Avertissement
1 - Un " Master of Divinity " en Amérique
2 - Le cratère ouvert par le verbe comprendre
3 - Petite histoire anthropologique du
sacré
4 - Un pilote fabuleux du cosmos
5 - Pour une laïcité réflexive
6 - Dieu débarque à nouveau dans la politique
Avertissement
Que
de changements depuis la guerre de Suez de 1956! En
ce temps-là, la foudre atomique marxiste de Moscou et
la foudre atomique capitaliste de Washington menaçaient
ensemble Paris et Londres de les changer en deux Hiroshima
de plus s'ils tentaient d'arracher sa proie au Colonel
Nasser qui avait nationalisé le canal.
Et maintenant, les forces aériennes russes approuvent
la flotte de guerre anglaise et française engagées au
secours de Paris, que l'islam primitif ressuscité voudrait
changer en mouton égorgé à la gloire d'Allah. En ce
temps Washington passait pour le libérateur de tous
les peuples de la terre placés sous le joug du colonialisme.
En ce temps-là, toutes les nations de la terre, et d'abord
la communauté juive mondiale, s'étaient précipités à
Washington, le nouvel épicentre de la planète des songes
et du sang.
Et maintenant l'Europe essaie de glisser hors de l'étau
de l'OTAN, et maintenant, la France groupe autour d'elle
un embryon d'Europe militaire, et cela à l'école même
du traité pourtant vassalisateur de Lisbonne. Toute
puissance naît d'un victimat ressuscitatif.
Les
frêles épaules de M. Hollande supporteront-elles le
poids des responsabilités qui l'attendent? Reviendra-t-il
de Washington en guide à l'échine brisée ou en serviteur
d'une France vassalisée? Les jours qui viennent nous
le diront, mais je doute que les circonstances suffisent
à changer la stature du chef de l'Etat.
Car
le 13 novembre, toute la classe politique française,
toute la presse et tous les médias ont assisté dans
la stupéfaction la plus sincère au débarquement en plein
Paris des mêmes guerriers d'Allah dont Charles Martel
avait brisé l'élan à Poitiers en 732. Si l'intelligentsia
de la démocratie mondiale devait persévérer à se tenir
à l'écart de toute connaissance scientifique, donc anthropologique,
des cosmologies mythiques, la laïcité acéphale des modernes
demeurerait aussi éloignée de la connaissance du genre
humain que l'Eglise du XVIe siècle face à Copernic et
à Galilée.
A
la suite de l'analyse ci-dessous du personnage imaginaire
le plus puissant de la géopolitique, je publierai, le
27 novembre, une lettre philosophique aux grands chirurgiens
d'avant-guerre qui aideront la philosophie moderne à
retrouver sa vocation médicale originelle.
Puis,
le 4 décembre, j'étudierai la signification anthropologique
de la notion d'handicapé appliquée aux hommes politiques
contemporains. De toute façon, les historiens-anthropologues
prendront acte de ce que le 13 novembre 2015 aura enterré
à jamais l'inscription qui ornait les cadrans solaires
et qui disait: "Omnia creasti, nec minore regis providentia":
"Ta prévoyance a créé toutes choses et c'est avec la
même prévoyance que tu diriges l'univers".
La
nouvelle expansion planétaire de l'islam n'a pas pris
rendez-vous avec une seconde bataille de Poitiers, mais
avec un approfondissement vertigineux de la connaissance
psychobiologique d'une espèce scindée entre le réel
et le songe et qui exorcise le silence et la nuit de
l'immensité à se donner pour supports de gigantesques
personnages imaginaires avec lesquels elle entretient
des relations oniriques suivies et structurées en orthodoxies.
Entre
temps, la laïcité prometteuse de 1905 a manqué son rendez-vous
avec les sciences humaines et s'est rendue aphasique;
mais l'heure a sonné pour les démocraties acéphales
de se demander ce qu'il en est, dans l'abîme, du seul
animal qui se cherche une boussole dans l'infini.
Le 29 octobre, je diffusais à titre présumé posthume
les trois résumés des 6, 13 et 20 novembre de mes analyses
rédigées d'avance. Je diffuse à nouveau ce résumé.
