1 - Aux origines du messianisme américain
2 - Un messianisme national
3 - Deux messianismes et deux cochers
4 - La bête masquée par le sacré
5 - Le sang de l'Histoire
6 - Les deux messianismes
7 - La cécité démocratique
8 - Le discours de la Maison Blanche
9 - Le messianisme de la raison
1
- Aux origines du messianisme américain 
Tenter de peser le destin politique de la France et de l'Europe,
c'est chercher la balance à peser le cerveau du monde, et
cette pesée passe par l'approfondissement de la connaissance
de l'humain. L'heure de radiographier un humanisme mondial
devenu une coquille vide dans nos écoles a sonné pour
les héritiers de la Renaissance dont nous sommes les paresseux
survivants; et ce serait déposer une coquille vide sur les
plateaux de cette balance de renoncer au courage de l'esprit
critique; car notre anthropologie superficielle s'est chapeautée
de messianisme il y a trois millénaires seulement pour se
scinder aussitôt entre deux sotériologies clairement
séparées, l'hébraïque et la chrétienne. C'est
cela que seule une anthropologie des mythes sacrés permettra
d'éclairer quelque peu.
La
semaine dernière, j'ai commencé de raconter non point ce qui
se passe en ce moment dans les coulisses du journal Le
Monde - un film en cours de tournage sur le sujet
sortira dans les salles dites obscures en septembre, mais
seulement sur le modèle d'un récit amusé des querelles d'acteurs
en représentation sur les planches du théâtre qu'on appelle
l'actualité Pour ma modeste part, j'ai tenté de visiter les
coulisses de la géopolitique à la lumière des relations nouvelles
et tempétueuses que le sionisme contraint désormais deux acteurs
vieillis sous le harnais à entretenir derrière les décors,
à savoir les propriétaires des journaux et les rédactions.
Car il faut se résigner à le constater: le sionisme est un
personnage réel, et ce personnage a débarqué en chair et en
os dans l'histoire contemporaine sous les habits nouveaux
dont le XXIe siècle a commencé de le vêtir.
2
- Un messianisme national 
Grandeur
et servitude militaires, écrivait un peseur du messianisme
guerrier, Alfred de Vigny. Sonder la grandeur et la servitude
de la vocation messianique du journalisme est une nécessité
dès lors que le destin du monde se réduirait à des bulles
de savon si nous jouions les Tacite et les Thucydide avec
le bâillon d'un interdit tyrannique sur la bouche, celui de
nous poser clairement la question de savoir si le messianisme
inné de la presse tombera dans le burlesque parce que le statut
des phalanges intellectuelles des nations se trouvera scindé
entre Israël et le monde.
C'est
pourquoi, le 23 mai, j'ai tenté de poser la question de la
mission d'une diaspora dichotomisée entre deux patries. Mais
pour comprendre la bipolarité qui compénètre l'intelligentsia
mondiale, il faut s'interroger sur la scission qui divise
la notion même de messianisme entre la localisation
sioniste du message identitaire d'un peuple et son universalisation
américaine et pseudo démocratique. Car la démocratie d'outre-Atlantique
a universalisé une sotériologie patriotique: le drapeau de
la Liberté mondiale s'est hissé sur la hampe d'une religion
nationalisée, et c'est à ce titre que le christianisme de
Calvin est devenu américain sur notre astéroïde.
On ne saurait donc soumettre le sionisme planétarisé à une
psychanalyse anthropologique de ses composantes cérébrales
si l'on ne radiographiait pas la théologie de la politique,
donc le messianisme et le prophétisme de l'Amérique en tant
qu'empire en expansion territoriale et religieuse confondues
et si l'on n'en comparait pas les paramètres avec l'eschatologie
d'Israël, dont le sionisme divinise seulement quelques arpents
de la Judée, de la Galilée et de la Samarie.
