irrationnelle
par définition de peser l'infirmité qui affecte l'encéphale du
simianthrope, la peur de penser réellement la politique, donc
l'histoire, serait-elle calquée sur la peur du chrétien de radiographier
les viscères de la religion semi zoologique à laquelle il prétend
appartenir? Dans ce cas Dieu est-il là comme l'empire américain
est bel et bien là ? Faut-il s'accommoder de l'autorité de fait
de Dieu et des Etats-Unis ? Dans ce cas, on comprend mieux le
handicap théopolitique dont témoigne le chapitre que M. Bayrou
consacre à l'OTAN.
10
- L'idole et le glaive
Et
pourtant, on trouvera dans Abus de pouvoir un passage
prometteur:
"Quand il s'agit de sujets de gestion et de ne pas dilapider
l'argent du ménage, c'est l'Allemagne qu'on regarde. Nous, c'était
l'indépendance. Pas seulement la nôtre. L'indépendance de tout
le monde. Nous étions une garantie. On savait bien qu'un jour,
on irait vers une Europe qui ferait ce qu'il faut pour se défendre
elle-même, en amitié bien sûr avec les Etats-Unis, mais autonome,
que c'était [c'est] la logique des temps. Et on savait que ce
jour-là, c'est [ce serait] la France qui marcherait devant."
(p. 147)
Allons-nous nous boucher les oreilles et nous mettre un bandeau
sur les yeux pour ne voir ni entendre les vrais historiens de
demain, qui voudront comprendre en tout premier lieu comment une
Europe rendue docile par je ne sais quels sortilèges d'une démocratie
rendue semi religieuse par les cierges de ses idéalités aura accepté
un siècle entier d'occupation militaire de son territoire par
une puissance étrangère ? Clio voudra flairer l'odeur des Etats
pourtant de belle prestance, tels l'Allemagne, l'Italie, l'Angleterre,
qui auront consenti sans broncher - et cent ans durant - à mettre
au placard toute souveraineté effective, et cela alors même qu'aucun
ennemi ne les menaçait.
Pour
expliquer ce prodige théologique de belle taille, Clio dira qu'on
ne pouvait prétendre faire réellement de la politique si l'on
ne soulevait cette question-là et que les prétendus hommes d'Etat
de l'époque qui ne s'en sont pas préoccupés pour un sou se sont
seulement amusés à gérer des affaires de patelins. Mais pourquoi
ces administrateurs de la vie municipale des peuples et des nations
de l'Europe se sont-ils miniaturisés à l'école de leur médiocrité,
sinon parce qu'ils portaient le garrot d'un mythe parareligieux
- celui d'une Liberté changée en sceptre d'un empire étranger
? Mais alors, comment se fait-il que les épées enfantent des idoles?
11
- L'Europe spirituelle
Quels étaient les abus de pouvoir des petits chefs gaulois sous
Claude, Néron ou Domitien? Des broutilles en regard de la vassalisation
de toute la classe dirigeante du pays. Les historiens demeurés
dignes de la discipline de Thucydide rappelleront que les peuples
soumis à la domination romaine s'occupaient de politique sur le
modèle étriqué de l'Europe des XXe et XXIe siècles, mais qu'un
pays qui a perdu ses armes a perdu son drapeau et qu'il n'est
plus une nation véritable, de sorte qu'il était dérisoire de tempêter
contre les abus locaux d'un pouvoir minusculisé sous le sceptre
d'un géant étranger, tellement une patrie subordonnée à une autre
n'est maîtresse de rien sur son sol et qu'on ne réduit pas la
politique à une annexe de l'Histoire, parce qu'un chef d'Etat
digne de ce titre se porte sur le front où il y va de l'existence
des peuples et des Etats.
Mais que se serait-il passé si le peuple gaulois avait jugé l'empire
romain nul et non avenu, comme le peuple espagnol a regardé défiler
comme des ombres les armées de Napoléon réputées présentes sur
son territoire, parce qu'à ses yeux, l'Espagne réelle ne pouvait
se trouver occupée par quelques uniformes sous lesquels se cachaient
des charpentes non moins illusoires que les étoffes qui les recouvraient
? Si les Européens savaient que les hommes réels ne sont pas dans
leurs squelettes, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus deux
cents bases militaires américaines stationnées à jamais en Allemagne
; et le port de Naples, soumis au statut de l'exterritorialité
au profit des Etats-Unis depuis soixante ans ne serait plus qu'un
lointain souvenir.
12 - La raison et le
spirituel
On
ne traitera donc pas sérieusement des relations secrètes que le
politique entretient avec le sacré aussi longtemps qu'on ne se
posera pas la question de savoir pourquoi "Dieu" passe pour se
trouver dans son Eglise ; car l'Europe réelle est aussi étrangère
à l'empire américain qui semble l'avoir placé sous son sceptre
et soumise au commandement de ses armes que "Dieu" est absent
des monuments qui voudraient l'installer sur la terre.