Rappel
du 29 octobre
Le
20 novembre, je traiterai de la réforme européenne de
nos Sorbonne, qui sont retournées au Moyen-Age. Comment
ce Continent s'est-il enferré dans une scolastique aussi
pseudo rationaliste que la précédente? Car la science
historique et la politologie du XXIe siècle en appellent
au même combat contre les Bridoye et les Trissotin qu'au
XVIe siècle.
Mais
pour comprendre comment la vassalisation de l'Europe
de l'abstrait et de la France des pseudo philosophes
de l'histoire en sont venues à pratiquer le culte du
sceptre et du mythe américains de la Liberté, il faut
tenter de sortir du Moyen-Age d'aujourd'hui, ce qui
exige un rapide exposé des fondements d'une anthropologie
originelle du sacré. Celle-ci dépose les trois dieux
uniques sur l'établi et les observe dans leurs exercices
en laboratoire.
1 - Un " Master of Divinity " en Amérique

L'Université
américaine a ouvert ses portes à un Master of Divinity censé
compatible avec la pensée rationnelle et l'esprit logique
du monde moderne. Cette appellation d'une réalité mi-scientifique,
mi-culturelle, peut se traduire par "maîtrise es divin",
mais elle se révèle pratiquement réservée au Dieu protestant
et américain. Les limites imposées à l'exercice de cette
discipline par les Réformes conjuguées de Luther et de Calvin
répondent à l'étroitesse de l'enceinte dans laquelle les
Universités démocratiques du monde entier enferment l'objet
de leur prétendue "recherche" sur un sacré "objectivé".
Car elles contrôlent avec prudence le degré de profondeur
auquel l'anthropologie scientifique se trouve autorisée
à descendre.
Depuis
leur origine, les Sorbonne ne sont pas explicatrices de
leurs cloisonnements épistémologiques, les Sorbonne ne sont
pas approfondissantes du type de raison dont elles usent
et de leur espèce de savoir, les Sorbonne se contentent
de communiquer l'événementiel le plus aisément mémorisable,
les Sorbonne lient leur enseignement à la problématique
censée placer d'avance la question posée dans le cadre de
la tradition pédagogique. Il n'y a pas de motif que le Dieu
enseigné aujourd'hui dans les Universités américaines se
veuille moins surveillé et moins scolarisé que celui des
Bridoison ou des Bridoye de Rabelais: le sujet est trop
sérieux pour y compromettre l'autorité peu aventureuse du
monde universitaire.
Le
Master of Divinity échappe si peu à la règle qui
régit le savoir des amphithéâtres qu'il vient seulement,
et sous la plume d'un Français (Jean-François
Colosimo, Dieu est américain: De la théodémocratie
aux Etats-Unis, Fayard 2006) de retrouver
du moins l'enseignement de Tocqueville, qui démontrait,
il y a près d'un siècle et demi, que le Dieu américain est
nationaliste jusqu'à la moelle et que sa fonction patriotique
est de témoigner sans cesse sa protection constante et particulière
aux seuls Etats-Unis.
Voir
: Oraison
funèbre de la France , 6 juillet
2013
Aussi, le Zeus de l'endroit passe-t-il son temps à dispenser
ses bénédictions à la Maison Blanche où il a siégé jusqu'en
2001. On se vient de la foi la Ministre des affaires étrangères
du Président Clinton et qui a publié, en collaboration avec
un journaliste, ses mémoires sous le titre Dieu, l'Amérique
et le monde. (Madeleine Albright
avec Bill Woodward, préface de Hubert Védrine, avant-propos
de William J. Clinton ; traduit de l'américain par Monique
Briend-Walker, éditions Salvator, 2008. Titre original:
The Mighty and the Almighty : reflections on America, God
and world affairs)
Voir: La
diplomatie américaine et la religion ,A propos de Dieu,
l'Amérique et le monde de Mme Madeleine Albright, ex-ministre
des affaires étrangères des Etats-Unis
, 17 nov 2008)
Par l'expression Mighty et Almighty, Mme Albright
reprend à son compte l'antithèse théologique classique entre
la puissance humaine et l'omnipotence divine, mais elle
s'y prend à l'américaine en situant la puissance divine,
Almighty, comme une sorte de continuation naturelle
de la puissance américaine sur la terre. Mais ni les trois
monothéismes, ni la théologie américaine ne connaissent
de réflexion sur le surnaturel en tant que tel: le spirituel
n'est que le transphysique, l'au-delà du monde matériel.