3
- Deux messianismes et deux cochers 
Au
terme de la treizième et de la plus orageuse des "négociations"
qui se sont déroulées entre Israël et John Kerry - orageuse,
parce qu'elle portait sur le "conflit" diplomatique censé
banalisable et baptisé d'"israélo-palestinien" par la presse
internationale - il s'en est fallu de peu que la question
fût posée pour la première fois de la véritable nature de
ce débat - mais la politologie mondiale n'est pas sortie du
Moyen-Age. Et pourtant, une réflexion énigmatique - aux yeux
d'une anthropologie dont l'observation de l'animal auto-sacralisé
ferait enfin l'objet - a été entendue de la bouche de de M.
Naftali Bennett, le plus messianisé, précisément, des ministres
du gouvernement de M. Benjamin Netanyahou. Que signifient
les violents reproches adressés par ce théologien de droite
au Ministre américain des affaires étrangères pour sa lecture
messianique des évènements, puisque, comme il est dit plus
haut, la politologie moderne ne dispose encore d'aucune science
de l'animal transcendantal qui permettrait aux négociateurs
de connaître le terrain psychogénétique de la théopolitique
sur lequel les deux parties se situent sans en comprendre
les arcanes?
Comment
expliquer qu'Israël se dise en mesure de faire grief à son
interlocuteur américain de s'égarer dans une sotériologie
délirante, un mythe en folie, une eschatologie rédemptrice
, une épopée du salut et de la grâce abusivement universalisés,
alors que, de son côté, Washington accuse Israël de se raconter
une histoire biblique prise à la lettre, de s'égarer sottement
dans un fantastique vétéro-testamentaire, de
changer l'histoire en un théâtre du surnaturel? Pour que deux
finalismes cosmologiques aussi salvifiques l'un que l'autre
ignorent leur propre complexion au point de se lancer à la
tête des accusations d'hérésie sans rémission, alors qu'ils
participent viscéralement d'une même rédemption formalisée,
voilà qui nous invite à nous demander ce qui rend incompatibles
deux débarquements du récit d'une délivrance mythique de l'humanité.
Car les deux torrents de ce messianisme s'épaulent l'un l'autre
et courent côte à côte depuis quatre cents lustres.
4
- La bête masquée par le sacré 
La
démocratie mondiale - et l'américaine avant toute autre -
porte le sceptre et l'auréole sinon mêlés, du moins parallèles,
d'une révélation unique et terminale, celle du mythe de la
Liberté. Il s'agit d'un évangile, donc d'un instrument
de croisade, donc d'une annonciation, donc d'une arme de guerre;
mais, de son côté, le monothéisme hébreu se contente de sacraliser
une parcelle du globe terrestre. Ce coup de projecteur de
l'absolu change un peuple microscopique en une phalange glorieuse
d'élus prédestinés à se trouver sauvés à titre collectif sous
la foudre et la houlette d'un Jupiter férocement sélectionneur.
Comment se fait-il que deux explosions eschatologiques dont
le crâne dédoublé des évadés de la zoologie se veut le théologien
laissent la bête damnée et la bête sauvée ignorer leur nature
respective et comment se fait-il que la parenté qui relie
étroitement entre elles les nombreuses sotériologies dont
cet animal se fait un théâtre, échappe à sa connaissance et
se dérobe même à l'attention de ses simianthropologues?
Pour tenter de comprendre un prodige cérébral aussi diversifié
selon les époques et les lieux, il faut remonter aux origines
de l'espèce surréelle. Le bimane aux neurones à jamais séparés
du monde visible n'a commencé que fort tard - avec les monothéismes
seulement - à armer ses domiciles aériens des poignards et
des glaives de ses victoires et de ses défaites sur
les champs de bataille. Quand les Romains conquéraient l'Angleterre
ou la Germanie, ils ne prétendaient pas apporter la Liberté,
mais, tout au contraire, une servitude méritée aux yeux des
dieux vaincus - et les victoires des légions scellaient leurs
triomphes du sceau incontesté de la légitimation de leurs
exploits.
