*
1 - La foi et le monde moderne
2 - François et l'avenir de la raison
3 - Les attentes de la pensée
4 - De quoi est-il question ?
5 - La liberté religieuse et la liberté
humaine
6 - L'homme en son refus de penser
7 - Les embarras de la philosophie
8 - Quel est l'inconscient religieux de
la démocratie ?
9 - La raison et la foi casquées par leurs
songes
10 - Les démocraties pastorales
11 - Les philosophicules
12 - Le statut théologique des démocraties
13 - Le mythe de l'incarnation de la raison
14 - Les deux Guantanamo
15 - Une vocation transspéculaire
16 - L'avenir du "Connais-toi"
1 -
La
foi et le monde moderne
L'élection
de François à la tête de l'Eglise catholique, apostolique
et romaine illustre une révolution plus théologique encore
que politique, parce qu'il n'était jamais arrivé que le Saint
Père prît un pauvre pour modèle de sainteté. Par-delà la relève,
au nom du christianisme le plus officiel, du combat bimillénaire
des Evangiles contre le culte de la richesse, il y a les retrouvailles
de la religion de la Croix avec ses origines doctrinales et
également avec sa puissance politique la plus fondatrice et
la plus durable. François vivait dans un modeste appartement
de Buenos Aires et ses amis lui ont acheté une paire de chaussures
neuves pour se rendre au conclave: voilà la vraie révolution,
celle qui a commandé ensuite à François de demander à la foule
de prier pour lui avant de se conformer à la routine ecclésiale
qui fait du saint Pontife un souverain bénisseur.
Par
delà ce séisme théologique, François soulève la question de
l'avenir de la pensée occidentale; car on ne pouvait mieux
illustrer que par une révolution théologique les carences
de l'humanisme manchot dans lequel s'enlise une civilisation
au sein de laquelle ni la politique, ni la religion ne connaissent
leur propre statut. Car les Etats laïcs ignorent la dimension
anthropologique de la théologie et la théologie ignore la
dimension politique du sacré. D'où le naufrage d'une science
historique contrainte de se replier dans l'enceinte de la
raison de 1905 et l'impuissance intellectuelle de l'Eglise
de faire débarquer son Jupiter sur le champ de bataille de
Clio.
2
- François et l'avenir de la pensée 
Par bonheur, toute religion est condamnée par ses propres
présupposés à mettre en place une théopolitique, de sorte
que le désastre de n'avoir pas percé les secrets d'un animal
flottant entre le réel et le songe la frappe de plein fouet.
Par bonheur également, les difficultés intellectuelles et
politiques insurmontables que rencontrent les croyances commencent
de monter à la surface des eaux. Car une foi dont des pans
entiers de son édifice doctrinal ne sont plus crédibles aux
yeux des classes cultivées du monde entier ne pourra défendre
longtemps et même tenter d'imposer son ignorance réelle ou
simulée des ressorts cachés de l'histoire et de la politique.
De leur côté, le silence non moins prudent des Etats laïcs
sur les ressorts simiohumain du sacré et sur les progrès de
la science psychologique depuis un siècle n'opposera plus
très longtemps une digue infranchissable à la curiosité légitime
des générations montantes.
Deux
cent trente sept ans après la mort de Voltaire, trois siècle
après les premiers pas de la critique biblique de Richard
Simon, un siècle et demi après Renan et Darwin et un siècle
après Marx et Freud, qu'en est-il de la connaissance anthropologique
des récits, fabuleux par définition, qui fondent toutes les
théologies sur les sortilèges du fantastique et de l'esprit
magique? Si la croyance naïve des premiers âges en l'existence
d'un acteur tour à tour courroucé et bienveillant, lequel
se serait installé quelque part dans le vide de l'immensité,
si ce songe, dis-je, se déplace de plus en plus vers les continents
illettrés et candides, le progrès constant des sciences contribuera
à conduire l'humanité vers l'âge adulte. Dans un monde de
moins en moins en proie à l'illusion dans l'ordre idéologique
qui règne encore sur la politique, il est temps d'arracher
notre espèce à l'enfance et à la peur. Le pontificat de François
pourrait bien mettre en route la nouvelle alliance de la pensée
avec l'histoire et de l'humanisme mondial avec l'avenir du
"Connais-toi" que préfigurait le siècle des Lumières.
3 - Les attentes
de la raison
Par
bonheur encore, la psychologie expérimentale et l'anthropologie
critique continueront de progresser dans un monde irrésistiblement
en cours d'alphabétisation, donc de légitimation des droits
de la raison. La Chine se trouve en première ligne sur le
champ de bataille de l'éducation - c'est elle qui finance
la construction des écoles en Afrique et en Amérique du Sud.