Aussi tous les temples d'obédience chrétienne sont-ils propices
à servir une divinité territorialisée, farouchement sélective
et qui s'est choisi, pour le seul bénéfice d'une universalité
précautionneusement localisée, le peuple élu le plus approprié
à l'exercice de son apostolat.
Car,
depuis 1945, l'histoire de notre astéroïde s'est américanisée
au point que le globe terrestre a changé les cartes et l'échiquier
de Dieu dans les Universités du monde entier. Du coup, l'Europe
cogitante, donc exercée à une pratique multiséculaire du
Dieu originel, découvre soudainement que la pauvreté de
sa connaissance scientifique du mammifère détoisonné interdit
purement et simplement à ses historiens et à ses politologues
de comprendre goutte aux guerres de religion du XVIe siècle
et aux remous consécutifs à la Révocation de l'Edit de Nantes
en 1685.
2 - Le cratère ouvert par le verbe comprendre

Comment nos historiographes et nos mémorialistes les plus
chevronnés, comment nos géopoliticiens les plus conscients
des conséquences de la récente extension de leur discipline
aux cinq continents se passeraient-ils plus longtemps de
tenter de comprendre pour quelles raisons anthropologiques
la France du XVIe siècle s'est déchirée à mort entre, d'un
côté, les catholiques et les protestants, de l'autre. Les
premiers proclamaient seul "vrai et réel" un sacrifice
comportant, primo, la consommation de la chair crue
d'une victime humaine censée étendue sur l'autel et secundo,
la potion salvifique de son hémoglobine. Les seconds donnaient
leur tête à couper et se montraient prêts à se faire massacrer
pour soutenir mordicus que la chair "réelle" de Jésus-Christ
n'était exposée qu'à titre symbolique sur tous les offertoires
et les propitiatoires de la chrétienté.
Mais
l'enseignement universitaire a tellement peur de porter
le sens du verbe comprendre à la profondeur anthropologique
requise par l'examen de l'objet de son observation qu'il
rétrécit le champ d'investigation de l'enseignement simiohumain
supérieur et le réduit à la connaissance des évènements
culturels ou cultuels qui se sont échelonnés d'un siècle
au suivant: il faut donc que l'étudiant promu au rang de
"docteur du ciel des chrétiens" réduise son attention
à saisir du regard un échiquier rabougri, afin qu'il figure
le plus glorieusement possible au palmarès de l'excellence
doctrinale et universitaires confondues. De même si le professeur
de littérature s'avisait, le malheureux, d'expliquer à ses
étudiants de quoi il est réellement question dans les abysses
des Aventures de don Quichotte ou de celles de Gulliver,
on lui reprocherait de substituer un enseignement de la
philosophie à celui de la littérature.
Qu'est-ce qu'enseigner la littérature si ce type de connaissance
ne fait rien connaître et comprendre ni des cheminements
secrets de la création littéraire ou poétique, ni des sentiers
cachés qui font, du mammifère détoisonné une bête schizoïde
et dont la moitié de la cervelle le fait vivre dans des
mondes fabuleux et fantastiques - ceux dont de multiples
théologies sont censées tracer les contours doctrinaux?
Mais pourquoi tenter de comprendre le XVIe siècle un peu
mieux que la loi de 1905, qui ne pensait qu'à libérer l'espace
public du spectacle des dévotions?
3 - Petite histoire anthropologique du
sacré 
Les
peuples primitifs étaient obsédés et traqués par leurs dieux.
Il y avait des autels non seulement dans les temples, mais
encore dans les rues et dans les maisons; dans les maisons,
ils se trouvaient dans la cour, où on sacrifiait aux dieux
de la famille (penates); de même encore dans l'atrium
on sacrifiait aux dieux protecteurs de la maison (lares),
sur un petit foyer (focus); donc par métonymie, arae
focique signifie les autels des temples et les foyers consacrés
aux lares et aux penates dans l'atrium,
c'est-à-dire dans les sanctuaires des temples et des maisons.
