Introduction
Une panne de mon ordinateur
a empêché la mise en ligne et la diffusion du texte que j'avais
annoncé pour le 19 janvier, ce qui n'a rien changé à son contenu,
mais m'a permis de le compléter de quelques enseignements de nature
à approfondir la compréhension des ressorts simianthropologiques
de la planète.
En 1989, j'avais tenté
de démontrer que la chute du mur de Berlin inaugurait la longue
agonie du nouvel empire romain ; mais il avait fallu attendre
dix ans pour que l'Europe tétanisée se dotât d'une monnaie unique
dont M. Giscard d'Estaing et M. Helmut Schmidt avaient lancé le
projet en 1978. En 2001, la vassalisation du Vieux Continent s'est
poursuivie, puisqu'il s'est rué sur l'Afghanistan en violation
du droit international. En 2003 huit Etats d'une Europe soi-disant
en voie de résurrection politique se sont précipités en Irak pour
y servir sous le drapeau de Washington. En 2009, l'attente internationale
d'un Messie de la démocratie du XXIème siècle qui a marqué l'avènement
de M. Barack Obama semble avoir mis un terme définitif à ma carrière
de prophéticule.
Mais on ne réfute pas
la logique interne de la politique: depuis les origines du temps
mémorisé, cette discipline donne un encéphale prévoyant à l'histoire
du monde. A partir de 1989, la Russie s'est modernisée, la Chine
a poursuivi sa puissante trajectoire, le monde arabe a commencé
de se forger une identité politique, l'Amérique du Sud s'est réveillée
et même l'Afrique sort de sa torpeur pour se tourner vers la Chine.
Certes, l'Europe endormie se trouve plus résolument cadenassée
que jamais dans la cage d'un Otan au seul service des intérêts
stratégiques et de la volonté d'expansion territoriale et diplomatique
d'un César de la Liberté. Mais la question n'est déjà plus seulement
celle de prévoir le déclin politique inévitable de l'Amérique:
la raison euclidienne suffit à démontrer qu'un empire privé de
sa fonction protectrice a nécessairement perdu son sceptre. En
revanche, qu'en est-il du déclin volontaire de l'Europe dans un
monde en ascension effervescente autour d'elle? Quels sont les
secrets anthropologiques de la cécité des civilisations? Comment
se fait-il qu'une Ségolène Royal ait encore la planète de son
adolescence dans la tête et qu'elle se précipite à Washington
pour le couronnement de l'empereur?
Pour le comprendre,
il faut apprendre à radiographier le massacre de Gaza. Pourquoi
l'Europe des Etats, soutient-elle que le Hamas aurait "rompu
la trêve", alors que c'est Israël qui l'a rompue le 4 novembre
2008 en allant assassiner huit Palestiniens à Gaza et en refusant
de lever le blocus de ce territoire? Du reste, l'Etat hébreu préparait
son offensive depuis six mois. Pour comprendre les secrets de
l'âme humaine qui font de la vassalisation des esprits et des
cœurs les vrais ressorts des décadences, observons la révolution
morale amorcée par la fureur de l'opinion publique sur les cinq
continents. Prendra-t-elle la relève de l'éthique des Etats européens,
qui refusent maintenant de participer financièrement à la reconstruction
de Gaza sous le prétexte que le mouvement de la résistance nationale
- un Hamas démocratiquement élu par le peuple palestinien - serait
un mouvement "terroriste"? Dans ce cas, l'histoire de l'Europe
se trouverait remise en mouvement par la voix des peuples. Cette
hypothèse mérite d'être examinée à la lumière de l'anthropologie
critique.
Car au lendemain de
l'entrée en fonctions du nouveau Président des Etats-Unis, Israël
se trouve d'ores et déjà mis discrètement en quarantaine. Cet
immense événement n'a encore été enregistré que par quelques esprits
rompus à la réflexion solitaire et accoutumés à un isolement apparent
- mais, non seulement toutes les chancelleries ont compris cette
évidence, mais, elles savent que cette alerte est confusément
perçue par une opinion publique internationale menacée par une
gigantesque mutation de ses repères. Quelle est la spécificité
d'un "malaise dans la civilisation" auprès duquel
celui qu'évoquait Freud fait pâle figure ? Peut-être la gêne provient-elle
de ce que le danger semble d'autant plus grand qu'il s'est embusqué
en tous lieux et qu'il va bondir d'un instant à l'autre dans l'arène
de l'Histoire.
C'est dire que cet
instinct à la fois secret et sur le point de trouver un puissant
écho sur l'agora du monde trouve son origine dans le réflexe de
légitime défense d'une Europe angoissée et dont l'identité psychique
la plus fondatrice se trouve mise en grand péril, alors que le
sauvetage de l'âme du Vieux Monde conditionne non seulement son
destin politique, mais l'avenir de l'éthique universelle des nations
civilisées. L'ostracisme qui frappera Israël ira-t-il jusqu'à
frapper cet Etat d'une mise au ban de la civilisation mondiale
sur le long terme et, dans la négative, comment se réconcilier
avec un Etat dont la diplomatie ne viendra jamais à Canossa mais
qui continuera, bien au contraire, de se présenter en victime
innocente des arcs et des flèches meurtriers des Indiens? Tels
sont les auspices sous lesquels il faut placer l'entrée en fonction
de M. Barack Obama.