Mais si vous savez lire et écrire, vous vous demanderez de
plus en plus comment l'encéphale et la volonté d'une divinité
nécessairement aux prises avec l'histoire, donc avec la politique,
sera appelée à s'exercer dans le temps des peuples et des
nations. Puis vous voudrez savoir si les têtes fonctionnent
différemment dans les religions et sur la terre et si un souverain
à cheval entre le ciel et la vie quotidienne, donc nécessairement
assis entre deux selles, s'adaptera rapidement ou avec lenteur
à l'éthique de l'intelligence qu'Adam lui ne cesse de lui
imposer. Puis vous voudrez connaître les rouages politiques
d'un créateur du cosmos assis à califourchon entre son Olympe
et la terre. Puis votre curiosité s'étendra jusqu'à découvrir
comment l'animal détoisonné et demeuré bancal, donc condamné,
pour l'instant, à courir à cloche pied dans le temps, s'y
prend pour faire porter de siècle en siècle à un personnage
imaginaire qu'elle ne cesse de dédoubler, le fardeau de piloter
un sens fatalement anthropomorphique à l'univers et
de sa propre souveraineté.
Une humanité dont le germe contemplatif et méditant se découvre
de plus en plus isolé et privé de secours dans une éternité
inhabitée, mais dans les rangs de laquelle il lui faut faire
discourir un Jupiter attaché à vous accorder une sotte immortalité
posthume, une telle humanité, dis-je, rejettera une Renaissance
demeurée superficielle et craintive. Adam apprendra à mettre
son ignorance douloureuse au diapason du tragique qui l'étouffe.
4
- De quoi est-il question ? 
Dans
un contexte politique et cérébral encore camouflé, mais favorable
à la pesée conjointe de "Dieu" et de soi-même, je consacrerai
mes analyses de ce 16 mars et celles du 23 mars au tour d'horizon
le plus large et le plus précis possible, afin d'inciter quelque
peu une intelligentsia française rendue tantôt résolument
incroyante, mais aveugle, tantôt demeurée vaguement déiste,
mais dans l'irrésolution et l'errance, à conquérir du moins
une connaissance politique et théologique élémentaires du
contenu doctrinal du christianisme et des dogmes sur lesquels
ce monothéisme prend viscéralement appui. S'il s'était agi
d'élire le prochain grand prêtre d'Osiris, tout le monde aurait
trouvé indispensable de s'armer de quelques informations sur
cette religion et sur les piliers qui lui donnent son assise
dans le ciel et sur la terre. Il en est devenu de même du
catholicisme: pour comprendre le conclave qui a élu le hiérarque
suprême d'une théologie ignorée de ses propres fidèles, il
faut placer au préalable sous leur regard une religion armée
du mythe de la Trinité et du prodige de la transsubstantiation
eucharistique.
Tentons un instant de percer plus avant les secrets d'une
espèce que la nature a rendue rêveuse, mais qu'elle n'a pas
initié au véritable contenu de ses propres songes. Mais pour
cela, il faut acquérir les rudiments d'une science de l'inconscient
théopolitique qui régit l'histoire mondiale - et il se trouve
que seul le sacré en détient les clés.
5 - La liberté
religieuse et la liberté humaine 
C'est
discrètement que l'ouvrage de Heidegger titré Que veut
dire penser? (Was heisst denken?) vient
d'atterrir dans l'arène de la géopolitique semi rationaliste
du début du XXIe siècle. Pour comprendre cet évènement, il
faut revenir à la décision inattendue d'un pape de nationalité
allemande de renoncer de sa propre autorité, donc en toute
liberté, aux pouvoirs, surnaturels par définition que le ciel
est censé n'accorder qu'aux exécutants les plus dociles de
ses volontés sur la terre. Mais les raisons que Benoît XVI
a alléguées avec humilité se sont voulues exclusivement médicales,
donc profanes - l'Eglise ne pouvait, à l'entendre, s'accommoder
plus longtemps de l'incapacité croissante d'une charpente
épuisée à surmonter avec efficacité et jour après jour, les
fatigues dont s'alourdit le grand âge. Mais est-il pieux de
déposer dignement et sans en avoir reçu expressément l'ordre
du ciel une charge devenue trop pesante pour les frêles épaules
d'un vieil homme?
Qu'enseigne la doctrine? Que le "Sacré Collège" des cardinaux
rassemblés aux fins que le ciel leur désigne clairement le
nouveau saint Pontife n'est jamais que la courroie de transmission
chargée d'appliquer avec la déférence requise les directives
générales et pourtant précises, que le Créateur de l'univers
communique motu proprio à son Eglise. Le Saint
Esprit est une "personne", dit la théologie ; mais le Dieu
tricéphale et scindé en trois personnes indissolublement liées
entre elles passe pour entièrement unifié, et cela de telle
sorte que chaque tiers de son sceptre dispose à lui seul d'un
poids politique égal à celui de chacune des deux autres "personnes"
réunies ou prises isolément. Mais il revient d'office à l'Hermès
d'un surnaturel rassembleur - au seul Saint Esprit - de faire
connaître à toutes les créatures les volontés mûrement réfléchies
d'un géniteur expressément chargé d'enfanter seul le cosmos.