Si
le sacré tardif de l'époque reposait quasi exclusivement
sur les sacrifices d'animaux, c'est que l'âge des sacrifices
d'êtres humains aux puissances célestes se trouvait, du
moins globalement, d'ores et déjà dépassé dans le monde
entier. Certes, César raconte que les Gaulois immolaient
leurs congénères à leurs dieux quand les circonstances exigeaient
qu'on leur donnât des offrandes de grand prix, certes, tous
les historiens romains cachent aux lecteurs de leur temps
que les sacrifices humains battaient secrètement leur plein
du temps des guerres puniques, certes, les habitants de
Tyr étaient revenus aux sacrifices humains parce que , pensaient-ils,
seuls la chair et le sang des hommes étaient de nature à
apaiser la voracité des dieux et leur soif de sang pour
vaincre Alexandre qui assiégeait leur ville, certes, nous
avons tous lu le Salammbô de Flaubert.
Mais
les sacrifices de bœufs ou d'animaux domestiques suffisaient
depuis longtemps à nourrir les Célestes immergés dans le
train-train des jours. Il n'était plus question de leur
présenter des Iphigénie de village à tout bout de champ
pour effacer broutilles et peccadilles. C'est pourquoi la
révolution anthropologique originelle tentée par le Jésus
des chrétiens n'était plus de déraciner des sacrifices humains
déjà largement en perdition et pratiquement abandonnés dans
tout le monde antique, mais d'extirper le principe même
selon lequel les dieux seraient avides de la chair des poulets
et des bœufs et qu'ils se montreraient assoiffés de leur
sang et insatiables de leur chair. La véritable révolution
du Galiléen est culturelle: ma chair, dit-il, est le pain
de votre communion de tous les jours, avec mon esprit mon
sang est le vin du ciel. Je vous demande de le boire, non
point comme un aliment qui désaltèrerait un souverain du
cosmos, mais seulement en souvenir de mon passage parmi
vous.
Il
est saisissant que le sens des paroles du Galiléen aient
si mal sonné aux oreilles du monde de l'époque et que son
Eglise se soit aussitôt attaquée à la tâche d'abolir une
révolution cultuelle aussi immense que celle qui ferait
dire à Mozart : " Mon vrai corps n'est autre que mon œuvre
musicale. Si vous vivez en communion avec mon corps musical,
qui est un pain spirituel, ce sera ma véritable substance
qui sera votre nourriture."
Mais
l'Eglise catholique est aussitôt retournée au "vrai et
réel sacrifice" dont se réclame l'orthodoxie et qui
se calquait sur l'immolation sacerdotale des bœufs et des
poulets: on dévorerait la "chair" de la victime à belles
dents et l'on aspergeait l'autel du sang de la bête immolée,
parce qu'on n'imaginait pas de plus haute délectation, pour
une divinité cléricalisée par ses devins, que de mâcher
avec gourmandise une chair de premier choix et d'en boire
le sang à pleines rasades.
On
voit que si la pensée laïque approfondissait la connaissance
anthropologique et historique des mythes sacrés et, avant
tout le sens profond des sacrifices, qui constituent le
pivot politique de la foi religieuse en tous temps et en
tous lieux, elle retrouverait sa vocation originelle de
figurer le fer de lance d'une épistémologie du genre humain
et de son histoire dans le miroir de la raison.
4
- Un pilote fabuleux du cosmos 
Certes, le crucifié était de son temps: à l'instar de Muhammad,
son lointain successeur, il croyait qu'il avait un papa
dans les nues - mais il n'imaginait pas encore que ses fidèles
élèveraient également sa maman dans la stratosphère. Mais
si le souffle religieux qui inspirait l'immolé du Golgotha
ne s'était pas élevé au symbolique avec deux millénaires
d'avance, sa modernité ne serait pas à venir. Car le retour
du monde contemporain à la croyance en l'existence d'un
pilote fabuleux du cosmos se focalise sur un monothéisme
qui n'a précisément pas aboli la substitution d'un animal
domestique aux sacrifices humains des origines. L'islam
se trouve dans la situation bancale de perpétuer la croyance
barbare selon laquelle Dieu aurait besoin de l'égorgement
d'une victime de l'autel et de se rassasier d'une chair
et d'un sang au rabais, celui d'un mouton à la place de
celui d'Isaac, d'Iphigénie ou de son "fils", Jésus.
