I
- Une révolution du droit international public - Réflexions sur
la destitution du Président de la République en vertu de l'art.
68 de la Constitution du 23 février 2007, 15
octobre 2007
II
- La pesée du cerveau du Président de la République
conduit au coeur de l'histoire du monde, 18
octobre 2007
III
- La Constitution de la Vème République et la vocation
morale de la France,
22 octobre 2007
IV
- L'histoire narrative et l'histoire comprise - Guy Môquet
et le problème de la vérité historique,
30 octobre 2007
V
- Comment définir la vérité ? L'Europe et
l'avenir de la raison, 5 novembre 2007
VI - Aux
sources de l'étonnement philosophique ,
8 novembre 2007
VII - Comment
apprendre à la jeunesse à juger un chef d'Etat ?,
13 novembre 2007
VIII
- Les démiurges de l'humanité,
19 novembre 2007
IX
- Une imposture culurelle validée par la justice française,
L'anthropologie critique et le marché de l'art,
26
novembre 2007
X
- Le naufrage intellectuel du parti socialiste,
3
décembre 2007
XI
- Un village Potemkine de la diplomatie mondiale, Annapolis,10
décembre 2007
XII -
Jean-François Kahn et le thème de la folie en politique.
Une psychanalyse de la condition humaine est-elle possible?
17
décembre 2007
XIII
- Le naufrage de la culture française, 2
janvier 2008
XIV
- L'Institut international de simianthropologie - Esquisse d'une
légitimation de cette science,
7 janvier 2008
XV - Qu'est-ce qu'une religion? Le discours de Latran et le Dieu
de l'Amérique, 14 janvier 2008
XVI - Le corps de Nicolas Sarkozy et le corps de la France,
*
1
-La démocratie et la raison
2 - La théologie de Nicolas Sarkozy
3 - La sous-conversation de M. Nicolas Sarkozy avec le Saint-Siège
4 - L'inconscient infernal de l'histoire
5 - L'anthropologie des théologies
6 - Le nouveau Graal de l'univers
7 - La géopolitique du Saint Esprit
8 - La sous-conversation de Moscou avec l'Europe vassalisée
9- L'avenir de la guerre de la raison
10 - Suite de l'itinéraire de la raison française
11 - Suite de l'itinéraire de la raison française
12 - Suite de l'itinéraire de la raison française
*
1
- La démocratie et la raison
Si une
délégation d'intellectuels débarquait de la planète Mars sur notre
astéroïde hébété, sa première surprise serait de découvrir que
notre espèce se divise entre des croyants et des incroyants, mais
que ni nos philosophes , ni nos Etats ne se posent la question
première, qui devrait se formuler en trois mots : " Qu'est-ce
qu'une religion ? "
Le 20 décembre
2007, M. le Chanoine honoraire Nicolas Sarkozy a prononcé en la
basilique Saint Jean de Latran de Rome un discours pastoral qui
marquera d'une pierre noire l'histoire des relations jusqu'alors
globalement socratiques que les démocraties avaient entretenues
avec la pensée rationnelle depuis Périclès ; car, ce jour-là ,
la nation qui a fondé la politique du monde sur la voix retrouvée
du suffrage populaire et qui a scellé l'alliance du régime démocratique
avec le concept de civilisation aura tenté de légitimer la capitulation
d'un Etat moderne devant le sacré. La France de Descartes épaulera
donc désormais la guerre intraitable à la science et à la philosophie
à laquelle l'Eglise catholique a vocation de se livrer depuis
deux millénaires. Mais cette offensive d'un vieux mythe cosmologique
contre l'empire devenu intercontinental, lui aussi, de la connaissance
du réel pourra également contribuer à tirer la France copernicienne
de son sommeil ptolémaïque, parce que la mobilisation des légions
de la foi au sein de tous les peuples et de toutes les nations
galiléens de la terre ne fera que donner un élan nouveau et plus
actuel à la guerre entre les autels de la foi et ceux de la connaissance,
parce que Platon a plongé à jamais la philosophie dans l'eau de
baptême de l'" esprit critique " .
A première
vue, il semble donc qu'il ne s'agisse que d'un arrangement de
circonstance entre deux paresses cérébrales aussi sommitales qu'ennemies
l'une de l'autre, celle de l'Etat pseudo-philosophique de 1905,
d'une part, qui a laissé la pensée mondiale en panne d'inspiration
, donc de sacrilèges, et celle de l'Eglise de Benoît XVI, d'autre
part.
-
Le christianisme et l'avenir de la raison européenne ,
Le Monde,
29 décembre 1999
Si une alliance
morbide entre ces deux tranches d'une demi raison devait conduire
la France à une prise de conscience accélérée des secrets anthropologiques
de la crise intercontinentale d'identité de la philosophie contemporaine,
la renaissance de " l'esprit d'examen " de Voltaire trouverait
enfin son vrai tremplin, parce que nous assisterions au trépas
de la sotte croyance selon laquelle les Etats auraient vocation
à devenir un jour réellement et entièrement pensants - depuis
Athènes, cette illusion tenace est la cause principale de la paralysie
de toute connaissance en profondeur de l'évolution cérébrale du
genre simiohumain.