Une Eglise endeuillée par le décès, dûment programmé, lui
aussi, du saint Pontife précédent prend simplement, par le
truchement physique du nouveau successeur de Saint Pierre
et dans un esprit de soumission absolue de ce dernier, les
rênes qui lui sont impérativement mises entre les mains par
un Jupiter solitaire et aux apanages pourtant répartis entre
trois têtes.
6 - L'homme en
son refus de penser
Et pourtant - et dans le même temps - il est expressément
demandé au bénéficiaire d'une grâce aussi insigne que pesante
de répondre sur l'heure et sans un instant d'hésitation s'il
accepte oui ou non de se plier à un ordre céleste
qu'il rendra saintement contradictoire, puisqu'une décision
théologique est censée échapper à la condition humaine tant
par nature que par définition et puisque l'élu expressément
désigné en son corps et en son esprit ne saurait rejeter de
sa propre initiative et à la suite de sa réflexion propre
sur le sujet, un ordre en provenance du Dieu triphasé - sauf
à commettre à l'égard du souverain absolu le terrible sacrilège
de la désobéissance.
On
voit que, dès ses premiers pas, l'impiété se révèle logique
et que, dans la réflexion la plus élémentaire sur la théologie,
la connaissance du fondement anthropologique de la notion
de raison exige une pesée politique préalable du degré
de Liberté et de servitude que l'humanité s'attribue en imagination
. C'est dire que l'élection du successeur de Benoît XVI met
d'emblée la planète entière des croyances religieuses en demeure
de trancher du statut semi autonome que la géopolitique confère
à l'encéphale de notre espèce, tellement cette autarcie scindée
n'est autre que celle de Jupiter lui-même et de toute théopolitique.
Ce
n'est donc nullement de son propre chef, mais à l'écoute d'un
mystère réputé insondable, que Benoît XVI se contredit sur
l'heure à déclarer abandonner une fonction qu'il sait schizoïde
par nature: "Plena libertate declaro me ministerio commisso
renuntiare". "Je déclare renoncer dans le plein exercice
de ma liberté à la fonction dont j'ai été chargé". Mais,
comme il est dit plus haut, la difficulté de savoir ce que
veut dire penser, donc peser le contenu théologique
et politique d'une déclaration, dichotomisée d'avance sur
ce modèle, cette difficulté, dis-je, concerne soudainement
toutes les Eglises de la terre; car, depuis huit siècles,
le ciel n'avait plus offert au public le spectacle de l'incohérence
intellectuelle qui régit fatalement le choix du chef d'une
foi biphasée et pilotée par une divinité nécessairement
rendue bipolaire à son tour. Si le principe qui régit le commandement
sommital d'une religion de type monothéiste se trouve scindé
dans l'œuf, la schizoïdie qui s'impose à l'organisation mentale
des cosmologies mythiques se trouve étalée au grand jour.
Mais
il serait hâtif de s'arrêter à une conclusion univoque de
ce genre , tellement l'illustration du refus d'Adam de penser
se trouve gravé dans les gènes de cet animal et n'avait donc
nullement besoin du secours de l'illogisme viscéral qui assure
la navigation de telle légende sacrée ou de telle autre dans
l'histoire du genre simiohumain.
7
- Les embarras de la philosophie 
Dirons-nous
seulement que la pensée qualifiée de rationnelle à bon escient
et qui est censée s'exercer désormais au quotidien dans l'enceinte
des démocraties laïcisées se trouve offusquée davantage quand
l'entendement dédoublé dont témoignent toutes les doctrines
religieuses s'étale au grand jour des médias et qu'on voit
la planète se ruer soudainement sur une occasion aussi inespérée,
mais superficielle, de saluer une avancée soi-disant décisive
de la pensée véritable dans le monde entier , alors qu'une
vacance du Saint Siège, si inattendue qu'elle soit, démontre
précisément le contraire, tellement l'abdication de Benoît
XVI a mis plus crûment que jamais en lumière les failles et
les fissures qui lézardent à son tour le concept de "raison
politique" dont usent les Républiques semi déconfessionnalisées
- et cela dans une lumière tellement crue que le vrai titre
de l'ouvrage de Heidegger y prend enfin toute sa portée.
Quel
est l'inconscient confessionnel et doctrinal que camoufle
Was heisst denken? Ce titre doit se traduire
par Que signifie penser? Du coup, l'immense
avantage apparaît au grand jour de peser la notion de vérité
sur la balance des signifiants et, par conséquent,
de renvoyer toute la philosophie occidentale, elle aussi,
à une spéléologie de la connaissance tenue pour légitime,
donc abusivement validée par la signification qui en
commande l'incohérence psychique et qui enfouit cette incompétence
dans l'inconscient.