M. Bayrou écrit que le symbolique est le cœur du politique. Mais
précisément, quelles sont les relations du symbolique avec le
"spirituel"? Ce n'est pas la France qui s'est placée sous
le commandement du Pentagone, ce n'est pas la France qui est rentrée
dans l'OTAN, ce n'est pas la France qui s'est replacée sous le
sceptre de l'étranger. Mais si la France n'est pas dans l'OTAN,
où est-elle et dans quelle mesure la foi de M. Bayrou lui enseigne-t-elle
la nature réelle de la France? Autrement dit, quels sont l'âme
et le souffle du symbolique si la France est réelle par delà sa
chair, son sang et ses squelettes? La foi de M. Bayrou le conduirait-elle
à descendre à cette profondeur-là du symbolique? Dans ce cas,
ce ne sera pas le misérable accord théo-politique de la république
laïque avec un Vatican des gardes suisses qui donnera son esprit
à une Europe en attente de sa résurrection "spirituelle".
Mais
quand l'Europe de M. Bayrou se promet gentiment de retrouver sa
souveraineté "en amitié, bien sûr, avec les Etats-Unis"
il oublie que l'empire américain ne dispose d'aucun moyen de coercition
physique pour interdire les retrouvailles de l'Europe avec sa
souveraineté. Comment se fait-il que notre esclavage soit volontaire,
sinon parce qu'il est inspiré par la piété démocratique et parce
que cette piété-là s'est étroitement calquée sur les dévotions
fascinatoires de la passivité religieuse?
Voilà
qui est étrange. La liberté de la pensée, serait-elle au fondement
non seulement de la liberté politique, mais de la "vie spirituelle"
des mystiques? Le souverain caché du "spirituel"
serait-il donc la raison, parce que "Dieu", s'il "existait"
dans l'ordre qui lui appartiendrait, s'appellerait la liberté?
Mais alors, la pensée serait le conquistador de ce Dieu-là. Quel
est le type d'existence propre à la liberté spirituelle
et philosophique si toutes deux trouvaient leur source dans la
colère de l'intelligence? Peut-être serait-il utile à la République
qu'elle donne une solide formation philosophique et "spirituelle"
à ses agrégés d'Orphée, afin que l'Europe conquière de vraies
armes du combat politique contre le seul véritable "abus de
pouvoir", celui de remettre à un tiers le droit et le pouvoir
de penser la colère de la raison devant la sottise des idoles.
13 - " Dieu " et César
Quelle est la foi de M. François Bayrou et comment l'articule-t-il
avec sa politique de la raison? Peut-on se contenter de fonder
le "spirituel" sur le rappel facile de la parole "révolutionnaire":
"Rendez
à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu"
(p. 159)? Cela suffit-il pour "fonder la séparation entre les
choses de l'Etat et l'univers spirituel" (p. 159)? Cette séparation
est tellement commode qu'on paraîtra savoir d'avance où passe
une frontière réputée toute tracée entre " Dieu " et César. Pis
que cela - ne la rendrons-nous pas flottante au gré des intérêts
du moment et à courte vue, tantôt des Etats et tantôt des Eglises,
pour ne rien dire de la sournoiserie de leurs accords secrets?
L'histoire
enseigne que cette ligne de démarcation se déplace au gré des
tensions qui se dessinent entre le rêve religieux et les platitudes
du réel. Quand Lucien de Samosate raconte les ennuis de la barque
de Charron, qui appelle à son secours Mercure, le dieu aux pieds
à ailettes et lui demande des sous pour recoudre ses voiles trouées
et cent fois rapiécées et quelques boulons pour consolider la
coque appelée à franchir le Léthé, on voit la foi des Grecs contaminée
par le temporel chercher à déplacer la barrière entre Zeus et
"César". Quand saint Thomas d'Aquin explique, douze siècles
plus tard, que seul l'homme de Nazareth se nourrit au paradis,
et cela à seule fin de démontrer sa résurrection aux autres habitants
du ciel qui, eux, se rendraient fatalement obèses en vertu des
lois de la physique d'Aristote, quand le même Doctor angelicus
des chrétiens leur explique que l'on ressuscite dans son plus
bel âge, à l'exception des blessés de guerre qui jouissent du
privilège d'étaler la gloire de leurs cicatrices dans l'éternité,
le christianisme se trouve dans la même situation que la barque
de Charron quelques siècles auparavant et Rome essaie à son tour
de déplacer la frontière entre "Dieu" et le temporel, la
foi et César.
14
- Qu' est-ce que la France symbolique ?