C'est donc
dans la postérité logique de la cécité anthropologique du siècle
des Lumières que l'Eglise et la République se sont avancées en
aveugles sur le terrain miné qui les condamne désormais à révéler
- à leur corps défendant - combien leurs fantasmes respectifs
sont incompatibles entre eux, parce qu'ils renvoient à deux types
de cerveaux de fabrication différente. Aux yeux de l'Eglise, le
" sens de la vie " est de nature mythique, donc également
" l'espérance ", la " transcendance " et la définition
même du " bien " et du " mal " ; car toutes ces
valeurs sont censées avoir été dictées du haut du ciel à une créature
livrée pieds et poings liés à un souverain absolu du cosmos, ce
qui rend sa servitude universelle et immuable par définition ,
tandis que, par un effet de leur nature, tous les Etats du monde
opèrent la mutation inverse : les croyances et les vertus se changent
en proies de leur renommée et en instruments de leur puissance.
Là où l'ambition des Eglises immobilise l'histoire à la gloire
d'un maître vaporisé dans les nues et hiératise les sociétés au
profit d'une idole ambitieuse de régner sans partage, la pensée
et la science se fondent à nouveau, mais depuis cinq siècles seulement,
sur la raison grecque fécondée , depuis deux siècles sur la sociologie
née avec Diderot, depuis un siècle et demi sur les premiers pas
d'une connaissance des origines simiennes d'une humanité que la
lente maturation de son encéphale semi animal n'a pas encore conduite
aux funérailles de ses sorciers .
2
- La théologie de Nicolas Sarkozy
Depuis Socrate,
les semi évadés de la zoologie tentent péniblement de connaître
la nature des chaînes que la terre et leurs songes s'appliquent
à entrelacer - ce qui, depuis Pinel, Charcot et Freud a placé
l'étude de la folie proprement cérébrale de cette espèce sur l'enclume
de la philosophie occidentale, donc mondiale. Certes, l'Eglise
s'attache également à se forger une pastorale de la finitude,
donc de la folie de la créature , mais seulement afin d'exalter
la puissance de la boîte osseuse d'un despote céleste dont elle
refuse obstinément de scruter les infirmités intellectuelles et
politiques, tandis que la science tarde à découvrir qu'on s'élève
à scruter la boîte osseuse de l'animal qui se regarde dans le
miroir de ses dieux. C'est ainsi que, dans la postérité de Descartes,
puis de Kant, la philosophie moderne est devenue une anthropologie
un peu plus ascensionnelle , donc plus lucide et plus éveillée
que celle qu'illustrait la catéchèse craintive et vénératrice
des Eglises .
Je vous
convie donc, mes chers congénères, à vous réjouir aux côtés de
l'homme à la ciguë ; car il appartient à votre génération de regarder
l'heure à deux horloges de l'espèce schizoïde, celle de la science
et celle du sacré. Quelle est la place que vous occupez sur ce
double cadran ? Depuis les origines, les insectes de l'autel et
les insectes de la philosophie feignaient de penser d'un
commun accord et s'exerçaient à la vaine entreprise d'apporter
leur pierre à l'édifice de la sagesse politique de l'humanité.
Je vous convie à observer comment les maçons des idoles cachaient
les ruses qui leur permettaient de passer muscade sur leurs désaccords
avec les maçons du savoir.
Le discours
semi rationnel et semi religieux de la France contemporaine est-il
la chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams ? Quels sont
les alibis , les faux-fuyants, les dérobades, les subterfuges
et les mascarades communs à l'Etat et à Rome ? La République et
le Saint Siège vont-ils abattre leurs cartes et révéler au monde
stupéfié qu'elles ont toujours joué dans une seule et même cour,
celle de la politique ? Les deux lévites vont-ils confesser à
la planète ahurie que l'habillage théologique de " Dieu " d'un
côté et la vêture terrestre des idéalités de la démocratie de
l'autre n'ont jamais présenté à l'histoire ébahie que les parures
artificielles sous lesquelles le simianthrope semi pensant cache
à ses congénères et à lui-même les vrais secrets de la cuisine
célestiforme qu'il sert à ses convives ?
3
- La sous-conversation de M. Nicolas Sarkozy avec le Saint-Siège
Gardez-vous
bien de rendre grâces à un chef d'Etat suffisamment roué pour
faire semblant de tomber le masque et de ficeler la science et
la pensée modernes aux chaînes rouillées de la théologie du Moyen-Age.
Dans ce cas , voyez comme ils se tirerait une balle dans le pied
. Car la Renaissance est née de l'invalidation parallèle de l'Eglise
de l'époque et des Etats chrétiens qui s'étaient attachés à son
char. M. Nicolas Sarkozy ne va-t-il pas affaiblir en catimini
la République à révéler à une planète qui n'en croira pas ses
yeux et ses oreilles que Rome et Paris se sont toujours entendus
, l'une pour appeler le ciel des anges à la rescousse de sa musculature
politique, l'autre pour imposer au ciel les lois de ce monde?