1
- Israël et l'Europe du naufrage de l'éthique mondiale
2 - Le glaive de la raison
3
- Reprendre ses esprits
4
- Un camp de concentration à ciel ouvert
5
- Une civilisation de la dérobade morale
6
- L'école des masques politiques
7
- M. Obama au royaume des aveugles
8
- La stratégie de M. Obama
9
- Un homme d'Etat à la Maison Blanche ?
1
- Israël et l'Europe du naufrage de l'éthique mondiale

Le
premier souci du président Obama sera de tenter de replacer sa
nation à la tête de la direction à la fois morale et effective
des affaires de la planète. Mais les retrouvailles des Etats-Unis
avec le décalogue d'Abraham Lincoln ne seraient possibles que
si la nation américaine se trouvait en mesure de paraître "incarner",
comme on dit, l'éthique d'une mappemonde de la repentance des
démocraties "vertueuses". Cette illusion appartient désormais
au passé du rêve de Liberté et de Justice qui a débarqué sur la
planète en 1789, tellement il est criant que le naufrage de la
puissance proprement morale, donc du prestige civilisateur usurpé
de l'empire du Nouveau Monde a été rendu irréversible par le spectacle
de soixante ans de ses contrefaçons.
Les Etats-Unis disposaient du réseau surpuissant d'une armée d'"agents
d'influence" qui rassemblaient les communautés juives au cœur
de tous les Etats du monde. En Europe, ce tissu serré avait commencé
de se déchirer dès 2003, à l'occasion de l'invasion de l'Irak,
qui a ouvert les yeux à des milliers d'intellectuels juifs jusqu'alors
sincèrement convaincus de la supériorité morale que le Nouveau
Monde affichait avec une bonne foi déconcertante depuis 1945.
Mais sitôt que la nation de la Liberté eut rétabli la torture
que le Vieux Monde avait abolie depuis deux siècles, Israël a
enfanté à nouveau ses vrais sauveurs, des Isaïe, des Ezéchiel,
des Jérémie. Certes, ces suicidaires présocratiques se sont comptés
sur les doigts d'une seule main, mais, une fois de plus, ils ont
écrit à eux seuls l'histoire insubmersible de la conscience du
monde; et, comme par le passé, ils ont été lapidés par leur propre
nation. Mais la lapidation est une ciguë qui conduit l'esprit
prophétique à son immortalité. Sitôt que le génocide de Gaza eut
pris le relais d'une guerre de sauvages en Irak, il s'est inscrit
dans la suite logique des défaites morales des barbares de la
démocratie.
Avant
même que les troupes américaines eussent quitté Babylone après
six ans d'une équipée vouée à l'échec dès le premier jour - on
ne se lance plus à corps perdu dans une guerre pour le pétrole
et, de surcroît, au mépris de la loi internationale, donc de l'éthique
de l'Assemblée générale des Nations unies - tout le monde remarquera
que les occupants auront trouvé le temps de sceller leur victoire
par la construction d'une forteresse inexpugnable, qualifiée d'ambassade
et dont la surface égalera celle du Vatican; et chacun sait d'avance
que ce château fort sera présenté à l'opinion des innocents aux
mains pleines comme le témoignage le plus éloquent de l'amitié
indéfectible appelée à régner à jamais entre le peuple américain
et les autochtones; et chacun aura compris que cette garnison
illustrera, comme à l'accoutumée, le même type d'occupation perpétuelle,
donc de subversion durable du cerveau des indigènes que celle
dont la plus grande partie de l'Europe piteusement verrouillée
dans la cage de fer de l'OTAN perpétue le spectacle.
2 - Le glaive de la raison
Imagine-t-on
un conclave d'Etats démocratiques dont la passivité politique
soutiendrait l'expansion territoriale armée d'Israël en Cisjordanie
? Il n'était jamais arrivé que toute la classe dirigeante de la
planète vît un gouffre sans fond s'ouvrir soudainement entre le
pouvoir immoral qu'elle croyait exercer en toute légitimité sur
des populations dûment consultées par le canal d'un suffrage universel
réputé vertueux d'un côté, et l' insurrection d'une véritable
conscience morale des peuples et des nations du monde entier de
l'autre.