Si
l'on examine la loupe le sens de la vraie révolution christique,
celle d'éradiquer les sacrifices d'animaux de substitution
après les sacrifices humains le plus coûteux, la modernité
du Galiléen est encore largement pour demain, puisqu'il
se révèle le premier découvreur du pain et du vin propres
à l' "esprit". Du coup, on comprend mieux le traumatisme
psychique qui l'a frappé de plein fouet à découvrir que
le géniteur, l'administrateur, le gestionnaire et le pilote
du cosmos se rangeait du côté du sacrifice humain et qu'on
lui demandait de jouer le rôle d'une Iphigénie des chrétiens.
En
1499, Erasme tentait d'expliquer à Luther le "dégoût" et
la "terreur" du Christ à l'heure de son sacrifice, alors
que l'Eglise et les théologiens de l'époque s'indignaient
de sa panique de femmelette. Alors que la seule perpétration
de son sacrifice sauvait tout le genre humain, il aurait
dû courir à la mort avec des "bondissements de joie" comme
saint André. Mais qu'est-ce que le courage spirituel? Erasme
n'y voit que la finesse d'esprit de Nicias face au baroudeur
Lachès décrit par Platon.
Aujourd'hui
encore, les musulmans reculent, horrifiés à l'idée qu'on
pourrait les priver de l'immolation effective, et de leur
propre main, d'un mouton bêlant et qu'Allah se contenterait
d'une chair crue qui lui serait fournie par des bouchers
et des charcutiers, tellement le sacrifice d'un mouton innocent
à Allah souffre de l'ambiguïté anthropologique d'un sacrifice
qui ne sait plus sur quel pied danser: si la bête est égorgée
et saignée par un professionnel de la viande à consommer,
ils se sentent frustrés de tout ce que leur foi présente
de tangible à leur imagination; mais, dans le même temps,
leurs imams leur enseignent que le mouton occis chaque année
présente une valeur strictement symbolique et que la véritable
religion substantifie exclusivement des symboles saturants.
5 - Pour une laïcité réflexive 
Ici encore, si une laïcité demeurée réflexive fécondait
une science historique et une géopolitique pensantes, elle
redeviendrait le Titan cérébral dont elle aurait dû assumer
la vocation pédagogique à la fin du XIXe siècle et au début
du XXe. Car l'heure avait sonné pour elle de récolter les
fruits de la mission du siècle des Lumières, qui avait commencé
de substituer l'âge de la raison à l'âge du sacré le plus
originel, celui de l'assassinat de l'homme ou de la bête
sur les autels.
Si
la laïcité avait persévéré sur le chemin tracé par les Encyclopédistes,
Benoît XVI n'aurait pu, en 2006, dans une homélie prononcée
à la Chapelle Sixtine, expliquer au peuple romain que non
seulement Jésus était venu en personne accueillir Jean Paul
II sur le seuil du paradis, mais que, par une faveur exceptionnelle
sa maman l'avait accompagné dans sa démarche.
Voir - A
propos de la mort sacrificielle de Jean Paul II
, 12 avril 2005
Encore
une fois, si la laïcité était demeurée pensante, l'infantilisation
des chrétiens n'aurait pu les conduire à la même stupidité
qui faisait dire à Bérenger au XIe siècle que la transsubtantiation
du pain du boulanger en chair de la victime saignante sur
l'autel du sacrifice faisait, des chrétiens du monde entier
un "troupeau de sots".
Mais
la République et la démocratie auront-elles le courage de
reprendre la guerre à l'ignorance et à la sottise?
6
- Dieu débarque à nouveau dans la politique 
Quoi
qu'il en soit, c'est sous nos yeux ahuris que le monde moderne
retourne en toute hâte se placer sous la conduite sévère
de Jahvé, d'Allah ou du Dieu crucifié sur l'autel du sang
et de la mort - qu'on appelle l'Histoire. Il nous faudra
bien tenter de décrypter la substance qu'on appelle le sacré,
s'il est d'ores et déjà devenu impossible de raconter l'histoire
de la Syrie, faute que la science historique actuelle perce
les secrets de l'évolution parallèle du Dieu de la Genèse
et de sa créature.
L'heure a sonné où la notion d'évolution appliquée à l'encéphale
d'Adam se place au cœur d'une recherche anthropologique
de l'intelligibilité des étapes qui ont planté les jalons
d'un devenir proprement cérébral des évadés partiels de
la zoologie. Car, à l'origine, le Dieu unique se révèle
un monstre tellement armé de ses foudres et de ses instruments
de torture qu'il illustre à merveille combien seul un roi
des châtiments les plus cruels et d'un effroi sans pareil
pouvait conduire ses fidèles jusqu'à la bataille de Poitiers
en 732.