Observez
donc plutôt comment la sainte alliance du glaive et de la mitre
s'était secrètement fissurée avec la Réforme et comment M. Nicolas
Sarkozy tente de la sceller à nouveaux frais; car, se dit l'habile
homme, la République a terrassé l'autel, la République a disqualifié
les rites et les liturgies sur toute la terre habitée, la République
a réduit l'Eglise à réciter ses patenôtres et à égrener son chapelet,
la République a contraint l'Eglise à lever au ciel ses bras inutiles,
la République assiste en solitaire, désormais au triste spectacle
de la folie et de la barbarie du simianthrope : l'heure n'aurait-
elle pas sonné pour la France de 1905, se dit le Machiavel du
ciel républicain, de tendre la main au vaincu et de lui dire sans
afficher trop de superbe, mais en souverain sûr de son sceptre:
" Relève-toi, Pierre, et saluons d'un cœur pur la nouvelle alliance
de la foi des chrétiens avec la démocratie victorieuse. Tes écoles
religieuses sont contraintes d'enseigner la politique et l'histoire
à la lecture des manuels scolaires qu'ont rédigé nos savants à
nous ; nos professeurs sont seuls autorisés à former tes ouailles
jusque dans l'enceinte de ton système éducatif et les épreuves
de notre baccalauréat sont exclusivement corrigées à l'école de
nos têtes. Qu'attends-tu pour reconnaître ta défaite et pour collaborer
plus étroitement avec notre République au lieu de ressusciter
tes exorcistes et ta banque des indulgences ? Puisse ce jour de
gloire autoriser ton ciel et celui de la France à combler ensemble
les plus riches de nos citoyens de présents somptueux et à rendre
nos pauvres plus taillables et corvéables à merci que jamais !
Il fut un temps où la République avait pris la relève de tes bénédictions
et de ta charité. Mais n'est-il pas temps de mettre fin à la malencontreuse
folie de tenter de porter remède à la loi de fer qui régit le
monde d'ici bas ? Tu as démontré , par l'expérience de vingt siècles
de l'histoire et de la politique de ton Eglise, que les riches
sont nés pour s'enrichir et les pauvres pour s'appauvrir. Souviens-toi
de l'un de tes saints prédécesseurs, Innocent IV , qui avait étalé
ses richesses aux yeux du futur saint Thomas d'Aquin, souviens-toi
des pieux gémissements de ce successeur de Saint Pierre, qui ne
pouvait, disait-il, égaler la pauvreté du Seigneur. Mais souviens-toi
également de la réponse de l'auteur de la Summa contra gentiles:
" Et vous ne pouvez dire non plus : Lève-toi et marche. " Eh bien,
très Saint Père, mettons fin à vingt siècles de notre différend
sur les droits respectifs des riches et des pauvres et marchons
d'un pas résolu vers le monde tel qu'il est. Si nous le gérons
la main dans la main, nous laisserons à Dieu seul le soin de reconnaître
les siens. "
4
- L'inconscient infernal de l'histoire
J'attire
l'attention de votre génération sur la nature singulière des relations
que la pensée anthropologique moderne entretiendra avec l'Eglise
et avec l'Etat quand la théologie sarkozyste de la République
aura enraciné la foi chrétienne dans l'économie mondiale de marché.
Car une République qui aura renoncé à la guerre confessionnelle
contre la pauvreté aura également renoncé à celle qui lui avait
fait rompre les ponts de la raison politique mondiale avec la
théocratie monarchique. Du coup, la démocratie française rencontrera
à la fois des difficultés catéchétiques insurmontables et des
difficultés pratiques sans remède; et elle courra le risque de
perdre sur les deux tableaux . Car si elle tente de sceller un
pacte nouveau avec le sacré d'autrefois, elle se débilitera de
se trouver contaminée par des dogmes et des orthodoxies tellement
fatigués que personne ne parvient plus à les faire seulement tenir
debout quelques instants au cours des cérémonies censées leur
rendre les derniers honneurs . Songez également que la science
et la philosophie mondiales poursuivront toutes seules leur chemin
et qu'elles passeront au large d'un ciel fier, de son côté, de
l'inaltérabilité cérébrale qu'il affiche depuis le Concile de
Nicée en 325 et, de l'autre, d'une France saisie in extremis par
l'ambition d'épauler un Mathusalem ecclésial.
Qu'adviendra-t-il
alors des chances de la nouvelle Renaissance ? Elle se réjouira,
certes, de se trouver plus solitaire et plus seule en lice qu'au
XVIe siècle, puisqu'elle aura brisé davantage que les Erasme et
les Budé les entraves de la raison infirme que la France avait
affichée au cours de sa longue alliance avec le Saint Siège. Mais,
dans le même temps, il appartiendra aux intellectuels du XXIe
siècle de refonder la politologie sur une connaissance anthropologique
de l'alliance des autels avec les sacres du meurtre et du sang
qui ont écrit l'histoire du monde depuis que l'encéphale du simianthrope
s'est scindé entre le ciel et la terre. Si vous n'avez pas d'anthropologie
en mesure de spectrographier le pacte du séraphisme cultuel avec
l'égorgement payant d'une victime offerte à une idole, votre révolution
ne sera pas d'une profondeur et d'une violence auprès desquelles
celle de 1789 paraîtra une convulsion locale des Gaulois ; car
votre combat d'humanistes plus avertis que vos ancêtres des ressorts
politiques de la théologie de l'assassinat d'un prophète sur les
propitiatoires de la sainteté du monde et de l'Eglise ne sera
pas un arbitrage benoît et de tout repos entre une République
des prières relativement désensanglantées de la démocratie et
les liturgies d'une Eglise que Jean-Paul II et Benoît XVI ont
pieusement réarmée de l'arsenal des indulgences du Moyen-Age,
afin de permettre aux fidèles d'acheter aux guichets de la foi
un raccourcissement bienvenu de leurs tortures posthumes.