C'est
le monothéisme hébreu, puis chrétien qui, les premiers, ont
dédoublé les lauriers récoltés par des carnages de tout l'éclat
du divin; et cette tiare prestigieuse était déjà celle d'une
Liberté sacralisée chez Saint Jean et Saint Paul. Naturellement,
la raison du plus fort n'en est pas moins demeurée la meilleure
en tous lieux; mais depuis lors, l'humanité s'avance d'un
siècle à l'autre sous les chasubles de sa sainteté.
A toutes les époques, des ailes de séraphins poussent
dans le dos des colosses de l'histoire; mais la taille de
ces plumages s'est proportionnée à la musculature des géants
divinisés par leurs ailerons. Il faut donc comparer entre
eux les masques d'anges qu'arborent les diverses religions,
puis les mettre en regard de la stature terrestre des bêtes
tout subitement célestifiées.
Telle
est la balance d'une anthropologie dont les plateaux pèseront
les ailes du messianisme d'Israël, d'un côté et celles de
la démocratie mondiale américanisée de l'autre; car les deux
eschatologies ne dessinent leur effigie sanctifiée et n'arborent
l'écusson de leur Liberté théologisée qu'à l'école de l'étendue
des territoires qu'elles occupent sur notre astéroïde.
5 - Le sang de l'Histoire 
C'est
dire que, sitôt devenues les solitaires du cosmos, ni la divinité
des Hébreux, ni celle des chrétiens n'ont ambitionné de mettre
tout de suite et définitivement la main sur des territoires
d'une superficie illimitée. Voyez la dispute entre les "saints
de Jérusalem" - les disciples de Jésus demeurés sédentaires
d'un côté et, de l'autre, l'universalisme voyageur et le prosélytisme
impénitent de Saint Jean et de saint Paul. Cette dispute a
tout de suite porté sur la question cruciale de savoir s'il
était légitime que le mythe du salut se trouvât exporté à
foison et répandu avec ardeur parmi les "gentils", c'est-à-dire
les nations, les "gentes" ou bien si la manne de la
grâce divine fécondée à nouveaux frais par la Croix, devait
demeurer enclose entre les seules murailles du "peuple élu".
Israël conserverait-il le monopole de la délivrance de l'humanité?
La question de l'expansion territoriale du messianisme n'est
donc qu'un corollaire de sa théologie avare ou gaspilleuse
de la grâce.
On sait que l'expansionnisme généreux de la théologie chrétienne
du "salut" a aussitôt triomphé de sa provincialisation parcimonieuse
et que la foi demeurée municipale d'Israël s'est retranchée
et même barricadée dans l'enceinte de Jérusalem. Les "saints
de Jérusalem" recevaient les fonds que Saint Paul récoltait
en abondance parmi les gentils et qu'il envoyait méticuleusement
aux grippe-sous du ciel de la ville sainte. Du coup, le monde
entier s'est divisé entre deux types d'alliances du ciel des
anges avec les guerriers d'ici-bas. La potence s'est révélée
un symbole plus parlante de l'histoire meurtrière de l'humanité
que les Ecritures réputées dictées à Moise sur le Sinaï.
Aussi
les croisés ont-ils pu porter une double armure, celle de
l'éternité de Dieu et celle de la précarité des Etats; et
les conquistadors ont converti les Incas en brebis dociles
d'un gibet scindé entre l'universalité de la vérité céleste
et les gloires passagères de la terre. Mais comment le saint
génocidaire du Déluge, puis le tortionnaire insatiable des
trépassés sous la terre apportait-ils la délivrance aux sauvages?
Par l'estrapade et la noyade ?
Cette
question n'a pas tardé à fissurer la cuirasse du Dieu de Justice;
et l'on a vu les armées de la piété se ruer sur l'Occident
jusqu'à Poitiers, tandis que le reste de l'univers s'est partagé
entre les dévotions de Constantinople et celles de Rome. Puis
l'Europe s'est scindée entre les protestants d'un côté, qui
refusaient tout net de boire à pleines rasades le sang frais
et de dévorer la chair crue de leur prophète et, de l'autre,
les mangeurs de cette viande et les buveurs de l'hémoglobine
de leur ciel.