C'est
que les masses subitement dotées de moyens d'information électronique
qui leur permettent de se poser instantanément et en tous lieux
en juges visuels, donc infaillibles de leurs dirigeants déshonnêtes
commencent de délégitimer leur immoralité . Cette suprématie des
peuples sur l'âme serve de leurs élus sous le soleil constitue
l'événement politique le plus inouï de l'histoire universelle,
parce que les Etats indignes de notre civilisation se révèlent
désarmés devant la souveraineté des preuves de leur barbarie qu'apporte
aux peuples l'image en mouvement. Il va donc falloir forger le
glaive de la raison politique de demain sur des enclumes nouvelles
et enseigner aux anthropologues du futur à couler l'acier des
intelligences prévoyantes dans des creusets nouveaux. Mais encore
faut-il disposer de fonderies de l'éthique capables de tremper
des cerveaux visionnaires, donc en
possession de l'animalité humaine,des
diapositives qu'attend la postérité de Darwin.
Supposons que Tel-Aviv serait devenu, sous quelques enjolivures
diplomatiques hors d'usage, la seule vraie capitale des leurres
de notre civilisation et le seul vrai pilote de l'immoralité de
la politique étrangère mondiale, comment Paris, Berlin, Rome,
Madrid et Londres présenteront-ils jamais un front uni et efficace
contre le membre le plus barbare du cénacle européen? Sitôt qu'Israël
campera dans les murs délabrés du Vieux Monde, les moyens sauvages
dont il disposera pour apprêter sa proie seront sans proportion
avec la minusculité de son territoire ; et les gouvernements européens
se verront contraints de se coaliser contre ce monstre surarmé.
Ou bien ils le conduiront à résipiscence ou bien ils deviendront
des relais, donc des otages ébahis et effarés des méfaits de l'axe
Tel-Aviv-Washington. Alors,
toute la politique auto-résurrectionnelle de l'Occident depuis
1950 s'en trouvera anéantie, parce que la civilisation de la pensée
aura manqué non seulement toute chance de reconquérir sa souveraineté
pleine et entière, mais l'occasion unique et inespérée de retrouver
les apanages et les prérogatives d'une éthique que le Nouveau
Monde aura laissé en déshérence en Irak et à Gaza. Toute civilisation
viable, donc toute puissance politique durable est désormais appelée
à tenir ferme entre ses mains le sceptre d'une hégémonie intellectuelle
et morale à l'échelle de la première religion planétaire, celle
des "droits de l'homme".
C'est pourquoi la pseudo mobilisation diplomatique de la France,
de l'Allemagne, de l'Espagne, de l'Italie et de l'Angleterre qui,
à l'initiative de l'Egypte, a donné l'illusion d'imposer le retrait
de Gaza à une armée israélienne de tueurs et de pillards aveugles
n'a fait qu'illustrer le demi avortement du dispositif militaire
mis en place par tous les Etats du monde au Liban en 2006. Mais,
dans le même temps, l'immoralité de l'Europe et du monde s'est
trouvée à nouveau tristement soulignée, puisque tout ce petit
monde s'est rendu, hilare, auprès de M. Olmert pour le prier de
"faire un geste" - lequel lui avait déjà été ordonné par
Washington. La photo de famille de la brochette des Européens
riant de bon cœur aux côtés de M. Olmert paraîtra dans les livres
d'histoire quand l'heure sera venue d'enseigner la génération
de la honte dans nos écoles.

Le
18 janvier 2009 : Rencontre des dirigeants européens avec M.Olmert.
Gaza est encore sous les bombes
De
plus, M. Nicolas Sarkozy a de nouveau rappelé que le Hamas avait
eu le tort de "rompre la trêve". Ou bien le Président de
la République française ignore la réalité historique de son temps
et, dans ce cas, que penser d'un chef d'Etat sous-informé à ce
point de la situation internationale ? Ou bien il connaît le dossier,
mais juge d'un intérêt diplomatique momentané, donc d'une efficacité
aussi éphémère que nécessaire, de poser la couronne de la démocratie
sur la tête du prédateur de Gaza. Mais quel discrédit sur le long
et le moyen terme que de mentir à ce point dans un monde où l'accélération
de l'histoire réduit à quelques instants la durée des mensonges
diplomatiques profitables!
3 - Reprendre ses esprits
Comment
le simulacre constitutionnel d'accorder quelques colifichets de
leur souveraineté statutaire d'autrefois à des peuples abêtis
par l'occupation militaire et idéologique prolongée de leur territoire
demeurerait-il crédible après les massacres israéliens de femmes,
d'enfants et de vieillards à Gaza ? Qui oubliera que le Département
d'Etat américain les aura légitimés à l'école de ses propres exactions
en Irak? Comment les serfs les plus sots eux-mêmes ne commenceront-ils
pas de s'apercevoir qu'aucun ennemi en chair et en os de la "Liberté"
de l'Europe n'a jamais été aperçu à l'horizon de la démocratie
messianique et qu'il s'agit d'un asservissement du Vieux Monde
à une sotériologie fondée sur une mythologie politique dont la
stupidité laissera stupéfaits et incrédules les psychologues,
les anthropologues, les psychanalystes, les historiens et les
politologues des vieilles mentalités eschatologiques et rédemptrices
qu'on croyait devenues étrangères à une civilisation rationnelle.