5
- L'anthropologie des théologies
Ne vous
laissez pas tromper par la façade fleurie des théologies. Comme
tous les Etats, elles se divisent entre leurs geôles et leurs
auréoles, comme tous les Etats, elles répandent les effluves de
leurs brûle-parfums et attisent la flamme sous leurs marmites
infernales. Mais vous remarquerez qu'aucun commentaire théologique
ou philosophique du pieux discours que M. Nicolas Sarkozy a prononcé
en l'église Saint Jean de Latran n'a seulement abordé le vrai
sujet, à savoir l'examen du contenu psychobiologique et politique
des trois monothéismes . Chacun s'est contenté de comparer le
séraphisme qui imprègne les valeurs laïques avec l'angélisme qui
imprègne les vertus catéchisées par une orthodoxie, tout le monde
s'est seulement rangé dans un camp ou dans l'autre. Mais une Eglise,
c'est un corps de doctrine, un traité des dogmes et des prodiges,
un précis des félicités et des tortures qui attendent un simianthrope
tour à tour sanctifié et damné pour l'éternité ; et un Etat ,
ce n'est pas un édénisme politique, mais une auréole et un code
pénal, une nuée d'angelots voletant autour du trône de la liberté
et une police musclée, un autel des valeurs d'où monte l'odeur
des sacrifices du prince à une politique du chiffre .
Mais votre
époque ignore le contenu concret des credos et les variations
de leur température au cours des siècles . Une science historique
et politique qui n'a jamais ouvert le sarcophage d'une théologie
et qui demeure incapable de décrypter des documents anthropologiques
aussi focaux qu'une armature du ciel jamais les sciences humaines
qu'attend la postérité temporelle de Darwin . Si vous ne lisez
les deux mille huit cent soixante trois propositions practico-mythologiques
du Catéchisme officiel que l'Eglise catholique a publié au début
du second millénaire et qui donnent leur assise politique aux
trois monothéismes, comment connaîtriez-vous davantage la mythologie
chrétienne que la cosmologie d'Isis et d'Osiris ?
6
- Le nouveau Graal de l'univers
Vous aurez
donc à traiter de l'inconscient nauséabond de l'histoire que les
idoles mettent pieusement à l'école de leur encens et enveloppent
des senteurs de leur foi. L'étude anthropologique du camp de concentration
malodorant que la sainte Eglise met en scène sous la terre rendra
la révolution intellectuelle qui vous attend plus odoriférante
que celle de 1789 ; car le ciel parfumé que vous aurez autopsié
à l'échelle de la planète aura réduit l'Europe sublimée par la
démocratie américaine à une servitude armée des ailes de séraphins
d'une occupation militaire soutenue par les armées des dévots
de la liberté. Apprenez donc à vous rendre olfactifs au lieu de
vous boucher le nez et les oreilles ; car le salut de l'Europe
que la Constitution de Lisbonne a fondé sur l'assujettissement
perpétuel du Vieux Continent au sceptre d'un empire étranger aura
dûment institutionnalisé une vassalité dont la détection demandera
un affinement de votre organe nasal . Quand vous aurez visité
les souterrains de la théologie franco-ecclésiale et exploré les
chemins secrets de la sainteté politique qui conduisent les deux
sceptres à se rejoindre sous le drapeau américain de l'OTAN, vos
yeux s'ouvriront sur l'enjeu géopolitique du discours apostolique
du 20 décembre 2007 qui a fait du Président de la République le
missionnaire du nouvel édit de Nantes, celui qui fera de la finance
internationale le nouveau Graal de l'univers. Alors votre regard
portera sur une France devenue pieusement obéissante à la fois
sous l'oriflamme des bénédictions démocratico-pontificales et
sous le joug de son maître d'outre-Atlantique.
7
- La géopolitique du Saint Esprit
Pourquoi
le Vatican et Paris gardent-ils un silence complice sur soixante
ans d'une théologie de l'occupation dévote de l'Europe par les
saintes garnisons du Nouveau Monde ? Parce que toute la politique
de M. Nicolas Sarkozy vise à faire consommer l'hostie de l' OTAN
à la France . Pour obtenir cet agenouillement, il a créé une Commission
composée de néocons français et de quelques modérés à ranger parmi
les marionnettes ; mais la politique de la prosternation devant
le sceptre de la guerre contre l'Iran a subi un revers retentissant
avec le schisme de tous les services secrets américains, qui se
sont unanimement coalisés pour la circonstance contre le locataire
de la Maison Blanche .
XIV
- L'Institut international de simianthropologie - Esquisse
d'une légitimation de
cette science, 7 janvier
2008
Face à cette
hérésie inattendue des justes de l'empire américain, il ne reste
plus à l'orthodoxie de M. Nicolas Sarkozy que la carte du " projet
méditerranéen " , dont l'ambition est d'élever le pape au
rang de coadjuteur de la flotte de guerre de Washington en Méditerranée
et de caution catholique du gigantesque porte-avion américain
qu'on appelle encore quelquefois l'Italie. On sait que le pont
de ce seul bâtiment suffit à porter cent trente sept bases militaires
américaines dont les lointains descendants de Cincinnatus sont
devenus les valets ; et puisque le port de Naples demeurera la
forteresse inexpugnable de la marine de guerre du Nouveau Monde
en Europe, on comprend que la fille aînée de l'Eglise rende un
fier service au souverain de Washington à jeter Saint Pierre dans
l'escarcelle de l'empire ; mais comme ce pape porte en outre dans
sa hotte l'Allemagne catholique de l'ouest , quelle puissante
tête de pont américaine en Europe qu'une France et une Allemagne
unies autour d'une même messe !