Car
le signifer, c'est le porteur d'un signe ou
d'un signal, comme Lucifer est le "porteur de lumière".
Du coup Was heisst denken? signifie que le monde
est un tissu de signaux, une signalétique et que la
philosophie renvoie à une anthropologie des signes
divers dont les signifiants se revêtent.
8 - Quel est l'inconscient
religieux de la démocratie? 
En l'espèce, que signifie le fait que la pseudo lucidité
dont se targue une laïcité fractionnée interrompe tout
subitement sa course mal assurée, que signifie qu'elle prenne
peur après quelques pas seulement de son cheminement dans
le vide qui l'appelle, que signifie le fait que la "raison
démocratique" se soit satisfaite en cours de route du terme
tronqué de démission, qui présente, certes, l'avantage
momentané de contraster avec le vocabulaire bénédictionnel
des confessions religieuses, mais qui paie ce gain passager
d'un ratatinement durable de la pesée des signifiants? Comment
placer ce ratatinement sur une balance du sens, comment
construire le fléau et les plateaux qui permettront de soumettre
au calcul une " liberté " démocratique affichée au titre d'universelle,
mais exclusivement dans l'abstrait, donc vaporisée et rendue
indéchiffrable d'avance, comment apprendre à peser la signification
d'un rabougrissement intellectuel coûteux, puisqu'il vous
fait payer le prix d'un rétrécissement du champ d' examen
qui s'ouvrait à la raison, quelles sont les dévotions nouvelles
que multipliera fatalement une platitude administrative dont
les Etats enfanteront seuls la gestion? Méfions-nous de la
pastorale de type démocratique, donc du confessionnalisme
propre à la "religion de la Liberté".
On
souligne avec une satisfaction décidément suspecte, parce
que secrètement catéchisée par la laïcité euphorique de 1905,
que Benoît XVI n'aurait jamais exercé qu'une fonction banalement
politico-bureaucratique, alors que le questionnement anthropologique,
donc la spéléologie de la condition simiohumaine qui commande,
dans les coulisses, le débat public sur la signification
du renoncement à sa charge du souverain d'un ciel local, ce
questionnement, dis-je, entraîne une raison fâcheusement pré-cléricalisée
- et cela dans les deux camps - à buter sur des embarras épistémologiques
nouveaux et insurmontables concernant le statut du verbe penser:
comment dépasser la scission idéologique du concept d'explication
qui se pavane sur le devant de la scène? Car cet acteur se
déplace entre l'orthodoxie routinière des démocraties devenues
administratives, d'un côté et l'hérésie des cosmologies politico-oniriques
de l'autre.
Certes,
la foi religieuse s'installe sans relâche dans des mondes
imaginaires et impérieusement hiérarchisés; et elle y promulgue,
de siècle en siècle, des dogmes tenus pour immuables. Mais
pourquoi la longévité d'un pouvoir politique dépend-elle toujours,
en dernier ressort, de l'autorité terrifiante et infatigable
qu'il prétend tirer d'une fixité doctrinale pourtant branlante?
Pourquoi la solidité mentale attribuée à des hiératismes sacrés
dépasse-t-elle en durée et en efficacité les autres constructions
politiques appelées à servir de moteurs oniriques à l'histoire?
Mais aussi longtemps que les secrets de la raison immobilisée
par des mythologies ne seront pas décryptés dans le fabuleux
dont la foi s'enveloppe, la fonction pastorale que le mythe
démocratique exerce dans l'inconscient collectif des peuples
ne le sera pas non plus.
9
- La raison et la foi casquées par leurs songes
Que
signifie l'évidence que le refus craintif de penser
qui caractérise l'animal post adamique soit celui d'une bête
cuirassée et casquée de songes tour à tour offensifs et défensifs,
mais toujours collectifs? Le genre simiohumain n'est pas près
d'abandonner les casemates creusées dans la roche de ses identités
rêvées. L'examen des carapaces mentales que se forge une espèce
lovée de naissance dans un sacré partagé entre le "ciel" et
la "terre" n'est donc pas le seul objet de la pesée anthropologique
et critique du terme de signification appliqué à l'abdication
d'un chef d'Etat greffé sur le ciel: le Vatican et les démocraties
ont tous deux un pied embourbé dans le "temporel" et l'autre
dans le "spirituel"; et la langue maternelle de Benoît XVI,
l'allemand, use naïvement du même verbe pour interpréter et
pour signifier, (deuten), donc pour communiquer
le sens conjointement et d'un seul élan dans la foi et dans
la démocratie. Car celle-ci est censée être devenue "rationnelle";
mais si deuten, interpréter, renvoie
candidement à la Deutlichkeit, la signification
claire et évidente, laquelle se trouve jointe aux lumières
naturelles de la raison explicative, (le Verstand),
les deux substantifs se trouveront béatifiquement confondus,
de sorte que l'évidence et la vérité rationnelle
béatement gémellisées par la compréhensibilité, la
Verständlichkeit, enfanteront des explications
synthétisées d'avance à l'école du ciel d'un côté et de la
logique d'Aristote, de l'autre.