Car, depuis le milieu du XVIIIe siècle, l'Europe se fondait de
bonne foi sur une connaissance du genre humain qu'elle imaginait
validée par une anthropologie réellement scientifique. Et voilà
que des fantasmes démoniaques hérités du Moyen-Age débarquaient
parmi les satellites et les ordinateurs, et voilà que les démocraties
ne se montraient nullement immunisées contre les sortilèges de
la fausse piété des démocraties.
Et
pourtant, le choix est devenu limpide : ou bien l'Europe reprendra
ses esprits et la civilisation de la raison se saisira à nouveau
du sceptre d'une morale de l'histoire et de la politique fondée
sur le savoir - et, dans ce cas, un essor nouveau des sciences
humaines permettra de scanner une démocratie américaine fondée
sur le mythe du salut et qui aura réussi pendant plus de six décennies
à assurer la domination parareligieuse et tétanisante de ses dévotions
aux deux tiers de la planète de Voltaire - ou bien l'engloutissement
de la civilisation de la science dans un obscurantisme d'un type
nouveau donnera à la vassalité politique modernisée du Vieux Monde
l'allure d'un Moyen-Age livré à des fantasmagories inconnues du
diable d'autrefois, tellement, il deviendra évident aux yeux d'une
nouvelle génération d'anthropologues, que soixante-dix ans après
la mort de Freud, le scannage du fonctionnement spéculaire du
cerveau simiohumain dans l'inconscient de sa "raison" en
était aux balbutiements. C'est pourquoi une Europe au cœur de
laquelle Israël aurait conquis le statut et le rang d'un Etat
de l'Union semblable aux autres se trouverait dans l'impossibilité
de jamais retrouver les chemins d'une civilisation fondée sur
le droit international, parce que depuis Périclès, le Vieux Continent
teste l'individu sain d'esprit en sa qualité de fibre optique
conductrice de sa liberté, donc sur son refus d'asservir la cité
de ses ancêtres à un maître venu d'ailleurs.
4
- Un camp de concentration à ciel ouvert 
Le
camp de concentration de Gaza n'a-t-il pas d'ores et déjà illustré
la toute puissance du garrot "démocratique"qui étreint
la civilisation de la "Justice", d'ores et déjà étouffé la voix
de sa Liberté, d'ores et déjà éteint l'intelligence critique à
laquelle le XVIIIè siècle avait permis de faire ses premiers pas?
Une civilisation qui se tait, tout honte bue, au spectacle d'un
massacre de femmes et d'enfants est une civilisation à l'agonie,
parce que l'information par l'image vous saute au visage au point
que les bêtes elles-mêmes y sont sensibles. Mais quel silence
des saints des droits de l'homme ! Comme ils vibraient, les bons
apôtres, à l'unisson des Tchétchènes, des Géorgiens ou des moulins
à prière des moines tibétains! Mais la trahison muette des intellectuels
européens est bien davantage que le signe de mort d'une civilisation
- elle sert de balance à peser le poids politique d'Israël sur
les encéphales horrifiés des descendants de Voltaire.
J'ai
déjà rappelé que les atrocités de la guerre au Liban avaient conduit
la communauté internationale, entraînée par la France, à mettre
en place une barrière de sécurité militaire entre Israël et le
pays du Cèdre - depuis près de trois ans, des troupes en provenance
de toutes les nations du globe campent face à l'agresseur vaincu
et contraint à battre en retraite. Mais, cette fois-ci, le vrai
débat n'est plus seulement militaire et politique, mais anthropologique,
parce que si le cerveau simiohumain actuel n'était pas schizoïde
de naissance, jamais une guerre ne pourrait servir seulement de
paravent ensanglanté à un tout autre enjeu, jamais la mort ne
serait qu'un leurre cruel appelé à masquer le vrai débat, jamais
le recours aux armes ne pourrait servir à détourner l'attention
du monde du nœud gordien!
Comment
se fait-il que le débat politique ait porté exclusivement sur
la sauvagerie d'un crime de guerre, certes, spectaculaire et dont
le gigantisme, l'acharnement et l'aveuglement ont révolté la conscience
morale de tous les peuples et de toutes les nations du globe,
alors que la véritable ambition d'Israël est rendue invisible
précisément par le spectacle aveuglant de la disproportion des
forces entre les roquettes inefficaces du Hamas et le double écrasement
de Gaza sous des bombes au phosphore blanc et des armes à l'uranium
appauvri, dont l'usage définit pourtant le plus grave des crimes
de guerre, le génocide ? Pour qu'un escamotage politique aussi
éblouissant puisse fonctionner, il faut que la boîte osseuse des
descendants d'un chimpanzé malin soit de nature bipolaire, donc
dichotomisée dès l'état fœtal par les simulacres politiques qui
l'attendent à l'âge adulte et qu'une bipartition cérébrale aussi
stupéfiante est donc le moteur principal de l'histoire d'un animal
protégé à titre psychobiologique par le biphasage de ses neurones.