Telle est
la raison profonde, me glissent deux cardinaux à l'oreille, M.
de Mazarin et M. de Richelieu, la raison profonde, dis-je, pour
laquelle le seul thème politique que M. Nicolas Sarkozy ait abordé
avec le Saint Siège est celui du " projet européen " de la France
. Par bonheur, la Russie n'est pas dupe : comment ne verrait-elle
pas clair comme le jour que la poursuite de la politique de vassalisation
de l'Europe qui inspire le Président de la République française
n'est autre que l'aile Sud d'un rééquilibrage destiné à se substituer
définitivement à l'alliance entre Moscou, Berlin et Paris qui
aurait donné à l'Europe son élan vers l'Inde et la Chine et constitué
l'Occident en un pôle de la puissance mondiale en mesure de contrebalancer
celle de l'empire américain.
8
- La sous-conversation de Moscou avec l'Europe vassalisée
Aussi la
Russie a-t-elle envoyé une partie impressionnante de sa flotte
de guerre parader en Méditerranée afin de rappeler à l'Europe
asservie qu'elle est décidée à combattre l'expansion de l'OTAN
du Maroc à l'Egypte et à Israël . Le contenu symbolique de cette
expédition a été soigneusement caché à l'opinion publique européenne
: il s'agissait de rééditer la démonstration de force de la "
Grande Flotte blanche " américaine qui , en 1907 , avait
réalisé l'exploit de faire le tour du monde à la barbe de toutes
les puissances . Après avoir contourné l'Amérique du Sud , l'armada
avait traversé le Pacifique en direction de l'Australie, était
remontée jusqu'au Japon, pour franchir l'Océan Indien et pénétrer
en Méditerranée par le canal de Suez avant de rentrer en Amérique
par l'Atlantique Nord après un périple de quinze mois. Cette flotte
était entièrement peinte en blanc, afin de signifier que le futur
empire démocratique du monde serait immaculé. La flotte russe
a donc battu pavillon haut tout au long des côtes de l'Europe
avant de pénétrer en Méditerranée par le détroit de Gibraltar
; et les portes d'Hercule ont salué sa grandeur.
Tels sont
les couloirs secrets qui relient la théologie de la nouvelle démocratie
française à l'école américaine d'apprentissage de la servitude
politique de l'Europe ; tels sont les souterrains qui conduisent
les civilisations domestiquées dans les caves du Vatican. Mais
cette domestication ne vous deviendra intelligible que si vous
vous initiez aux secrets anthropologiques de la débâcle de la
raison laïque d'une France qui n'a pas su féconder la loi de 1905
sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat .
Je vous
convie donc à prendre conscience de la navigation de la flotte
pantagruéline, celle d'une raison qui évitera les pièges dans
lesquels la démocratie acéphale de M. Nicolas Sarkozy voudrait
faire tomber la France.
9
- L'avenir de la guerre de la raison
La nouvelle
catéchèse de la France ex-républicaine tentera de métamorphoser
à vos yeux d'enfants les dogmes religieux en l'expression inoffensive
d'une culture démocratique auréolée par le sacré. Comment ce prodige
va-t-il s'opérer ?
L'immolation
des exigences de rigueur de la science et de la pensée occidentales
sur l'autel d'une sorte de théologie confuse de la Liberté universelle
se trouvera consommée par le sacrifice de la logique philosophique
sur l'offertoire lénifiant de toutes les orthodoxies. Celles-ci
auront été subrepticement auto-sacralisées par le détour d'un
panculturalisme acéphale à seule fin qu'il vous soit vigoureusement
et à jamais interdit de peser des dogmes bénisseurs sur la balance
d'une réflexion anthropologique de nature à vous éclairer sur
le meurtre " sauveur " dont la démocratie et la foi se
trouvent toutes deux habitées. Vous devrez ignorer que le sacré
est scindé entre le sanglant et le séraphique par le politique
qui l'inspire en secret . Alors seulement, il sera à portée de
main de la République de M. Sarkozy de légitimer le divin à un
tout autre titre que le sien - à celui de la sainte innocence
qu'affichera l'éthique littéraire, picturale , musicale ou poétique
des démocraties " tolérantes " à l'égard du religieux. A ce compte,
Zeus sera proclamé siéger réellement sur l'Olympe pour le saint
motif que la littérature grecque a fourni des témoignages incontestables
de la vitalité culturelle de cet Immortel.