Dans
les deux mythologies, la question anthropologique posée dans
l'inconscient guerrier de tous les messianismes était celle
du statut du sang mi-réel, mi-surréel de l'histoire de l'humanité.
Du coup, le messianisme du propulseur céleste des neurones
de la bête conquérante a partagé le torrent de ses
grâces entre l'Amérique de Calvin et l'Italie du saint Pontife
romain; et seul Israël est demeuré l'arme au pied dans l'enceinte
de son Jahvé inexpugnable, mais privé des aliments salvifiques
du sang et de la mort.
6 - Les deux messianismes 
Du
coup, on comprend mieux l'intérêt politique décisif, aux yeux
des Etats-Unis d'aujourd'hui, de traquer un Jahvé entêté à
se camper sur ses terres et à opposer son messianisme d'assiégé
résolument debout sur ses deux jambes au salut dissolvant
qu'éclaireront les pâles bougies des idéalités mondiales.
Avec l'Amérique, le salut s'est armé jusqu'aux dents du millepattes
de la démocratie, mais au risque de se noyer dans des abstractions
faussement salvifiques et cuirassées de concepts stériisés
par leur sacralisation verbale. La toge du dieu Liberté sera
immaculée, mais tentaculaire, vaporisée mais griffue, effilochée,
mais dentue.
C'est
pourquoi le messianisme sédentarisé dans sa niche de M. Naphtali
Bennett accusait le messianisme internationalisé de M. Kerry
du péché paulinien et johannique de tomber dans le tentaculaire
d'une toile d'araignée du sacré, parce qu'Israël n'est
pas planétarisé pour un sou par son Jahvé déguisé en père
de famille. Quel effarement de voir le géniteur vieillissant
d'Israël s'universaliser sur le tard et armer de pied en cap
une masse d'indigènes en Palestine! Un Dieu bien retranché
sur son champ de bataille demeure à l'abri tant des sortilèges
ravageurs de l'ubiquité salut que des exploits sanglants des
magiciens délocalisés et surtout de la tentation des dieux
sénescents de se survivre dans une progéniture hors de saison.
Mais comment la Maison Blanche ne conjurerait-elle pas le
danger que le dieu des Hébreux fait courir à ses fortins?
Si Jahvé s'obstine à ne camper que dans les pénates de ses
élus et s'il remplace les dieux lares des Romains par un Jupiter
indélogeable de son mont Sinaï, cette épine dans le pied de
Washington lui interdit de faire régner ses vapeurs de Brest
au Caucase, de faire entendre les foudres du salut démocratique
mondialisé et de répandre les torrents de la grâce que le
dieu Liberté déverse sur toute la terre habitée. Comment dorer
le sceptre de l'abstrait et sertir la déesse Majorité des
diamants d'un vocabulaire messianisé si ce têtu de Jahvé vous
nargue à demeurer l'arme au pied dans sa casemate?
7
- La cécité démocratique 
Trois
exemples seulement.
Les Etats-Unis d'Amérique comptent trois cent cinquante millions
de consommateurs, l'Europe sept cent quarante millions. Tout
le monde comprend que si les premiers demandent aux seconds
de conclure un traité de libre échange de leurs marchandises,
les seconds se trouveront submergés de produits fabriqués
à la chaîne, tandis que l'autre camp n'absorbera jamais que
la moitié de ce commerce.
Qu'est-ce
qui empêche les classes dirigeantes du Vieux Monde de s'apercevoir
qu'il s'agit d'un grotesque attrape-nigauds? Croyez-vous que
si le mythe de la Liberté ne mettait pas un bandeau sur les
yeux de cet immense réservoir de dupes, un si titanesque subterfuge
ne demeurerait pas bien visible? Mais si, de surcroît, cinq
cents garnisons et places-fortes consolident le bandeau, comment
le bon sens ferait-il encore tenir grands ouverts les yeux
des vassaux? En revanche, si quelques phalanges de la lucidité
publique devaient monter sur les remparts, où les recrutera-t-on,
sinon dans les rédactions? Débâillonner ces dernières est
donc la seule mesure de salut public qui répondrait à la situation;
et, dans ce cas, un accord entre elles leur permettrait, le
même jour et dans toute la presse, d'imposer la royauté d'une
raison politique tellement élémentaire qu'elle aurait crevé
les yeux de tout le monde à Rome à l'heure des guerres puniques
- car, en ce temps-là, les dieux du langage n'obscurcissaient
pas encore la vue des fidèles, mais au contraire, leur écarquillaient
les yeux davantage.