Mais
si les masques politiques sont des constructions mentales d'origine
génétique et s'ils assurent une distanciation intellectuelle relative
des élites dirigeantes d'une époque à l'égard de l'émotivité des
foules de leur temps, l'image de la superficialité native du simianthrope
ne saurait tuer un recul parcimonieux de son intelligence; et,
de leur côté, les masses mises en mouvement par des preuves seulement
visuelles vont contraindre en retour toute la classe politique
à engager une réflexion sérieuse sur la fragilité de sa propre
distanciation, donc de sa réflexion embryonnaire à elle - donc
sur la ruine qui menace l'apparence de supériorité cérébrale qu'elle
affichait à l'égard du troupeau. Elle se demandera donc où se
cachent les simulations mentales du singe vocalisé et les faux-fuyants
gesticulatoires de sa "raison".
La
volière dans laquelle la civilisation moderne fait chanter le
rossignol de la démocratie est celle du droit international. Les
vocalises de l'oiseau aux plumes rouge et or rappellent à un monde
de sourds que le Hamas protège la Cisjordanie de la conquête armée
par l'Etat hébreu et que la cuirasse de sa légitimité n'est autre
qu'un chœur de chanteurs dont les cantates sont orchestrées par
la conscience universelle réputée incarnée par l'ONU. Ce puissant
organisme rappelle du matin au soir le droit des peuples à l'autodétermination,
à l'indépendance nationale, à l'intégrité territoriale, à l'unité
nationale et à la souveraineté sans interférence extérieure. Le
Conseil de sécurité, la Commission des droits de l'homme, la Commission
du droit international et la Cour internationale de justice prêtent
leur voix à cette symphonie. La Résolution 37/43 , de l'Assemble
générale des Nations Unies, adoptée le 3 décembre 1982 s'ajoute
à ce concert en réaffirmant "la légitimité de la lutte des
peuples pour l'indépendance, l'intégrité territoriale, l'unité
nationale et la libération de la domination étrangère et coloniale
et de l'occupation étrangère par tous les moyens disponibles,
incluant la lutte armée." (Voir aussi les Résolutions
de l'Assemblée générale des Nations Unies 1514, 3070, 3103, 3246,
3328, 3382, 3421, 3481, 31/91, 32/42 et 32/154 ).
5
- Une civilisation de la dérobade morale 
N'est-il
pas saisissant d'assister à une partie de cache-cache ou de colin-maillard
à laquelle la presse mondiale et la diplomatie européenne se livrent
à l'échelle de la planète afin de paraître raconter "objectivement"
une guerre dont quelques condamnations pieusement distillées servent
à masquer la complicité dévote avec l'agresseur de la démocratie
dite des droits de l'homme? Quel alibi commode - quel masque politique
- de ne désapprouver que du bout des lèvres la disproportion des
forces entre les armes cyclopéennes d'Israël et les flèches émoussées
des indigènes, quel confort, pour une civilisation des dérobades
de sembler se ranger "résolument", mais à si peu de frais
du côté des arcs et des sarbacanes dont la conscience universelle
s'est armée. C'est qu'il s'agit seulement de cacher sous des bombes
de Titans les cadavres d'enfants qu'Israël présente en catimini
à l'Histoire. Mais pourquoi mener subrepticement l'extermination
d'un peuple en chair et en os, pourquoi prétendre ne faire place
à une autre ossature sur son territoire que sous les affûtiaux
du droit international, sinon parce que notre espèce se présente
dédoublée dans l'arène du temps à prétendre moraliser ses carnages?
C'est
pourquoi les historiens et les anthropologues futurs sont aux
abois. L'Europe du droit public se trouvera-t-elle accusée d'avoir
servi pendant six décennies de soutien diplomatique - donc de
masque politique - à la conquête militaire israélienne de la Cisjordanie?
Dans ce
cas, que faire d'une tache de sang plus indélébile sur le drapeau
d'une civilisation que celle dont lady Macbeth s'efforçait en
vain d'effacer la trace sur ses mains, que faire d'un cancer dont
jamais la civilisation occidentale ne se remettrait? Comment survivre
à anéantissement du droit et de la loi au profit d'un génocidaire
masqué sous l'évangile des démocraties schizoïdes? Car il y a
longtemps que le Vieux Continent n'est plus un prédateur travesti
en apôtre. Le continent de la pensée se trouve dans la situation
dénudée d'Athènes vaincue sur le champ de bataille, mais demeurée
capable de rassembler les dernières forces de la civilisation
d'Athéna pour conquérir de l'intérieur son "farouche vainqueur
". A son tour, l'Europe rendra-t-elle impérissable un message
à l'histoire future, celui d'un monde menacé de putréfaction par
le cadavre pourrissant qu'Israël lui aura mis sur les bras, le
cadavre de l'éthique du monde?