Mais
M. François Bayrou sait fort bien que la distinction entre "Dieu"
et "César" est symbolique, donc spirituelle et qu'il s'agit
de séparer l'absolu du temporel , l'insaisissable du capturable
et l'inaccessible du visible afin de faire franchir à la barque
de Charron des chrétiens le fleuve de l'oubli qui, depuis la haute
Egypte, les sépare de l'éternité. La foi de M. François Bayrou
pose donc à la France la question de son voyage vers le royaume
de son immortalité, et cette question-là est la plus politique
de toutes, celle que seule la réflexion sur le "statut spirituel"
de la République peut résoudre. Comment la France fait-elle la
distinction entre "Dieu" et "César" à Gaza?
Quelle est la France absente ou présente à Gaza? Comment la France
fait-elle franchir le Léthé à la barque de Charron quand le fleuve
de l'oubli passe par Gaza? Et quand le pape Benoît XVI évite prudemment
de s'arrêter à Gaza, quel messager des dieux le Charron du christianisme
appelle-t-il à son secours pour faire passer la barque aux voiles
trouées de l'Eglise par la ville sans mémoire ? S'il faut souhaiter
à M. François Bayrou un destin de théologien de la République,
il nous initiera à la spiritualité de l'éthique de la France.
Car la question centrale du politique est bel et bien celle du
statut éthique de la nation. Où M. Bayrou place-t-il la France
de " Dieu " et celle de César à Gaza?
En vérité, le malentendu le plus fécond est celui qui fera débarquer
dans la science historique une philosophie de l'esprit et de la
raison de la France. Car si Clio ne peut plus se contenter de
raconter Gaza pour élever l'événement à l'intelligible, il faudra
bien que le narrateur conquière une distance nouvelle à l'égard
de l'espèce humaine pour que son récit s'adresse à la raison;
et si Thucydide et Tacite, Montesquieu et Mommsen n'expliquent
plus le déroulement du temps des peuples et des nations, seul
un recul anthropologique éclairera une espèce dont le parcours
s'appellerait un destin.
M.
François Bayrou occupe un carrefour privilégié de l'histoire de
la méthode historique ; car si la France de la pensée n'élaborait
pas une spiritualité de la République, elle ne saurait quel chemin
emprunter pour fonder sa politique sur une éthique et son histoire
tomberait dans les ténèbres. On l'a bien vu à Gaza : la France
semblait avoir compris que l'avenir de la civilisation mondiale
passe par la fécondation spirituelle du dialogue avec l'Islam
; mais elle avait cru pouvoir faire entrer Israël dans l'alliance
des pays riverains de la Méditerranée. Et ensuite, c'est l'absence
d'une vision profonde de l'éthique de l'histoire chez M. Nicolas
Sarkozy qui lui a interdit de comprendre la tragédie de Gaza et
le tournant que ce crime ferait prendre à la politique mondiale.
Du
coup, les Etats-Unis ont pris la place de la France dans la volte-face
planétaire qui fera du monde musulman, le levier de l'empire américain.
Avec Gaza, la politique redécouvre qu'en profondeur, l'éthique
est l'âme de l'histoire et de la politique.
15
- La colère des prophètes
La
spiritualité républicaine aurait grand intérêt à se souvenir de
ce que la vraie foi est le fruit de la fureur de l'intelligence
des prophètes et qu'il n'est pas de foi vraiment politique et
vraiment religieuse qui ne soient nourries de la colère de feu
des saints. Mais puisque la fureur d'Isaïe s'en prend aux idoles,
en quoi la France est-elle à elle-même son idole quand elle ignore
le sens symbolique de la distinction devenue banalement cléricale
entre "Dieu" et "César" ? La vraie France n'est
pas le bûcheron d'Isaïe qui se coupe des cèdres vigoureux dans
la forêt et en fait un feu afin de cuire son pain, de rôtir sa
viande, de manger son rôti et de se chauffer; puis, rassasié et
reposé, se taille une idole dans l'autre moitié de son bois et
se prosterne devant elle. La France n'est pas la suppliante de
son idole de bois, mais la nation qui, avec Isaïe, voit le "leurre
qu'elle a entre les mains" et qui le rejette.
Car si la France était à elle-même son idole, les mots Liberté,
Egalité et Fraternité se trouveraient gravés dans le bois du bûcheron
d'Isaïe. Alors, la croix de Lorraine et la croix des chrétiens
courraient en vain parmi les ruines fumantes de Gaza ; et la démocratie
mondiale couperait son bois dans le jardin des supplices de l'histoire.
Si M. François Bayrou a la vraie foi, celle à laquelle il ne reste
qu'à tuer son idole, peut-être est-ce elle qui lui fait écrire,
en prophète de la République: "Il
n'est rien de plus libérateur, pour la France, que de retrouver
sa vocation perdue". Vous avez dit "vocation"? Mais
ce mot-là ne renvoie-t-il pas à vox, la voix, et
à vocare, appeler? Où se trouve-t-elle, la vraie France,
celle dont le bûcheron d'Isaïe ne fera pas le bois d'une idole?
La France de l'esprit serait-elle un appel?
Le
18mai 2009