La
dichotomie cérébrale native de la théologie et de la démocratie
renvoient toutes deux à une histoire et une politique issues
du double creuset de la raison et du compréhensible,
donc du signifiant - et cette dichotomie fait tout l'objet
de la pesée d'une condition simiohumaine condamnée à se forger
ses signifiants dès le berceau - et cela précisément à partir
de la confusion originelle entre la connaissance et la compréhensibilité.
Mais si la langue allemande use du même verbe pour désigner
la raison, (Verstand), et la compréhensibilité
(Verständlichkeit), qu'en est-il du signifiant
qu'on appelle la vérité explicative et qui fonde le
savoir sur l'intelligibilité censée fournie tout empaquetée
dans le rationnel? Qu'est-ce qui fait enfanter le signifiant
au rationnel si le rationnel est lui-même un signifiant
oraculaire et si la vérité elle-même n'est autre qu'un signifiant?
Comme l'écrit René Pommier: "Beaucoup de croyants font
preuve, quand leur foi n'est pas en cause, d'une incontestable
intelligence. Certains même sont des esprits tout à fait supérieurs
et de grands savants. Même si la sottise favorise grandement
la croyance religieuse, elle n'en est pas la seule explication,
ni même la principale, [C'est moi qui souligne]
et cela vaut sans doute même pour les croyants dont l'intelligence
est médiocre. Il faut donc chercher une autre explication."
(René
Pommier, Etre girardien ou ne pas être, Shakespeare
expliqué par René Girard, Editions Kimé, 2013,
p.145)
10 - Les démocraties
pastorales
Il
serait pour le moins précipité et irresponsable d'accuser
de faiblesse d'esprit un pape infantilisé par la foi, alors
que la raison démocratique et ses signaux censés avoir mûri
au sein des Etats laïcs se trouvent portés sur les fonts baptismaux
d'une Eglise de la Liberté, calquée sur la même incohérence
cérébrale que la foi.
-
Le
Ministère de la Culture et l'islam en France 2
, 2 mars 2013
- Le
Ministère de la Culture et l'islam en France,
23 février 2013
Comment le culte hautement "signifiant" des "droits de l'homme",
par exemple, illustre-t-il le retranchement candide des consciences
dans l'enceinte des démocraties mythologisées par leur finalisme
verbifique, donc par la pastorale pseudo explicative inculquée
aux enfants encore au berceau et qui enfante dans leur tête
une compréhensibilité déhanchée d'avance par la pensée
idéologique? Observez les meurtrières et les remparts de la
raison eschatologisée et proclamée rédemptrice de 1789: dans
l'ordre de la mystique cloîtrée comme dans celui de la laïcité
mondialisée par la téléologie civique qui l'inspire, la même
administration lénifiante de l'intelligible conduit
au "salut" et à la "délivrance" démocratiques des masses de
boîtes osseuses infantilisées et censées protégées de l'irruption
du silence et du vide dans les consciences. Quel cosmos angoissant
à son tour que celui d'une Liberté dont la rationalité interne
arme des idéalités catéchisées par la foi républicaine! La
rationalité d'une philosophie explicative au sein de
laquelle la raison elle-même a été rendue pastorale ne semble
pas moins craintive que celle de l'Eglise. Elle exige donc
une pesée attentive des composantes psychiques de l' irrationalité
adorante, priante et inquiète que professent et confessent
les laïcs à leur tour.
11 - Les philosophicules

On sait que, depuis Aristote, la raison occidentale obéit,
en réalité, à une éthique de la connaissance expliquante:
elle se demande pieusement ce que signifie penser,
donc ce que raisonner sainement voudrait dire si, par extraordinaire,
l'audace intellectuelle de radiographier le verbe comprendre
se trouvait moralement à la portée de la fausse assurance
des fuyards tartuffiques des ténèbres. Mais voyez comme ces
chiens de philosophicules ont seulement changé de confessionnal
et de jardinet: ils ne trottinent jamais qu'à petits pas,
ils cultivent leurs cierges et leurs icônes, ils ont leurs
recettes pour exorciser le gouffre du tragique - voyez la
hâte avec laquelle ces bassets cessent bien vite d'entraîner
leurs maîtres dans les profondeurs du tragique de la politique
et de l'histoire.