Nous disposons d'une chance intellectuelle peu commune, celle
qui nous permet de prophétiser à coup sûr le sort qui attend l'association
du grand et du petit malfaiteur en terre sainte. Tous deux ne
rivalisent-ils pas en habileté politique à feindre d'évangéliser
les conquêtes territoriales de la démocratie mondiale? Il est
donc inévitable que le nain, fort de l'appui du Goliath qui porte
le heaume de la "Liberté" continuera de brandir le glaive
du salut du monde afin d'étendre ses terres sous le drapeau de
son éthique faisandée et qu'il tentera de cacher ses victoires
par le fer et le feu sous cent subterfuges de sa piété casquée
jusqu'aux yeux, y compris sous les crimes de guerre les plus bruyants,
pourvu que les canonnades les plus assourdissantes ne mobilisent
jamais que les grandes orgues de la conscience démocratique et
fassent seulement un tapage inutilement universel autour du carnage
- puisqu'un tintamarre d'autels apitoyés aidera à détourner l'attention
du public des patients larcins du Tartuffe dont le compte-gouttes
finira par remplir la caverne d'Ali-Baba du sionisme. Cachons,
dit l'espèce bifide, l'enjeu réel de notre politique sous le boisseau
d'une démocratie au blason vertueux, cachons sous le tabernacle
de la "Vérité" et de la "Justice" du monde, dit
le simianthrope scindé entre deux mondes, l'installation en tapinois
d'une masse de colons qu'il sera bien impossible de jamais déloger
quand leur nombre aura dépassé le demi million - objectif du reste
dépassé depuis longtemps.
6
- L'école des masques politiques 
Les premiers pas de M. Obama sur la scène internationale peuvent
d'ores et déjà se trouver racontés au passé antérieur. Lisons
les chroniqueurs et les mémorialistes des masques politiques qu'Israël
aura mis en place dans les coulisses de l'Histoire des pseudo
démocraties. Pourquoi le nouveau Président tentera-t-il de placer
la volonté de l'Iran de se doter d'armes nucléaires au cœur d'une
dramaturgie cosmique, sinon afin de cacher aux nigauds que, depuis
six décennies, la vraie guerre est celle de la conquête de la
Cisjordanie par l'Etat hébreu?
Mais les descendants de Thucydide sont embarrassés. Comment les
historiens contemporains disposeront-ils leurs caméras afin de
raconter aux générations futures la véritable histoire - donc
l'histoire cachée - du titanesque jeu de dupes à l'usage de l'astéroïde
du singe onirique? Car l'historien moderne ignore des pans entiers
du réel : de plus, il les ignore sans seulement se douter de leur
existence. Il vous raconte la Russie de 1856 à nos jours sans
seulement s'apercevoir qu'on ne raconte pas l'histoire du communisme
à l'école des instruments du savoir que fournissent les micros
de Tacite ou de Gibbon, parce que le marxisme était un évangile
et qu'on ne narre pas le destin d'une utopie sacrée sans connaître
le fonctionnement dans l'imaginaire religieux d'un animal affligé
ou bénéficiaire d'un encéphale spéculaire.
Sinon
tout le monde pourrait, comme dit Molière, "voir, de ses yeux
voir, ce qui s'appelle voir" que l'Etat hébreu n'est menacé en
rien par une apocalypse nucléaire, puisque son Jahvé dispose depuis
longtemps de cette foudre et qu'à l'inverse, la seule menace effective
est celle que l'étoile de David fait peser sur un pays des Lettres
persanes de Montesquieu qui n'a pas encore fabriqué le
Déluge . Mais pourquoi brandir précisément ce masque-là de la
politique ? Pourquoi rameuter les cinq continents contre un leurre
de la Genèse qui ne trompe plus les spécialistes de la foudre
mécanisée? Pourquoi cacher à l'opinion publique mondiale que tous
les stratèges et tous les penseurs militaires de la planète savent
depuis plus de quarante ans que la bombe atomique est une arme
exclusivement politique, donc psychologique et qu'elle n'a rien
de militaire, tellement elle est évidemment inutilisable sur un
champ de bataille entre deux adversaires dont les mâchoires étincellent
des mêmes crocs ? C'est que le peuple de Jahvé tente de verrouiller
la planète à l'école du mythe apocalyptique des modernes. Pour
cela, il lui faut faire de l'Iran le carrefour d'une fin du monde
fantasmée, afin de régner sur la région à l'aide de l'apocalypse
- donc du masque politique - qu'il tient entre ses mains.
7
- M. Obama au royaume des aveugles 
M. Obama verra-t-il ce verrou et son serrurier ? S'il ne les voit
pas , il a des chances de terminer son mandat, s'il le voit et
s'il se met un bandeau sur les yeux, il se trouvera en sursis,
s'il le voit et tente de déposer cette serrure-là aux objets trouvés,
M. Powell a prévenu qu'il ne donnait pas cher de la peau du Président,
puisque quinze jours avant le 4 novembre 2008, il a prévenu la
presse du monde entier qu'un événement considérable risquait de
troubler la cérémonie d'investiture du 20 janvier. Mais les historiens
du futur sont formels : ils savent déjà que le verrou a été mis
en place et cadenassé par le chef de Cabinet de la Maison Blanche,
puisqu'il s'agit d'un soldat israélien dont le père a déclaré
à toute la presse qu'il saura influencer M. Obama au profit des
intérêts nationaux d'Israël , ce qui, en cachette a fait avaler
leur salive à tous les diplomates du monde.