A partir
d'un postulat aussi dangereux , comment le passage de la théologie
grecque à celle du christianisme ferait-il difficulté ? Le pain
et le vin de la messe seront censés se changer effectivement en
la chair et le sang jetés à dévorer sur l'offertoire du Golgotha
par l'assassinat réputé réel à son tour de Jésus-Christ sur l'autel
de la foi, puisque la victime réputée trucidée en chair et en
os par le glaive des paroles de la consécration - celles que le
prêtre prononce dévotement face au propitiatoire - s'offrira à
une idole non moins avide que les précédentes de boire l'hémoglobine
de l'humanité et de manger cette viande. Comprenez-vous maintenant
pourquoi la République française et l'Eglise interdiront d'un
commun accord de décrypter une théologie et une démocratie aussi
trompeusement séraphiques l'une que l'autre ? Mais aux yeux d'une
raison française que vous remettrez en marche, les doctrines religieuses
d'origine anthropophagique présenteront un intérêt sans égal ,
puisque leurs auréoles et leurs geôles éclaireront les arcanes
de l'alliance bi-millénaire de l'histoire avec le sang des sacrifices.
Alors vous connaîtrez les secrets des offrandes - les hosties
- que les sociétés offrent à l'idole qu'elles sont devenues à
elles-mêmes ; et vous serez initiés au meurtre à la fois réel
et symbolique réputé les " sauver ".
C'est dire
que si vous ne vous armez pas d'une anthropologie capable de pénétrer
dans les souterrains politiques et psychobiologiques de l'immolation
d'un homme ou d'un animal vivants à un grand sacrificateur installé
en maître dans le cosmos, la civilisation occidentale n'acquerra
jamais la connaissance de l'enracinement du genre simiohumain
dans un meurtre religieux tenu pour le moteur politique des nations.
Alors le mâle - l'Etat moderne - et l'Eglise, qui est femme, persévèreront,
comme au Moyen-Age, à se voiler la face ensemble ; et vous ignorerez
la nature et le sens de l'exécution dite " salvatrice "
et "libératrice " perpétrée sur l'autel d'Adam , alors
que le sacre du divin se récolte sur les champs de bataille ;
car la guerre met en scène, elle aussi, un meurtre sanctifié par
une collectivité conviée à boire son propre sang dûment métamorphosé
en nectar du ciel. Les théologies sont nées de l'expérience des
combats et elles en reproduisent le modèle à l'école des alchimies
de l'autel.
Mais qu'adviendrait-il
de la spectrographie des deux champs d'honneur du simianthrope
- le ciel et la patrie - si cette espèce ouvrait un jour les yeux
sur les tributs de chair et de sang qu'elle présente sans relâche
à l'idole chargée de reproduire sa propre effigie politique dans
le ciel ? " Aucun Français, dira M. Nicolas Sarkozy , n'est
resté indifférent au mystère de la conversion du Cardinal Lustiger
". Mais justement, Monsieur le Chanoine honoraire, aucun progrès
réel de la connaissance scientifique des portraits de lui-même
que le simianthrope colloque dans ses empyrées ne sera possible
si ce " mystère " n'est pas éclairci à une tout autre école
du savoir qu'à celle des ostensoirs du langage angélique que la
République et le Saint Siège balancent pieusement sous les yeux
de l'humanité.
10
- Suite de l'itinéraire de la raison française
Vous avez
compris à quel personnage la victime est offerte sur l'offertoire
à propre histoire d'Adam et Eve - celle que l'évolution du cerveau
du chimpanzé a rendue à la fois séraphique et sanglante. Aussi
tout progrès de la connaissance anthropologique des auto-bénédictions
à la fois ailées et meurtrières qui permettent à l'encéphale simiohumain
de sanctifier les tributs qu'il s'offre à lui-même dans les nues
et sur la terre passera-t-il par une politologie capable d'accéder
à la radiographie des idoles mi tueuses, mi bénédictionnelles.
Pourquoi les fuyards de la nuit animale acquittent-ils une rançon
inépuisable aux créanciers qu'ils installent dans les nues et
auxquels ils mettent un couteau entre les dents? Parce que les
tueurs magnifiés qu'ils colloquent dans le ciel les symbolisent
en retour et les représentent sur la terre avec la plus sûre éloquence
.
On châtrera
donc la laïcité de tout contenu scientifique et philosophique
réels, alors que la philosophie est née de la migration de la
Grèce myope - celle d'une monarchie sacralisée par la terre -
à une démocratie spatialisée par la mer et capable de se distancier
des dieux . Mais voyez comme la République de M. Nicolas Sarkozy
expulsera de l'arène de la démocratie française toute réflexion
sur le sacré : quand il ne s'agira plus de distinguer clairement
le vrai du faux, mais seulement d'acheter des "convictions
" à la carte, comme on choisit chez le pâtissier des friandises
qui flattent le palais, la théologie doctrinale de l'Eglise feindra
de courber le dos un instant, parce qu'elle aura momentanément
le plus grand intérêt à marcher du même pas que la République
et à passer à ses côtés pour une forme parmi d'autres de l'universalité
indistincte de la culture, plutôt que d'afficher le terrible
credo du meurtre de l'autel qui la branche sur l'histoire réelle
du simianthrope .