Second
exemple: la vassalité rend muet. On n'ouvre plus la bouche
de crainte d'évoquer les vrais sujets. Mais ceux-ci s'infiltrent
sous les carapaces du silence. On vient d'élire des députés
de l'Union européenne au Parlement de Strasbourg sans que
personne n'ait demandé aux électeurs: "Que faisons-nous des
bases américaines dont la seule présence sur nos terres paralyse
nos négociations avec la Russie et la Chine? Que faisons-nous
face aux nations émergeantes qui nous appellent à épouser
le destin de la planète de demain?" Mais
l'interdiction de formuler ces questions les pare de tout
l'éclat de leur absence: quand on se demande seulement qui
nommera le Président de la Commission de Bruxelles, tout le
monde se dit que le suffrage universel n'est pas un oracle
omniscient et qui ouvrirait soudainement, spontanément et
à lui seul les yeux des nations vassalisées?"
Troisième exemple. Dans les sociétés primitives, si le sorcier
en chef échoue trop longtemps à faire tomber la pluie, on
le remplace par un autre - mais on ne va pas changer de météorologie.
De même , quand Copernic découvre la ronde des planètes autour
du soleil, l'Europe essaiera, deux siècles durant, d'adapter
l'astronomie de Ptolémée à cette découverte. De même, quand
l'Amérique dépense des milliards de dollars à détacher l'Ukraine
de la Russie, l'Europe ne changera pas davantage d'échiquier
mental que l'Eglise du XVIe siècle - elle se dressera en aveugle
contre l'"expansionniste" désigné par le dieu de
la démocratie mondiale.
Mais comment l'aveuglement politique des peuples asservis
fonctionne-t-il sur le terrain de la vérification expérimentale,
donc de l'histoire vécue? On observera le déplacement du regard
de la bête vers un autre échiquier, un glissement subreptice
du globe oculaire des vassaux en direction du paysage mental
biaisé par le mythe que leur maître substitue astucieusement
à leur champ de vision naturel. Le maître d'au-delà des mers
sait fort bien qu'on n'entre dans l'Union européenne qu'après
un examen de passage relativement sévère, on pèse avec soin
la prospérité économique du candidat et ses chances de s'enrichir
sainement. Si la Grèce n'était pas parvenue à falsifier ses
comptes avec l'aide de la banque américaine Goldman Sachs,
elle n'aurait pas été admise dans l'enceinte du Vieux Monde.
Ces pesées importent peu à l'empire, puisqu'il n'autorise
aucun Etat à entrer dans l'Union européenne sans l'avoir privé
au préalable de sa souveraineté réelle - il le colloque toujours
et à titre préjudiciel sous le commandement militaire exclusif
du général américain dont le quartier général se trouve installé
depuis un demi-siècle à Mons en Belgique. Non seulement l'OTAN
place les armées nationales européennes sous un commandement
étranger, mais la Maison Blanche hisse le pavillon de complaisance
de la démocratie mondiale pour lancer le continent de Copernic
sur des champs de bataille extérieurs.
Afin de masquer un subterfuge stratégique greffé sur la vie
onirique de la bête, un homme de paille, toujours soigneusement
choisi dans un pays minuscule et dûment chapeauté du titre
retentissant de " Secrétaire général " sert d'alibi à la religion
de la Liberté universelle. C'est ainsi que M. Rasmussen a
tout de suite bondi des coulisses du mythe pour rappeler que
le placement de l'Ukraine sous le joug de l'OTAN était le
but véritable de l'opération.