Mais
si aucune force armée ne fera quitter à Israël les terres qu'ils
aura conquises les armes à la main et si aucune puissance non
plus ne réussira à rayer physiquement la Palestine de la carte,
comment résoudre cette équation ? Par l'observation de la suite
logique de l'histoire de la planète. On verra, dira Isaïe, l'opinion
publique d'un milliard de musulmans aux yeux dessillés devenir
peu à peu l'imperator de ses dirigeants corrompus, on verra, dira
Ezéchiel, la conscience des masses gonfler le raz de marée d'une
victoire de la vérité sur les masques politiques, on verra, dira
Jérémie, qu'il ne s'agira nullement de l'absurde "guerre des
civilisations" prophétisée par feu le professeur Huddington,
gentil démocrate messianisé, parce que les peuples du Coran sont
pacifiés depuis un demi millénaire et ne tenteront en rien d'imposer
une souveraineté armée et religieuse d'Allah à tout l'univers,
mais seulement de conquérir leur dignité politique la plus élémentaire.
Ils combattront donc, du moins indirectement et à leur manière,
au nom des "droits de l'homme" à leur tour - et ce sera
à ce titre-là que l'Islam se révèlera un secours d'un poids décisif
face à une civilisation de Jahvé dont la divinité n'est plus confessée
que du bout des lèvres par ses fidèles. Et que dira Daniel dans
la fosse aux lions ? Qu'Allah est d'abord une divinité de la conscience
morale en avance sur son siècle et qu'elle met en garde les croyants
qui s'imagineraient tromper sa vigilance à l'école des masques
simiohumains les plus fallacieusement universels d'aujourd'hui.
Mais si M. Obama tentait de prendre à bras le corps, si je puis
dire, les masques politiques du singe dédoublé à l'école de ses
songes, l'opinion américaine convertie au mythe du déferlement
d'un terrorisme mythologique dans le cosmos le suivrait-elle dans
une voie qu'on lui ferait proclamer démoniaque le plus aisément
du monde ? Au pis, Israël n'éprouverait-il aucune difficulté à
étouffer dans l'œuf toute tentative d'imposer à la Maison Blanche
des priorités politiques dictées par la situation réelle de la
planète?
8 - La stratégie
de M. Obama 
Les
premiers pas de M. Obama permettent d'ores et déjà de connaître
sa stratégie politique. Il est évident qu'il a compris trois fondements
du génie politique. Le premier est l'évidence que l'homme n'est
pas en premier lieu un animal religieux, mais qu'il a besoin de
se pourvoir d'un chef, d'un guide et d'un protecteur dans le cosmos
et qu'il se le fournit par le relais de ses mythes sacrés. Le
second est l'évidence qu'aucun véritable homme politique n'est
un idéaliste sincère, donc candide, mais qu'il existe des chefs
d'Etat capables d'armer leur haut réalisme des moyens de gérer
le monde réel que l'idéalisme lui fournit puissamment. Le troisième,
c'est que l'arme principale de l'idéalisme bien compris, c'est-à-dire
efficace, est l'éthique politique, parce que celle-ci fournit
au chef d'Etat les ressources décisives de l'éloquence - or, il
n'y a pas d'éloquence de l'immoralité.
Ces trois piliers du génie politique ont déjà permis à M. Obama
non seulement de ressusciter le plan de règlement des affaires
du Moyen-Orient proposé depuis des années par la ligue arabe,
mais de revitaliser éloquemment les droits de la morale internationale.
Mais contraindra-t-il, le moment venu, un Israël affaibli par
la barbarie de ses massacres à Gaza, à accepter son retrait sur
ses frontières de 1967?
L'Amérique
a besoin d'un point de fixation mythique pour dominer le monde.
En 1991, ce focalisateur onirique était la fable d'une "guerre
des étoiles". Le 11 septembre 2001 a permis de lui substituer
la légende d'un terrorisme mondial dont le sceptre se trouverait
au service du Mal absolu - celui du manichéisme perse ressuscité.
Pour cela, il faut disposer d'un condensateur territorial du Démon.
L'Irak ayant repoussé les armées du Bien. M. Barack Obama tente
de lui substituer l'Afghanistan, afin de retrouver son bâton de
maréchal et de relancer le Vieux Monde dans la croisade de la
planète contre le nouveau Lucifer. Il tentera de rallier la Chine,
la Russie et l'Iran à cette stratégie et de rendormir le cancer
de Gaza sous la houlette pro-israélienne de Mme Clinton. Mais
si M. Nicolas Sarkozy ne s'opposait pas à cette manœuvre, ce sera
l'Allemagne de demain qui le fera à la place de la France et qui
prendra la tête de la future Europe politique.