Au début, l'Aréopagite explique professoralement aux chasseurs
comment l'intelligence dialectique de Platon s'est embourbée
en chemin; et il vous résume l'avortement du destin de son
maître. Observez ensuite l'analyste compatissant des failles
que l'auteur du Théétète est censé n'avoir pas
détectées, alors que toute la critique moderne du concept
- à commencer par celle d'Abélard - se trouve précisément
dans le Théétète. Ce logicien maladroit, nous
apprend-il, vous plaçait ses "idées pures" quelque part dans
une étendue radicalement délocalisée et séparée de celle des
mortels. Il serait pourtant plus modeste, plus simple et plus
efficace, susurre l'auteur de La morale à Nicomaque,
de les colloquer tout simplement dans les objets eux-mêmes.
Mais c'est se tromper encore davantage de piste : quel ridicule
de réduire en cendres l'idée de table avec la table calcinée
et de la ressusciter au sein de ce meuble reconstruit dans
l'atelier du menuisier!
12
- Le statut théologique des démocraties 
Voyez
comme le chasseur du cogito ergo sum se contente, certes
à bon escient, de balayer d'une pichenette tout le fatras
des décoctions de la scolastique née d'Aristote, mais seulement
pour vous construire ensuite et sans désemparer une ville
aux avenues naïvement éclairées et dont les lampadaires rassurants
allumeront la mèche d'une nouvelle lampe à huile, celle d'une
logique si bien époussetée qu'elle rendra l'humanité rationnelle,
donc expliquante, mais à la lumière d'une bougie.
La chandelle d'un bon sens bien nettoyé suffira à allumer
le verbe comprendre dont s'éclaire cet animal. "…et
n'ayant d'ailleurs, par bonheur, aucuns soins ni passions
qui me troublassent, je demeurai tout le jour enfermé
seul dans un poêle, où j'avais tout le loisir de m'entretenir
de mes pensées. Entre lesquelles l'une des premières
fut que je m'avisai de considérer que souvent
il n'y a pas tant de perfection dans les ouvrages composés
de plusieurs pièces et faits de la main de divers maîtres,
qu'en ceux auxquels un seul a travaillé. Ainsi
voit-on que les bâtiments qu'un seul architecte
a entrepris et achevés ont coutume d'être plus beaux et mieux
ordonnés que ceux que plusieurs ont tâché de
raccommoder en faisait servir de vieilles murailles qui
avaient été bâties à d'autres fins. " (Discours de la
méthode)
Mais
que signifie une raison qui enfantera la vérité
sur les pistes du bon sens si le chien de chasse ne sait comment
rendre intelligibles la forêt, la chasse et les chasseurs?
Décidément la raison et la foi apostrophent ensemble le tragique
de l'ignorance: "Cachez-moi ce sein que je ne saurais voir".
Mais on sait que le texte latin du Discours de la méthode
a été édité en 1636 et qu'il a été aussitôt traduit en français
par le duc de Luynes, qui l'a fait connaître au public en
1637.
Il
faudrait-il donc placer côte à côte l'histoire de la théologie
des sucreries du "salut" et celle, non moins lénifiante et
apeurée, de la philosophie occidentale, afin d'apprendre à
observer comment le confiturier suprême de l'immortalité et
les cuisiniers de la "raison" sécrètent parallèlement leurs
signifiants et leurs dogmes et les rendent "explicatifs" épaule
contre épaule. Car les exemples d'Aristote, de Descartes,
de Kant et de Heidegger démontrent qu'il se forme aussitôt
un cercle d'initiés à la "vérité rationnelle" dont
le moule se révèle ecclésial dans l'œuf et qui enfante des
appariteurs de leur soleil. Puis cette caste de rédempteurs
professionnels se pare bien vite du mythe inaugural d'un retour
en catimini de la bête au terrier de "l'innocence originelle"
subitement retrouvée.
Tout
au long de son histoire, la phénoménologie se présente sous
les traits d'une illumination ésotérique et d'une révélation
salvifique - mais elle échoue à mettre fin à la guerre à mort
des signifiants entre les corps et les concepts, entrela chair
et la parole, entre la matière et l'esprit, parce que le tragique
appartient, dit Pascal, au génie de la pensée. Or, la pensée
ne joue pas dans la cour des grands de ce monde. Victor Hugo
dira: "Il vient une heure où le genre humain est tenu de compter
avec cet histrion de Shakespeare et ce mendiant d'Isaïe ".
Outre que les falotes "lumières naturelles" du bon
sens de l'animal dont le cartésianisme édénique éclaire la
logique se révèlent les mêmes que celles dont toute la théologie
du Moyen Age recueillait l'héritage pieusement empaqueté d'avance
dans la géométrie d'Euclide et dans la raison d'Aristote,
il se trouve que, quatre siècles après Descartes, le monde
moderne a eu la chance de jeter à la mer les lumières bénédictionnelle
de la physique à trois dimensions de nos ancêtres; et quand
les régiments et les bataillons du cartésianisme scolaire
se furent pelotonnés à leur tour dans le jardin d'enfants
d'un temporel protégé de la solitude et de la peur, les fortins
des Vauban du cogito se sont révélés les candélabres
de diverses idéalités civiques: la Justice aux mains des puissants,
l'Egalité au service de ses propres simulacres, la Liberté
en ses défaussements et une Fraternité aussi ecclésiale que
les charités de curie. Mais les idoles d'une raison auto-sanctifiée
par son propre mythe et devant lesquelles la scolastique démocratique
contraint les verbes expliquer et comprendre
à s'agenouiller nous renvoie sans cesse à la question: "Que
signifie penser?".