Mais tout
s'enchaîne sur le chemin de la logique interne des sacrifices
" rédempteurs ": la civilisation mondiale se trouvera plongée
dans un chaos cérébral sans remède quand des propositions en contradiction
entre elles se changeront en tests de la "vérité démocratique
" et des " valeurs républicaines ". " C'est pourquoi
, dira M. Nicolas Sarkozy, nous devons tenir ensemble les deux
bouts de la chaîne : assumer les racines chrétiennes de la France,
et même les valoriser, tout en défendant la laïcité enfin parvenue
à maturité. Voilà le sens de la démarche que j'ai voulu accomplir
ce soir à Saint-Jean de Latran." Tel sera également le
nouveau laboratoire du sacré : dès lors qu'on déclarera vrai ce
qui aura été jugé tel au banc d'essai de l'ex-France de la pensée
cartésienne, on se verra conduit à l'extinction pieuse des prérogatives
de feu la raison scientifique, tellement il s'agira seulement
de valoriser les profits politiques que l'Etat et l'Eglise retireront
d'un commun accord d'une sanctification à la fois niaise et retorse
des valeurs de la démocratie.
Ecoutez
le chant de triomphe de la pensée mythologique: " Aujourd'hui
encore, la République maintient les congrégations sous une forme
de tutelle, en refusant de reconnaître un caractère cultuel à
l'action caritative, en répugnant à reconnaître la valeur des
diplômes délivrés dans les établissements d'enseignement supérieur
catholique, en n'accordant aucune valeur aux diplômes de théologie,
considérant qu'elle ne doit pas s'intéresser à la formation des
ministres du culte. " Mais ouvrirez-vous toute grande la porte
de la folie qui substituera l'intérêt politique des Etats aux
intérêts supérieurs de la méthode scientifique ? "Un homme
qui croit, c'est un homme qui espère. Et l'intérêt de la République,
c'est qu'il y ait beaucoup d'hommes et de femmes qui espèrent.
La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel
des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres,
n'ont pas rendu les Français plus heureux. C'est une évidence."
Et si "l'intérêt de la République ", comme nous dit le
chanoine honoraire de Saint Jean de Latran, était d'apprendre
à penser dès les bancs de l'école?
11
- Suite de l'itinéraire de la raison française
Voyez maintenant
comment les vocabulaires respectifs de la foi et de la pensée
vont se confondre et s'entre-mêler dans un chaos cérébral définitif.
Ainsi , le terme de vocation, qui renvoie au latin appeler
, et qui ressortit au discours mystique par définition, se confondra
avec la vocation politique dûment mythifiée de M. Nicolas
Sarkozy en personne . "Sachez que nous avons au moins une
chose en commun : c'est la vocation. On n'est pas prêtre à moitié,
on l'est dans toutes les dimensions de sa vie. Croyez bien qu'on
n'est pas non plus président de la République à moitié. Je comprends
que vous vous soyez sentis appelés par une force irrépressible
qui venait de l'intérieur, parce que moi-même je ne me suis jamais
assis pour me demander si j'allais faire ce que j'ai fait, je
l'ai fait. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre
à votre vocation, parce que moi-même je sais ceux que j'ai faits
pour réaliser la mienne. "
Mais quand
les mots changent de sens , de portée, de couleur et de calibre
sous le feu nourri d'une Eglise et d'une République de l'inculture,
l'Occident sera renvoyé à une philosophie et à une histoire de
la morale antérieures aux conquêtes scientifiques du XVIe siècle,
lorsque la civilisation occidentale croyait encore à la canonnade
d'un Bien et d'un Mal réputés universels et définis à jamais par
la métaphysique théologique chrétienne. " Dans la transmission
des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le
bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé
ou le pasteur, même s'il est important qu'il s'en approche, parce
qu'il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie
et le charisme d'un engagement porté par l'espérance.
"
Cette ultime
régression de la raison et de la pensée mondiales sera dévastatrice,
parce que la civilisation européenne sait, , depuis Christophe
Colomb, que les préceptes de la morale publique et privée varient
avec les siècles, les climats et les lieux , mais que la science
et la pensée ne sauraient, pour autant, se passer d'une hiérarchisation
sévère et réfléchie des valeurs qui ont fait d'une éthique le
baromètre de toutes les grandes civilisations. Si la République
vous dit que toutes les cultures seront désormais tenues pour
égales entre elles du seul fait de leur existence à telle époque
et sur tel lopin du globe terrestre, approuverez-vous la culture
des pitanjaras, chez lesquels la mère tue et mange un nouveau
né sur deux, parce qu'elle a été convaincue par les sorciers de
l'endroit que le suivant en sera rendu deux fois plus fort ? Approuverez-vous
la culture des Trobriandais, chez lesquels le mâle n'est intronisé
parmi ses pairs qu'après avoir tué un congénère ?
Mais si
les sauvages et les civilisés cessaient de passer pour confusibles
sous le goupillon du panculturalisme d'aujourd'hui, la souveraineté
absolue des cultures s'effondrerait ; car les civilisations sanctifiées
par leur pseudo égalité entre elles interdisent d' offenser la
dignité du genre humain et d'insulter l'universalité des " droits
de l'homme " par l'hérésie de distinguer la raison de la sottise.