C'est de cette stratégie de la vassalisation parareligieuse
des cerveaux que M. Vladimir Poutine a fait échouer le génie
de la contrefaçon intellectuelle. Et maintenant, le souverain
d'outre-Atlantique peine à charger les épaules de la Russie
du sac à dos de son propre expansionnisme militaire.
Comment
comprendriez-vous la géopolitique sans une simianthropologie
qui seule vous éclairera sur l'animalité spécifique du cerveau
humain?
8
- Le discours de la Maison Blanche 
L'Amérique se dit: "Si Israël persévérait à se présenter en
geôlier du messianisme de platebande de Jahvé, la sotériologie
sioniste de ce laboureur de la Judée sapera les fondements
de notre eschatologie mondiale, et il n'y aura plus de rédemption
américaine à l'échelle de la planète du verbifique. Il y va
de la définition même du monothéisme chrétien et israélien.
Certes, la démocratie a fait basculer le verbe divin dans
une animalité conceptualisée, donc vaporisée, certes, cette
religion s'est universalisée à l'école de la Révolution ubiquiste
de 1789; mais le danger est grand, pour les idéalités de la
démocratie mondiale de se changer en ciboires, en encensoirs
et en brûle-parfums sur les autels fumants du salvifique moderne.
Il faut encager le messianisme de village d'Israël, sinon
ce prophétisme de terroir menacera l'empire fumigène de notre
démocratie, celle des guerriers d'une Liberté que nous vaporisons
à notre profit depuis 1945."
On voit que la simianthropologie étudie les alliances
du sang avec le sacré et que cette science s'articule étroitement
avec la géopolitique que les évadés de la zoologie illustrent
sur leurs champs de bataille. Le messianisme américain est
un Titan blessé au flanc par la Crimée. Comment, se dit la
Maison Blanche, maintiendrai-je l'Europe sous mon joug si
Moscou, désormais étroitement associé à Pékin, conduit le
Vieux Monde à ses retrouvailles avec sa souveraineté antérieure
à 1939? Dans ce contexte, si M. Barack Obama et le Département
d'Etat échouaient à armer de nouveau le continent de Copernic
des feux du messianisme démocratique américain, on verrait
tomber en quenouille, sur les cinq continents, le sceptre
de la sotériologie et de la rédemption que brandit cet empire.
9
- Le messianisme de la raison 
De
deux lutteurs, le plus faible ne saurait apporter aide et
secours au plus fort. Il faut donc que la puissance s'abaisse
à demander la protection de ses vassaux. Alors seulement ceux-ci
auront des chances de renaître et de prendre la place de leur
maître. Mais jamais, face à sa valetaille, l'empire américain
ne se comportera en quémandeur. Du coup comment persévèrerait-il
à brandir son sceptre de bois sec? C'est de cela que témoigne
la guerre entre les propriétaires du Monde
et la rédaction: ce n'est pas à s'agenouiller devant la Maison
Blanche, mais en convertissant le sionisme français à retrouver,
à sa manière, le nationalisme éternel d'Israël que la France
fera passer la communauté juive dans son camp.
Le meilleur exemple de ce renversement d'alliance n'est autre
qu'Israël lui-même. On sait que, bien avant le renoncement
officiel de l'Europe à ses sottises pseudo-pénalisantes
à l'égard de la Russie, Israël a eu l'audace
de refuser de s'associer aux sanctions retentissantes, mais
stériles, du Dieu "Démocratie". Pourquoi cela, sinon parce
qu'il s'agit désormais d'une guerre à fronts renversés. Les
Incas refoulés dans l'enceinte de leurs temples ne faisaient
plus le poids face à la sotériologie du messianisme armé
de l'époque. Cinq siècles plus tard, on voit le messianisme
universalisé de la démocratie mondiale battre
de l'aile et dessécher le mythe du salut par l'avènement planétaire
du dieu Liberté. Le glaive et l'armure des guerriers
du monothéisme américain ont cessé de briller - puisse Israël
aider son hôte gaulois à rallier l'Europe au messianisme étincelant
de la raison.
le 31 mai 2014