Puis l'heure sonnera où l'Etat hébreu, dirigé par le parti des
zélotes, reproduira le scénario décrit par Flavius Josèphe. Alors
le monde entier connaîtra les péripéties prophétisées par un Isaïe
d'aujourd'hui: "Cependant, les pires résultats de cette
guerre sont encore invisibles et ne se feront sentir que dans
les années à venir : Israël a imprimé dans les consciences à travers
le monde une terrible image de lui. Des milliards de gens nous
ont vus sous les traits d'un monstre ruisselant de sang. Elles
ne verront plus jamais en Israël un Etat qui cherche la justice,
le progrès et la paix. (…) L'impact sur des centaines de millions
d'Arabes qui nous entourent sera encore pire : non seulement ils
verront dans les combattants du Hamas les héros de la nation arabe,
mais leurs propres régimes dans leur nudité : serviles, abjects,
corrompus et traîtres. (…) Dans les prochaines années, il apparaîtra
que cette guerre était pure folie." (Uri AVNERY,
Le patron est devenu fou, Article original en anglais,
The Boss has gone mad , Gush Shalom, 17
janvier 2008, trad. de l'anglais pour AFPS : SWPHL.)
9
- Un homme d'Etat à la Maison Blanche ? 
M.
Barack Obama ne sera pas une ombre de passage sur l'écran de Clio.
Ce dirigeant semble savoir que les vrais chefs d'Etat sont des
spécimens rarissimes et qu'ils ne surgissent au sein de notre
espèce que s'ils savent déjà et quasiment à l'heure même où ils
ouvrent les yeux sur le monde que, depuis l'origine des Etats,
la politique étrangère est l'âme de l'Histoire et son véritable
organisme. M. Obama a bien joué de la harpe des démocraties sur
la scène intérieure - est-il bâti pour l'élargissement dramatique
de la représentation qui seule donne aux peuples un destin?
De nos jours, un véritable homme d'Etat n'est plus à l'échelle
de la planète s'il ne prend une avance cérébrale sur son époque.
Pour cela, il lui faut démythifier les masques atomiques des nations
à la lumière d'un regard d'anthropologue sur les théologies des
ancêtres. Car la bombe nucléaire est une arme parareligieuse.
A ce titre, il s'agit d'un instrument du prestige politique simiohumain.
Les grands chefs d'Etat d'autrefois savaient que l'idole était
un législateur avisé et qu'il s'agissait d'utiliser du mieux possible
les ressorts juridiques et moraux de cet interlocuteur imaginaire.
Mais aujourd'hui, ce masque habilement apprêté de notre espèce
exige que la science politique prenne à revers le mythe d'une
apocalypse biblique inutilement mécanisée depuis 1945.
Seul
le regard d'une anthropologie réellement scientifique permettra
de se faire un spectacle d'une assemblée de petits dieux persuadés
que chacun d'entre eux est devenu un Titan en mesure de recommencer
le Déluge de la Genèse sans se trouver noyé à son tour sous les
eaux. En vérité, le feu nucléaire est bien moins efficace que
le monopole de l'excommunication majeure que maniait le Vatican
au Moyen Age, parce qu'Allah ne s'est pas solidement harnaché
de l'arme de la dissuasion onirique des Chrétiens. Puis, au XVIe
siècle, Luther et Calvin ont négligé de reprendre l'arme de la
terreur divine à leur compte. En revanche, si M. Obama ridiculisait
un tonnerre désormais partagé et qui réduit à une noisette la
boîte osseuse actuelle de la classe politique mondiale, il disposerait
de la clé qui seule lui permettrait de tenir en laisse le fauve
dont les crocs rutilent de l'éclat d'une foudre empruntée.
Décidément, l'Europe de la raison politique de demain disposerait
d'un grand avantage sur les Attila de la démocratie si elle apprenait
à lire l'histoire du monde à l'école des documents anthropologiques
qui servent désormais de miroirs profonds à l'humanité et à son
histoire et qu'on appelle encore des théologies. Les politologues
romains ne disposaient pas d'une grande avance cérébrale sur leur
temps - ils ne pouvaient prévoir sur quels chemins Rome allait
sombrer - tandis que l' Europe de la pensée politique sait de
science sûre que le peuple palestinien ne sera pas anéanti sous
les yeux des caméras du monde entier, l'Europe de la raison sait
secrètement, mais de science sûre, qu'Israël finira par dresser
contre lui les forces intellectuelles et morales de la civilisation
mondiale tout entière, l'Europe de l'intelligence sait de science
sûre que les progrès de la connaissance post-darwinienne des peuples
et des nations conduiront à une science du capital psychogénétique
des peuples déplacés dont les germes se trouvent dans Tite-Live,
Montesquieu, Michelet, Gobineau, Hippolyte Taine, Tocqueville,
ces précurseurs de génie de l'observation des entrailles des évadés
de la zoologie.
La semaine prochaine, je poserai quelques jalons de la simianthropologie
critique, afin de tenter d'éclairer les relations que le nouveau
"Connais-toi" entretiendra avec une science historique et avec
une politologie enfin ouvertes à la postérité éthique de Darwin
et de Freud...
26
janvier 2009