Vous placerez donc la musique de Mozart aux côtés de celle des
Papous, des Hottentots ou des Pygmées. Voyez, à ces exemples,
à quel point l'apologie irraisonnée des cultures protège ensemble
la République et l'Eglise du sacrilège de percer le secret des
autels : comment la raison scientifique occidentale revendiquerait-elle
non seulement le droit de distinguer le vrai du faux, mais l'hégémonie
cérébrale de Socrate sur la religion de la potence puisque les
trois idoles dites uniques sont armées d'un camp de concentration
souterrain dont il est interdit, au siècle de la psychanalyse,
d'ignorer l'éloquence. Comme je l'ai rappelé plus haut, l'autel
du Golgotha est un offertoire qui demande qu'on y dépose de la
chair et du sang. Comment la philosophie de la culture de M. Nicolas
Sarkozy ne nous reconduirait-elle pas tout droit à l'ignorance
et à la barbarie communes à tous les sorciers? Du coup, l'espérance
politique du monde se trouvera à nouveau validée de se nourrir
des fantasmes d'une magie religieuse avide de chair fraîche ;
car, dit M. Nicolas Sarkozy, " la situation géographique de
la Méditerranée , comme son passé, conduisent naturellement cette
région du monde à l'union ; mais les religions et les traditions
culturelles s'y exacerbent souvent ".
12
- Suite de l'itinéraire de la raison française
Voilà qui
fait désordre : comment la raison française va-t-elle expliquer
que les religions conduisent à la fois " naturellement"
à l'union et "naturellement" à leur exacerbation ? Quelles
sont les raisons viscérales pour lesquelles les "religions
et les traditions culturelles" entrent nécessairement en conflit
et qu'est-ce que la "passion religieuse " dès lors que
nulle autre n'est plus sanglante que celle-là? Que signifiera
le " choc des civilisations " si les mythes sacrés seront tout
subitement qualifiés de fantasmes collectifs quand ils auront
chu dans le tragique et de vérités révélées quand elles se tiendront
tranquilles un instant? Mais comment leur demanderez-vous de se
montrer respectueuses des hérésies d'en face, alors qu'elles sont
condamnées à les juger suicidaires, et comment se partageraient-elles
gentiment leur folie si les " convictions profondes
" ne sauraient reposer indifféremment sur des raisonnements solides
et sur des billevesées ? Décidément le Président de la République
française a pris autant de retard sur l'anthropologie de son siècle
que l'Eglise du XVIe siècle sur l'astronomie de Copernic : il
ignore tout des relations que la schizoïdie religieuse du simianthrope
entretient avec l'histoire du monde !
Mais si
vous prenez acte de ce que jamais aucun Etat ne deviendra réellement
pensant, au sens abyssal où penser, c'est peser la boîte osseuse
du simianthrope sur une balance sans cesse à construire et si
vous prenez acte, de surcroît, de ce que la politique du monde
se révèlera toujours et nécessairement aussi viscéralement rebelle
à la connaissance rationnelle de l'encéphale dichotomique des
fuyards de la zoologie que les Eglises, pendant combien de temps
les guerriers de la raison de la France profiteront-ils de la
chute parallèle de Rome et de Paris dans les ténèbres d'un second
Moyen-Age ? Pendant combien de temps courront-ils sans entraves
vers un royaume de la connaissance ouvert, le temps d'un clignement
de paupières, à la réflexion sur la véritable postérité de Darwin
, alors qu'une République alliée à la foi partagera à nouveaux
frais avec l'Eglise romaine le besoin incoercible de brider, puis
d'interdire résolument tout progrès de la connaissance rationnelle
? Car, aux yeux de tout Etat comme de toute Eglise, l'essentiel
est seulement de trouver un " sens à la vie ", quel qu'en
soit le prix intellectuel . M. Sarkozy se veut le pasteur de la
France de demain; mais sa catéchèse de la décapitation de la République
montre déjà le bout de l'oreille . La censure n'est pas loin quand
on écrit : " La République a intérêt à ce qu'il existe aussi
une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D'abord
parce que la morale laïque risque toujours de s'épuiser quand
elle n'est pas adossée à une espérance qui comble l'aspiration
à l'infini. Ensuite et surtout parce qu'une morale dépourvue de
liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences
historiques et finalement à la facilité. "
Qu'est-ce
que la " facilité " aux yeux d'un obscurantisme
d'Etat fièrement démocratique et français? Comment éviterez-vous
la pire des facilités au sein de la République , celle de renoncer
à penser sérieusement , si vous n'osez commettre le sacrilège
de passer une " espérance " frelatée au scanner du "Connais-toi"
de demain? Comment éviterez-vous de comparaître devant le tribunal
d'une laïcité superficielle, mais que l'Etat aura déclarée " positive
", au sens américain de " positiver ", parce qu'elle se
voudra fièrement branchée sur une " liberté de penser "
tellement souffreteuse qu'elle se réduira à la liberté indifférenciée
de " croire et de ne pas croire " ? L'essentiel d'une civilisation
de la platitude sera de " reprendre le dialogue avec les
grandes religions de la France ".
Quel dialogue
? Qu'est-ce que dialoguer avec la foi dans une civilisation qui
n'a pas encore conquis les armes d'un dialogue pensant avec les
religions ? M. Nicolas Sarkozy le dit : " Ce sera d'avoir pour
principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels
plutôt que de chercher à la leur compliquer ".
Voilà le
pain de la médiocrité intellectuelle : le quotidien, devenu le
maître, déclare qu'il serait décidément bien fâcheux qu'il fût
compliqué de penser vraiment. Etes-vous équipés pour marcher vers
la potence d'un pas ferme ? La croix vous tend-elle ses bras ?
Sait-elle que la raison doit s'y trouver clouée ?
Je vous
souhaite un destin de crucifiés sur la croix de la raison ressuscitée
de la France .
Le14
janvier 2008