Cependant,
il arrive que l'humanité dispose de circonstances suffisamment
favorables qui lui permettent de civiliser quelque peu son
chef des barbares du ciel, et cela au point de lui faire
promulguer des lois de plus en plus miséricordieuses à l'égard
des faiblesses d'une bête devenue embryonnairement cogitante.
Le pape François vient de rappeler que l'Eglise n'est pas
appelée à distribuer des châtiments aux pécheurs, mais à
témoigner de l'existence d'un Dieu compréhensif et compatissant.
Mais sitôt que l'histoire retrouve ses ouragans le Dieu
originel retrouve du service; et l'on voit des cohortes
de prétendus historiens et des régiments de politologues
réputés plus chevronnés que ceux de la veille, s'arracher
les cheveux de désespoir au spectacle d'une espèce dont
la sauvagerie originelle s'est seulement armée de mondes
oniriques précipitamment intellectualisés. Comment la bête
schizoïde passe-t-elle le plus sincèrement du monde, d'un
Zeus des fureurs au Zeus au Zeus d'un Jean de la Croix?
Nous sommes loin des cinq volumes de l'histoire de Port-Royal
de Sainte-Beuve, dont le regard sur l'histoire de la bête
en proie au fantastique le plus dévastateur demeurait bien
en deçà de ce que Tocqueville savait déjà. Son regard ne
pénétrait, certes, pas encore jusqu'aux entrailles d'un
Adam évolutif mais , entre les lignes, il savait du moins
que, dans toutes les têtes, Dieu est principalement un personnage
historique. Si son historicité ne reposait pas exclusivement
sur son statut de dirigeant politique dans les imaginations
des fidèles, il ne serait précisément pas "historique" au
sens simiohumain du terme. Nous venons de découvrir les
origines de l'animalité spécifique de l'homme de Naledi
et de ses ciels en Afrique du Sud.
Car
enfin, si Dieu n'existe évidemment que dans la cervelle
du simianthrope, raison de plus de l'observer la loupe à
l'œil et de le comprendre dans son gîte à lui. Il faut un
microscope capable d'enregistrer son évolution de la chrysalide
au papillon.
Décidément,
la planète universitaire est au rouet, et cela bien davantage,
la malheureuse, qu'à la fin du Moyen-âge; car elle se trouve
contrainte de changer d'échiquier et de paramètres de la
connaissance du genre simiohumain afin de tenter de répondre
aux besoins urgents de la science historique des modernes
et des exigences de la lecture en profondeur des plus grands
chefs- d'œuvre de la littérature mondiale. Sinon, comment
rendre intelligible ce que "Dieu" raconte encore à l'école
d'une scolastique aussi retardée que celle du Moyen-âge?
Si
le savoir historique des anciens docteurs de Sorbonne tombe
dans le ridicule d'une pseudo science des peuples et des
nations, et si les Sorbonne de demain ne pourront plus gesticuler
dans le descriptif au petit pied, qu'adviendra-t-il de la
récente prise de conscience de cette catastrophe ou de cette
aubaine? Cette situation a déjà provoqué une alliance entre
l'Université Marie et Pierre Curie, d'un côté et l'antique
Sorbonne de l'autre, dont j'évoquais les chances récemment.
Car
si la Sorbonne entend doter d'une rallonge dans la psychologie
la sociologie demeurée vide de ce temps, comment approfondir
la psychologie elle-même s'il lui est interdit d'avance
d'observer l'évolution mentale des mythes cérébraux et d'abord
du personnage central de l'histoire onirique de l'humanité
qu'on appelle Jahvé à Jérusalem, Allah à la Mecque et le
Crucifié dans le monde chrétien?
Et
voici que la question centrale de la géopolitique contemporaine,
à savoir la vassalisation inévitable de l'Europe dont j'analyse
le fondement depuis des mois sur ce site, se retrouve dans
la bouche de M. Poutine! Qu'est-ce donc que la vassalisation
politique? Les secrets en seraient-ils cachés dans le sacré?
Ce n'est pas ma faute si la politique et la religion sont
les mamelles de l'animalité sui generis de l'humanité.
Le
20 novembre 2014