13
- Le mythe de l'incarnation de la raison 
Mais
si des idoles langagières aussi verbifiques que celles de
la théologie du Moyen Age se sont substituées aux Immortels
que le paganisme sculptait dans le bois, coulait dans l'airain
ou taillait dans la pierre, toute l'histoire de la philosophie
occidentale s'inscrira en décalque d'une religion déchirée
depuis Platon par une guerre de religion entre les "mots et
les choses" alternativement validés; et la foi ne fera que
donner à la dichotomie originelle du simianthrope l'habillage
dialectique d'une battologie selon laquelle la bête parlante
sera déclarée un "composé de chair et d'esprit", donc
un mélange de l'abstrait et du concret, et cela à seule fin
de sauver - et toujours conjointement - le mythe de la transcendance
de la divinité et celui de l'incarnation de son esprit dans
une chair: le Nazaréen se présentera en successeur d'un Jupiter
non moins en chair et en os que l'époux de Héra. Mais quel
est le tragique de la déréliction de cet animal et dans quel
gouffre Shakespeare et Isaïe plongent-ils leur regard?
Pour
le comprendre, observons comment le mélange d'un discours
avec un squelette se produit sur la terre. En bon platonicien,
Descartes prendra acte du "silence et bouche cousue" de l'Eglise
sur ce prodige; et il tentera d'éclairer l'entendement d'une
Maritorne royale, la Princesse Elizabeth, qui refusait obstinément
de désincarner sa charpente et de bien séparer la Princesse
Elizabeth en son essence et quintessence de celle qui se présentait
en chair et en os au regard de ses admirateurs. Puis Kant
tentera, lui aussi, de mettre en état de marche - et au service
de la grande industrie allemande - des têtes obstinément scindées
sur le modèle de la logique idéaliste d'Aristote et de Platon.
Puis, le soleil de la phénoménologie du sacré se lèvera au
spectacle de la charpente de Napoléon hissé sur son cheval
blanc et Hegel s'exclamera: "Voici l'esprit du monde".
14
- Les deux Guantanamo 
Le mythe de l'incarnation de la raison, donc de la substantification
de la pensée signifiante et explicative a fêté son dernier
exploit à l'école et à l'écoute du fameux processus historique
des marxistes, dont le flambeau a conduit au triomphe verbal
et sanglant que l'on sait un prolétariat mondial du salut
et de la délivrance conceptualisés et chosifiés en commun
par la mouture marxiste du verbe comprendre; et l'on
a vu une classe ouvrière tout ensemble messianisée et matérialisée
par le langage rédempteur de son prophète hébreu prêter main-forte
à une histoire du monde résolument rédemptrice, benoîtement
salvifique et armée jusqu'aux dents - mais pour que le saint
prodige d'un finalisme censé "en marche" dans l'histoire universelle
et porté sur les jambes d'une grammaire et d'une bible eschatologisées
sur la terre, il lui faudra, comme à l'Eglise, couronner son
vocabulaire du diadème étincelant d'une dictature physique
du prolétariat. Les dreyfusards défilaient dans les rues en
criant: "La Liberté est en marche". "La Liberté
ne marche pas, dit Anatole France, il n'y a que des
corps en mouvement dans la rue." L'anthropologie critique
enseigne à observer comment les idées propulsent des charpentes
dans l'histoire et comment les concepts "prennent corps",
comme on dit.
Qu'en
est-il du cliquetis des squelettes de notre temps? N'avons-nous
pas vu la Liberté bondir hors de l'enceinte de nos dictionnaires
pour éperonner le Pégase de la Démocratie? La déesse ne s'est-elle
pas embourbée en Afghanistan, en Irak, en Lybie, en Syrie?
L'Europe aux chevilles enserrées dans les chaînes du concept
dichotomique de Liberté n'accueille-t-elle pas un animal
plus bipolaire que jamais? Je vois une statue cérébrale se
dresser en chair et en os sur les hectares de cinq cents bases
militaires de l'étranger incrustées à jamais sur le sol des
descendants de la bataille de Salamine.
Puisque la complicité avec leur maître des Etats issus de
la Révolution de 1789 leur fait porter à bout de bras la croix
d'une servitude auréolée par la démocratie, puisque le mot
Liberté habille les oracles du suffrage universel du tissu
théo-politique des domestiques, puisque le mythe de la délivrance
par la seule vertu du langage est né il y a vingt-cinq siècles
sur l'agora d'une petite ville de l'Attique, rappelons seulement
que les valets portent fièrement l'écusson de leur maître,
rappelons seulement que l'Europe de la pensée se couvre d'une
étoffe élimée et qu'il appartient à la philosophie de réfuter
les oracles d'une vassalité dont le Vatican et la démocratie
s'habillent en commun. Le Guantanamo de l'un s'appelle l'enfer,
celui de l'autre installe ses marmites à Cuba.
15
- Une vocation transspéculaire 
Décidément,
la quête de la signification anthropologique de l'abdication
de Benoît XVI le 28 février 2013 conduit la philosophie critique
dans les souterrains de la politique et de l'histoire des
mots et des corps; car nous commençons de placer
sous une crue lumière les deux apories centrales qui enserrent
l'animal biphasé. L'étau des concepts s'est substantifié à
l'école de ses propres serfs. Sitôt que la bête angélique
s'avise d'aller camper dans les plus hautes régions de son
langage, sitôt qu'elle tente de fuir une chair et un monde
impurs, sitôt qu'elle fait confiance au séraphin dont elle
affiche l'écusson, sitôt que cet Origène s'émascule à l'école
de la dialectique désincarnée de Platon ou à celle des monastères
où les chrétiens tentent d'incarner leur auréole, ce bipède
s'évapore dans les nues et entraîne ses pontificats dans un
intemporel contrefait; mais si cet animal entend muscler sa
transcendance dans l'Eden de son langage, un masque d'ange
tombe soudainement sur le visage de cet assassin. Voyez comme
il hisse au ciel le Dieu des tueurs qu'il est à lui-même,
voyez comme il présente les tributs dégoulinants de sang de
ses sacrifices à trois divinités demeurées aussi immolatrices
que le Jupiter des Romains, voyez combien les dieux du simianthrope
sont de fidèles décalques des autels où s'affairent les bouchers
de leur sainteté.
Conquerrons-nous un regard de l'extérieur sur les offertoires
de la mort, apprendrons-nous à observer du dehors le Dieu
des égorgeurs, coucherons-nous le tueur sur l'étal où le bistouri
de la philosophie critique autopsiera l'idole meurtrière?
Certes, se dit le chirurgien de Dieu, tous les Célestes sont
construits sur ma propre solitude ; mais comment se fait-il
que le "sujet de conscience", comme on m'appelle, charge ses
épaules du même fardeau que celui de la bête qu'on appelle
"Dieu"? Qui dicte à Isaïe son regard sur le boucher fantasmagorique
du cosmos, qui ordonne au prophète de faire dire à la bête
du ciel: "Vos sacrifices, je les ai en horreur, le sang
que vous faites couler sur les parvis de mon temple me dégoûte".
16
- L'avenir du "Connais-toi" 
Peut- être deux types d'acteurs de l'intelligence monteront-ils
demain sur la table d'opération des sciences humaines et de
la philosophie chirurgicales, peut-être verrons-nous les experts
des jeux du langage avec la mort se partager la tâche de décrypter
ce que "penser" signifie au sein des tueurs biphasés
de naissance. Alors l'armée immense des ritualistes et des
liturgistes rassemblés dans le temple de la "connaissance
rationnelle" se parera encore quelque temps de la perruque
et de l'hermine des offrandes d'un animal largué dans une
mort couronnée de lauriers; mais les maigres phalanges d'Isaïe
et de saint François voleront aux idoles la tiare du Dieu
des immolations.
Espérons
que le geste sacrilège de Benoît le Pieux de retirer de ses
épaules la toge de pourpre et le diadème ensanglanté d'un
monothéisme dont les sacrifices de sang pesaient trop lourd
sur sa carcasse, espérons, dis-je, que ce geste ouvrira les
yeux d'Ezéchiel de la papauté. Qu'en est-il du masque dont
l'encéphale du genre humain s'assurait la sauvage et somptueuse
protection? Qu'en est-il de la sainteté des guerriers de la
vérité, et de leurs anachorètes, et de leur Thébaïde, et de
leurs monastères? Qu'en est-il d'une vérité dont le nectar
se révèlera un poison désaltérant, un venin résurrectionnel,
une ciguë dont la métamorphose en ambroisie attend ses Isaïe?
Et si l'intelligence trans-spéculaire de Socrate métamorphosait
l'"essentia spiritualis" de Benoît XVI en un diamant
d'une eau plus pure, celui d'une humanité appelée à devenir
visionnaire des immolations?
C'est
ce que nous verrons la semaine prochaine. Car deux papes fiers
de leur théologie de l'autel, donc deux orfèvres du sacrifice
de sang des chrétiens se pencheront ensemble sur les entrailles
d'un mouton."
le
16 mars 2013